Mère Marie de La Providence, fondatrice des dominicaines missionnaires de Notre-Dame de la Délivrande
QUI EST LAURE SABES ?
Laure SABES, est née le 25 juillet 1841 à Saint Pierre en Martinique.
Son père : François - Adolphe SABES (d’origine bordelaise) est notaire à Saint- Pierre. Il jouit d’une bonne réputation, étant un homme honnête, probe, impartial en plus d’être un bon chrétien. Sa mère : Adélaïde CASTINEL est née au Mouillage de parents négociants d’origine marseillaise. Adolphe et Adelaïde se marient le 11 février 1839. De leur union naissent six enfants : Hermance, Laure, Romuald, Elina, Albert et Adolphe. Monsieur SABES s’occupe de son notariat, tandis que sa femme Adelaïde tient un magasin de mode et de haute couture, fort achalandé et fréquenté par la société élégante de la ville de Saint-Pierre. La famille, assez aisée est unie par une profonde affection. Laure de nature vive, avide de mouvement, tapageuse, entrainait ses frères et ses soeurs dans des courses folles dans les campagnes.
Elle a 7 ans au moment de l’abolition de l’esclavage. Elle se réjouit pour les « pauvres esclaves », mais mène sa vie insouciante et frivole parmi ses petites amies de la classe béké. Quand elle voit des pauvres qui demandent la charité, elle comprend alors les distances que créent l’argent, la fortune et les honneurs entre les hommes. Plus tard, elle s’appliquera toujours à aller auprès des plus nécessiteux et à partager le sort des pauvres Laure est dotée d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Elle fait d’excellentes études et reçoit une éducation chrétienne très soignée dans les établissements privés de la capitale de l’époque Saint-Pierre. Avec sa nature exubérante, un peu dominatrice, elle n’en possède pas moins un coeur plein de délicatesse, de générosité, de compassion envers ceux qui souffrent. A 18 ans, ses études achevées, elle revient à la maison. Madame SABES et ses deux filles sont de toutes les réunions mondaines, bals, concerts...
Laure, magnifique créole, se laisse entrainer dans ce tourbillon de plaisirs. Peu à peu, sa piété se refroidit, elle délaisse ses exercices de piété et ne pense plus qu’aux fêtes, aux belles tenues et aux plaisirs mondains.
Pour la Noël 1862, la famille SABES monte dans sa maison de villégiature au Morne - Rouge et tout le monde va se confesser, auprès du père DUFRIEN curé de la paroisse, en prévision de la fête de la Nativité. Laure suit le mouvement avec beaucoup de réticence. Après sa confession, elle passe trois heures aux pieds de la statue de Notre Dame de la Délivrande, priant et pleurant : Comme Saul sur le chemin de Damas, Laure venait de rencontrer le Christ. Elle a 21 ans. Touchée par la grâce, elle change radicalement « Je suis une convertie, répète-t-elle ! Dieu m’a fait comprendre que je devais abandonner les choses futiles et me consacrer aux pauvres ».
Plus question de cheval, de danses, de belles tenues et de rubans, de réceptions, les fêtes de Noël se déroulèrent dans une joyeuse simplicité familiale. Dès lors, Laure modifie son comportement, porte une toilette sombre, sans recherche et plus dépouillée. Ainsi, elle parcourt la campagne pour soigner, instruire, consoler, vêtir, et évangéliser les malheureux. Elle apporte une grande aide au père DUFRIEN car le travail est immense. Laure et sa soeur Hermance offrent leurs services, enseignant le catéchisme et préparant les filles à leur première communion.
Madame SABES aide ses filles et Monsieur SABES met sa maison au service de la paroisse pour les réunions où les pauvres trouvent le gîte et le couvert. En face d’un tel engouement le père DUFRIEN a l’idée de fonder une ins;tu;on indigène qui s’occuperait des malades, des pauvres, des isolés, des personnes âgées selon le désir de Monseigneur Le Herpeur. « La maison de Nazareth » Inaugurée en mai 1866. Il en confie la charge à Laure, secondée de sa soeur, de sa mère avec l’aide de quelques jeunes filles. Le 2 Février 1868, Laure et Hermance vont habiter officiellement dans la maison de Nazareth qui sera le berceau de la nouvelle congréga;on.
LA CONGREGATION
Déjà 3 postulantes prenaient l’habit et sept jeunes filles commençaient leur postulat. 1 : extrait du livre Mère Marie de la Providence La jeune congréga;on se développe en dépit des cri;ques acerbes et malgré les difficultés financières. Après la mort du père DUFRIEN, l’Abbé GUESDON approuve absolument ses projets et le 2 juillet 1868, Laure reçoit le nom de Soeur Marie de la Providence et sa soeur Hermance reçoit celui de Soeur Marie-Anselme de Jésus La congréga;on « des filles de la Délivrande » était née, chargée de servir les pauvres, les infirmes, les vieillards à domicile et de concourir selon les circonstances au salut des âmes. La maison grandissait pour se transformer en couvent comptant plus d’une trentaine de religieuse en 1891. Une évolu*on interna*onale La maison du Morne-Rouge con;nue de croitre et, après que le successeur de Monseigneur Le Herpeur, Monseigneur Fava fut nommé à l’évêché de Grenoble, il propose à Mère Marie de la Providence d’ouvrir une maison dans son diocèse. Une proposi;on qu’elle accepta et c’est en 1884 que la mère fondatrice quile la Mar;nique accompagnée de deux religieuses de la Délivrande. C’est à Saint- Mar;n d’Hères que le terrain de cele nouvelle communauté jaillira. Lieu où aujourd’hui est le couvent, maison mère de la congréga;on des religieuses Notre Dame de la Délivrande. Cele nouvelle maison ne fut que le début des ac;ons de Laure Sabes et de sa congréga;on dans le monde. En 1891, les soeurs de la Délivrande se rendent en Égypte où elles installent une communauté comptant quatre soeurs dont deux Mar;niquaises. Ainsi une nouvelle maison fut établie dans le quar;er du Vieux-Caire, elles firent office de Soeurs gardemalades. Mais Laure SABES n’oubliait pas la Mar;nique, en effet cele même année, l’île fut marquée par le passage d’un cyclone qui ravagea l’île, le couvent Notre Dame de la Délivrande du Morne-Rouge qui perdit deux religieuses fut détruit tout comme l’église éponyme. Mère Marie de La providence dont la témérité ne fait nul doute, étant rentrée sur l’île l’année précédente, envoye ses Soeurs quêter partout dans la Caraïbe jusqu’au Venezuela et à New-York afin de reconstruire Morne-Rouge sans se douter de la catastrophe de 1902. C’est en 1905 qu’elle regagnera la maison de Grenoble devenue maison-mère à la suite de la catastrophe. Une présence de courte durée, elle par;t presque immédiatement en Égypte accompagné de 10 nouvelles missionnaires, fidèle à son crédo d’assistance aux plus démunis. Les lois de sépara;on de l’Église et de l’État de 1905 remelant en ques;on la perpétuité de la congréga;on, Mère Marie de la Providence ouvre une nouvelle fonda;on de la Délivrande en Italie avec l’accord volon;ers du Cardinal Ferrari (aujourd’hui Bienheureux cardinal Ferrari), Archevêque de Milan. Cele maison de Milan sera alors la dernière à voir le jour du vivant de Laure Sabes. Ainsi Mère Marie de la Providence avait permis l’établissement de fonda;on en Mar;nique à : Le Morne-Rouge, à Saint-Pierre, Le François, La Redoute, en Isère à Saint Mar;n d’Hères, en Égypte au Caire, en Italie à Milan.
SA MORT
Laure Sabes décède le 5 février 1911 en ayant pour dernière parole, « MON DIEU, JE CROIS EN VOUS, J'ESPERE EN VOUS, JE VOUS AIME DE TOUT MON COEUR : AUGMENTEZ MON AMOUR ». À l’âge de 70 ans. Son corps restera exposé trois jours dans sa chambre : « Son visage avait une expression de joie vraiment céleste, nous ne pouvions en détacher nos regards. On eût dit qu'elle était en médita=on, comme elle le faisait d'habitude, et ses traits conservèrent jusqu'à la fin leur exquise fraîcheur... ; ses membres conservèrent leur flexibilité... ; aucune odeur ne révélait la présence d'un cadavre... ; trois jours après sa mort, quand on allait meFre son corps dans le cercueil, ses blanches et pures mains étaient encore si flexibles, qu'on leur fit faire facilement le signe de la Croix »1. Elle reposera ensuite au cime;ère de Saint-Roch. 34 ans après ses obsèques, son corps fut exhumé pour reposer au sein de l’église de la Maison-Mère le 28 novembre 1945. Un cercueil en chêne à moi;é vermoulu contenait un autre cercueil de plomb où reposait le corps. Un coup de pioche malencontreux laissa pénétrer l'eau à l'intérieur de ce deuxième cercueil. La dépouille mortelle a été placée dans un nouveau cercueil de chêne, les religieuses purent admirer le visage de leur Mère. « Nous avons constaté que les traits étaient bien conservés et qu'une enveloppe comme de cire recouvrait toute la face. Les yeux intacts étaient légèrement ouverts et la bouche apparaissait souriante. Les bras et les autres membres restaient flexibles, ce qui impressionna vivement les employés des pompes funèbres. »1 C’est en 1941 que les Soeurs de la Délivrande demande l’affilia;on à l’Ordre des Prêcheurs, elles qui ont toujours été fidèles à la prière du Rosaire depuis leur fonda;on et demandant régulièrement des conseils de direc;on spirituelle aux pères Dominicains. En 1944 elles deviennent alors les Soeurs dominicaines Notre Dame de la Délivrande. En 2017, le Chapitre Général de la Congréga;on Notre Dame de la Délivrande prend la décision de ramener leur mère fondatrice en Mar;nique. Décision qui 1 : extrait du livre Mère Marie de la Providence sera appliqué en 2019 où grâce au travail conjoint de la congréga;on religieuse et du diocèse de Saint-Pierre et Fort-De-France, Mère Marie de la Providence a pu retrouver son île natale et sa première maison, le couvent du Morne-Rouge, le 31 janvier 2019. Elle quila Saint-Mar;n d’Hères porté par des frères dominicains. Après qu’une déléga;on l’alendait à l’aéroport interna;onal Aimé Césaire du Lamen;n composé de l’Archevêque de Mar;nique David Macaire, de religieuses Notre Dame de la Délivrande, d’anciens et actuels élèves du couvent et du maire de la commune du Morne-Rouge, elle sera accueillie dans son couvent autour de ses filles religieuses pour un temps de prière puis sera déplacée en procession à l’église où une veillée de prière con;nue démarra. Jour et nuit, pendant deux jours, des pèlerins et groupe de toute l’île se succédaient pour veiller auprès de la dépouille. Elle sera inhumée dans l’église Notre Dame de la Délivrande du Morne-Rouge, à l’endroit même où 157 ans auparavant elle eut sa conversion, au pied de la statue de Notre Dame de la Délivrande, le 2 février 2019 après une messe présidée par l’archevêque Macaire en présence du presbyterium, des frères dominicains, des religieuses Notre Dame de la Délivrande et d’une foule de fidèles réunis pour l’occasion sous l’oeil de nombreuses caméras de télévision.
LA CONGREGATION AUJOURD'HUI
La congréga;on Notre Dame de la Délivrande aujourd’hui, c’est une vingtaine de couvents et maisons créés, une présence dans le monde avec des écoles, des hôpitaux, des noviciats en Mar;nique, Sainte-Lucie, France, Italie, Égypte, Liban, Madagascar. Plus d’une centaine de religieuses, toujours fidèles aux principes fondateurs et la vision première des soeurs Sabes, servir les démunis, instruire avec humilité. Le travail impulsé par Laure Sabes aura permis l’édifica;on de la première congréga;on de la Caraïbe accueillant des descendants d’anciens esclavagisés, des jeunes femmes noires vers la vie religieuse. « AIMER ET SERVIR » selon la devise de Mère Marie de la Providence Deux livres biographiques ont été écrit à son sujet : Libérer l'Évangile aux An;lles : Laure Sabès (1841-1911) / Guy Bedouelle Mère Marie de la Providence / J.D. Levesque