On veut des soins, pas l’euthanasie !


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lundi 16 juin 2025
Pastorale de la Vie (Diocèse de Martinique)

Alors que les députés débutaient l'examen des propositions de loi sur la fin de vie, Alliance VITA organisait une cinquantaine de rassemblements en France. L'objectif était d'alerter sur le manque d'accès aux soins et de s'opposer à la légalisation de l'euthanasie.

ÀFort-de-France, comme ailleurs, un "hôpital de fortune" symbolique a été mis en place, avec des manifestants en blouses de malades. Ils incarnaient des patients en attente de soins dans un système de santé en crise. Les milliers de témoignages recueillis par Alliance VITA pour sa campagne « J’attends des soins, pas l’euthanasie » confirment les difficultés d'accès aux soins et l'attente d'une réforme urgente du système de santé.

En s'allongeant au sol, les manifestants ont voulu porter la voix des personnes fragilisées par la maladie, le handicap ou l'âge. Ils dénonçaient l'idée qu'une loi puisse suggérer des vies indignes d'être vécues ou soignées, créant ainsi une société d'exclusion basée sur l'utilité et la performance. Leurs pancartes affichaient : « On veut des soins, pas l’euthanasie ! ». Il a été proclamé : « Oui à une loi développant les soins palliatifs. Non à une loi légalisant euthanasie et suicide assisté déguisés derrière le masque trompeur de l’aide à mourir. ». Le temps de mourir est encore un temps de vie humaine. Aider à mourir, c'est aider à vivre jusqu'au bout, à traverser cette phase spécifique de l'existence. Ce n'est pas administrer la mort, ni déshumaniser la personne en la considérant socialement morte.

La survalorisation de l'autonomie, qui prétend justifier le libre choix de l'euthanasie ou du suicide assisté, ignore les conditions sociales de ce prétendu choix. La liberté revendiquée par certains se transformerait en devoir pour d'autres : malades, handicapés, proches et professionnels de santé. La loi s'immiscerait dans la vie des patients fragiles, les rendant éligibles à une mort administrée sans évaluation précise du pronostic vital. Le devoir d'anticiper sa mort, ou du moins de s'interroger sur sa pertinence, remplacerait l'espoir d'un soutien solidaire. Pour les soignants, cela impliquerait d'administrer la mort ou d'y participer, en raison de la limitation de l'objection de conscience aux seuls médecins et de la contrainte de sa réalisation dans tous les établissements. La loi irait même jusqu'à instaurer un délit d'entrave, puni d'un an de prison et de 15 000 € d'amende, affectant l'information et la prévention, tandis que le délit d'incitation a été rejeté.

On assiste à une terrible inversion des valeurs. Tuer est présenté comme un acte d'amour, de fraternité. « Malheureux, ces gens qui déclarent bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres, qui rendent amer ce qui est doux et doux ce qui est amer. » (Es 4, 20). Ce qui est parfois présenté comme un moindre mal reste un mal !

La proposition de loi « relative au droit à mourir » est inacceptable sur le principe même de la mort provoquée. De plus, elle est très permissive, contrairement aux affirmations fallacieuses visant à obtenir l'adhésion. La procédure prévue est expéditive, laissée à la discrétion d'un seul médecin, qui devrait décider en 15 jours qui peut vivre ou mourir, sur une demande orale, sans collégialité ni information des proches. Les critères de limitation s'avèrent ainsi larges et invérifiables, dépendants de la seule subjectivité du patient. Les expériences étrangères ont montré qu'aucune promesse d'encadrement ne tient, entraînant une augmentation inéluctable des personnes éligibles à la mort administrée.

En légalisant le suicide assisté et l'euthanasie, les parlementaires feraient dangereusement sauter un verrou majeur : l'interdit de tuer. Cet interdit est fondateur de toute vie en commun, alors que nos sociétés sont déjà gangrénées par la violence, le manque d'empathie et la désespérance. Peut-on proposer pour toute réponse à la souffrance un acte mortifère et ténébreux ?

Chrétiens, pouvons-nous rester silencieux ? « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Ne nous laissons pas piéger par une pseudocompassion. « Non ! On ne tue jamais par amour ! »

Merci à tous ceux qui, conscients des enjeux majeurs, ont participé ou soutenu cette manifestation par la prière. La mobilisation doit se poursuivre plus largement pour alerter nos députés sur les risques destructeurs d'un tel texte pour la cohésion sociale et l'inclusion des plus vulnérables. Il est encore possible de faire entendre nos voix en écrivant aux élus.

Dr Eliane Catorc Alliance Vita et Pastorale de la vie Alliance Vita et Pastorale de la vie ■

Article extrait du N°703 d'Eglise en Martinique

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