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E g lise
en MARTINIQUE
N° 669
REVUE DIOCÉSAINE
BIMENSUELLE – 2,00 €
12 NOVEMBRE 2023
Hommage au père Filopon
NN e
détourne
ton visage d’aucun
pauvre
(Tb 4,7)
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S ommaire
«V
eillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure »
(Mt 25, 13).
En ce 32e dimanche ordinaire A, la liturgie nous
invite à la vigilance, mais également à la sagesse. Sommes-
nous prêts pour la rencontre avec le Christ ? Notons que s’y
préparer, c'est prendre les moyens de durer ; c’est persévérer
dans l'amour et ne pas être des chrétiens en sommeil spirituel.
Il convient donc de nous ressourcer en Eglise pour tenir nos
lampes allumées
Notre d?sir de Dieu passe par le service du petit et du pauvre (o?\
le Seigneur lui-même se donne à voir), et par la pratique de la
charité. Le 19 novembre, 33e dimanche ordinaire (une semaine
donc avant la solennit? du Christ-Roi), l??glise c?l?bre\
ra la 7
e
Journ?e mondiale des pauvres institu?e par le pape Fran?ois. Le\
thème retenu pour cette année est : « Ne détourne ton visage
d’aucun pauvre » (Tb 4, 7).
Le pape nous explique que « lorsque nous sommes devant un
pauvre, nous ne pouvons pas détourner le regard, parce que
nous nous empêcherions de rencontrer le visage du Seigneur
Jésus. ». Il dit encore que « les pauvres sont des personnes, ils
ont des visages, des histoires, des c?urs et des ?mes. Ce sont des\
fr?res et des s?urs avec leurs m?rites et leurs d?fauts, com\
me
tout le monde, et il est important d’entrer dans une relation
personnelle avec chacun d’entre eux. »
Le dossier de cette édition est en lien avec la Journée mondiale
des pauvres. La pauvret? y est trait?e sous diff?rents aspects \
:
pauvreté du cœur, crise sociétale et pauvreté, pauvreté et
santé mentale. Nous avons demandé à deux associations qui
œuvrent en faveur des pauvres de nous présenter également
leurs missions. Il s’agit de la Société de Saint-Vincent-de-Paul
et du Secours Catholique.
Par ailleurs, la rubrique « An tjè Légliz-la » nous interpelle au
sujet de la pr?sence des statues dans nos ?glises. Des ?l?me\
nts
de réponse nous sont apportés par un prêtre du diocèse.
N’oublions pas que c’est au cœur de notre vie de tous les
jours que le Christ est pr?sent et cherche ? se faire conna?tre\
.
Rappelons-nous aussi que c?est l?Esprit Saint qui nous r?v?l\
e
la présence du Seigneur dans ce monde. C’est Lui qui stimule
notre prière, et nous fait persévérer dans la foi.
Ne laissons donc pas mourir en nous le désir de Dieu ! Ne ratons
pas le rendez-vous de l’Amour ! Soyons vigilants ! Tenons-nous
prêts ! Nourrissons notre vie de la Parole de Dieu pour durer
dans la foi, et sans cesse, posons-nous cette question : A quel
niveau est notre provision d’huile ?
Bon dimanche à tous !
Justine Lordinot ■
EDITORIAL
MOT DE L’EVÊQUE
LITURGIE
VIE DU DIOCÈSE
• La Parole Dominicale
• Être au service des plus pauvres !
• La pauvreté du coeur : une dynamique spirituelle à vivre
• Crise societale et pauvreté
• Pauvreté et santé mentale
• La Société de Sai\nnt-Vincent-de-Paul
• Secours Catholique de Marti\nnique
• Pourquoi des statues dans nos églises \n? • Présentationn de la paroisse
de Sainte-Thérèse
• La paroisse de Sainte Thérèse en fête
• 2013 - 2023 : La C\naravane de l'Espoir fête ses 10 ans !
• Invitez des pauvres à votre table !
• MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
VII
e Journée Mondiale des Pauvres
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EGLISE UNIVERSELLE
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• Pourquoi des statues dans nos églises \n?
AN TJÈ LÉGLIZ-LA 22
Dossier : JOURNÉE MONDIALE DES PAUVRES
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EDITORIAL 2
AGENDA DE L'EVEQUE 19
DIRECTEUR DE PUBLICATION : Jean-Michel MONCONTHOUR RÉDACTRICE EN CHEF : Justine LORDINOT MISE EN PAGE – IMPRESSION Cara?b Ediprint ? Bois Quarr? ? 97232 Lamentin ? T?l. \
05 96 50 28 28 TIRAGE : 8 000 EXEMPLAIRES
I.S.S.N. 0759-4895 – Commission paritaire N° 1115L87225 ADMINISTRATION – RÉDACTION Archevêché de la Martinique – Rue du R.P. Pinchon 97200 Fort de France - Tél. 05 96 63 70 70
SERVICE DES ABONNEMENTS Archevêché de la Martinique – BP 586
97207 Fort de France Cedex – Tél. 05 96 63 70 70 – 05 96 72 55 04 http://martinique.catholique.fr – egliseenmartinique@gmail.com
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 3
L
es plus anciens se souviennent
de ce refrain : « Laisserons-nous
à notre table un peu de place
à l’étranger ». Nous l’avons chanté à
tue-tête.
La table de notre maison (nos grands-
mères disaient en dedans) est un lieu
privé et sacré. Elle n’est pas qu’un outil
technique pour manger. C’est autour
de cette table que se rassemblent (ou
pas !) les membres de la famille. La
table est donc fortement symbolique
et représente le lieu de l’unité de
ceux qui vivent sous un même toit :
on est tourné les uns vers les autres,
on partage les plats, on parle, on
échange, on apprend à se connaître,
à s’aimer… (ou pas !). Elle est parfois
maigre, commune ou festive selon les
évènements de la famille. Beaucoup
de choses se jouent autour de cette
table, en positif ou en négatif. D’une
certaine manière, c’est l’équivalent,
à la maison, de l’autel au chœur de
l’église autour duquel se réunit la
communauté pour le saint Sacrifice
de la messe. Certains viennent,
d’autres non ; certains communient,
d’autres non. Ainsi, c’est autour de la
table d’une famille que l’on mesure
son unité et son amour : mange-t-on
ensemble ? à la même heure ? le même
repas ? dans la bonne humeur ? dans
la vérité ?... (ou pas !) et enfin est-elle
ouverte ? Si oui, à qui ?
Jésus dit : « Quand tu donnes une
réception, invite des pauvres,
des estropiés, des boiteux, des
aveugles ; heureux seras-tu, parce
qu’ils n’ont rien à te donner en retour :
cela te sera rendu à la résurrection
des justes » (Lc 14, 13-14). C’est clair
et limpide. Ce verset n’est pas à
interpréter ni à spiritualiser de peur de
le voir relativiser. Comme dirait le pape
François, il est à mettre en œuvre « sine
glossa », sans commentaire. Laissons-
nous donc vraiment à notre table, un
peu de place au pauvre ? Ne sommes-nous pas marqués par ce
péché de mondanité bourgeoise qui
nous fait préférer inviter du « beau
monde » ou des proches que des
pauvres et des étrangers (et dans ce
cas, le mot « étrangers » signifie non
seulement ceux qui viennent d’autres
pays mais aussi ceux que nous ne
connaissons pas assez même s’ils sont
des catholiques de la même paroisse).
Notre culture antillaise comporte
une résistance intrinsèque à ce
commandement du Seigneur. Deux
exemples : (1) Il a fallu beaucoup
de temps dans certaines paroisses
pour que les membres des PCE de
la catéchèse familiale acceptent
de recevoir chez eux leurs voisins
dont les enfants sont au catéchisme
avec les leurs. (2) Des personnes
venues d’ailleurs (notamment des
métropolitains, mais aussi des antillais :
guadeloupéens ou guyanais) me font
souvent la remarque qu’elles sont
bien accueillies en public et dans
des groupes en Martinique, mais
ne sont quasiment jamais reçues
ni invitées « à la maison » par les
autochtones ! Comment expliquer
cela ? Je ne sais. Il faudrait consulter
des sociologues ou des psychologues.
Y aurait-il chez nous une certaine
honte : « chez moi n’est pas assez
rangé »… à moins que ce ne soit une
certaine méfiance quant au regard de
l’autre : « les gens vont regarder chez
moi », la peur du « makrélaj ».
Quoi qu'il en soit, une conversion est
nécessaire. Voici un petit questionnaire
auquel nous devons tous répondre
(il vaut aussi pour nos bwè-manjé
paroissiaux) : Qui recevons-nous chez
nous ? Recevons-nous volontiers ceux
que nous ne connaissons pas, même
quand ils font partie de l’assemblée
chrétienne ? Depuis quand avons-nous
invité un pauvre ou des personnes
très modestes à notre table ? Sont-ils
systématiquement conviés lors de nos
réceptions ? Sont-ils une priorité ? Y
pensons-nous seulement ?
Qui ouvre sa table, ouvre son cœur !
Recevoir un pauvre c’est recevoir le
Christ, Lui-même. Ouvrons donc notre
table aux étrangers et aux pauvres. Cela
demande des efforts, une victoire sur
bien des peurs, mais c’est là que se
vérifie notre foi.
Ainsi commence la fraternité !
Invitez des pauvres à votre table !
MOT DE L’ÉVÊQUE
+ Fr David Macaire, Archevêque
de Saint-Pierre et Fort-de-France
■
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 3
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EGLISE UNIVERSELLE\n
L
a Journée Mondiale des Pauvres,
signe fécond de la miséricorde
du Père, a lieu pour la septième
fois afin de soutenir la marche de nos
communautés. C’est un rendez-vous
que l’Église enracine progressivement
dans sa pastorale, pour découvrir
toujours mieux le contenu central de
l’Évangile. Chaque jour, nous sommes
engagés dans l’accueil des pauvres,
mais cela ne suffit pas. Un fleuve de
pauvreté traverse nos villes et devient
toujours plus grand jusqu’à déborder ;
ce fleuve semble nous submerger
si bien que le cri des frères et sœurs
demandant de l’aide, du soutien et de
la solidarité s’élève de plus en plus
fort. C’est pourquoi, le dimanche qui
précède la fête de Jésus-Christ Roi de
l’Univers, nous nous retrouvons autour
de sa Table pour recevoir à nouveau de
Lui le don et l’engagement de vivre la
pauvreté et de servir les pauvres.
« Ne détourne ton visage d’aucun
pauvre » (Tb 4, 7). Cette Parole nous aide
à saisir l’essence de notre témoignage.
Nous arrêter sur le Livre de Tobie, un
texte peu connu de l’Ancien Testament,
passionnant et riche de sagesse, nous
permettra de mieux entrer dans le
contenu que l’auteur sacré désire
transmettre. Devant nous s’ouvre une
scène de vie familiale : un père, Tobit,
salue son fils, Tobie, qui est sur le point
d’entreprendre un long voyage. Le vieux
Tobit craint de ne plus pouvoir revoir
son fils et c’est pourquoi il lui laisse son
“testament spirituel”. Il a été déporté à
Ninive et maintenant il est aveugle, donc
doublement pauvre, mais il a toujours eu
une certitude exprimée par le nom qu’il
porte : “Le Seigneur a été mon bien”. Cet
homme, qui a toujours fait confiance au
Seigneur, en bon père, désire laisser à
son fils non seulement quelques biens
matériels, mais le témoignage du chemin
à suivre dans la vie. C’est pourquoi il lui
dit : « Chaque jour, mon enfant, souviens-
toi du Seigneur. Garde-toi de pécher et
de transgresser ses commandements.
Fais ce qui est juste tous les jours de ta
vie et ne marche pas dans les voies de
l’injustice » (4, 5).
Comme on peut l’observer tout de
suite, le souvenir que le vieux Tobit
demande à son fils ne se limite pas
à un simple acte de mémoire ou une
prière à adresser à Dieu. Il fait référence
à des gestes concrets qui consistent à
accomplir de bonnes œuvres et à vivre
avec justice. Cette exhortation se précise
encore à tous ceux qui pratiquent la
justice : "Fais l’aumône avec les biens qui
t’appartiennent. Quand tu fais l’aumône,
mon fils, n’aie aucun doute » (4,7).
Les paroles de ce vieux sage sont trés
étonnantes. N’oublions pas, en effet, que
Tobit a perdu la vue précisément après
avoir accompli un acte de miséricorde.
Comme il le raconte lui-même, sa vie dès
son plus jeune âge était consacrée à des
œuvres de charité : « J’ai fait beaucoup
d’aumônes à mes frères et aux gens de
ma nation qui avaient été emmenés
captifs avec moi au pays des Assyriens,
à Ninive… » (1, 3.17). […]
Nous pouvons nous demander : où
est-ce que Tobit puise le courage et la
force intérieure qui lui permettent de
servir Dieu au milieu d’un peuple païen
et d’aimer ainsi le prochain au risque de
sa propre vie ? […] Bien qu’il soit bon
cœur, il est mis à l’épreuve. Comme nous
l’enseigne souvent l’Écriture sainte, Dieu
n’épargne pas les épreuves à ceux qui
œuvrent pour le bien. Pourquoi ? Il ne le
fait pas pour nous humilier, mais pour
affermir notre foi en Lui.
Tobit, au moment de l’épreuve,
découvre sa propre pauvreté qui le rend
capable de reconnaître les pauvres. Il
est fidèle à la Loi de Dieu et observe
les commandements, mais cela ne lui
suffit pas. L’attention concrète envers
les pauvres lui est possible parce qu’il a
fait l’expérience de la pauvreté dans son
corps. Par conséquent, les paroles qu’il
adresse à son fils Tobie sont son véritable
héritage : « Ne détourne ton visage
d’aucun pauvre » (4, 7). En fait, lorsque
nous sommes devant un pauvre, nous
ne pouvons pas détourner le regard,
parce que nous nous empêcherions de
rencontrer le visage du Seigneur Jésus. Et
nous remarquons bien cette expression
« d’aucun pauvre ». Chacun d’eux est
notre prochain. […] Si je suis pauvre,
MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
Dimanche XXXIII e du Temps ordinaire • 19 novembre 2023
VII
e
Journée Mondiale des Pauvres
« Ne détourne ton visage d’aucun pauvre » (Tb 4,7)
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je peux reconnaître qui est vraiment le
frère qui a besoin de moi. Nous sommes
appelés à rencontrer tout pauvre et
tout type de pauvreté, en secouant de
nous l’indifférence et l’évidence avec
lesquelles nous protégeons un bien-
être illusoire.
Nous vivons un moment historique qui
ne favorise pas l’attention envers les
plus pauvres. Le volume de l’appel au
bien-être s’élève de plus en plus, tandis
que l’on impose le silence aux voix de
ceux qui vivent dans la pauvreté. On a
tendance à négliger tout ce qui ne rentre
pas dans les modèles de vie destinés
surtout aux plus jeunes générations, qui
sont les plus fragiles face au changement
culturel en cours. […]
Remercions le Seigneur du fait que
beaucoup d’hommes et de femmes se
dévouent aux pauvres et aux exclus, et
partagent avec eux ; des personnes de
tous âges et de toutes conditions sociales
qui pratiquent l’accueil et s’engagent
aux côtés de ceux qui se trouvent dans
des situations de marginalisation et
de souffrance. Ce ne sont pas des
surhommes, mais des “voisins” que
nous rencontrons tous les jours et qui,
dans le silence, se font pauvres avec
les pauvres. Ils ne se contentent pas de
donner quelque chose : ils écoutent, ils
parlent, ils essaient de comprendre la
situation et ses causes pour donner des
conseils appropriés et des repères justes.
Ils sont attentifs aux besoins matériels
mais aussi spirituels, à la promotion
intégrale de la personne. Le Royaume de
Dieu est rendu présent et visible dans ce
service généreux et gratuit ; il est vraiment
comme la semence qui tombe dans la
bonne terre de la vie de ces personnes
et qui porte son fruit (cf. Lc 8, 4-15). La
gratitude envers tant de volontaires doit
se faire prière pour que leur témoignage
soit fructueux. […]
Une fois de plus, malheureusement,
nous devons constater de nouvelles
formes de pauvreté qui s’ajoutent à
celles déjà décrites ci-dessus. Je pense
en particulier aux populations vivant
dans des zones de guerre, notamment
aux enfants privés d’un présent serein
et d’un avenir digne. […]
Il est facile, en parlant des pauvres, de
tomber dans la rhétorique. Il y a aussi
une tentation insidieuse de s’arrêter aux
statistiques et aux chiffres. Les pauvres
sont des personnes, ils ont des visages,
des histoires, des cœurs et des âmes. Ce
sont des frères et des sœurs avec leurs
mérites et leurs défauts, comme tout le
monde, et il est important d’entrer dans
une relation personnelle avec chacun
d’entre eux.
Le livre de Tobie nous enseigne le
caractère concret de notre action avec
et pour les pauvres. C’est une question
de justice qui nous engage tous à nous
chercher et à nous rencontrer, pour
favoriser l’harmonie nécessaire afin
qu’une communauté puisse s’identifier
comme telle. S’intéresser aux pauvres
ne se limite donc pas à des aumônes
hâtives, mais demande de rétablir les
justes relations interpersonnelles qui
ont été affectées par la pauvreté. Ainsi,
“ne pas détourner les yeux des pauvres”
permet d’obtenir les bénéfices de la
miséricorde, de la charité qui donne
sens et valeur à toute la vie chrétienne.
Que notre attention envers les
pauvres soit toujours marquée par le
réalisme évangélique. Le partage doit
correspondre aux besoins concrets de
l’autre, pas pour me débarrasser du
superflu. […]
Dans cette maison qu’est le monde, tous
ont le droit d’être éclairés par la charité,
personne ne peut en être privé. Que la
ténacité de l’amour de sainte Thérèse
inspire nos cœurs en cette Journée
Mondiale, qu’elle nous aide à “ne pas
détourner notre regard du pauvre” et à
le maintenir toujours fixé sur le visage
humain et divin du Seigneur Jésus-
Christ.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 13 juin 2023,
Mémoire de Saint-Antoine de Padoue, Patron des pauvres.
Pape François
■
‘‘‘‘
En fait, lorsque
nous sommes devant un pauvre, nous ne pouvons pas
détourner le regard,
parce que nous nous empêcherions de
rencontrer le visage du Seigneur Jésus.
‘‘‘‘
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Dimanche 12 novembre 2023
la P
P arole DDominicale
32 ème dimanche du temps ordinaire - Année A
Sagesse 6,12-16 • Psaume 62 (63) • \T1Thessaloniciens 4,13-18 • \TMatthieu 25,1-13
LITURGIE
Prière d’introduction
Dieu notre Père, nous te rendons grâces de
nous inviter. Permets-nous d’être vigilants
afin que nous puissions réellement être en
mesure de te rencontrer le jour venu.
Points de Réflexion
➊ Tous invités
Nous sommes tous invités à la noce du
Royaume. L’Evangile nous parle de dix
jeunes filles : cinq insouciantes et cinq
prévoyantes. Les insouciantes avaient pris
les lampes sans emporter d’huile tandis
que les prévoyantes avaient emporté
leur lampe avec de l’huile. Finalement,
le Royaume des cieux recoupe toutes
les personnes, sages ou insouciantes.
Il y a une générosité profonde. C’est un
débordement d’amour ; l’expression de
l’amour inconditionnel. Encore faut-il se
laisser bousculer par cet amour, par cette
invitation.
➋ Se laisser déplacer s’ouvrir à la
sagesse
La première lecture nous parle de la
sagesse. Cette sagesse sans laquelle
nous ne parviendrons pas à effectuer ce
déplacement. Cette sagesse qui se laisse
trouver, qui est assise à notre porte, a
finalement vocation à nous faire vivre dans
l’espérance de la rencontre qui nous est
donné de faire et de refaire. Elle nous invite
à sortir de nos ténèbres pour aller vers la
lumière. Elle nous invite à changer notre
mentalité et notre façon de vivre. Elle nous
met en tension entre la grâce d’un amour
déjà là et déjà expérimenté, mais dont la
plénitude est encore à venir.
➌ Veiller
Au fond, veiller c’est être capable à temps
et à contre-temps de désirer la rencontre,
même lorsque l’attente dure au-delà du
prévisible. Être disciple en vérité suppose
d’espérer afin de gérer sa foi dans la durée.
Seule L’espérance dispose le chrétien à
mettre sa confiance dans les promesses du
Christ, à prendre appui non sur ses forces,
mais sur le secours de la grâce du Saint-
Esprit. Il pourra alors résister à l’épreuve
et garder confiance en l’avenir.
Je dialogue avec Jésus
Seigneur, tu connais mon impatience, mes
difficultés à veiller. Augmente en moi la foi
et l’espérance afin que résonnent en mon
cœur tes promesses. Que tous mes actes
soient empreints du désir de te rencontrer.
Seigneur, accorde-moi la grâce de garder ma
lampe allumée. Sainte Thérèse de l’Enfant
Jésus, prie pour moi.
Père Eddy Ertus, Administrateur
de la paroisse de Sainte-Thérèse
■
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 7
Horaires du bureau paroissial
• Mardi, mercredi, vendredi et
samedi de 9h à 12h
• Tél : 0596 44 65 85
• Mail : paroisse.stetherese@
eglisemartinique.fr
Réception du Père Eddy Ertus
Mardi, mercredi et vendredi :
Accueil et confessions sans
rendez-vous de 7h10 à 08h30 et
sur rendez-vous de 9h à 12h et de
15h30 à 18h30.
E
n 1925, la municipalité de Fort-de-
France ayant acquis le faubourg des
Terres Sainville, procéda à son assai-
nissement et à son lotissement. Il se produisit
alors une forte poussée de la population la plus
misérable de ce quartier vers les collines qui
dominent le port. Plusieurs cases y furent alors
construites, la population ne cessant d’aug-
menter et exprimant le désir d’un lieu de culte.
Durant la même période, l’église des Terres-
Sainville était érigée et prenait la place de la
chapelle Saint-Antoine. Mgr Lequiem décida
de transférer cette chapelle sur la nouvelle
agglomération qui prospérait. La chapelle fut
consacrée à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus
et le quartier prit le nom de Sainte-Thérèse.
En l’an de grâce 1928, la paroisse de Sainte-
Thérèse était créée. Elle a été l’une des dix
premières au monde à avoir été consacrée à
Thérèse. Père Desnoulez, premier curé de cette
paroisse, avait pour challenge de construire une
église en dur. La première pierre fut posée le
23 novembre 1930. Les jeunes du catéchisme
devaient, chaque jeudi, porter une pierre qu’ils
ramassaient sur le chemin. La parole « porter sa
pierre à l’édifice » prenait alors tout son sens.
D’autres jeunes vendaient des pétales de roses.
Cinq ans après, la population ne cessant de
croître s’installait sur le morne Pichevin. L’église
était achevée en 1937.
La paroisse de Sainte-Thérèse était ancrée
dans son environnement sociétal. Différents
organismes ont pris naissance, tels la crèche, le
dispensaire et l’ouvroir tenus tous les trois par
des religieuses. Le Foyer des jeunes travailleurs,
situé sur le territoire paroissial, venait en aide
aux jeunes en difficulté. Une trentaine d’années
plus tard, l’histoire se répète. Des habitants,
sortant des différentes communes, viennent
s’installer sur une portion de terre située en
contrebas de Sainte-Thérèse. Un jour de Noël
1961, le 25 décembre, Monseigneur Varin de
la Brunelière y célèbre la messe sur une petite
place en présence des « Âmes vaillantes ». Il
décide que ce quartier prendrait le nom de
Volga-Plage (« Volga » puisque ce sont des
terres volées par les habitants - « Plage » parce
que non loin de la plage). Une chapelle fut
construite par les habitants sur ladite place et
elle n’a cessé de connaître des améliorations.
Volga-Plage fut alors greffée sur Sainte-Thérèse.
En 2020, elle fut consacrée à Sainte Faustine.
Le tremblement de terre de 2007 a été éprouvant
pour la communauté. L’église fut fermée et les
paroissiens se sont retrouvés à Emmaus (ZAC
de Rivière-Roche) pour célébrer le culte. Loin
de son territoire, durant une dizaine d’années,
la communauté se disperse pour se retrouver
sous une tente posée sur le parking devant
l’église. Les paroissiens prennent leur marque
afin de reconstruire l’Eglise des hommes. La
communauté ne baisse pas les bras, la tâche est
rude. Pas de presbytère, pas de salle paroissiale,
mais des hommes et des femmes solidaires qui
gardent le cap. C’est bien dans la pauvreté et
dans l’humilité que nous faisons l’expérience
de la miséricorde de notre Seigneur.
Depuis peu, une structure ouverte a été construite
non loin de l’église et accueille le culte.
Autour du père Eddy Ertus, le Conseil
économique et financier ainsi que le Conseil
paroissial pastoral font le lien avec l’ensemble
de la communauté et fixent les grandes lignes et
orientations de la vie paroissiale.
Les groupes spirituels, tels que l’équipe Pellevoisin
le Rosaire, la légion, le Mouvement Sacerdotal
Maria, le cœur d’accueil de Jésus, prient et
accueillent ceux qui en ont besoin. Le groupe
Padre Pio réalise une mission importante d’écoute
et d’intercession.
Le Renouveau charismatique très actif met en
place des temps d’enseignement et d’adoration.
A noter l’existence d’un groupe de jeunes
enfants, « Les petits adorateurs de Thérèse », qui
font l’apprentissage de l’adoration.
Les jeunes se rassemblent et tentent de créer une
émulation auprès des autres. La Pastorale des
jeunes est en marche vers une responsabilisation
de la mission de baptisé et une prise de conscience
de l’appartenance à l’Eglise. ■
•
Horaires du bureau paroissial Horaires du bureau paroissial
Horaires d’ouverture
des bureaux paroissiaux :
• Mardi, mercredi, vendredi à 6h30
• Samedi à 18h
• Dimanche à 7h30 à Sainte-Faustine et 9h à Sainte-Thérèse
• 3
e dimanche : 7h à Sainte-Faustine
et 8h30 et 10h à Sainte-Thérèse
Administrateur : père Eddy Ertus
Prêtre retraité : Père Barbe Gedio
paroisse de Sainte-Thérèse
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 8
La paroisse de Sainte-Thérèse en fête
VIE DU DIOCÈSE
Lundi 2 octobre, la paroisse Sainte-Thérèse fêtait sa sainte Patronne. Durant les
neuf jours précédents, la communauté s’est retrouvée chaque soir afin de prier la
neuvaine consacrée à Sainte Thérèse ainsi que pour célébrer l’Eucharistie. Une rose
était déposée aux pieds de Thérèse remémorant sa promesse de faire tomber sur
nous une pluie de roses.
D
ifférents prêtres sont venus
ponctuer cette période
préparatoire. Nous avons eu
la joie et la surprise d’accueillir notre
Evêque la veille de cette fête.
La petite Thérèse, qui fut consacrée
patronne des missions sans sortir de
son carmel, nous enseigne la simplicité.
Elle nous montre la sainteté, non pas celle qui est visible dans les grandes
actions, mais dans les petites choses.
La communauté Thérésienne tente, à
son niveau, d’être une fervente apôtre.
Quelques jours après, la communauté
de Volga fêtait elle aussi sa sainte
Patronne, sainte Faustine, celle qui
s’efforce de transmettre le message de
la miséricorde divine en ayant une vie
simple, mais tellement riche de l’union
avec le Seigneur.
Thérèse et Faustine, une histoire de
confiance, un message commun : vivre
l’amour du Christ dans la petitesse.
Nicole Chésimar ■
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 9
10 ans d'évangélisation et d'élan missionnaire
Les samedi 21 & dimanche 22 octobre 2023, les membres de la Caravane de l'Espoir,
arborant leurs nouveaux t-shirts blancs ou verts, ont tenu à partager leur 10
ème anniversaire
à la Ferme Perrine avec les fidèles et le concours de nombreux intervenants qui ont œuvré
à leur croissance spirituelle autour du thème « Tous unis pour montrer Jésus ».
U
n événement qui a tenu toutes ses
promesses avec cette Caravane
version XXL où environ 1000
participants ont fait le déplacement
pendant deux jours ; sans compter les
milliers d’internautes qui ont suivi ce
temps fort via les réseaux Facebook
et YouTube de la Caravane de l’Espoir.
Le père Wilfried Bannais, qui pour
l’occasion s’est transformé en animateur,
et Géraldine (Caravane de l’Espoir)
ont merveilleusement orchestré cet
anniversaire. La thématique de l'unité
était au centre de ce week-end : l’unité
envers soi-même, l'unité dans sa relation
personnelle avec Dieu, l'unité dans le
couple, l'unité dans la famille et enfin
l'unité dans la mission. Ces différents
thèmes ont été vécus à travers les
ministères exercés au sein de la Caravane
de l’Espoir : la louange, la Parole en
mouvement (sketch), les enseignements,
les ministères de prière et de guérison.
L’unité s’est remarquée également par
l’implication de différents groupes et
services diocésains qui ont participé
pleinement à ce temps d’évangélisation,
tels que le Service Padre Pio, la Pastorale de
la Spiritualité, l'Association des Centres de
Préparation au Mariage (ACPM), l’Océan Infini de Miséricorde, le groupe Magdala,
l’association Air Bonheur et bien d’autres.
Pour exemple, le Dimanche, la louange a
été assurée par le groupe Magdala qui a
été rejoint par Estelle, la conductrice de
louange de la Caravane et ils n’ont fait
qu’un pour louer Jésus !
Les sketchs ont comme d'habitude marqué
les esprits. « La Parole en mouvement » a
pour vocation de mettre le doigt sur des
réalités de notre vie parfois douloureuses
qui ont besoin d’être évangélisées. Les
comédiens ont su, avec humour et
émotion, nous interpeller sur la place de
Dieu dans nos vies quelles que soient les
circonstances. D’ailleurs, le sketch sur la
mission proposé le dimanche a beaucoup
plu et nous vous invitons à revoir les
sketchs sur notre chaîne YouTube : La
Caravane de l’Espoir.
Pour chacune des grandes thématiques,
de nombreux intervenants se sont succédé
pour édifier les participants : Tony Allaguy-
Salachy, Mgr Alain Ransay, Sylviane Rotsen,
les pères Pierre Henderson et Marcel
Crépin, Bruneau Faustin, Raymonde
Moundangui et le père Eddy Ertus.
L’assemblée a également été encouragée
par un témoignage de Frédérique Levif.
Comme l'a précisé Angélique l'une des
participantes à l’événement, le ministère
de guérison est « un moment particulier
où l'Esprit-Saint nous touche chacun de
manière différente ». Un temps de prière
de guérison a accompagné chaque
enseignement et permis aux participants
d’expérimenter la miséricorde de
notre Seigneur. Les jeunes qui étaient
présents ont bénéficié aussi de ce
temps d’intercession et de consolation,
et particulièrement des filles ont pu être
enlacées par les religieuses présentes
et être ainsi consolées par l'amour
miséricordieux du Seigneur. Les couples
n’étaient pas oubliés ; ils ont pu vivre
une démarche de réconciliation devant
le Saint-Sacrement et tant d’autres grâces
ont été reçues au cours de ce week-end de
Feu ! Nous ne pouvons que rendre grâce à
Dieu d’avoir inspiré ce temps où il a désiré
voir son Église unie pour bénir ses enfants.
En clôture de ce merveilleux temps, le
dimanche soir, les artistes de la Caravane
de l'Espoir, Ingrid Edouard Szot, Rosy, Yann
Brédas, DJ Charlan et les musiciens qui
les ont accompagnés ont enflammé la
scène de la Ferme Perrine en proposant
au public des chants de louange, d'amour
et de solidarité. ■
2013 - 2023 :
La Caravane de l'Espoir fête ses 10 ans !
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 10
Allez ! De toutes les
nations, faites des disciples.
Baptisez-les au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé.
Et moi, je suis
avec vous tous
les jours jusqu'à
la fin du monde.
(Mt 28, 19-20)
Le temps que nous avons vécu durant ces deux jours était vraiment très riche de part les
enseignements, les sketchs qui ont été joués. Nous pensons que tout un chacun avait sa place
lors de cet événement dans la mesure où une trame a été dressée de manière complète autour
du thème « Tous unis pour montrer Jésus » : Unité dans les familles, Unité dans l'Eglise,
Unité dans la mission. Nous avons vécu aussi un très bon moment lors du ministère de guérison
pour permettre à l'Esprit Saint de faire son travail d'Unité en nous au travers de nos blessures.
Cela fait 4 ans que je suis revenue en Martinique et c'est quelque chose que je ne connaissais pas.
Dans cet événement, je constate que plusieurs groupes du diocèse se sont rassemblés pour faire corps
et cela permet de voir que l'Eglise est en train d'évoluer. Aussi, Monseigneur Alain Ransay qui
était en Guyane a pu nous évangéliser grâce aux nouvelles technologies : j'ai aimé ce moment ! Les
enseignements qui ont été donnés par les prêtres ont été très profonds et cela m'a bougée intérieurement.
Si l'on prend le temps de réécouter, il y a quelque chose qui se fait intérieurement.
Nous avons passé de très bons moments et nous avons été très bien accueillis par les membres de la Caravane de l'Espoir. Nous
avons reçu quand même beaucoup d'interventions durant ces deux jours, mais tout s'est bien passé par la grâce de Dieu. Dans
notre mission, cette thématique nous rejoint particulièrement car nous tentons d'être les plus unis que possible pour pouvoir intervenir
sur toutes les manifestations ; et les enseignements donnés par les différents intervenants nous ont vraiment fortifiés et encouragés.
Nous souhaitons un Joyeux Anniversaire à la Caravane de l'Espoir.
J'ai beaucoup aimé ce temps et particulièrement les sketchs car ils touchaient de près le quotidien de chacun et j'ai
trouvé cela formidable. On ressent également que les sketchs sont préparés dans la prière. Pour moi, la collaboration
avec la Caravane de l'Espoir était une union normale pour aider, diffuser, soutenir l'autre dans sa mission. Si nous
réclamons la bénédiction pour nous, il faut aussi d'abord bénir l'autre dans sa mission, et c'est ainsi que le Seigneur
nous rejoint. « Faire du bien à l'autre, c'est se faire du bien à soi ».
C'est vraiment une expérience unique, l'unité s'est vraiment manifestée et je rends gloire au Seigneur pour la Caravane de
l'Espoir où l'Esprit leur a soufflé ce thème. Je crois qu'il est temps, l'heure est venue pour que la Martinique se réveille, que
l'on se mette ensemble pour bâtir le Royaume de Dieu pour sauver les âmes en Martinique et dans le monde entier.
Ce qui m'a marqué dans ce rassemblement c'est l'unité dans le couple et l'importance de mettre Dieu au sein de son couple afin de vivre un amour
profond et pour l'éternité. Aujourd'hui, tous les enseignements donnés nous ont fortifiés ma femme et moi, et surtout sur le choix des amis. Être ici
en famille est une grâce du Seigneur et je lui suis très reconnaissant.
Johan et Annie-Claude, animateurs de l'ACPM
Soeur Nicaise, Dominicaine missionnaire de Notre-Dame de la Délivrande
Nous avons passé de très bons moments et nous avons été très bien accueillis par les membres de la Caravane de l'Espoir. Nous
Micheline, Unité de secours Saint-Michael
J'ai beaucoup aimé ce temps et particulièrement les sketchs car ils touchaient de près le quotidien de chacun et j'ai
Béatrice, Immaculée Conception
C'est vraiment une expérience unique, l'unité s'est vraiment manifestée et je rends gloire au Seigneur pour la Caravane de
Franzette , Renouveau Charismatique, Puits de Jacob & Padre Pio
Patrick
‘‘
Allez ! De toutes les
‘‘
Allez ! De toutes les
‘‘
VIE DU DIOCÈSE
Le temps que nous avons vécu durant ces deux jours était vraiment très riche de part les
Unité dans la mission. Nous avons vécu aussi un très bon moment lors du ministère de guérison
pour permettre à l'Esprit Saint de faire son travail d'Unité en nous au travers de nos blessures.
Unité dans la mission. Nous avons vécu aussi un très bon moment lors du ministère de guérison
pour permettre à l'Esprit Saint de faire son travail d'Unité en nous au travers de nos blessures.
Unité dans la mission. Nous avons vécu aussi un très bon moment lors du ministère de guérison
réclamons la bénédiction pour nous, il faut aussi d'abord bénir l'autre dans sa mission, et c'est ainsi que le Seigneur
Cela fait 4 ans que je suis revenue en Martinique et c'est quelque chose que je ne connaissais pas.
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 11 ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669
A
ujourd’hui, comment vivons-
nous ces paroles de la Bible, cet
héritage spirituel, dans notre
Diocèse ?
Le pauvre, le petit, a toujours été une
priorité pour notre Père. Ces paroles
doivent résonner en chacun dans sa
marche vers Celui qui nous a créés à
son image et sa ressemblance.
De quel pauvre s’agit-il ?
Le pauvre est celui qui vit de la charité
publique, une personne sans ressource,
quelqu’un qui a faim. Cela ne s’arrête
pas au matériel, il y a la faim de paix,
de justice, d’amour… celui qui a besoin
d’une aide pour que sa vie soit plus
facile ; celui qui a besoin de retrouver
sa dignité. Dans l’Evangile de Matthieu,
particulièrement les chapitres 5 et 25,
Jésus énumère ceux et celles qui ont
besoin de notre aide. Celui, celle qui
est rejeté, le sans amour… qui a besoin
de consolation… qui recherche plus de
justice, de compassion, de paix… qui est
insulté, persécuté, calomnié... qui n’a
pas de quoi se nourrir, se vêtir… qui est
éloigné de son pays et rejeté… qui est
malade… qui est privé de liberté… Le
Seigneur Jésus s’identifie à eux.
Chaque jour, nous côtoyons une ou deux
personnes en situation de pauvreté, de
manque de santé, de dignité, de travail,
d’amour, allons-nous nous y habituer,
être indifférents ? En cette 7 ème Journée
mondiale des pauvres, le pape François
nous invite à « ne détourner notre visage
d’aucun pauvre ». (Tb 4,7)
Qu’est-ce qui est mis en place au
niveau de notre Diocèse ?
Oui, les pauvres ne sont pas des
personnes extérieures, en marge
de la Communauté, de la
Maison commune, mais des
frères et des sœurs avec qui
partager la souffrance pour
soulager leur malaise, leur
marginalisation, pour
qu’on leur rende leur
dignité perdue et qu’on
leur assure leur inclusion
sociale nécessaire. (Pape
François)
Par la Pastorale de la
Diaconie et des Caritas,
notre Diocèse est au
service des pauvres avec
les actions menées par
des Aumôneries (Santé,
Prison), Services(Saint-
Vincent-de-Paul, Secours
Catholique), Pastorales
(Migrants, Paroissiales),
des baptisés à titre
individuel. Ce sont plus
de 15 initiatives et adresses qui sont
répertoriées dans Ecclesia’M.
Il y a un manque de visibilité, de
communication des différentes initiatives.
A la demande de Mgr David, nous avons
lancé un vaste chantier afin de coordonner
toutes ces initiatives. Cela prend du temps.
Nous avons
besoin de chaque baptisé
pour faire progresser l’accueil et reculer la marginalisation :
• Oui, tu es en situation de précarité, n’hésite pas à prendre
contact avec ta paroisse. Ne reste pas isolé.
• Tu es baptisé, tu as du temps à consacrer aux autres, fais-toi
connaître au sein de ta paroisse, tu peux être force de proposition…
Des initiatives peuvent être prises en ce mois de novembre :
- Journée mondiale des pauvres le 19 novembre.
- Collecte du Secours Catholique les 18 et 19 novembre.
- Collecte de la Banque alimentaire les 25 et 25 novembre.
Ensemble, nous pouvons faire reculer les causes de
pauvreté, d'exclusion et d’inégalités en maintenant notre
regard toujours fixé sur le visage humain et divin du
Seigneur Jésus-Christ.
« Certes, le malheureux ne disparaîtra pas de ce pays. Aussi je te donne ce commandement :
tu ouvriras tout grand ta main pour ton frère quand il est, dans ton pays, pauvre et
malheureux. » (Dt 15, 11). Jésus, trois jours avant de donner sa vie pour les pécheurs que
nous sommes, s’est inspiré de cette parole pour dire à ses disciples : « Des pauvres, vous
en aurez toujours avec vous… » (Mt 26,11 – \TJn 12,8 – Mc 14,7).\T
Pierre Valey,
diacre permanent
Responsable du Comité
Diocésain de la Solidarité
et de la Charité
■
Ne détourne ton visage d’aucun pauvre
JOURNÉE MONDIALE D\nES PAUVRES DOSSIER
Être au service des plus pauvres !
Page 12
12 ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 1212
E
n ce début de mois de novembre, la fête de la
Toussaint oriente nos regards vers la contemplation
de la foule immense de ceux qui se tiennent devant
le Trône et devant l’Agneau de Dieu (Ap 7, 9) et nos
cœurs vers la méditation du sermon de Jésus sur le
Mont des Béatitudes (Mt 5, 1-12) qu’Il commence ainsi :
« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux. »
Cette pauvreté du cœur est la clé de
la vie spirituelle, de la sainteté. Avec
« les saints de la
porte d’à côté »
*, découvrons ensemble la pauvreté du
cœur comme dynamique spiritu\Telle à vivre.
La pauvreté du cœur : une dynamique spirituelle à vivre La pauvreté du cœur :
DOSSIER JOURNÉE MONDIALE D\nES PAUVRES
Heureux les visiteurs de malades rassemblés un samedi matin du mois
d’octobre pour un temps de lectio divina et de partage d’expériences.
Les pauvres de cœur ont soif de la rencontre fraternelle, de la Parole
de Dieu, de la convivialité, de donner de leur temps. En méditant Ex
22, 20-26, des mots résonnent, ils partagent leur difficulté
à écouter les plaintes et les gémissements du malade et
à compatir sans proposer tout de suite la
prière. Pour eux, offrir de son temps
à travers ce service évangélique,
c’est offrir un manteau à son
prochain. Ils s’interrogent : « Plus
tard, qui prendra soin de nous ? »
Au cours de la Semaine
bleue, semaine nationale
dédiée aux personnes âgées et
retraitées, les amis bénévoles
du C.E.V. ont fait un appel
à don en produits d’hygiène
corporelle pour les résidents :
eau de toilette, déodorant,
gel douche, mousse à raser,
etc. Les paroissiens deSaint-
Christophe et d’ailleurs,
pauvres de cœur, ont entendu
le cri de leurs frères et sœurs,
ils ont répondu et la récolte
fut abondante. Bienheureux
ceux qui répandent la bonne
odeur du Christ (2Co 2, 15). Estelle, une paroissienne de
Sainte-Thérèse, vient de subir
un A.V.C. Avec sa fille, nous
nous réunissons autour d’elle
pour prier avec elle et pour elle.
Nous méditons Jc. 5,13-15. Je lui
demande alors : « Que veux-tu
que Jésus fasse pour toi ? » Estelle
répondit aussitôt : « Je ne veux
pas d’abord demander des choses à
Jésus, je veux lui dire merci ; merci
pour la maladie, car elle me permet
de faire fructifier les dons qu’Il m’a
donnés. » Bienheureux les pauvres
de cœur qui s’abandonnent avec
confiance à la divine providence. Un lundi du mois d’octobre, le verdict tombe :
Frédéric est en état de mort cérébrale. Avec ses
proches, nous avons prié, échangé sur sa vie,
ce qu’il était pour eux. Ils retiennent de lui que
c’était quelqu’un qui avait le cœur sur la main.
Après avoir consulté le corps médical, ils ont
donné l’au-
torisation
de prélever
des organes
en vue d’une
greffe. Pour eux
c’était une évidence,
c’était la voie à suivre
car Frédéric l’avait
exprimé. L’infirmière
revient vers eux et les remercie tout en ajou-
tant : « par ce don des reins, ce sont deux vies qui
seront sauvées. » Heureux ceux qui ont le cœur
et les mains ouverts, ils rendent le Royaume des
Cieux présent, visible et palpable.
Heureuse la jeune Emma de 101 ans, résidente
du Centre Emma Ventura (C.E.V.). Elle était
assise au bord de son lit et venait de terminer ses
prières à l’Esprit Saint. Quand elle voit le prêtre
arriver au loin dans le service, elle tape des mains
car elle sait que Jésus Eucharistie arrive. Son
cœur est en fête. Les pauvres de cœur ont faim
de se nourrir du Corps du Christ. En méditant
avec elle Mt 16, 24, elle partage : « je porte ma
croix pour la justice et la paix dans le monde entier. »
Elle intercède : « Seigneur apprends-nous à faire
silence, car ce monde en guerre ne trouvera la paix
que s’il fait silence. »
Heureuse la jeune Emma de 101 ans, résidente
Au cours de la Semaine
‘‘
Aimer c’est tout donner
et se donner soi-même.
(Sainte Thérèse de Lisieux)
‘‘
Père Robert-Marie, aumônier du C.H.U.M. ■
*expression du pape François (Gaudete et exsultate, 2018)
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 13
CRISE SOCIETALE et PAUVRETE
Q La pauvreté nFest pas le fruit du destin, elle est une consé\Tquence de lFégoïsme. » (Pape François)
Depuis de nombreux mois, la Martinique vit ce que beaucoup appellent une crise sociétale,
qui résulte premièrement d’un problème social. Jésus n’a pas promis que ce monde ne
serait pas porteur d’épreuves (pauvreté, chômage, inégalités socio-raciales, etc.). Jésus
disait : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas
toujours. » (Jn 12,8).
C
ertains diront qu’à aucun
moment, Jésus ne s’est laissé
enrôler par la politique ! Il ne
s’est pas joint par exemple aux zélotes
(activistes politiques) qui voulaient
libérer Israël de l’oppression politique
des Romains par la violence. Mais
devons-nous garder l’espoir, car ce n’est
pas le bout du tunnel voire des signes du
royaume ? Quel rôle doit jouer l’Eglise
face à cette double crise sociétale et
sociale en Martinique ?
A la lumière de l'Evangile, l'Eglise n’a
de cesse d’observer la situation du
monde contemporain et de donner
des indications concrètes d’actions,
d’après le message chrétien d’amour
fraternel envers tous les hommes.
Elle se préoccupe particulièrement
des pauvres, des vulnérables et des
opprimés. En effet, l’Eglise met l’accent
sur l’option préférentielle pour les
pauvres dans sa Doctrine Sociale de
l’Eglise (DSE).
Construire un avenir durable exige
d'intensifier nos efforts visant à éliminer
l'extrême pauvreté et la discrimination
sociale, pour s’assurer que chacun puisse
exercer pleinement ses droits humains
fondamentaux. La pleine participation
des personnes vivant dans la pauvreté
aux prises de décisions qui affectent
leurs vies et leurs communautés, doit
être au centre des politiques et des
stratégies visant à bâtir avec elles un
avenir durable. De cette façon, nous
pourrons garantir que notre planète et
nos sociétés humaines répondront aux
besoins et aux aspirations de tous -et
non pas seulement celles de quelques
privilégiés- cela dans le souci des
générations actuelles et futures.
Les conséquences de la crise sociétale
et ses répercussions sociales se
retrouvent dans toutes les dimensions
de la vie : alimentation, logement,
isolement, insécurité sociale, sentiment
d’insécurité, pauvreté aggravée par la
crise du COVID. Pour les membres de
l’Observatoire Socio-Politique de l’Eglise
en Martinique (OSPEM), face à cette
situation, l’Eglise a un rôle à jouer, et ce,
à plusieurs niveaux :
Au niveau
économique
Il convient de :
Rappeler que nous
vivons dans un sys-
tème économique
mondialisé. Pour
autant, il est de notre
responsabilité personnelle et
collective de développer notre rési-
lience territoriale en développant
des projets innovants, notamment
en matière d’économie circulaire.
Indiquer que pour obtenir une
société plus égalitaire, nous devons
réapprendre à être solidaires entre
nous ; en optant aussi pour le circuit
court de consommation permettant
ainsi à nos petits producteurs de
vivre, sans pour autant boycotter les
grandes surfaces où bon nombre de
nos compatriotes travaillent.
Préciser que la croissance économique
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 14
ne suffit pas pour résorber la
pauvreté car même sans croissance,
il y a des moyens d’agir notamment
par le biais de mesures fiscales et sur
l’emploi. En dehors de la croissance :
Élaborer de nouveaux critères du
bien-être.
A Affirmer que le nombre de
bénéficiaires d’aide alimentaire n’a
cessé de croître. La crise sanitaire
du Covid-19 en est la principale
responsable. Elle a plombé, en
quelque sorte, ces nombreux petits
boulots qui permettaient à nombre
de Martiniquais de joindre les deux
bouts.
Au niveau sociopol\gitique
Il faut :
A Amener la population martiniquaise
à prendre conscience que ce n’est
pas par la violence que les
différends seront réglés,
mais par le dialogue ;
A Rappeler que le
vieillissement de
notre population
est favorisé par
l’exode des jeunes,
majoritairement en
métropole et par le nombre
croissant d’avortements observé
depuis plusieurs années.
Les conséquences du vieillissement
de la population sur notre territoire
font que des opportunités d’emploi se
font jour. En effet, de nouveaux métiers
se créent. Pour exemple, ils sont axés
sur la gériatrie. Celle-ci est susceptible
d’intéresser les jeunes chômeurs.
A Rappeler à chaque citoyen
martiniquais qu’il doit se sentir
concerné par la crise écologique afin
de devenir à son niveau acteur de
la solution. En matière de pollution,
trier ses ordures relève de la
responsabilité et doit interpeller la
conscience de chacun dans l’esprit
de l’encyclique Laudato Si selon le
pape François ;
A Constater que l'isolement social
est une conséquence de la grande
pauvreté ;
A Préciser qu’il est possible
financièrement de construire
davantage de logements sociaux. Il
est également possible de réhabiliter
des logements inhabités pour le
dédier à l’habitat. Il n’est pas viable,
ni humainement, ni légalement, ni
économiquement de continuer à
laisser grandir le mal-logement dans
notre pays.
Au niveau culturel\g
Les demandes cultu- relles des milieux
défavorisés
englobent les
arts, la beauté,
les expres-
sions artis-
tiques de toutes
sortes, souligne le
rapport « Grande pau-
vreté et précarité » publié en 1987.
Aujourd’hui encore, les plus pauvres
expriment, dans toute leur profondeur,
une attente qui vaut pour tous les milieux
peu aisés. La culture est une nourriture
essentielle pour l’être humain.
Une autre difficulté de la pauvreté
réside dans la difficulté que peuvent
rencontrer des personnes en situation
de précarité à prendre en main leur
santé. Cela peut provenir d’une absence
de but, ou bien d’un manque de finalité
dans leur existence. Le résultat est que
les pauvres se retrouvent exclus de
l’action culturelle. En effet, à cause des
difficultés exposées précédemment, on
voit progressivement se développer un
cloisonnement entre l’action sociale et
l’action culturelle.
Pour les pauvres, accéder à la culture
« reconnue » ou « savante » est
important et des actions dans ce sens
voient le jour. Elles mériteraient d'être
amplifiées. On peut dire que : « le droit
à la culture se fonde d’abord sur le droit
pour tous à l’expression. Ensuite, il leur
permet la consolidation de leur savoir,
de leur expérience et de leur forme de
pensée. »
En Martinique, les trois quarts des
habitants en grande pauvreté font face
à des impayés. De plus, ils doivent
renoncer aux loisirs. La raison est qu’ils
sont dans l'impossibilité de disposer
d'une somme d'argent suffisante pour
s'offrir des loisirs payants, accéder à
internet ou se payer un repas.
Face à cette situation, l’OSPEM propose
de multiplier les lieux d’éducation
populaire qui permettent la rencontre,
l’expression et la création pour chacun.
Au niveau religieux\g
Le pape François appelle une nouvelle
fois à construire « une approche
différente de la pauvreté » sur le plan
politique, tant au niveau des États qu’au
niveau des institutions mondiales,
en s’intéressant aux personnes
incarnées, réelles, concrètes, et non
pas seulement à des projections
statistiques. L’enjeu, en effet, ce n’est
pas seulement de donner de l’argent,
mais de garantir le droit à l’expression
et à la participation. « Servir
efficacement les pauvres provoque
l’action et permet de trouver les formes
les plus appropriées pour relever et
promouvoir cette partie de l’humanité
trop souvent anonyme et sans voix,
mais qui a imprimé en elle
le visage du Sauveur
qui demande de
l’aide. »
Le pape exhorte
donc à aller au
contact direct
des pauvres, à
s’immerger dans
leurs réalités plutôt que d’évaluer
leur nombre.
Jésus nous encourage à être « attentifs
les uns aux autres pour nous stimuler
à vivre dans l’amour et à bien agir »
(Hébreux 10, 24). Alors, pas de
doute ! Dieu nous emploie comme
ambassadeurs pour dispenser son
amour et sa justice autour de nous.
Père Benjamin Francois-Haugrin
Yves-Marie Grivalliers
■
pas par la violence que les
différends seront réglés,
mais par le dialogue ;
A
vieillissement de
notre population
est favorisé par
l’exode des jeunes,
majoritairement en
métropole et par le nombre
Les demandes cultu-
relles des milieux
défavorisés
englobent les
arts, la beauté,
les expres-
sions artis-
tiques de toutes
sortes, souligne le
rapport « Grande pau-
mais qui a imprimé en elle
le visage du Sauveur
qui demande de
contact direct
des pauvres, à
s’immerger dans
ne suffit pas pour résorber la
DOSSIER JOURNÉE MONDIALE D\nES PAUVRES
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 15
La pauvreté désigne, dans une société donnée, le fait d’être dans une situation de manque
économique, c'est-à-dire de manque matériel et concrètement ne pas avoir suffisamment d’argent
pour répondre, ne serait-ce qu’à ses besoins de base : se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner… Selon
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à
chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec
succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. »
C
es deux notions étant définies, quel
lien possible entre pauvreté et santé
mentale ?
Les personnes touchées par la précarité sont-
elles plus malades ? Celles atteintes dans
leur santé mentale risquent-elles de sombrer
dans la précarité ?
Des études réalisées au Canada et aux Etats-
Unis démontrent clairement une corrélation
entre les deux. En effet, elles révèlent qu’il
existe une plus grande prévalence des
désordres mentaux et des problèmes de
santé mentale dans les classes sociales les
plus dépourvues économiquement. On
retrouve de deux à trois fois plus de troubles
psychopathologiques (névrose, psychose,
désordres de la personnalité…) chez les
plus pauvres.
Elles révèlent également que la proportion
de personnes présentant un niveau de bien-
être élevé augmente avec le revenu familial.
Ceux qui ne travaillent pas et qui ne sont pas
aux études présentent plus de problèmes
psychologiques et sont susceptibles d’être
porteurs d’idées suicidaires ou à faire des
tentatives de suicide.
La Martinique n’échappe pas à cette règle.
En effet, le taux de pauvreté en Martinique
est supérieur à la moyenne nationale. Pour
information, selon des études récentes, les
familles monoparentales et les personnes
à faibles revenus seraient davantage
impactées par la précarité. La pauvreté
entraîne donc une inégalité de traitement
de la souffrance par faute de moyens dans le
public. Et ceux qui ont les moyens financiers
ont cependant la possibilité de profiter
des soins dans le privé. Or, la Déclaration
universelle des droits de l’homme souligne :
« Toute personne a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien-
être et ceux de sa famille, notamment pour
l’alimentation, l’habillement, le logement, les
soins médicaux ainsi que les services sociaux
nécessaires. »
La Fédération nationale des associations
d’accueil et de réinsertion sociale souligne :
« Le lien entre santé mentale et précarité
comporte deux dimensions. D’une part,
le trouble mental ou les troubles de la
personnalité participant à la précarisation des
personnes altérant leurs aptitudes sociales,
économiques, relationnelles. Inversement, la
situation d’exclusion et de précarité entraîne
souvent l’apparition de troubles mentaux et
de prévalence de la souffrance psychique. »
(Précarité et santé mentale : repères et bonnes
pratiques. FNARS. Fédération nationale des
associations d’accueil et de réinsertion sociale,
2010).
Nous constatons également que la précarité
entraîne une situation d’errance qui affecte
la santé mentale (en 2015, la DJSCS aurait
recensé entre 300 et 500 personnes
en situation d’errance sur le territoire
martiniquais). La crise économique et sociale
associée à la toxicomanie et à l’alcoolisme
sont des facteurs qui aggravent la situation.
Frédérique Carole, infirmière en psychiatrie
de liaison, souligne dans son mémoire
de Master 2 : « La maladie mentale vient,
au cours d’un épisode de vie, impacter
les ressources, le logement créant des
pertes qui aboutissent à un isolement
pouvant conduire à une désocialisation.
Le processus de désocialisation devient
encore plus stigmatisant pour les personnes
vulnérables. Car la société se retrouve à les
classer... (les dépressifs, les paranoïaques, les
schizophrènes...) … Ces impacts engendrent
des conséquences au niveau de l’alliance
thérapeutique, avec des conséquences
sociales ainsi que sur le plan personnel.
L’isolement que vivent ces personnes les
amène à s'auto-exclure, allant jusqu’à
quitter leur logement, voire à être expulsés »
(Vulnérabilité sociale, accès aux droits et aux
soins pour les personnes souffrant de troubles
mentaux en Martinique, 2020, P.15).
Selon Mme Carole, il y aurait une véritable
difficulté d’accès aux droits et aux soins
pour les publics en précarité présentant des
troubles mentaux en raison du manque de
moyens dans les établissements publics, de
la désocialisation, du déni de la pathologie
et de l’impuissance des familles face à leur
membre en souffrance psychique.
En conclusion, malgré l’offre de soins qui
néanmoins est insuffisante, les personnes
atteintes de la pauvreté rencontrent des
difficultés à se faire soigner et souffrent d’une
inégalité de traitement face à la souffrance
psychique. Celles qui ont les moyens
financiers peuvent accéder plus facilement
aux soins offerts par le privé (clinique,
cabinets libéraux). Les Établissements
publics n’ont pas toujours les moyens de
répondre de manière adaptée, personnalisée
et rapide.
Nous notons également que la précarité
peut également engendrer une souffrance
psychique (stress, anxiété, angoisse,
dépression...).
Une véritable réflexion est à mener pour
réduire cette inégalité afin que tout citoyen ait
accès, non seulement à une vie décente, mais
également aux soins au même titre que tous.
Le chrétien, à la suite du Christ, a son mot à
dire à ce sujet car nous sommes tous frères.
Tony Allaguy-Salachy
Psychologue clinicien, diacre permanent
■
Pauvreté et santé mentale
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 16
DOSSIER JOURNÉE MONDIALE D\nES PAUVRES
C
haque jour, nous sommes confrontés au regard que nous portons sur les personnes en situation de précarité. Dans son
message adressé pour la septième Journée mondiale des pauvres, le pape François, en reprenant le livre de Tobie,
nous dit : ? Ne d?tourne ton visage d?aucun pauvre ? (Tb 4, 7). La pr?carit? va au-del? d?une situation de\
pauvret?
puisqu?elle ne se limite pas ? un aspect mat?riel : elle concerne aussi l\
es relations sociales.
Depuis 171 ans, la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Martinique et ses bénévoles, animés
par la conviction qu?une soci?t? plus juste est possible, agit inlassablement aupr?\
s des plus
démunis d’entre nous, s'efforçant de soulager les pauvretés qui nous entourent.
Un r?seau de charit? de proximit?, au service des plus fragiles\
Interview de Régine Pognon,
Présidente de la délégation de Martinique
Pouvez-vous dire à nos lecteurs quelles
sont les différentes formes de précarité
auxquelles vous êtes confrontés en
Martinique ?
Sur le plan des définitions, la pauvreté s'en-
tend comme une absence ou insuffisance
de ressources (monétaires notamment). La
précarité ne se comprend pas seulement
ainsi. La notion désigne une fragilité des
revenus et des positions sociales. Ainsi la
précarité est l'absence d'une ou plusieurs
des sécurités permettant aux familles d'as-
sumer leurs responsabilités élémentaires
et de jouir de leurs droits fondamentaux.
L'insécurité qui en résulte peut être plus ou
moins étendue et avoir des conséquences
graves et définitives.
La précarité sociale résulte de parcours
de vie faits de ruptures sociales,
professionnelles ou affectives et recouvre
des histoires et difficultés diverses. Ces
ruptures et conditions de vie passées
et présentes induisent ou révèlent des
problèmes de santé, parfois aussi, elles
en découlent. Les formes sont diverses :
précarité d'emploi, de logement ; précarité
financière et pauvreté ; précarité par
non-accès aux soins de santé ; insécurité
alimentaire ; précarité relationnelle,
affective ou des liens sociaux ; exclusion
et précarité sociale...
Quelles sont vos actions pour combattre
cette précarité ?
Nous créons des dispositifs pour coller aux
mieux aux réalités de notre société. Cela
se passe par l’éducation et les formations
professionnelles, par exemple. Obtenir un
diplôme augmente les chances de trouver
un emploi et, par conséquent, diminue la
probabilité d’être pauvre. C’est un des
très bons leviers pour sortir de la pauvreté.
L’accès au logement permet d’acquérir
de l’autonomie et de reprendre pied dans
la société, sans oublier la question de la
mobilité et des transports. Pour tenter
également d’améliorer un peu le quotidien,
des initiatives sont lancées dans le domaine
de la consommation, de la santé et de
l’hygiène, de la culture.
Quelle est la part que fait la Société de
Saint-Vincent-de-Paul à l’évangélisation
quand elle accompagne les plus pauvres ?
Dans l’accueil, la bienveillance et le regard
aimant, nous témoignons du visage du
Christ. Être présents tout simplement. C’est
un ensemble. Le bénévole inséré dans sa
conférence se nourrit de ses frères, de la
prière commune, de cette fraternité vincen-
tienne qui se reflète dans l’action… Dieu
agit ! Nous sommes tous des miracles de
Dieu et nous pouvons témoigner nous aussi
des miracles dans la vie des personnes
rencontrées.
Est-ce que cette évangélisation est
importante quand on est confronté à
des personnes en situation de précarité ?
L’évangélisation, c’est témoigner de
l’amour de Dieu pour tous et pour chacun,
toutes situations confondues. Dans notre
mission, l’approche est non intrusive,
sans chantage ou pression, mais le
lieu d’un espace libre pour laisser la
providence agir… Important dans le
silence de l’Esprit-Saint. Vrai exercice
de style d’évangéliser seulement par
l’action amoureuse de Dieu et arriver
à l’interrogation souhaitée : qu’est-ce
qui vous anime ?
Qu’est-ce qui fait la force de la
Société de Saint-Vincent-de-Paul de
Martinique ?
Sa proximité, notamment dans les
visites à domicile des bénévoles, sa
discrétion et son service permanent.
Pouvez-vous nous parler des projets de
la Société de Saint-Vincent-de-Paul
pour 2024 ?
Le projet reste le même : être
simplement présent à côté de l’autre, de
nous-mêmes, dans l’amour du Christ ;
faire Église. Cependant, une conférence
doit pouvoir avoir un lieu d’accueil
et d’écoute chaleureux pour sortir de
l’atmosphère anxiogène du monde et
se réfugier dans le parfum de Dieu. Du
visible, voire l’invisible du ciel dans cet
instant de la rencontre autour d’un café,
un sourire, une tendresse manifestée.
Nous y travaillons.
■
Un r?seau de charit? de proximit?, au service des plus fragiles\
11 Avenue de la Plaine Montgérald11 Avenue de la Plaine Montgérald11 Avenue de la Plaine Montgérald
97200 Fort-de-France97200 Fort-de-France
Tél : 0596 75 20 08Tél : 0596 75 20 08
Port : 0696 821449 Port : 0696 821449
Email : st-vincent-de-paul.association@wanadoo.frEmail : st-vincent-de-paul.association@wanadoo.frEmail : st-vincent-de-paul.association@wanadoo.frEmail : st-vincent-de-paul.association@wanadoo.frEmail : st-vincent-de-paul.association@wanadoo.frEmail : st-vincent-de-paul.association@wanadoo.fr
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17 ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 1717
Interview de Marcette Louis-Joseph
Déléguée Territoriale du Secours Catholique de Martinique
Dimanche 19 novembre 2023 : Journée mondiale des pauvres et Journée nationale du Secours Catholique
Pouvez-vous nous rappeler comment
s’organise la mission du Secours
catholique en Martinique ?
Le Secours Catholique de Martinique
agit grâce à un réseau composé de 380
bénévoles et 6 salariés. Ce réseau anime
20 lieux d’accueil et accompagne 800
familles en moyenne chaque année par
le biais de dispositifs divers.
Quelle est votre stratégie de lutte contre
la pauvreté ?
Le Secours Catholique s’attaque à toutes
les causes de pauvreté, d’inégalités et
d’exclusion. Il place au cœur de son
action la participation des personnes
en précarité ("Faire Avec" et pas "Faire
Pour"). Nous sommes sollicités le plus
souvent dans l’urgence pour des aides
alimentaires, financières, matérielles,
vestimentaires. Répondre à l’urgence
est absolument nécessaire, mais est
nécessairement insuffisant. Par le biais
de divers dispositifs d’accompagnement
tels les épiceries sociales, la Boutique
solidaire de vêtements, les Ateliers de
redynamisation vers l’emploi et l’activité,
les Jardins solidaires, le Café connecté,
l’Accompagnement à la parentalité, les
Vacances en famille, l’Accompagnement
des personnes âgées, l’Accompagnement
éducatif pour les enfants et les jeunes,
nous visons à renforcer la capacité de
tous à agir ensemble. Pour s’attaquer
aux causes profondes de la pauvreté,
l'association interpelle l’opinion et les
pouvoirs publics et propose des solutions
dans la durée.
Quels constats faites-vous sur le
terrain (isolement, logement, moyen
financier, famille, emploi, alimentation,
culture…) ?
Quelques chiffres-clés permettent de
dresser un tableau de la situation des 709
ménages reçus en 2022 : 64% de familles
monoparentales, 10% de familles
nucléaires, 26% de personnes seules,
48% de chômeurs, 43% des ménages ne
vivent que des prestations et 14% n’ont
aucune ressource, 95% des ménages sous
le seuil de pauvreté. Sur le terrain, nous
constatons une augmentation du nombre
de personnes reçues et une aggravation
des situations des ménages. Quatre
facteurs ont été identifiés : la baisse du
niveau de vie, l’inflation, la précarisation
de l’emploi et le non-recours aux droits.
En tenant compte de l’inflation qui
érode le pouvoir d’achat, le niveau de
vie médian a baissé de 7,6 % en un an.
Il s’établit à 538 euros par mois en 2022
(contre 579 euros en 2021).
Quand les revenus se tassent et que le coût
de la vie augmente, les conséquences
pour les petits budgets sont manifestes :
insécurité alimentaire, endettement,
isole-ment social, fragilisation de la santé
physique voire psychique. Les demandes
adressées au Secours Catholique sont
l’écoute, l’aide alimentaire, l’aide
au paiement des factures (loyer, eau,
électricité, cantine, transport). Le fait
d’être parent isolé, avec de faibles
ressources, accroît les difficultés. Le non-
recours aux droits est en nette hausse.
Le nombre de personnes en situation de
précarité a-t-il augmenté en Martinique
depuis la pandémie du covid ?
Les travailleurs sociaux et les associations
constatent une forte augmentation
du nombre de personnes reçues.
Avant la pandémie, notre association
accompagnait en moyenne 400 familles.
Durant la période de confinement, 736
ménages ont été aidés. Au 30 septembre
2023, l’objectif d’accueil de 800 ménages
était déjà atteint.
Dans le contexte économique actuel,
quelles sont vos priorités ?
Notre Projet de Délégation 2021-2025 a
arrêté deux priorités : le développement
du pouvoir d’agir des personnes et
l’accès aux droits. Développer le pouvoir
d’agir c’est repérer, valoriser et s’appuyer
sur les talents des « pauvres » pour les
aider à redevenir autonomes. Lutter pour
l’accès aux droits c’est permettre aux
personnes de connaître leurs droits, les
accompagner pour qu’elles puissent en
bénéficier. Les retards dans le traitement
des demandes (RSA, retraite, titres de
séjour, etc.) privent 24 % des ménages
reçus de ressources financières et les
plongent dans l’extrême précarité
alimentaire.
Qu’est-ce qui fait la force du Secours
Catholique de Martinique ?
Pour mettre en œuvre ses actions, le
Secours Catholique s’appuie sur ses
bénévoles qui tiennent courageusement
la barque, malgré une diminution
de 35% des effectifs depuis la crise
sanitaire. Nous profitons pour lancer
un appel à bénévolat afin de renforcer
nos dispositifs ; toutes les compétences
sont bienvenues ! L’association tirent
80% de ses ressources financières de la
générosité des donateurs, catholiques
ou non, qui reconnaissent la pertinence
des actions menées. Enfin, avec ses
partenaires institutionnels et associatifs,
la Délégation de Martinique met en
œuvre ses dispositifs dans le cadre de
la lutte contre la précarité et l’exclusion.
Pouvez-vous nous parler des projets du
Secours catholique pour 2024 ?
La meilleure façon de sortir de la pauvreté
c’est par le travail digne. Nous œuvrons
actuellement à la création d’une structure
innovante pour l’accompagnement vers
l’emploi de personnes en précarité en
situation de chômage de longue durée.
Délégation de Martinique
Secours Catholique
50, rue Robespierre, Terres Sainville
CS 20144
97202 Fort-de-France Cédex
Tél. : 0596 63 50 94
Fax. : 0596 63 20 38
Mail : martinique@secours-
catholique.org
97202 Fort-de-France Cédex
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 18
? Question
AN TJÈ
LÉGLIZ-LA
‘‘
Pourquoi des statues dans nos églises ?
‘‘
Pourquoi y a-t-il des statues dans nos
églises ?
Il convient de se référer au texte Exode 20
3-5 « Tu n’auras pas d’autres dieux en face
de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune
image de ce qui est là-haut dans les cieux,
ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-
dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas
devant ces dieux, pour leur rendre un culte.
Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un
Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je
punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à
la troisième et la quatrième génération. »
Si nous appliquons strictement ces paroles,
il ne devrait pas y avoir de statues dans nos
églises. Mais, dans Exode 25, 18 à 20, il
est dit « tu forgeras deux chérubins en or à
placer aux deux extrémités du propitiatoire.
Fais un chérubin à une extrémité et l’autre
à l’autre extrémité. » Dieu demande aux
juifs de réaliser des statues pour le temple.
Par ailleurs, dans le livre des Nombres
21,8, Moïse demande de réaliser, dans
le désert, un serpent d’airain vers qui on
devait regarder pour être guéri. Donc, les
deux idées sont présentées : la nécessité
ou pas des statues.
Dans Exode 25 et Nombres 21, le Seigneur
demande, certes, de faire des statues mais
qui ne sont certainement pas des idoles à
adorer. Elles constituaient des signes de sa
présence salvatrice qui avaient vocation à
éveiller la foi des juifs au sein de l’ancien
testament. Dans l’Eglise, la logique de la
représentation du Christ Jésus à travers
les statues ou une image rejoint tout
simplement celle de l’incarnation. Jadis,
durant l’A ncien Testament, Dieu n’avait
ni corps ni figure et il ne pouvait être
représenté, mais en Jésus Christ Il s’est fait
voir en chair et en os et il a vécu parmi les
hommes. L’Eglise qui est à côté du Christ
depuis la première heure de son ministère
public peut faire une image de ce qu’elle
a vu de lui. S’il est légitime de représenter
le Christ Jésus, il est encore plus naturel de
représenter sa mère et les saints qui sont
des créatures. Les statues et les images
qui sont déposées dans les églises sont
autant de représentations auxquelles nous
accordons un profond respect, mais nous
ne les adorons pas, puisque nous ne les
confondons pas avec Dieu. En revanche,
elles portent vers Dieu. Tout l’intérêt d’une
statue est finalement qu’elle permet par la
pensée d’aller vers notre Dieu.
En fait, être contre les statues reviendrait,
aujourd’hui, à croire que quelqu’un qui
prend son album de photos de famille
tient sa grand-mère dans sa main. Aucun
chrétien catholique ne croit que Dieu réside
en cette statue. En revanche, la statue du
Christ nous rappelle bien que Dieu s’est
fait chair, et, il nous porte finalement, par
tout ce que nous sommes et par tous nos
sens, à adorer le Christ qui s’est fait chair
et est venu jusqu’à nous.
De même que tenir la photo de notre grand-
mère dans la main, ne veut aucunement
dire que nous tenons réellement notre
grand-mère, mais simplement de penser
à elle et d’avoir un sentiment profond. De
même, quand on regarde la statue, on est
conscient que nous ne sommes pas face au
Christ, mais face à une image qui par toute
notre imagination, par tous nos sens nous
porte à élever nos sentiments et à tourner
notre esprit vers le Christ qui est réellement
présent et ressuscité.
Pourquoi avoir besoin de statues si
on a la foi ?
L’Eglise tient compte de la dimension tout
à fait humaine de l’homme. Dieu nous a
laissé des sacrements, des signes efficaces
de sa présence. Certains pourraient,
effectivement, arguer avoir la foi et donc
ne pas avoir besoin de sacrements. La
statue fait office d’album de famille tout
simplement. Elle nous permet de revivre
certains instants et évènements. Il ne s’agit
plus d’une simple image. Nous entrons
dans l’adoration en Esprit en vérité. Ce
sont de simples supports. On n’adore pas
l’image mais on a un profond respect pour
l’image.
Les représentations actuelles ne se
fondent pas dans notre environnement
local
En matière de piété populaire et d’image,
le risque est important. Même en ce qui
concerne l’esthétique, il y a une certaine
vigilance à avoir. Peut-être parce que nous
ne sommes pas dans l’adoration de l’image,
on peut critiquer le fait que Jésus, qui est
sémite, soit représenté blond aux yeux
bleus. Mais au fond, représenter Jésus en
véritable sémite ne le fera pas pour autant
devenir noir. Cela nous force à entrer dans
le projet de Dieu, à comprendre qu’il a pris
chair d’un peuple qui est le moindre de tous
les peuples. Un peuple esclave, colonisé.
Il vient donc dans la condition d’esclave.
Donc la représentation qu’il prend n’est
pas au service d’une domination. Il ne
faudrait pas créer un faux problème. Au
fil du temps, cette représentation pourrait
être revue.
Propos recueillis par Nicole Chésimar ■
Le père Eddy Ertus, administrateur de la paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus, nous éclaire
sur la présence des statues dans nos église\Ts.
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 12 novembre 2023 – n° 669 19
MARTINIQUE 40 €
GUADELOUPE 44 €
GUYANE 44 €
FRANCE et étranger 50 €
E g lise
en MARTINIQUE
Et toi, Où en es-tu ?
Ils ont dit "Oui "
N°641REVUE DIOCÉSAINE
BIMENSUELLE — 2,00 €8 MAI 2022
Hommage au père Filopon
Les "Chemins de mémoires"
dans le diocèseJournée mondiale de prière
pour les vocations
lise
MARTINIQUE MARTINIQUE
Ils ont ditIls ont dit "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " "Oui " Ils ont dit "Oui " Ils ont ditIls ont dit "Oui " Ils ont dit "Oui "
N°641REVUE DIOCÉSAINEREVUE DIOCÉSAINEBIMENSUELLE — 2,00 €8 MAI 2022 E g lise en MARTINIQUE
Inauguration de l'oratoire
"Jésus Eucharistie" au Morne-des-Esses
Soif de miséricorde ?
N°640REVUE DIOCÉSAI NE
BIMENSUELLE — 2,00 €24 AVRIL 2022
Hommage au père Filopon
Dossier : La Miséricorde divine
dans le diocèseHomélie de la Messe chrismale Règlement à l’ordre de :
ADCOM Martinique
Nous retourner ce bon,
accompagné de votre règlement à :
Eglise en Martinique
Boîte Postale 586
97207 FORT de France CEDEX
E g lise
en MARTINIQUE
Et toi, OOOOOOOOOO
Ils ont ditIls ont dit
Les "Chemins de mémoires" Les "Chemins de mémoires" Les "Chemins de mémoires" dans le diocèseJournée mondiale de prière Journée mondiale de prière pour les vocationspour les vocationspour les vocationspour les vocationspour les vocationspour les vocations
OOOOOOOOOOOOO
Inauguration de l'oratoire Inauguration de l'oratoire "Jésus Eucharistie" au Morne-des-Esses"Jésus Eucharistie" au Morne-des-Esses
SSoif de miséricorde ?Soif de miséricorde ?SSoif de miséricorde ?S
Dossier :Dossier : La Miséricorde divine La Miséricorde divine La Miséricorde divine La Miséricorde divine dans le diocèseHomélie de la Messe chrismaleHomélie de la Messe chrismale
Nom : .......................................................................\1................................................................................................................
Prénom : .......................................................................\1......................................................................................................................
Adresse : .......................................................................\1...............................................................................................................................\1......
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oui ,je souhaite être contacté pour un rendez-vous au Service des legs et
donations ou à mon\N domicile.
LÉGUEZ
à l’ Église catholique
L’espérance en héritage
DEMANDE D’INFORMATIONS
sans engagement de votre part
Mes coordonnées ❏ Mme ❏ Melle ❏ M.
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POUR L’ARCHEVÊCHÉ DE MARTI\TNIQUE
99.5 - 101.3 et105.1 MHz
www.radiosaintlouis.com
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Tél. : 05 96 71 86 04 - Fax : 05 96 71 86 05 - Courriel : radio-saint-louis@orange.fr
Page 20
S aint Vincent de Paul, Apôtre et témoin de la Charité du Christ :
apprends-nous à aimer Dieu en acte et en vérité
et d’abord en la personne des pauvres et des nécessiteux
que sa Providence place sur le chemin de nos vies.
Apprends-nous à ne pas nous détourner
des blessés de la vie, mais au contraire à aller vers eux, pour en\
faire notre prochain.
Obtiens-nous un cœur compatissant aux misères et aux souffrances d\
es autres,
spécialement à celles des plus démunis de ce monde ;
apprends-nous à être généreux pour les servir aux dépens \
de nos bras
et à la sueur de nos visages.et à la sueur de nos visages.
Accompagne-nous dans notre service des autres
et intercède auprès du Fils de Dieu, qui a donné sa vie par amo\
ur pour nous,
pour que nous devenions dans notre famille, notre travail, notre quartie\
r,
notre paroisse, nos communautés, des témoins crédibles de son É\
vangile d’Amour.
pour que nous devenions dans notre famille, notre travail, notre quartie\
r,
notre paroisse, nos communautés, des témoins crédibles de son É\
vangile d’Amour.
pour que nous devenions dans notre famille, notre travail, notre quartie\
r,
Amen
(Source : aleteia.org)