648 - Langues et cultures créoles dans l’Église en Martinique

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18,14).
Aujourd’hui, la liturgie nous interpelle sur l’orgueil et l’autosatisfaction. Elle montre que l’humilité ouvre à la grâce et au pardon. Nous découvrons également la tendre disposition de Dieu envers les humbles. Nous avons donc à nous interroger sur notre façon de nous ajuster à Lui dans nos vies.

SOMMAIRE

  • EDITORIAL
  • MOT DE L'ÉVÊQUE  - "Il ne suffit pas de mettre du piment"
  • ÉGLISE UNIVERSELLE  - La sainteté ordinaire selon le Pape François
  • LITURGIE
  • VIE DU DIOCÈSE 
    • Focus sur la paroisse St Jean-Baptiste de Rivière Salée
    • Les équipes Notre-Dame ont fait leur rentrée sur la paroisse du Vauclin
  • PAGE JEUNE
  • DOSSIER : Langue et culture créoles dans l'Église en Martinique
  • ANTJÈ LÉGLIZ-LA
  • AGENDA DE L'ÉVÊQUE
  • MEDIAS

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E g lise en MARTINIQUE Langue et culture créoles dans l'Eglise en MM artinique N° 648 REVUE DIOCÉSAINE BIMENSUELLE — 2,00 € 23 OCTOBRE 2022 Hommage au père Filopon

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2 3 S ommaire «Q ui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé \ » (Lc 18,14). Aujourd’hui, la liturgie nous interpelle sur l'orgueil et l'autosatisfaction. Elle montre que l’humilité ouvre à la grâce et au pardon. Nous découvrons également la \ tendre disposition de Dieu envers les humbles. Nous avons donc à nous interroger sur notre façon de nous ajuster à Lui dans nos vies. Observer la Loi de Dieu et garder ses commandements, c’est ce qu’ont essayé de faire les saints. La sainteté est, en effet\ , l’idéal vers lequel chemine tout disciple de Jésus. Le Saint- Père nous en parle dans son exhortation intitulée « la Sainteté\ ordinaire ». Il affirme que « nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve ». A l’approche de la Toussaint et à la commémoration des fidèles défunts (1er et 2 novembre), un article vous est proposé\ sur les sacrements de la vie chrétienne pour vivre la sainteté. Par ailleurs, la rubrique dédiée aux jeunes s’est intéressé\ e à ceux qui font face à un deuil. C’est avec la grâce de Dieu qu’ils se sont relevés. Depuis de nombreuses années, le mois d’octobre est dédié à la langue et la culture créoles de par le monde. Différentes célébrations organisées permettent de valoriser l’identité\ des populations créolophones à travers leurs pratiques culturelles. L’inculturation de l’Evangile initiée par le pape Paul VI au Concile Vatican II se poursuit avec le pape François qui prend à cœur l’évangélisation des cultures. En Martinique, plusieurs prêtres expérimentent l’introduction de chants créoles pour enraciner la pratique religieuse des fidèles dans leur culture « pou yo pli an tjè koko épi bondyé ». Le dossier présenté dans cette édition traite des apports de la langue et la culture créoles dans l’Eglise en Martinique. Plusieurs témoignages viennent enrichir le débat. La parabole du Seigneur s’adresse à nous aujourd’hui. Prions en reconnaissant que nous sommes de pauvres pécheurs et acceptons en toute humilité le pardon de Dieu. « La prière du pauvre traverse les nuées »… et l’attitude du pauvre touche\ le cœur de Dieu. Tchenbé, pa ladjé ! Justine Lordinot n EDITORIAL AGENDA DE L'EVEQUE 18 MOT DE L’EVÊQUE LITURGIE VIE DU DIOCÈSE • La Parole Dominicale • Focus sur la Paroisse \be Saint-Jean Baptis\nte \be Rivière-Salée • Les sacrements \be la vie chr\nétienne pour vivre la sainteté • Du grec biblique au créole martiniquais • De l’usage \bes langues vernaculaires \bans l’é\bition \bes livres \be la liturgie romaine • Lanmes an kréyol • L’apport \be la composition \be chants \n en créole à la liturgie \be l’Église • Quelques témoigna\nges • Quelle religion pour la Mar\ntinique ? Interview \bu Père Jean Michel Monconthour • Les Équipes Notre Dame ont fait leur rentrée sur la paroisse \bu Vauclin • Page Jeunes • Il ne suffit pas \be\n mettre \bu piment ! • La sainteté or\binaire selon le pape François 3 EGLISE UNIVERSELLE\C 8 6 7 9 10 11 12 13 14 15 AN TJÈ LÉGLI\b-LA 17 Dossier : LANGUE ET CULTURE CRÉOLES DANS L’EGLISE EN MARTINI\CQUE MÉDIAS 19 4 EDITORIAL 2 DIRECTEUR DE PUBLICATION : Jean-Michel MONCONTHOUR RÉDACTRICE EN CHEF : Justine LORDINOT MISE EN PAGE – IMPRESSION Caraïb Ediprint – Bois Quarré – 97232 Lamentin – Tél. \ 05 96 50 28 28 TIRAGE : 8 000 EXEMPLAIRES I.S.S.N. 0759-4895 – Commission paritaire N° 1115L87225 ADMINISTRATION – RÉDACTION Archevêché de la Martinique – Rue du R.P. Pinchon 97200 Fort de France - Tél. 05 96 63 70 70 SERVICE DES ABONNEMENTS Archevêché de la Martinique – BP 586 97207 Fort de France Cedex – Tél. 05 96 63 70 70 – 05 96 72 55 04 http://martinique.catholique.fr – egliseenmartinique@gmail.com

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 3 «I l ne suffit pas de mettre du piment dans un plat pour dire que c’est de la gastronomie antillaise ! » … Danielle Laguère, restauratrice martiniquaise sur Bordeaux, se plaisait à préparer les recettes de la tradition antillaise en valorisant les goûts des produits de notre terroir. Elle se plaignait de certaines personnes qui, sous prétexte de préparer de la cuisine des îles, se contentaient de mettre du piment en quantité dans une marmite de poisson à la sauce tomate pour prétendre préparer un court-bouillon ! Il en est de même pour l’inculturation dans l’Église Catholique. Elle consiste à exprimer la foi universelle au moyen de notre culture particulière. Il ne suffit pas qu’un quidam compose des chants en créole ou traduise (avec des formules approximatives) à partir du français des passages de la messe ou de l'Écriture sur un rythme cadencé pour dire que c’est un travail d’inculturation. De même que le court-bouillon de Mme Laguère demandait une préparation longue et minutieuse, le travail d’inculturation est long, progressif, communautaire et même contemplatif ! Le professeur Saffache faisait remarquer que l’urbanisation des villes et campagnes qui s’est réalisée en quelques décennies chez nous avait pris des siècles dans d'autres pays de vieille civilisation. L’inculturation aussi ne se fera pas en un jour, ni même en une génération… Voilà deux pistes majeures de l’inculturation à laquelle l’Esprit et l’Église nous appellent au nom même de l’Incarnation du Seigneur Jésus (Lui-même totalement immergé dans sa culture). 1° Rester Catholique, c’est-à-dire « universel », pour tout homme et toute femme. Les particularités de chaque culture ne doivent en aucun cas être considérées comme un singularisme, mais au contraire comme un enrichissement de la culture commune. Contrairement à la mondialisation, le catholicisme ne cherche pas à noyer toutes les cultures dans la culture occidentale ! Les catholiques d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique n’ont aucun complexe par rapport à l’Europe pour être à la fois pleinement catholiques (accueillant tout homme et toute femme) et pleinement incarnés dans l’expression de leur foi ! L’inculturation se doit absolument de faire en sorte que tout catholique se sente « chez lui » quand nous célébrons la foi de tous, selon notre culture ! 2° Éviter la vulgarité. Si nous croyons que notre culture mérite des lettres de noblesse, alors nous seuls pouvons le montrer ! Le sacré n’est pas le profane, il n’est pas vulgaire. Il ne faut pas confondre culture et folklore ! Si les célébrations créoles sont systématiquement des « ouélélés » à mi-chemin entre un vidé et un zouk, on dira que notre culture est incapable d’élever l’âme vers la contemplation et ne sert qu’à exciter les sens. Si nos traductions ne sont que des périphrases approximatives, faites à partir du français (au lieu des langues originelles !) ça prouvera que le créole n’a pas la capacité d’exprimer les subtilités spirituelles… Un vrai travail de linguistes et de théologiens est nécessaire. Il y a parfois des interprétations si mauvaises des chants de la messe (Gloria, Sanctus, Agnus Dei…) qui me font honte, même si je comprends l’effort de ceux qui les mettent en œuvre. Pour finir, je voudrais louer le travail de « Bèlè Légliz ». Les prêtres et les laïcs qui ont entrepris cette œuvre ne sont globalement tombés dans aucun des pièges que je viens de souligner. Cela doit faire notre fierté : l’usage adapté des percussions (le tambour, bien utilisé, est un excellent instrument liturgique, beaucoup plus que la batterie souvent invasive et qui ne fait pas partie de notre culture !), la qualité spirituelle des traductions, la centralisation sur l’Écriture Sainte et le travail de technique musicale en vue de produire du sacré sont à l’honneur de notre culture et de notre Église Catholique. + Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France n Il ne suffit pas de mettre du piment ! Ou l’inculturation bien comprise MOT DE L’ÉVÊQUE

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 4 EGLISE UNIVERSELLE\n 1. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). 2. Il ne faut pas s’attendre, ici, à un traité sur la sainteté, avec de nombreuses définitions et distinctions qui pourraient enrichir cet important thème, ou avec des analyses qu’on pourrait faire concernant les moyens de sanctification. Mon humble objectif, c’est de faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités. Le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4). 3. Dans la Lettre aux Hébreux, sont mentionnés divers témoignages qui nous encouragent à « courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée ». On y parle d’Abraham, de Sara, de Moïse, de Gédéon et de plusieurs autres et surtout on nous invite à reconnaître que nous sommes enveloppés « d’une si grande nuée de témoins » qui nous encouragent à ne pas nous arrêter en chemin, qui nous incitent à continuer de marcher vers le but. Et parmi eux, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches. Peut- être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. 4. Les saints qui sont déjà parvenus en la présence de Dieu gardent avec nous des liens d’amour et de communion. Le Livre de l’Apocalypse en témoigne quand il parle des martyrs qui intercèdent : « Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix puissante : ‘‘Jusqu’à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire Justice ?’’ ». […] 5. Lors des procès de béatification et de canonisation, on prend en compte les signes d’héroïcité dans l’exercice des vertus, le don de la vie chez le martyr et également les cas du don de sa propre vie en faveur des autres, y compris jusqu’à la mort. Ce don exprime une imitation exemplaire du Christ et est digne d’admiration de la part des fidèles. […] 6. Ne pensons pas uniquement à ceux qui sont déjà béatifiés ou canonisés. L’Esprit Saint répand la sainteté partout, dans le saint peuple fidèle de Dieu, car « le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté ». […] 7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu. […] 8. Laissons-nous encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui « participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité ». 9. La sainteté est le visage le plus beau de l’Église. Mais même en dehors de l’Église catholique et dans des milieux très différents, l’Esprit suscite « des signes de sa présence, qui aident les disciples mêmes du Christ ». […] 10 . […] Cependant, ce que je voudrais rappeler par la présente Exhortation, c’est surtout l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous, cet appel qu’il t’adresse à toi aussi : « Vous êtes devenus saints car je suis saint » (Lv 11,44 ; 1P 1,16). […] 11 . « Chacun dans sa route » dit le Concile. Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver. […] Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. […]. La sainteté ordinaire selon le pape Fra n ç ois

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 5 12 . Parmi les formes variées, je voudrais souligner que le ‘‘génie féminin’’ se manifeste également dans des styles féminins de sainteté, indispensables pour refléter la sainteté de Dieu en ce monde. Même à des époques où les femmes ont été plus marginalisées, l’Esprit Saint a précisément suscité des saintes dont le rayonnement a provoqué de nouveaux dynamismes spirituels et d’importantes réformes dans l’Église. […] 13 . Cela devrait enthousiasmer chacun et l’encourager à tout donner pour progresser vers ce projet unique et inimitable que Dieu a voulu pour lui de toute éternité : « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré » (Jr 1, 5). 14 . Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. […] Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu un consacré ou une consacré(e) ? Sois sainte en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand- mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. 15 . […] Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’. Dans l’Église, sainte et composée de pécheurs, tu trouveras tout ce dont tu as besoin pour progresser vers la sainteté. […] 16 . Cette sainteté à laquelle le Seigneur t’appelle grandira par de petits gestes. Par exemple : une dame va au marché pour faire des achats, elle rencontre une voisine et commence à parler, et les critiques arrivent. Mais cette femme se dit en elle-même : « Non, je ne dirai du mal de personne ». Voilà un pas dans la sainteté ! Ensuite, à la maison, son enfant a besoin de parler de ses rêves, et, bien qu’elle soit fatiguée, elle s’assoit à côté de lui et l’écoute avec patience et affection. Voilà une autre offrande qui sanctifie ! Ensuite, elle connaît un moment d’angoisse, mais elle se souvient de l’amour de la Vierge Marie, prend le chapelet et prie avec foi. Voilà une autre voie de sainteté ! Elle sort après dans la rue, rencontre un pauvre et s’arrête pour échanger avec lui avec affection. Voilà un autre pas ! 17. Parfois, la vie présente des défis importants et à travers eux le Seigneur nous invite à de nouvelles conversions qui permettent à sa grâce de mieux se manifester dans notre existence « afin de nous faire participer à sa sainteté » (He 12, 10). D’autres fois, il ne s’agit que de trouver une forme plus parfaite de vivre ce que nous vivons déjà. […] Quand le Cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân était en prison, il avait renoncé à s’évertuer à demander sa libération. Son choix était de vivre « le moment présent en le comblant d’amour » ; et voilà la manière dont cela se concrétisait : « Je saisis les occasions qui se présentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire ». […] 18. Ainsi, sous l’impulsion de la grâce divine, par de nombreux gestes, nous construisons ce modèle de sainteté que Dieu a voulu, non pas en tant qu’êtres autosuffisants mais « comme de bons intendants d’une multiple grâce de Dieu » (1 P 4, 10). […] L ’amour inconditionnel du Seigneur est possible parce que le Ressuscité partage sa vie puissante avec nos vies fragiles : « Son amour n’a pas de limites et, une fois donné, il ne recule jamais. Il a été inconditionnel et demeure fidèle. Aimer ainsi n’est pas facile, car souvent nous sommes vraiment faibles. Mais précisément pour que nous nous efforcions d’aimer comme le Christ nous a aimés, le Christ partage sa propre vie ressuscitée avec nous. Ainsi, nos vies révèlent son pouvoir en action, y compris au milieu de la faiblesse humaine ». Exhortation Apostolique : Gaudete et Exsultate du Saint-Père françois sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel n

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 6 Dimanche 23 octob\be 2022 la P P arole DDominicale 30 ème dimanche du temps ordinaire - Année C Prière d’introduction Seigneur Dieu, l’attitude du pharisien de la parabole me rappelle que parfois il m’arrive d’être fier de moi-même et de me remplir d’orgueil à cause des grâces que tu m’as données. Alors, je me sens supérieur aux autres et je suis dur avec eux, je ne leur pardonne rien de leurs erreurs. Comme le pharisien, j’oublie ma fragilité de créature devant mon créateur. Seigneur, je connais ta volonté et parfois, à l’exemple du publicain, le mal me domine. J’ai un grand désir de changer, mais bien souvent je me retrouve seul sous le poids de mes fautes. Comme le publicain de la parabole de ce dimanche, je ne me juge même pas digne de m’adresser à toi pour te demander de l’aide et pourtant j’espère ton pardon. A la lecture de ton évangile, aide-moi Seigneur, à ouvrir mon cœur pour accueillir ta miséricorde et ton amour pour le pécheur que je suis. Réflexion Ce dimanche, dans l’évangile, à travers la parabole de la prière du publicain, saint Luc nous montre que le salut est possible pour les personnes qui humblement se reconnaissent pécheurs et reviennent vers Dieu. En revanche, celles qui jugent durement les autres et se croient être déjà sauvées, en réalité, verront la miséricorde de Dieu pour leurs frères et sœurs pécheurs. Frères et sœurs, sommes-nous conscients du « déphasage » qui existe entre le chrétien que nous sommes et le chrétien que nous sommes appelés à être ? La parabole de ce jour, nous montre d’un côté le pharisien qui, devant le Seigneur, estime n’avoir rien à se reprocher. Il dit : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes… ». D’un autre côté, un publicain qui, conscient de ses imperfections et de ses manques, dit dans sa prière : « Mon Dieu, montre toi favorable au pécheur que je suis ». Certes, le publicain a réussi à obéir aux commandements de la loi, mais son péché est de se comparer à son prochain pour mieux le juger. Il nous arrive de nous comparer aux autres, alors nous voyons leurs failles et cela nous rassure sur les nôtres. Nous nous disons : « Je ne suis pas si mal », mais lorsque nous regardons Jésus-Christ, nous voyons le fossé qui existe entre lui et nous. C’est à cette vérité-là que nous devons nous arrêter. En nous comparant aux hommes, nous nous trompons de stratégie. Tournons plutôt notre regard vers Jésus-Christ. C’est à lui que nous devons ressembler. Frères et sœurs, Dieu nous parle, nous qui voulons être des justes devant lui ; prenons-nous du temps pour l’écouter ? Dans un monde où notre agenda est si chargé, faire une pause pour Dieu dans la journée, la semaine, le mois ou l’année, seul, en couple ou en famille, est devenu difficile. S’arrêter relève de la grâce, mais aussi de la volonté ; il faut dire : « Je veux prendre un temps pour Dieu dans ma vie ! », sans se chercher d’excuses ; chacun à sa manière, pourquoi ne pas adresser à Dieu une prière vraie ? Ils ont osé ouvrir leur cœur. Ils ne se sont pas contentés d’une prière « bien comme il faut » pour faire plaisir à Dieu ou pour ne pas choquer les fidèles qui pensent déjà être sauvés. Au contraire, ils ont osé ouvrir leur cœur en toute transparence devant Dieu, même si leur prière nous montre que chacun de son côté a encore des choses à changer dans sa vie pour s’ajuster au Seigneur. C’est au prix d’un regard vrai sur nous-mêmes, d’un temps passé avec Dieu dans la méditation de sa Parole et d’une prière qui parle de la réalité de notre vie, que nous pourrons goûter à l’amour du Seigneur pour les pécheurs que nous sommes. Frères et sœurs, « Qu’est-ce que Dieu attend de nous ? ». Légitimement nous pouvons nous poser la question lorsque nous voyons que, de ces deux hommes qui prient devant Dieu, c’est le publicain qui a été reconnu juste devant Dieu et non pas le pharisien, bien qu’il ait appliqué la loi. Les hommes doivent savoir que c’est Dieu seul qui juge à la fin. Il voit ce que nous ne voyons pas, il voit tout. Humblement, reconnaissons que nous sommes tous des pécheurs pardonnés en Jésus Christ. Je dialogue avec Jésus Jésus, c’est toi qui me donnes de faire ta volonté et lorsque j’y arrive, cela me rend heureux et me remplit de joie. Apprends-moi Seigneur à être vigilant au danger de la fierté et de cette suffisance qui écrase les autres. Jésus, je n’arrive pas à résister, je succombe à la tentation, cela m’attriste beaucoup. Contrairement à ce que peuvent penser ceux qui me voient, ma propre misère ne me laisse pas indifférent. Jésus, je veux te faire confiance. Confronté aux moqueries et aux jugements sévères des hommes sur moi, j’ai du mal à me tourner vers Dieu et à m’approcher de l’Eglise. Pourtant, Seigneur, je sais que toi seul connais ma honte aujourd’hui. Jésus, je ne me juge même pas digne de lever les yeux pour te regarder et m’adresser à toi, mais je sais que si je te le demande, tu donneras au pécheur que je suis d’obtenir la grâce de la confiance en toi . Résolution à prendre pour aujourd’hui Frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous aider à faire sa volonté avec joie et en toute humilité, sans aucune fierté, sans chercher à écraser ou à humilier ceux qui n’y arrivent pas. Cherchons plutôt à donner la main au pécheur pour qu’il se relève, au lieu de le montrer du doigt. Aujourd’hui, nous décidons de ne pas cacher au Seigneur nos fautes et ne plus être dans la dissimulation. Nous décidons de résister au péché, alors nous nous efforcerons de prendre le temps de faire chaque jour une halte spirituelle. Inscrire dans nos agendas un temps pour Dieu. Dans nos journées chargées, nous voulons arrêter un instant nos activités et revenir nous rafraîchir à la source, la Parole de Dieu. Frères et sœurs, que nous ouvrions sans aucune crainte notre cœur et notre vie pour accueillir la miséricorde de Dieu qui nous aime, malgré nos péchés. Père Benjamin François-Haugrin Paroisse de Rivière-Salée et de Régale n Siracide 35,15b-17.20\•-22a • Psaume 33 \b34) • 2 \•Timothée 4,6-8.16-18\• • Luc 18,9-14 LITURGIE

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 7 la Paroisse de Saint-Jean Baptiste de Rivière-Salée Focus sur La paroisse Saint Jean-Baptiste de Rivière-Salée sera établie le 7 Juillet 1716. Son saint patron est fêté le 24 juin. La paroisse tire son nom « du cours d’eau par lequel les eaux de mer remontent depuis la baie \•de Génipa. » [1] E lle possède une deu - xième église dédiée à Notre-Dame de la Visitation, érigée au quartier Petit-Bourg. Elle a également une troisième église, dédiée à Notre-Dame de Fatima, érigée dans les années 1960 au quar - tier Desmarinière, œuvre de l’abbé Marcel Pulvar. Dans la paroisse, il y a deux chapelles privées : la première, située au quartier « La Haut », est dédiée à Sainte Rita ; la seconde, au quartier médecin, est dédiée à Sainte Thérèse de Lisieux. Depuis octobre 2012, le curé de la paroisse est le père Benjamin François- Haugrin. Actuellement, la paroisse n’a pas de salariés, mais uniquement des bénévoles. Pour Grand-Bourg et Petit- Bourg, ils sont environ 90 personnes, en grande majorité de femmes et aussi quelques hommes. Sur la paroisse de Rivière-Salée, il y a messe le mardi à 6h30 à Petit-Bourg. Le mercredi et le vendredi, à 6h30 à Grand Bourg. Le jeudi matin et soir en fonction des besoins des PCE de quartier, du séminaire collège Sainte-Marie (primaire, collège et lycée) et le 3ème jeudi à l’EHPAD (Logis Saint-Jean). Il y a messe le samedi à 18h et le dimanche matin à 9h30 à Grand- Bourg, et à 7h à Petit-Bourg. En dehors des célébrations, l’église Saint-Jean Baptiste de Rivière-S alée est ouverte du lundi au vendredi, de 8h à 17h30, et le samedi à partir de 7h30. Parmi les projets pour cette année pastorale 2022-2023, avec les équipes d’accueil à l’église en semaine, il y a la mise en place de la prière des Laudes, le lundi, le jeudi 8h et le samedi à 7h30 et les vêpres, le lundi et le Jeudi à 17h à l’église de Grand-Bourg. Les temps forts ont commencé le samedi 8 octobre avec la première session des quatre évangélisations de rue prévue cette année, pour être « missionnaire vers les autres ». Le projet est d’annoncer Jésus-Christ qui nous aime. Cette première matinée avait pour but également d’annoncer aux parents le lancement de la catéchèse des 7-12 ans et du cheminement sur la paroisse, pour les inviter à faire la démarche d’y inscrire leur enfant. Un autre temps fort sera la consécration et l’ouverture au culte de l’église de Desmarinière, dédiée à Notre-Dame de Fatima, après 5 ans de travaux de réhabilitation. Parmi les projets, une nouvelle édition de la formation à l’accueil à l’église pour toute la communauté est prévue. Cette année, il y aura également sur la paroisse une formation aux cinq essentiels de la vie chrétienne. Un nouveau parcours sera proposé après Pâques 2023. Ce qui caractérise la paroisse de Rivière- Salée, c’est la complémentarité qui existe entre Grand-Bourg et Petit-Bourg pour former une seule et même communauté. Les fidèles de la communauté de Rivière- Salée se reconnaissent par leur sens de l’accueil et de l’engagement auprès des fidèles. Ils savent également se prendre en main et mener à bien des projets en toute autonomie. Ils ont le sens de la responsabilité et savent passer de la parole aux actes et montrer leur foi en Jésus-Christ qui agit. Père Benjamin François-Haugrin n 1 QUITMAN Suzette, Histoire du diocèse de la Martinique, Edition du Signe, p200

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 8 Peu de temps seulement nous sépare du 1 er novembre, jour où selon une tradition bien ancrée dans son histoire, l’Église fête tous ses enfants parvenus à la sainteté : les saints et saintes de Dieu. Ils sont la preuve, si l’on peut parler ainsi, que la grâce de Dieu a la capacité de toucher et d’accompagner des personnes au cours de leur existence terrestre. E n effet, « Comme le feu transforme en lui tout ce qu’il touche, l’Esprit Saint transforme en Vie divine ce qui est soumis à sa puissance » (Catéchisme de l’Église Catholique n°1127). En fait, il s’agit des personnes que l’Esprit Saint transforme par les sacrements en les conformant au Fils de Dieu (cf. CEC n°1229). Fixés au nombre de sept (7) au Concile de Trente (1542-1563) en sa 7 e session et regroupés actuellement en trois familles, les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation, eucharistie), les sacrements de guérison (confession ou pénitence ou réconciliation, onction des malades) et les sacrements au service de la communion des fidèles (ordre, mariage), les sacrements de la vie chrétienne touchent toutes les étapes et tous les moments importants de la vie humaine puisqu’ils donnent naissance et croissance spirituelles, guérison et mission à la vie de foi des chrétiens entendue comme témoignage d’une vie de sainteté. En outre, il est indéniable que par la réception et la pratique des sacrements s’ouvre pour le chrétien un chemin de sainteté. La sainteté étant une vie dans la grâce divine, celle-ci est entendue comme l’union, et partant de l’intimité avec le Dieu de Jésus-Christ donnée par le baptême et renouvelée par les autres sacrements. La grâce sanctifiante que procurent les sacrements constitue, tout comme la prière, l’un des fruits de cette union. D’ailleurs, le pape Jean- Paul II en rappelle la force stimulante et nécessaire pour vivre la sainteté : « La sanctification du chrétien se réalise dans l’eau du Baptême, elle est affermie par les sacrements de la Confirmation et de la Réconciliation, et elle est nourrie par l’Eucharistie, le bien le plus précieux de l’Église, le sacrement par lequel l’Église est constamment édifiée comme Peuple de Dieu, C orps du Christ et Temple de l’Esprit Saint » (cité dans La documentation catholique N°2302 du 16 novembre 2003, p.1026, col. a). En effet, les sacrements institués par Jésus-Christ confèrent à ceux qui les reçoivent la grâce sanctifiante. Celle-ci est comme une source dont les eaux irriguent la vie des chrétiens de deux manières inséparables l’une de l’autre : la grâce habituelle (guérison du péché, mise du chrétien en état habituel d’amitié avec Dieu -état de grâce-, faculté à vouloir et à réaliser le bien) et la grâce actuelle (secours de Dieu aidant la volonté humaine à accomplir des actes ayant une valeur spirituelle, résistance au péché, vécu quotidien en chrétien, spécialement aux heures de tentations, d’épreuves, de choix décisifs, de joie, etc. A l’approche de la célébration de la Toussaint, puissions-nous accueillir, grâce aux canaux que sont les sacrements de l’Église reçus avec foi et dignité et expérimentés dans la vie qui en découle, c’est-à-dire la vie de sainteté, « l’Esprit d’adoption [qui] déifie les fidèles en les unissant vitalement au Fils unique, le Sauveur » (CEC n°1129). P. Nicaise Wilfrid Ossebi, en mission paroissiale à Josseaud et à Régale n Les sacrements de la vie chrétienne pour vivre la sainteté LITURGIE

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 9 E g lise en MARTINIQUE Et toi, O Où en es-tu ? Ils ont dit "Oui " "Oui " N° 641REVUE DIOCÉSAINE BIMENSUELLE — 2,00 €8 MAI 2022 Hommage au père Filopon Les "Chemins de mémoires" dans le diocèseJournée mondiale de prière pour les vocations E g lise en MARTINIQUE Inauguration de l'oratoire "Jésus Eucharistie" au Morne-des-Esses SSoif de miséricorde ? N° 640REVUE DIOCÉSAINE BIMENSUELLE — 2,00 €24 AVRIL 2022 Hommage au père Filopon Dossier : La Miséricorde divine dans le diocèseHomélie de la Messe chrismale Règlement à l’ordre de : ADCOM Martinique Nous retourner ce bon, accompagné de votre règlement à : Eglise en Martinique Boîte Postale 586 97207 FORT de France CEDEX E g lise en MARTINIQUE Nom : ........................................................................\ ............................................................................................................... Prénom : ........................................................................\ ..................................................................................................................... Adresse : ........................................................................\ ...............................................................................................................................\ ..... Mail : ........................................................................\ ...............................................................................................................................\ ..................... Tél. : ........................................................................\ ...............................................................................................................................\ ..................... Code Postal : ........................................................................\ ................................................................................................................... Ville : ........................................................................\ ...............................................................................................................................\ ...................... Oui, je m’abonne ! Les Équipes Notre Dame ont célébré leur rentrée à l'église St-Jean- Baptiste du Vauclin, le dimanche 18 septembre, à la messe de 7h30. B eaucoup d'équipiers ont bravé le temps incertain pour se retrouver en couple et en équipe. Nous avons été accueillis chaleureusement par la communauté et son curé, le père Henderson, Conseiller spirituel d'une des équipes. Une nouvelle année commence avec de nouvelles résolutions, de nouveaux projets afin de resplendir de l'amour du Christ dans nos foyers, dans nos équipes et en Église. Messe célébrée dans la joie. Un grand merci à toute la communauté du Vauclin et à tous les équipiers qui ont pu se déplacer. Bonne rentrée pastorale à tous ! Patricia et Patrick, Responsables de Secteur secteur.endmartinique@gmail.com n Les Équipes Notre Dame ont fait leur rentrée sur la paroisse du Vauclin Pour tout contact : Charles et Odile, secrétaires du mouvement tél. : 0696 44 02 43 VIE DU DIOCÈSE MARTINIQUE 40  GUADELOUPE 44  GUYANE 44  FRANCE et ?tranger 50 

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 10 Propos recueillis par Maéva Emmanuelle Céleste +15 Page Jeunes Perdre quelqu’un c’est très difficile. Je me réveille un matin, ma tante arrive chez moi, elle avait posté une photo de lui avec une colombe… Ma première réaction était « ce n’est pas possible ». Jusqu'à aujourd'hui, nous ne savons pas ce qui s’est passé, nous avons plusieurs versions. J’ai finalement laissé tomber…Avancer est devenu mon objectif. Je me suis battue pour avoir mon bac et c’est lui qui m’a motivé car il occupait mes pensées. Ma foi m’aide, car Dieu me donne la force de continuer à avancer et à me dépasser. Le jour où j’ai appris le décès de ma mère, j’étais un peu perdue. C'est le médecin qui nous a appelés pour nous annoncer qu’elle vivait ses derniers instants. On vivait la plus grave vague du covid avec le variant delta en 2021. Au départ, cette perte était très dure, pour ma famille c’était très compliqué, j’ai tenu. Je me souviens qu’attendre pour l’enterrer ne m’aidait pas à faire mon deuil. Ma mère faisait partie de plusieurs chorales, elle était catéchiste sur la paroisse. Une de ses amie m’a aidée pour les obsèques, mon père s’est occupé des chants, avec mon frère et ma sœur nous avons fait les avis d’obsèques. Mon parrain, le père St Honoré, le père Gibon, et beaucoup de ceux qu’elle a connus nous ont accompagnés et soutenus dans cette épreuve difficile. Ma mère, j’en suis certaine, m’a aidée à avoir mon bac, car je sentais sa présence, son souvenir m’a aidée à me dépasser et à ne pas lâcher. Un an après, le manque est toujours là, mais je me sens plus forte pour avancer dans mes projets. J’encourage ceux qui traversent le deuil de se faire accompagner par un professionnel, d’expulser leurs émotions et ce qu’ils ressentent ; pleurer fait du bien, il faut accepter cette douleur et avancer car la vie continue. Il y a 7 ans, j’ai mis au monde un bébé sans vie. Au bout de 6 mois de grossesse, on lui a diagnostiqué une maladie. Contrairement à l’avis des médecins et à la pression du staff médical, j’ai tenu bon, et je n’ai pas avorté. Je ne voulais pas mettre fin à sa vie, j’ai fait confiance à Dieu, en menant cette grossesse à son terme avec sa grâce… À l’époque, le père Lucenay m’a accompagnée. En faisant confiance à Dieu, j’ai toujours été en paix, cette paix qui surpasse tout, durant ma grossesse, malgré cette douleur de la voir sans vie au moment de l’accouchement. La vie n’arrive pas et ne s’arrête pas forcément de la façon dont nous avons prévu les choses, mais la vie reste la vie, elle est donnée par Dieu, il faut la respecter et l’accueillir comme elle arrive. Je crois que dans le processus du deuil, il y a deux clés : c’est le lâcher prise et le temps. Le temps guérit les blessures et le lâcher prise permet vraiment de faire confiance à Dieu et de croire que son plan est merveilleux, qu’il est beaucoup plus grand, beaucoup plus beau que ce que nous pouvons imaginer. Esther, 22 ans paroisse du Lamentin Luciana, 21 ans, Paroisse de Sainte-Thérèse Stécy, une jeune maman face au deuil périnatal, Québec Face à la douleur de la perte d’un parent, d’un frère, d’une sœur, d’un ami, nous ne sommes pas toujours préparés, comme si la mort est quelque chose de tabou. Elle fait en fait partie de la vie. Jésus face à la mort de Lazare pleura (Jean 11,35). Le Christ connaît nos douleurs, pour les avoir vécues. Luciana, Esther et Stécy nous partagent cette page sombre qu’elles ont eu à vivre : Luciana pour son jeune cousin, Esther pour sa maman, et enfin Stécy pour sa fille. Les jeunes face au deuil…

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 11 LANGUE ET CULTURE CRÉOLES DANS L’EGLISE EN MARTINI\nQUE DOSSIER Du grec biblique au créole martiniquais En Martinique, le français et le créole cohabitent. La langue créole est une des spécificités des habitants et en cela c’est une richesse. Ce n’est pas un simple moyen de communication, c’est surtout le vecteur d’une culture locale, une manière de voir et de se représenter le monde. Le créole est principalement pratiqué dans la communication orale informelle, mais il a une graphie phonético-phonologique, une grammaire, une syntaxe, une sémantique et toute une personnalité linguistique qui permettent de produire des documents écrits en créole \bdictionnaire, livres, etc.). Il serait bon qu’un plus grand nombre s’y intéresse. La langue et culture créoles trouvent petit à petit leur place à l’église. Loin d’être une fantaisie folkloriste, l’utilisation du créole dans la liturgie offre aux fidèles une manière particulière de vivre leur foi. En ce mois d’octobre, mois du créole, il semble important de mettre en exergue les apports de la langue et de la cul\•ture créoles dans l’Eglise en Martini\•que. D epuis les origines de l'Eglise, l'évangélisation des peuples et l'annonce de la Bonne Nouvelle ont été considérées comme deux actions essentielles à l'édification de l'Eglise. L'Evangile ne peut être mis sous silence. Il doit être proclamé. Il existe donc ainsi une relation entre mission et Evangile, ainsi qu'entre Evangile et culture. Singulièrement, la liturgie (puisque c’est le sujet qui nous concerne), est pour Vatican II, « le sommet auquel tend l'action de l'Eglise, et en même temps la source d'où découle toute sa vertu » (SC 10). Par analogie, on peut dire que la liturgie est comme la pulsation cardiaque de l'Église, faisant circuler en elle le souffle de la vie. C'est donc dire son importance. Dans la liturgie, le langage a pour but « d’annoncer aux fidèles la Bonne Nouvelle du salut et d'exprimer la prière de l'Église au Seigneur » (SC 37-40) ... Utiliser la langue du peuple sera donc le premier pas à effectuer. Comment dire Dieu au peuple chinois sans parler leur langue ? Et même s'il en vient à parler leur langue, comment un homme doit-il s'y prendre ? Quels sont les mots qui sont les plus appropriés pour traduire les éléments du langage sans les altérer ? En quelque sorte, la langue est l'âme d'un peuple parce que tout se situe au niveau du langage. Même si ce sujet a déjà été abordé́, il est important de rappeler que le liturgiste doit demeurer attentif à ce qui peut être emprunté d'un langage pour être introduit dans la liturgie. De fait, comme le dit un ami prêtre mauricien : « La rupture entre l'Evangile et les cultures peut être d'un grand danger ». Quand l'Eglise épouse la culture de ses fidèles, de grandes merveilles sont possibles. N’oublions jamais qu’il existe une culture derrière notre foi : « pourquoi ne pas mettre des éléments qui font notre vie de tous les jours dans notre liturgie ? » Dès lors, cantiques créoles, prières créoles, homélie en créole, décorations de l'autel avec des symboles rappelant la vie quotidienne d'un Créole, instruments de musique créole, tout ceci dans le but de permettre aux fidèles d'exprimer leur foi dans leur culture, c'est-à-dire, la culture créole. Le grand absent, dans « l’évangélisation » d’alors, c’était le créole. L'introduction du créole dans la liturgie de l’Église qui est en Martinique, est une initiative qui a débuté dans les années 70, à l’invitation du Concile Vatican II, à l'initiative des pères Antoine Maxime, Beaubrun et Louis Elie. Les chants créoles et le tambour entrent alors progressivement dans l'Église. Cette initiative est relancée en décembre 2005 par un groupe de paroissiens à Rivière- Pilote, quartier Josseaud. Un travail de recherche, de traduction de l'Évangile en créole, d'adaptation des chants et des danses « bèlè » ont été réalisés avec l'aide d'artistes du "Monde Bèlè" et de spécialistes de la langue créole. La langue créole est l’âme du peuple martiniquais et ce qui nous différencie des autres peuples. Une Église plus proche de Dieu doit nécessairement faire usage de la langue créole pour évangéliser les fidèles. Et la liturgie doit se faire dans la langue créole qui représente l’âme du peuple martiniquais. La langue créole n’est pas négociable, car cette langue nous a montré le chemin menant à la libération de notre premier esclavage ; la traite aussi doit être la boussole de tous les Martiniquais qui veulent lutter pour toutes les autres libérations pour une Martinique meilleure. Car il n’y a aucun moyen d’arriver à l’universel si on ne passe pas par le culturel, et dans le cas de notre peuple, la langue créole est l’un des éléments clés du culturel. Dans la culture se trouvent toutes les richesses, les capacités, les talents, l'intelligence et la

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 12 sagesse qui peuvent nous servir de levier pour l'avenir de la Martinique. En effet, la liturgie est également créatrice de culture dans le sens où elle donne à une culture la possibilité de s'exprimer selon sa couleur et ce qui la caractérise. Cela dit, l'inculturation de la liturgie comporte des enjeux majeurs, car il y a dans la liturgie quelque chose qui transcende toute culture, Dieu lui-même. En effet, la liturgie est, notamment à travers les sacrements, porteuse de la présence de Dieu. C'est ce que l'on retrouve dans Sacrosanctum Concilium quand on dit que « la liturgie est considérée à juste titre comme l'exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, exercice dans lequel la sanctification de l'homme est signifiée par des signes sensibles et réalisée d'une manière propre à chacun d’eux » (SC 7). C'est donc dire que la liturgie comporte une partie immuable parce que d'institution divine. Elle porte en elle un mystère qui dépasse 1'Homme, le mystère d'un Dieu qui veut se révéler à l'homme et qui ne demande qu'à être accueilli par lui. En définitive, je crois que l’Église, en donnant toute sa place au créole dans la liturgie, même si le chemin est encore long (une traduction des prières eucharistiques est en cours avec l’expertise de prêtres et de linguistes) a été prophétique, en ce sens que cette réflexion et cette décision ont eu à mon sens le mérite avant tout de faire sortir le créole du marronnage linguistique dans l’enfermement du tout culturel et du langage de la fête et des jurons. Cette démarche est bénéfique pour le chrétien martiniquais qui découvre que la liturgie est également créatrice de culture dans le sens où elle donne à celle-ci la possibilité de s'exprimer selon sa couleur et ce qui la caractérise. Puisque la liturgie est un système de représentation symbolique, elle ne peut représenter les choses autrement que par la culture dans laquelle elle s'insère. Sinon, son message demeure vide de sens, dénué de toute signification et la fait alors devenir étrangère à la réalité du peuple. Est-ce un nouveau souffle pour l’évangéli - sation ? Est-ce une nouvelle évangélisation qui s'effectue ? Chose certaine, l'Évangile, lorsqu'il est reçu et vécu, porte un fruit, autant chez la personne que chez le groupe humain qui l'accueille. La Parole de Dieu ne peut pas laisser celui qui la reçoit indiffé - rent. Aussi, à l'exemple de Zachée, faisons ressortir des choses qui nous habitent au plus profond de nous-mêmes et qui peuvent être d'une grande richesse pour l'Eglise de Martinique. Père Patrick-Alexis Phanor n Le choix des langue\•s vernaculaires en vue de leur introduction dans la li\•turgie […] 10. Le premier point qu’il convient d’examiner avec attention est le choix des langues qu’il est licite d’admettre dans les célébrations liturgiques. En effet, il convient que, dans chacun des territoires, soit élaboré un plan pastoral qui tienne compte des principaux idiomes qui y sont employés, en distinguant les langues parlées spontanément par la population, et celles qui, du fait qu’elles n’arrivent pas à constituer un moyen naturel de communication dans le domaine pastoral, demeurent seulement un objet d’intérêt culturel. En réfléchissant sur ce plan et en le formulant, il est nécessaire de veiller à ce que, par le choix de certaines langues vernaculaires pour les introduire dans l’usage liturgique, on ne favorise pas la constitution de groupes trop restreints de fidèles, étant donné qu’il existe le danger de promouvoir la discorde entre concitoyens, au détriment de l’unité des peuples, et aussi de celle, tant des Églises particulières que de l’Église universelle. […] […] 13. Si une langue n’est pas pleinement admise pour l’usage liturgique, elle n’est pas pour autant totalement exclue du domaine liturgique. Elle peut être employée au moins de temps en temps, par exemple, dans la prière des fidèles, dans les cantiques, dans les monitions ou dans des parties de l’homélie, spécialement s’il s’agit d’un idiome propre à certains fidèles qui participent à la célébration. Il reste qu’il est toutefois toujours possible d’employer la langue latine ou bien une autre langue qui est largement répandue dans le pays concerné, même si cette langue n’est pas celle de l’ensemble, ni de la majorité des fidèles qui participent à la célébration liturgique en question, à condition toutefois d’éviter les risques de discorde entre les fidèles. […] […] 15 . Il revient aux Conférences des Evêques de déterminer quelles langues, employées sur leur territoire, doivent être introduites totalement ou partiellement dans la liturgie. Ces dispositions doivent recevoir la recognitio du Siège Apostolique, avant que n’importe quel travail de traduction ne soit entrepris.[15]Avant de prendre une décision à ce sujet, la Conférence des Evêques ne doit pas manquer de recueillir les avis, donnés par écrits, auprès d’experts et d’autres personnes intéressées, lesquels avis, ainsi que les autres actes, doivent être envoyés par écrit à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. […] Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements - Cinquième Instruction “Pour La Correcte Application De La Constitution Sur La Sainte Liturgie” (Const. Art. 36)- Rome 2001 n De l’usage des langues vernaculaires dans l’édition des livres de la liturgie romaine LANGUE ET CULTURE CRÉOLES DANS L’EGLISE EN MARTINI\nQUE DOSSIER

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 13 Lanmes an kréyolLanmes an kréyol Au sortir de la messe en créole à la cathédrale Saint Louis, le 2e vendredi du mois, il arrive parfois que des fidèles se livrent spontanément, avec émotion. Chez nombre de fidèles, entendre la Parole proclamée en créole de chez nous résonne différemment dans leurs cœurs. Comme si elle les touchait plus intimement, se faisait plus proche. Et bien que pour certains, non encore habitués, il faille suivre les réponses et les chants en créole sur leur feuillet ou leur téléphone (grâce au QR code affiché), dans l’esprit de Vatican II, la liturgie en créole nous permet de célébrer le Seigneur avec les accents de notre culture et de faire une expérience renouvelée de Sa Parole révélée en nos cœurs. Initiée en 2021, avec le curé d’alors, le père Jean-Michel Monconthour, la messe mensuelle en créole est maintenant accompagnée par les nouveaux prêtres de la paroisse cathédrale et, après les vacances, elle a repris le vendredi 14 octobre. Durant les semaines précédant la messe, une quinzaine de laïcs (de la cathédrale et d’autres paroisses) s’attèle, d’abord en petits groupes, à produire les différents textes de la messe en créole (lectures et oraisons, ainsi que la prière universelle) ; puis un groupe de rapporteurs procède à réunir et revoir ces traductions avec l’éclairage des textes d’origine (en hébreu et en grec) et en s’aidant de traductions dans différentes langues (anglais, espagnol, créole haïtien, etc.) afin de rester le plus fidèle possible aux textes. Bien souvent, cet exercice nous montre qu’il existe des passerelles directes entre l’hébreu, par exemple, et le créole, notamment lorsqu’il s’agit de traduire des interjections comme « hinńh », mot répété plus de 1000 fois dans l’Ancien Testament qui exprime généralement un grand étonnement, un « saisissement », ou introduit une manifestation qui dépasse l’entendement. Il est (parfois) traduit en français par un point d’exclamation ou par « voici que » et est souvent traduit en grec par « euthus » (signifiant « aussitôt » mais aussi « sincère »). Chez nous, il peut se traduire de différentes façons (ho-ho ! hé-hé ! wop ! mi anvwala, etc.). L’Ordinaire de la messe (mais aussi le Propre du temps liturgique) est, quant à lui, traduit par une équipe de prêtres de différentes paroisses, à partir du missel en latin. Ce travail de longue haleine est toujours en cours. C’est ainsi que les fidèles participant à la messe en créole ont pu se familiariser plus tôt avec la formule introduite dans le nouveau missel en français « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, … » ! Les chants de la messe en créole proviennent des répertoires de différentes chorales et celui de Bèlè Légliz, mais pas seulement. Pour l’occasion, le père Patrick Phanor traduit et adapte aussi des partitions tirées du répertoire de la Schola Cantorum, ou en compose lui-même. Nous comptons aussi sur une belle équipe d’accueil, ainsi que différentes chorales et musiciens venant animer cette messe et la rendre encore plus priante (Lafanmi, Harmony, L’Orchidée de Schœlcher, des membres de la Schola, etc.). « Man za tann lévanjil tala telman fwa, mé sé prèmié fwa man tann-li konsa » « Nou ka mandé Bondjé risivrè, di lanmen’w, sakrifis-tala pou louanjé ek glorifié non’y. Sé pou bien-nou, ép\•i ta tout Légliz-la ki sen » Jwé mizik anlè sitar-la pou rann-li gras, Jwé mizik ba’y anlè hawp-la ki ni dis kod « Hinneh » Alors, si vous êtes créoliste, théologien(ne), traducteur(trice) ou/et simplement amoureux(se) de la Parole de Dieu et souhaitez collaborer, n’hésitez pas à vous rapprocher de nous ! De l’usage des langues vernaculaires dans l’édition des livres de la liturgie romaine

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 14 P l us près de nous, dans les années 2005, le mouvement Bèlè Légliz avec les pères Monconthour, Henderson, Lafine, Phanor et Gibon, a confirmé cette prise en compte de la culture et de la religion. Son expérience tend à valoriser les valeurs communes entre Bèlè, culture biblique et la Tradition de l’Eglise. L’auteur-compositeur de musique liturgique ne peut donc ignorer cette prise en compte de la langue créole. Il me semble que la musique est nécessaire pour les rites. La musique de notre peuple revêt une dimension particulière car elle a permis au Martiniquais de s’affirmer en tant qu’être humain lorsque d’autres voulaient le réduire à l’état d’animal et de meuble. La composition permet également l’épanouissement de son être au sein de la liturgie. Le fidèle martiniquais est en mesure d’utiliser tout son être en priant par le chant. Disposant de deux langues, pourquoi devrait-il en laisser une sur le parvis ? Cela fait plus de 30 ans qu’en ma qualité de compositeur et de chef de chœur liturgique, avec la Chorale l’Orchidée de Schoelcher, nous participons à ce mouvement d’introduction du chant en créole dans la liturgie. Avec la Chorale l’Orchidée de Schoelcher, nous avons été critiqués sur la présence d’autant de chants créoles lors de l’animation des messes. Certains appréciaient, beaucoup rouspétaient ou ne participaient pas. Nous avons eu une expérience « homéopathique » consistant à introduire un ou deux chants puis, vers juillet, de faire la messe du chant d’entrée à l’envoi en créole. Cette expérience a été mieux accueillie. L’apport du chant en créole dans la liturgie peut participer à aider à l’alphabétisation en créole des fidèles. En effet, n’ayant pas été alphabétisés, parfois on leur interdisait de pratiquer cette langue qui constitue aujourd’hui une blessure. Le chant en créole peut donc aider à cette « guérison » à condition que le fidèle soit conscient de cette blessure infligée par nos prédécesseurs. Je remercie Eglise en Martinique de me donner l’opportunité de parler de mes compositions (295), mais il faudra un jour que chanter en créole et en français soit naturel dans le chant liturgique et ne soit plus un questionnement sur cette nécessité d’épanouissement. « Chantez en l’honneur du Seigneur un chant nouveau ; gens du monde entier, chantez pour le Seigneur », nous dit le psaume 96 Ki tan nou ké louwé Bondjé épi lang nou tou ? Jude Duranty n Auteur-compositeur de musique liturgique à l’issue d’une formation qui a débuté au SERMAC avec Claude Césaire comme professeur d’harmonie, il a rencontré en 1992 la directrice de la fanfare du 33 ème RIMA, Annie Legeay, puis plusieurs stages au Centre National de Pastorale Liturgique lui ont permis de rencontrer l’auteur Didier Rimeaux et de prestigieux chefs de choeur en Martinique (Edouard Boniface, Germain Kanuti) et à travers le monde Christian Villeneuve, Alain Langrée, Michel Utard, Erwin List (France) Michel Veutehey (Suisse) Alberto Grau, Michel Eustache, Cesar A Camilo (Venezuela) Electo Silva, Maria Felicia Perez (Cuba) Tori Robinson (USA). LANGUE ET CULTURE CRÉOLES DANS L’EGLISE EN MARTINI\nQUE DOSSIER Le Concile Vatican II a proposé l’usage des langues vernaculaires dans le quotidien liturgique des diocèses. Ce phénomène d’inculturation né dans les années soixante, s’est matérialisé au sein de l’Eglise de Martinique avec la Missa Antilla des pères Louis Elie et Antoine Maxime. Ce premier mouvement marquant la nécessité de prendre en compte notre langue créole. L’apport de la composition de chants en créole à la liturgie de l’Église

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 15 ‘‘ ‘‘ Colette Sibado Bèlè Légliz Katédral Fifi Mantier > Quelques témoignages ?? Mon passage ? b?l? l?gliz cath?drale, dans la paroisse de ma premi?re communion avec le p?re Th?on et de ma premi?re chorale ? la fin des ann?es soixante, a ?t? une exp?rience enrichissante. Ce groupe de r?flexion, de m?ditation, de cr?ation, de pri?re, d'adoration eucharistique autour du cr?ole a favoris? mon ?panouissement. Dans certains milieux, le cr?ole n'a toujours pas bonne presse et c'est bien dommage ! Une langue qui unit dix-neuf millions de lo\ cuteurs et dont on n'arrive toujours pas ? expliquer le m?canisme initial de formation, cela\ a de quoi faire r?fl?chir. Pour tant d'?les lointaines (isa?e 42, 10-12 ; 66,18-19) la m?\ me langue opprim?e, n?e dans la violence, la souffrance de la soci?t? esclavagiste ne peut que v?hiculer des valeurs de r?silience, de partage, d'entraide, d'amour fraternel. An s?l p?p ! P?p bondj?-a ! Nou pou choy? tout s? val?-tala. La mondialisation gomme nos diff?rences, y compris notre langue, richesse et don de dieu ? prot?ger, ? valoriser. Le japon et l'allemagne font la promotion du cr?ole. Et nous, si nous le rejetons, c'est une partie de nous-m?mes que nous rejetons. Notre rapport au monde s'effectue par l'interaction de nos deux langues pour analyser, communiquer, partager nos id?es, exprimer nos ?motions. Reconna?tre la l?gitimit? du cr?ole, c?est conna?tre ses origines pour avancer, s'accepter tel que l'on est, faire preuve d?humilit? face ? D ieu qui nous aime tant. Voil? d?j? plus d'un an que j'ai rejoint l'?quipe de traduction de la cath?drale afin de pr?parer la messe en cr?ole qui a lieu chaque mois. Un travail important sur le cr?ole s'op?re dans le silence de nos c?urs, seule puis ? plusieurs, ainsi nous m?ditons davantage la parole de D ieu, cherchons ? travers diff?rentes traductions de la bible, comparons les ?critures ? partir de versions en h?breu, grec, anglais ou espagnol afin de rester fid?les au message ?vang?lique. Chacun porte donc sa pierre ? l'?difice en accueillant, lisant, priant, participant au chapelet, chemin de croix ou messes en cr?ole. Faire entrer le cr?ole dans la liturgie, c'est lui donner un souffle nouveau. Gr?ce ? cette inculturation, l?eucharistie, source et sommet de notre vie chr?tienne, nous am?ne ? nous sentir plus attentifs, plus unis au Christ qui se donne et nous sanctifie jusque dans notre mani?re de nous exprimer. Papa bondj?, mwen enmen'w. J?zi, man ni konfians an wou. Nous avons eu ? c?ur de r?diger un livret pour l'animation des veill?es. Surtout que dans notre culture la veill?e est un moment tr?s important pour le soutien ? porter aux familles. ?tant sollicit? pour l'animation des veill?es, il nous a paru opportun d'avoir un support en cr?ole. La base de notre travail a ?t? le livret du dioc?se ? En chr?tien devant la mort ?. Dans le cadre de notre inculturation et pour la continuit? de notre travail, avec l'accord de notre cur?, nous avions un rendez-vous mensuel pour la m?ditation du chapelet en cr?ole avec la communaut?. Ce moment de partage est tr?s appr?ci? par les fid?les. Nous, membres de K2lm, avons compris que s'exprimer dans notre idiome maternel, nous permet de nous lib?rer de notre histoire et de prier notre Seigneur en toute simplicit?. Mwen n? an 1933 Rob?. S? gran manman mwen ki ?liv? mwen pas manman mwen m? an kouch. S?l lang i t? ka pal? an kay-la s?t? kr?y?l. Gran manman mwen t? konn?t y?nn d? mo fwans? k? i transm?t mwen. Men l? bouch mwen t? mantj? ?pi mwen di?y an paw?l an kr?y?l, i t? ka di mwen : Mal?liv?, mwen pa l??w pal? kr?yol isi-a. ? Sa vr? ki i pa t? dj? l? mwen pal? kr?yol, m? s? padavw? l?kol-la t? an fwans?. Yo t? ka di nou kr?y?l-la s?t? lang ti-n?g ? si ou l\ ? f? k?choy an lavi?w f?k t? sa pal? fwans? kon jan fwans. Men l? mwen rantr? l?k?l, s? tjanmay-la ki pa t? sa pal? fwans?-\ a, yo t? ka p? bouch yo an klas-la jiktan yo sonnen la r?kr?asyon. S? an lakou l?k?l-la yo t? ka wouv? bouch yo ?pi l? l?k?l t? fini. L? gran manman mwen m?t? mwen l?sisyon, misi? lab? s? fwans? ?pi laten i t? ka pal?. Lanm?s-la t? an laten, apr? sa yo vini ka di?y an fwans?. Epi j?di jou, mwen ja al? adan d? lanm?s s? kr?y?l yo ka chant?, menm paw?l Bondj?-a mwen tann-li an kr?y?l. S? pa an mov? bagay ou s? menm di mwen ka konprann-li titak plis. Sa mwen t? k? l? s? ki nou sispann wont lang kr?y?l-la. S?\ lang manman nou ki ka di soufrans nou ?pi jwa nou. S? moun-an ki asiz adan s? biwo-a, l? yo ka pal? kr?y?l ba z?t s? pa d?r?sp?kt? yo ka d?r?sp?kt? z?t. Sispann f? mov? fidji l? an gran moun ka mand? z?t an rans?nman an kr?y?l.

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 16 LANGUE ET CULTURE CRÉOLES DANS L’EGLISE EN MARTINI\nQUE DOSSIER Mélanie, paroisse du Morne-des-Esses Ève-Lyne Bazin Bèlè Légliz Lanmanten Mathurin, paroisse du Marigot > Quelques témoignag\ es Un grand woulo bravo pour l?Eglise en Martinique de nous permettre de vivre en partie la messe en cr?ole. Les c?l?brations sont vivantes et gaies. Nous le savons : Dieu n?est pas un Dieu de tristesse. Nous sommes dans notre temps et devons poursuivre l?inculturation dans les ?glises. A toutes les messes auxquelles j?ai assist?, les chants en cr?ole me permettaient de poursuivre les louanges ? la maison. Ils ?taient toujours bien choisis, en lien avec la liturgie. Mes enfants n?arr?taient pas de les entonner tout au long de la semaine. Mi bel bagay ! Une messe tout en cr?ole, ce serait bien, mais pensons tout de m?me ? ceux qui ne comprennent pas notre langue. Tout le monde doit pouvoir suivre les diff?rents temps de la messe pour se sentir bien et vivre l?essentiel, comprendre le message. Ne soyons donc pas ?go?stes. Dans les certaines paroisses, cela peut s?entendre, mais dans celles qui re?oivent des touristes (la cath?drale, par exemple, et dans le sud), cela me parait un peu risqu?. M? mwen pa kont kr?yol-la. I ni an stati, an nou voy?-i mont? ! Cultivons notre identit? ! M?exprimer en cr?ole, c?est respirer, c?est dire que j?existe. Prier Dieu en cr?ole c?est la respiration de mon ?me. Dire ma foi en cr?ole me permet d??tre plus proche de Dieu. J?ai le sentiment que je ne cache rien de qui je suis ? Dieu quand je le c?l?bre en cr?ole. C?est une des raisons qui m?a pouss?e ? m?engager en 2006 dans le Mouvement B?l? L?gliz parce que comme nous le professons dans les statuts de notre mouvement : Le cr?ole est la langue de B?l? L?gliz. Quand j?ai int?gr? B?l? L?gliz et que nous avons commenc? tout le travail d?inculturation, j?ai su alors, du plus profond de mon ?tre, que Dieu, infiniment Grand, infiniment Saint, venait de se pencher sur moi. La prise en compte de notre patrimoine culturel dans l'expression de notre foi n'est pas toujours bien comprise et la mission d'?vang?lisation qui nous incombe peut nous para?tre difficile parfois. Mais, par, avec et en Dieu, nous avan?ons, progressons vers des sentiers plus ou moins longs, avec des virages, des mont?es, des descentes, mais le but est le m?me pour tous. Chacun d?sire s'approcher de plus en plus du P?re, par le Fils gr?ce ? l'action de l'Esprit-Saint. Chacun de nous suit un chemin, un sentier, une route avec des courbes, des hauts, des bas... Chaque chant ?crit par B?l? L?gliz est le r?sultat d?u\ n v?ritable travail de recherche, de traduction (du fran?ais au cr?ole) des textes bibliques, dans le respect du message de l?annonce de la Bonne Nouvelle de la pr?sence agissante d?un Dieu mis?ricordieux et plein d?amour pour les hommes. Vokasion nou s? pa konv?ti y?nn d? moun, men s? ANONS?,\ PWOPOS? Bon Nouv?l-la. L?v?k-la pa mand? nou konv?ti p?s?nn\ , i mand? nou di moun-li. Di sa Bondj? ka f? an lavi nou san pran chimen d?tounen. ?? Le cr?ole est notre langue natale. L?introduire dans la liturgie est une excellente initiative. Les chants en cr?ole au rythme du tambour au cours de la messe me prennent aux tripes car ils sont tr?s expressifs, tr?s vivants. Ils me permettent de louer Dieu dans ma culture et cela rejoint le psalmiste qui dit de louer Dieu au son du tambour? L?inculturation sollicit?e par le pape est vraiment une inspiration de l?Esprit Saint. J?ai assist? ? plusieurs messes ou animations de B?l? L?gliz, et j?ai vu que Jeunes et vieux se r?jouissaient ensemble. Il faut dire que les choristes ont des voix exceptionnelles (je pense ? Stella Gonis, entre autres). Je rends gr?ce ? Dieu pour ces dons donn?s pour le louer ! ??

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 17 ? Question AN TJÈ LÉGLIZ-LA ‘‘ Quelle religion pour la Martinique ? ‘‘ > Interview du Père Jean Michel Monconthour De nouvelles religions apparaissent en Martinique. Des martiniquais adhèrent au vaudou ou à la religion Kémite. Les religions chrétiennes font-elles encore l’unanimité ? P enses-tu que les Martini- quais, majoritairement, adhèrent à la religion catholique ? Je pense que globalement, les M artiniquais se disent catholiques pour un grand nombre. Mais nous avons constaté ces dernières années une plus grande présence des églises évangéliques. L’Eglise adventiste, quant à elle, est présente sur le territoire depuis plus de quarante ans. Les Martiniquais semblent donc majoritairement être chrétiens. Ils se répartissent entre Eglise catholique et Eglise d’origine protestante. Depuis quelques années, il y a aussi la présence de l’Eglise orthodoxe et de l’Eglise protestante réformée qui compte aussi dans le paysage chrétien. Qu'en est-il de la religion catholique ? fait-elle encore l'unanimité ? N'y a-t-il pas des prises de conscience ? des faits sociétaux qui remettent en question la foi de certains ? Aujourd’hui l’institution catholique est au banc des accusés en ce qui concerne l’implication des chrétiens dans l’esclavage et la colonisation. Elle est concernée également par la question des abus dénoncée dans l’ensemble des institutions de la société. Cette crise générée oblige l’Eglise à revenir sur son histoire pour y découvrir des dynamiques pour l’aujourd’hui. C’est le cas des chrétiens anti-esclavagistes et réformateurs et des condamnations papales de l’esclavage et de la colonisation. C’est aussi une prise en compte du Concile Vatican II qui a éclairé d’une manière nouvelle les relations entre l'Eglise et la société en vue de l’évangélisation dans le monde actuel. Effectivement, l’Eglise catholique vit dans une certaine adversité face à des associations qui, pour lutter en faveur de la décolonisation, rejettent le catholicisme et prônent des valeurs religieuses dites ancestrales. Certains groupes proposent de revenir aux religions antiques, pré-chrétiennes, aux anciennes religions d’avant Jésus- Christ. Certains catholiques sensibles à la question culturelle, identitaire, sont touchés et parfois laissent l’Eglise en quête d’une identité religieuse propre aux civilisations africaines non chrétiennes. Ce phénomène touche plutôt les jeunes, des personnes en marge de l'Église ou des catholiques déçus ou en difficulté d’intégration. Aujourd‘hui l'Eglise vit, elle aussi, la crise de la société martiniquaise qui voit le départ de ses enfants, le vieillissement de sa population et l’éclatement des cellules familiales. Elle n’est pas en dehors de la société. Elle partage avec celle-ci la même population. Il y a moins d’enfants au catéchisme. Se pose aussi la question du renouvellement de ses cadres puisque la population est vieillissante. Mgr David Macaire a engagé le diocèse dans une pastorale pour le renouvellement des équipes et le rajeunissement des cadres, tout cela dans une communion entre les générations. Un défi s’impose à l’Eglise et à toutes ses institutions. Elle s’est lancée dans un renouveau de la catéchèse et donne aux jeunes parents la première place dans l’éducation de leurs enfants. Ils sont les premiers concernés. L'évêque a également lancé la P astorale sociétale avec différentes équipes. Une mission est confiée à l’Observatoire Socio-Politique de l'Église en Martinique (OSPEM) qui actualise le discours de l’Eglise pour la société actuelle. Une autre mission est confiée au service Padre Pio pour prier pour la délivrance des personnes et prendre ainsi en compte les souffrances psychiques et spirituelles des Martiniquais.

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 18 Agenda de l’Archevêque Du samedi 22 au samedi 29 octobre : • Session introduction à la Théologie (Institut Gaston Jean-Michel) Samedi 22 octobre : • 18h30 : Messe d’installation du curé de la paroisse du Lorrain (P. Énel Constant) Dimanche 23 octobre : • 7h : Messe d’installation du curé de la paroisse de Marigot (P. Énel Constant) • 9h30 : Confirmation à la paroisse de Tartane • Session introduction à la Théologie • 17h30 : Vêpres solennelles à la cathédrale Saint-Louis Lundi 24 octobre : • Conférence et Messe du Congrès de l’Association des Enseignants Dominicains (AEDOM) • Session introduction à la Théologie Mardi 25 octobre : • Participation au congrès de l’AEDOM • Conseil presbytéral • Session introduction à la Théologie Mercredi 26 octobre : • Rencontre avec les confirmands des paroisses de Lorrain et de Vauclin • 18h : Catéchèse de l’Évêque à Emmaüs Jeudi 27 octobre : • Session introduction à la Théologie Vendredi 28 octobre : • Session introduction à la Théologie Samedi 29 octobre : • Session introduction à la Théologie • 11h : Messe d’envoi du congrès de l’AEDOM à l’église de Bellevue • Rassemblement des jeunes lycéens 14 - 18 ans • 18h : Messe d’installation du curé de la paroisse de Saint-Joseph (P. Emmanuel Chaulvet) Dimanche 30 octobre : • 9h30 : Messe d'installation du curé de la paroisse du François (P. Jan Mielewski) • 17h30 : Vêpres solennelles à la cathédrale Saint-Louis Mardi 1 er novembre : Toussaint • 9h30 : Messe au Monastère des Sœurs bénédictines de Bout-Bois Mercredi 2 novembre : • 8h : Messe à la paroisse de Lamentin Du 3 au 8 novembre : • Assemblée plénière des Évêques de France (Lourdes) AN TJÈ LÉGLIZ-LA L’Eglise de Martinique est- elle en crise ? La crise traverse l’ensemble de la société et des institutions ; l’Eglise n’y échappe pas. Face à la crise, bon nombre de chrétiens catholiques réagissent et s’organisent dans des groupes de prière et s’engagent dans leur église au service des autres. L’Eglise avance donc vers de nouvelles solidarités en son sein et au-delà. L'Eglise n'a-t-elle pas tendance à rejeter la modernité ? Ne faut-il pas penser adaptation voire évolution ? L’Eglise évolue avec son temps. Elle utilise les moyens modernes de communication et évolue à travers les institutions nouvelles. Ainsi, elle se dote de moyens de formation à la pointe dans l'enseignement supérieur tels que l'Institut Catholique Européen des Amériques (ICEA) et l'Institut Gaston Jean-Michel. L’Eglise se positionne comme acteur et partenaire en matière d’éducation comme elle a toujours fait à travers ses écoles catholiques. Le système éducatif en Martinique aura besoin de son expérience et de ses forces vives pour mieux comprendre ce que devient la religion en Martinique et dans la Caraïbe actuelle, suite à la colonisation qui a mis en relation non seulement les cultures mais aussi les religions. Nous sommes dans un contexte social interculturel et interreligieux qui nous impose un dialogue nécessaire à la compréhension mutuelle et au vivre ensemble. La recherche pourra porter aussi sur la question du syncrétisme religieux et culturel, du magico- religieux, des religions populaires, des grandes traditions religieuses indiennes, asiatiques, africaines, juifs, arabes et autres spiritualités présentes sur notre petit territoire. Propos recueillis par Nicole Chésimar n Vaudou : Culte animiste greffé sur une croyance monothéiste et selon lequel il vaut mieux s'adresser aux dieux qu'à Dieu, trop lointain et trop respectable. Kémitisme : Ensemble de croyances et de pratiques qui s’inspirent librement de la religion de l’Égypte antique. Les kémites vénèrent les divinités égyptiennes et pratiquent la heka (magie égyptienne) et ils suivent aussi les lois de Maât (l'ordre cosmique).

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 23 octobre 2022 – n° 648 19 Retrouvez les actualités du diocèse sur : http://martinique.catholique. fr 99.5 - 101.3 et 105.1 MHz www.radiosaintlouis.com Radio Saint-Louis, Rue Georges-Zaïre, ZAC Rivière Roche, 97200 Fort de France Tél. : 05 96 71 86 04 Fax : 05 96 71 86 05 contact@radiosaintlouis.com ASSOCIATION DIOCÉSAINE DE\• MARTINIQUE Service legs et donations Archevêché de Fort-de-France - 5-7, rue du Révérend Père Pinchon BP 586 - 97207 FORT DE FRANCE CEDE\•X Téléphone : 06 96 31\•0 333 - E-mail : mi\•chel.pouch@wanadoo.fr   , je souhaite recevoir en toute confidentialité votre brochure pour m’informer sur les possibilités de legs, donations et assurances-vie à l’Association Diocésaine. oui , je souhaite être contacté pour un rendez-vous au Service des legs et donations ou à mon \Cdomicile. LÉGUEZ à l’ Église catholique L’espérance en héritage DEMANDE D’INFORMATIONS sans engagement de votre part Mes coordonnées ❏ Mme ❏ Melle ❏ M. Nom Prénom Adresse Code postal Ville Téléphone E-mail Paroisse (facultatif) POUR L’ARCHEVÊCHÉ DE MART\•INIQUE

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Heureux, bienheureux H eureux, bienheureux, Qui écoute la parole de Dieu. Heureux, bienheureux, Qui la garde dans son cœur. Heureux ceux qui ont une âme de pauvre Car le royaume des cieux est à eux. Heureux les doux Car ils possèderont la terre. Heureux les affligés Car ils seront consolés Heureux les affamés et assoiffés de justice Car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux Car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs pursCar ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix Car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux les persécutés pour la justice Car le royaume des cieux est à eux. Heureux serez-vous quand on vous insultera Et qu'on vous persécutera, Et que l'on dira faussement contre vous Toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie, soyez dans l'allégresse, Dans les cieux vous serez comblés ! Editions de l'Emmanuel

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