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E g lise
en MARTINIQUE
Christ, RR oi de l’univers !
N° 670
REVUE DIOCÉSAINE
BIMENSUELLE – 2,00 €
26 NOVEMBRE 2023
Hommage au père Filopon
Dossier : L’autorité du Christ Questionnaire de l’Avent
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S ommaire
L
??glise c?l?bre aujourd?hui la solennit? de Notre Seig\
neur
J?sus-Christ, Roi de l?univers. C?est donc le dernier dimanche \
ordinaire de cette année « A » dédiée à l’Evangile de saint
Matthieu.
La fête du Christ-Roi est pour nous une occasion d’entrer plus en
profondeur dans le mystère de Jésus.
? Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l?avez fait ? l?un d\
e ces petits
qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », nous dit Jésus. Nous
serons donc jug?s sur l?amour que nous aurons t?moign? ? \
nos fr?res.
En effet, nous ne pouvons pas c?l?brer la Royaut? du Christ san\
s
consid?rer ceux et celles qui sont sa pr?sence r?elle dans le m\
onde.
Participer à la royauté de Jésus, c’est s’entraîner à l’Amour. Le dossier
de cette ?dition, consacr? ? l?autorit? du Christ, Roi de\
l?Univers,
nous invite à mieux le connaître. Qui est-il ? Quel est le sens de la
solennité du Christ-Roi ? Un prêtre de notre diocèse nous éclaire
sur le sujet.
Dans toutes les paroisses, de nombreux jeunes sont actifs et recherchent\n
la présence du Seigneur dans leur vie. Les 14-18 ans se sont réunis au
Morne-Rouge le premier week-end des vacances de Toussaint, avec
comme fil conducteur : "Jésus nous aime, dites-le fort".
Par ailleurs, les servants d’autels, jeunes au service de la liturgie de
la messe, ont v?cu une journ?e de r?collection, le 4 novembre, \
?
Sainte-Marie. La joie de la rencontre et la convivialit? ?taient a\
u
c?ur de ces deux rencontres, ? en juger par les t?moignages rec\
ueillis.
Nous avons appris avec une grande tristesse le d?part vers le P?re\
, ?
l‘âge de 84 ans, de l’abbé Joseph Germain Calaber. Ordonné prêtre
en1965, il a consacr? sa vie ? Dieu et lui a ?t? fid?le j\
usqu?au bout.
La c?r?monie de fun?railles, c?l?br?e le mardi 14 nove\
mbre ? l?Eglise
de Saint-Christophe, ?tait empreinte de solennit?. Paix ? son ?\
me !
Dimanche prochain, 1er dimanche de l’Avent, s’ouvrira la nouvelle
ann?e liturgique B. C?est l?Evang?liste saint Marc qui nous \
aidera ?
mettre nos pas dans ceux de notre Roi.
Temps de l’attente, le temps de l’Avent nous aide à nous préparer
aux festivit?s de No?l, mais ?galement ? prendre conscience \
des
« avènements » de Dieu dans notre nature humaine.
Notre Vicaire épiscopal nous propose un questionnaire (sur trois
semaines au lieu de quatre), pour nous aider ? faire une v?ritabl\
e
halte spirituelle afin de nous pr?parer ? accueillir Celui qui vie\
nt.
La rubrique « An tjè Légliz-la » traite également du thème de l’Avent.
Quel sens donner à l’Avent ? Pourquoi dure-t-il quatre semaines et
pas plus ? Comment cela se matérialise-t-il au sein des paroisses ?
Retrouvez des éléments de réponse dans votre journal.
Le Christ est Roi en tout et partout. En cette f?te du Christ, Roi de\
l?Univers, nous sommes invit?s ? reconna?tre la pr?sence \
de J?sus dans
l?autre, notre prochain. Le psalmiste nous appelle ? la confiance \
: Le
Seigneur est notre berger, rien ne saurait nous manquer. Relançons-nous
sur le chemin de l’accueil que nous propose Jésus.
Bon dimanche à tous !
Justine Lordinot ■
EDITORIAL
MOT DE L’EVÊQUE
LITURGIE
VIE DU DIOCÈSE
• La Parole Dominicale
• Christ, Roi de l’Univers
• L’Avent • Présentation de la paroisse
Saint Jean-Baptiste du Vauclin
• Questionnaire de l’Avent
• Paroisse de Tartane Rentrée des mouvements
et installation offi cielle du nouveau curé
• A Dieu, Père Calaber
• Journée de récollection des servants d’autel de la Martinique\n
• Rassemblement diocésain des 14-18 ans du 28 octobre au Morne-Rouge
• N’ayez pas peur des confl its
• Catéchèse du pape François La passion pour l’évangélisation :
le zèle apostolique du croyant
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EGLISE UNIVERSELLE
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AN TJÈ LÉGLIZ-LA 18
Dossier : L’AUTORITÉ DU CHRIST
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EDITORIAL 2
AGENDA DE L'EVEQUE 19
DIRECTEUR DE PUBLICATION : Jean-Michel MONCONTHOUR RÉDACTRICE EN CHEF : Justine LORDINOT MISE EN PAGE – IMPRESSION Cara?b Ediprint ? Bois Quarr? ? 97232 Lamentin ? T?l. \
05 96 50 28 28 TIRAGE : 8 000 EXEMPLAIRES
I.S.S.N. 0759-4895 – Commission paritaire N° 1115L87225 ADMINISTRATION – RÉDACTION Archevêché de la Martinique – Rue du R.P. Pinchon 97200 Fort de France - Tél. 05 96 63 70 70
SERVICE DES ABONNEMENTS Archevêché de la Martinique – BP 586
97207 Fort de France Cedex – Tél. 05 96 63 70 70 – 05 96 72 55 04 http://martinique.catholique.fr – egliseenmartinique@gmail.com
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 3
« K
ankan», disputes, bou-
deries, scissions, polémi-
ques, fâcheries, brouilles,
querelles, mésententes, désaccords…
Ces situations sont nombreuses dans
nos familles, nos Églises et notre
société et elles ont presque toujours
des conséquences dramatiques :
l’éclatement des familles et de leurs
héritages, la violence mortifère de notre
jeunesse, les innombrables blessures
psychoaffectives, l'amertume, la
méfiance ou l’immobilisme politique
sur fond de combat de chefs. Sa
rèd… et nous ne pouvons nous en
prendre qu’à nous-mêmes !
L’Église n’y échappe pas. Combien
de baptisés donnent des contre-
témoignages et de groupes entiers
blessent l’Eglise par des rejets, des
mépris, des isolements, des fuites, des
condamnations et des médisances
interminables… ? Quelle honte !
Pourtant Jésus nous prévient : « Celui qui
se met en colère contre son frère
passera en jugement » (Mt 5,22) et saint
Paul ajoute « N’attristez pas le Saint-Esprit
de Dieu : Amertume, irritation, colère,
éclats de voix ou insultes, tout cela doit
être éliminé de votre vie » (Ep 4,30-31).
Donc non seulement ces situations sont
humainement déstabilisantes, mais
elles nous éloignent irrémédiablement
de la Paix et de la Vie de Dieu. Le
Diable n’est-il pas le « diviseur »,
celui qui sépare DIAmétralement
ceux qui sont ensemBLE ? Parmi les
fruits de la chair, saint Paul désigne
explicitement « haine, rivalité, jalousie,
emportements, intrigues, divisions,
sectarisme »(Gal 5,19).
Devant cette triste réalité, nous avons
développé des attitudes diverses. La
plupart se sont résignés à considérer
la situation comme normale, d’autres
fuient les contacts, se désengagent et se
taisent pour ne pas avoir de problèmes
avec les gens, certains surenchérissent
dans la violence et développent des attitudes agressives pour prévenir les
attaques, beaucoup accusent les autres
(
sépamafot ! On m’a attaqué !), d’autres
se réfugient dans un clan ou forment
une faction autour d’eux pour se
protéger et attaquer, la grande majorité
de la population (surtout les jeunes et
les hommes) quittent les communautés
sur la pointe de pieds, dépités par cette
ambiance insupportable. Aucune de
ces attitudes n’est bonne devant Dieu !
La première chose à apprendre, c’est
de ne pas avoir peur des conflits ! Vivre
en chrétien, c’est précisément affronter
les conflits, savoir les vaincre et non pas
les fuir ou les éviter !! Les conflits sont
inévitables et même souhaitables.
Il est normal que des personnes
humaines vivant ensemble
aient des désaccords quelle
qu’en soit l’origine. Le diable
remporte une grande victoire
lorsque, sous prétexte de ne
pas avoir de conflits, nous ne
nous fréquentons plus et nous
nous fuyons les uns les autres !
Jésus enseigne au contraire, avant
d’aller à la messe, « si tu te souviens
que ton frère a quelque chose contre
toi, va d’abord te réconcilier avec ton frère. Mets-toi vite d’accord avec ton
adversaire pendant que tu es en chemin
avec lui » (Mt 5,23-24). Et encore « Si
ton frère a commis un péché contre toi,
va lui faire des reproches seul à seul.
S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il
ne t’écoute pas, essaie de régler toute
l’affaire devant 2 ou 3 témoins. S’il
refuse de les écouter, dis-le à l’as-
semblée de l’Église ; s’il refuse encore
d’écouter, considère-le comme un
païen. » (Mt 18,15-17).
Nous connaissons ces textes par
cœur ! non !? Mais pouvez-vous
me dire la dernière fois que vous
avez concrètement cherché à vous
réconcilier avec quelqu’un qui vous a
offensé !? ou la dernière fois que vous
avez accueilli une correction fraternelle
sans vous rebeller, mal le prendre, vous
justifier et renvoyer la personne avec
ses quatre vérités à la figure ???
L’art (et le courage) de gérer le conflit
est précisément le secret de la réussite
des sociétés, des communautés ou des
familles qui connaissent prospérité et
bonheur !
Ainsi commence la fraternité !
+ Fr David Macaire, Archevêque
de Saint-Pierre et Fort-de-France
■
N’ayez pas peur des conflits
MOT DE L’ÉVÊQUE
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en chrétien, c’est précisément affronter
les conflits, savoir les vaincre et non pas
les fuir ou les éviter !! Les conflits sont
inévitables et même souhaitables.
Il est normal que des personnes
humaines vivant ensemble
« si tu te souviens
que ton frère a quelque chose contre
toi, va d’abord te réconcilier avec ton
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 4
EGLISE UNIVERSELLE
C
hers frères et sœurs, bonjour !
Après avoir rencontré divers témoins
de l'annonce de l’Évangile, je propose
de résumer ce cycle de catéchèses sur le
zèle apostolique en quatre points, inspirés
par l'Exhortation apostolique Evangelii
gaudium, qui fête ce mois-ci ses dix ans.
Le premier point, que nous examinons
aujourd'hui, le premier des quatre, ne peut
concerner que l'attitude dont dépend la
substance du geste évangélisateur : la joie.
Le message chrétien, comme nous l'avons
entendu dans les paroles adressées par
l'ange aux bergers, est l'annonce d'une
« grande joie » (Lc 2,10). Et la raison ? Une
bonne nouvelle, une surprise, un bel
événement ? Bien plus, une Personne :
Jésus ! Jésus est la joie. C’est Lui le Dieu
fait homme qui est venu chez nous ! La
question, chers frères et sœurs, n'est
donc pas de savoir s'il faut l'annoncer,
mais comment l'annoncer, et ce "comment"
est la joie. Ou nous annonçons Jésus avec
joie, ou nous ne l’annonçons pas, parce
qu’une autre voie pour l’annoncer n’est pas
capable de porter la vraie réalité de Jésus.
C'est pourquoi un chrétien mécontent, un
chrétien triste, un chrétien insatisfait ou,
pire encore, en proie au ressentiment ou à la
rancœur n'est pas crédible. Celui-ci parlera
de Jésus, mais personne ne le croira ! Une
personne m'a dit un jour, en parlant de ces
chrétiens : "Mais ce sont des chrétiens à
visage de morue !", c'est-à-dire sans aucune
expression, ils sont comme ça, et la joie
est essentielle. C’est essentiel de veiller
sur nos sentiments. L'évangélisation met
en œuvre la gratuité, parce qu'elle vient
de la plénitude et non de la pression. Et
quand on fait une évangélisation – on veut
la faire mais cela ne va pas- sur la base
d'idéologies, ce n'est pas cela évangéliser, ce
n'est pas l'Évangile. L'Évangile n'est pas une
idéologie : l'Évangile est une annonce, une
annonce de joie. Les idéologies sont froides,
toutes. L'Évangile a la chaleur de la joie. Les
idéologies ne savent pas sourire, l'Évangile
est un sourire, il te fait sourire parce qu'il
touche l’âme avec la Bonne Nouvelle.
La naissance de Jésus, dans l'histoire
comme dans la vie, est le principe de la
joie : pensez à ce qui est arrivé aux disciples
d'Emmaüs qui dans la joie ne pouvaient pas
croire, et aux autres, puis à l'ensemble des
disciples, lorsque Jésus se rend au Cénacle,
qui ne pouvaient pas croire à cause de la
joie (cf. Lc 24, 13-35). La joie d’avoir Jésus
ressuscité. La rencontre avec Jésus apporte
toujours de la joie, et si cela ne t'arrive pas,
ce n'est pas une vraie rencontre avec Jésus.
Et ce que Jésus fait avec les disciples nous
révèle que les premiers à être évangélisés
sont les disciples, les premiers qui doivent
être évangélisés c’est nous, chrétiens : c’est
nous. Et c’est très important. Immergés
dans le climat actuel, rapide et confus,
même nous, en effet, nous pouvons nous
aussi vivre la foi avec un sens subtil du
renoncement, convaincus que l'Évangile
n'est plus audible et qu'il ne vaut plus la
peine de s’engager pour l'annoncer. Nous
pourrions même être tentés par l'idée
de laisser "les autres" suivre leur propre
chemin. En revanche, c'est précisément
le moment de revenir à l'Évangile pour
découvrir que le Christ "est toujours jeune et
source constante de nouveauté" (Evangelii
gaudium, 11).
Alors, comme les deux d'Emmaüs, on
retourne à la vie quotidienne avec l'élan de celui qui a trouvé un trésor : ils étaient
joyeux ces deux disciples, parce qu’ils
avaient trouvé Jésus et il leur a changé
la vie. Et l'on découvre que l'humanité
regorge de frères et de sœurs qui attendent
une parole d'espérance. L'Évangile est
également attendu aujourd'hui : l'humanité
d’aujourd’hui est comme l'humanité de
tout temps : elle en a besoin, même la
civilisation de l'incroyance programmée et
de la sécularité institutionnalisée ; et mème,
surtout la société qui laisse déserts les
espaces du sens religieux a besoin de Jésus.
C'est le moment favorable pour l'annonce
de Jésus. C'est pourquoi je voudrais redire à
tous : « La joie de l’Évangile remplit le cœur
et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus.
Ceux qui se laissent sauver par lui sont
libérés du péché, de la tristesse, du vide
intérieur, de l’isolement. Avec Jésus-Christ,
la joie naît et renaît toujours. ( ibid., 1) ».
N'oublions pas cela. Et si l'un d'entre nous ne
perçoit pas cette joie, qu’il se demande s'il a
trouvé Jésus. Une joie intérieure. L'Évangile
emprunte le chemin de la joie, toujours, c'est
la grande annonce.
J'invite chaque chrétien, où qu'il soit,
à renouveler aujourd’hui même sa
rencontre avec Jésus-Christ. Que chacun
d'entre nous prenne aujourd'hui un peu
de temps et médite : "Jésus, Tu es en moi :
je veux Te rencontrer tous les jours. Tu
es une Personne, pas une idée ; Tu es un
compagnon de route, pas un programme. Tu
es Amour qui résout tant de problèmes. Tu
es le principe de l'évangélisation. Toi, Jésus,
tu es la source de la joie". Amen.
Pape François
Source : https://www.vatican.va/content/
francesco/fr/audiences/2023/documents
■
Catéchèse du pape \NFrançois
La passion pour l’évangélisation :
le zèle apostolique du croyant
L’annonce est joie !
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 55
Dimanche 26 novembre 2023
la P
P arole DDominicale
Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’Univers - Année A
Prière d’introduction
Seigneur Maître de l’univers, Roi de nos
cœurs, tu sais que nous faisons le mal que
nous ne voulons pas et pas le bien que nous
voulons ; pardonne tous nos péchés comme
nous pardonnons à quiconque nous aurait
fait du tort. Que personne ne souffre du
manque d’amour que nous nous devons
les uns aux autres. Amen.
Points de Réflexion
• Les préoccupations d'Ézéchiel dans
la première lecture nous montrent que
nous sommes toujours dans l'actualité du
monde. Serons-nous rayés de la carte un
jour ou avons-nous le droit d'exister comme
tout le monde ? Là est la vraie question.
Dans la solennité du Christ Roi de l'Univers,
Jésus est vraiment le Roi Berger. Là où
l'homme a failli, Dieu a pris le relais.
L'Évangile utilise souvent des images,
des métaphores pour exprimer comment
Dieu est le bon Berger, le bon Pasteur, le
Roi de la terre.
Tous les autres rois qui ont existé sur cette
terre avant le Seigneur Jésus et après, ne
sont que des « roitelets ». Tout roi est investi
de la mission de veiller au bien-être de
ses sujets, de son peuple, notamment en
faisant régner la justice, l'équité et le droit.
Car n’oublions pas que par le baptême, qui
nous a fait prêtres, prophètes et rois, nous
sommes investis d'une grande mission.
Chacun de nous est appelé, avec ses dons
à vivre au milieu des hommes pour aider
le royaume de Dieu à grandir.
La mission de service public ne doit pas
profiter aux intérêts de ceux qui sont au
pouvoir. Le jour est donc venu où Dieu a
envoyé le roi idéal, Jésus-Christ, le Seigneur,
pour nous délivrer des pensées perfides,
des idolâtries, des idéologies mortifères et meurtrières, pour que tout homme soit
éclairé et non esclavisé, afin qu’il ne perde
pas sa liberté sur la terre.
• Cet évangile est un beau tableau sur
le Jugement dernier.
Venez, les bénis de
mon Père, recevez en héritage le Royaume
préparé pour vous depuis la fondation du
monde.
Jésus nous révèle notre vocation et le projet
de Dieu pour l’humanité. C’est l’humanité
entière qui est concernée par cette fonction
de royauté, car, dans le 1er chapitre du
livre de la genèse, la terre est notre Maison
commune. En effet, Dieu dit : Soyez
féconds et multipliez-vous, remplissez la
terre et soumettez-la. On pourrait pour
cette génération et celles à venir ajouter :
dominez, cultivez, sauvegardez et protégez
la terre.
Jésus a toujours revendiqué le même
statut et la "mémoire connaissance" pour
tout homme et toute femme. Et le livre du
Deutéronome dit que si l’on veut vivre
l’Alliance, il faut éliminer la pauvreté. Il
n’y aura pas de malheureux chez toi, cela
n’est pas tolérable chez toi. Tous ceux qui
vivent déjà des relations fraternelles avec
leurs frères et sœurs sont des bénis, ils sont
à l’image du Créateur.
Le jugement de Dieu porte, non sur les
personnes, mais sur leurs actes. En
Matthieu 7,21 il est dit : Ce n’est pas en me
disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera
dans le royaume des Cieux, mais c’est en
faisant la volonté de mon Père qui est aux
cieux.
Alors c’est vrai que cet Évangile nous
dérange un peu, mais c’est le cœur de
l'Evangile, nous le savons bien tous.
Il n’y a pas d’opposition radicale sur la
terre, d’un côté les "bénis", de l’autre les
"mauvais". Nous avons tous, un jour dans
notre vie, fait le bien en ayant des gestes
envers des malades, des prisonniers, des
personnes ayant faim ou soif, des étrangers,
des personnes nues ; mais nous avons tous
aussi déjà détournés les yeux, fermés notre
porte-monnaie, voler quelque chose à
quelqu’un (un stylo, une idée, de l’argent,
des biens…).
Dieu demeure le seul juge et le Seigneur qui
pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin
de rendre à chacun selon sa conduite, selon
le fruit de ses actes (Jérémie 17,10), c’est lui
qui connaît le fond du cœur de chacun.
On ne peut donc séparer l’humanité en
deux car nous avons chacun notre face de
lumière et notre face de ténèbres.
Je dialogue avec Jésus
Seigneur Jésus, en quittant ce monde, à la
veille de ta Passion, tu nous as laissé ce qui
était pour toi le plus précieux au monde et
pour qui tu as donné ta vie : l’humanité.
Donne-nous la grâce de servir comme toi,
dans la justice et la vérité. Amen.
Résolution
Seigneur, dans le psaume 85(89), tu
dis : Amour et vérité se rencontrent, justice
et paix s'embrassent ; la vérité germera de
la terre et du ciel se penchera la justice.
Aide-moi à être en vérité et à me laisser
regarder par Dieu. Car Dieu regarde le cœur
de l’homme, il ne regarde pas l’apparence
et cela fait toute la différence. Aujourd’hui,
au lieu de penser à moi, je montrerai de
l’intérêt pour quelqu’un de mon entourage :
je m’intéresserai à ses projets et à ses
difficultés.
Père Pierre Henderson,
Curé du Vauclin ■
Ézékiel 34,11-12.1\P5-17 • Psaume 22 (23) • 1C\Porinthiens 15,20-26.\P28 • Matthieu 25,\P31-46
LITURGIE
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 6
E
n 1720, le comte de Vauquelin s’établit
au Sud-Est de l’île sur une grande pro-
priété où il cultivait d’abord du tabac,
puis de la canne à sucre. Petit à petit, une agglo-
mération se forme autour de cette propriété
avec une population de plus en plus impor-
tante. Elle prit le nom de Vauclin. Son territoire
s’étend sur 4800 hectares, bordé au Nord par
la Commune du François, à l’Ouest par celles
du Saint-Esprit et de Rivière Pilote, au Sud par
la Commune du Marin et à l’Est par l’océan
Atlantique.
La ville est dominée par sa montagne d’une
altitude de 504 mètres qui en fait le plus haut
sommet du Sud, offrant une vue imprenable sur
le Sud, le Centre et une partie du Nord de l’île.
La région du Vauclin est l’une des dernières de la Martinique à
avoir été colonisée. Elle reste longtemps le territoire des Caraïbes,
chassés du reste de l’île. Les premiers colons s’installent à la fin
du XVII
ème siècle.
Dépendants de la paroisse du François, les habitants demandèrent
au gouverneur l’érection de leur quartier en paroisse dédiée à
saint Jean-Baptiste et, en 1720, une petite chapelle est construite.
En 1833, le Vauclin est érigé en commune.
De l’église détruite par le cyclone de 1891 et reconstruite en 1893,
subsistent un pan de chaire de marbre et les fonts baptismaux
baroques offerts par les paroissiens en 1878.
Les cyclones du siècle suivant, et en particulier le cyclone Édith de
septembre 1963, entraînent la fermeture de l’église.
L’église moderne, vaste espace contenu sous une charpente
métallique légère, est décorée d’un vitrail moderne dominant le
porche dans toute sa longueur (1977). Le clocher extérieur devenu
dangereux est volontairement détruit (1988) et les quatre cloches
réinstallées un an après dans la flèche inaugurée en 1991. Elles sont
consacrées le 24 juin, sous la présidence de l’abbé Michel Méranville
(futur évêque, dont la famille est originaire de
la paroisse), curé de la cathédrale de Fort-
de-France, Mgr Maurice Marie-Sainte
étant archevêque de la Martinique,
le père Charles Aubrée, curé de la
paroisse.
Depuis septembre 2021, le père
Pierre Henderson est nommé curé
du Vauclin.
Permanence
des prêtres
Uniquement sur rendez-vous. S'inscrire au secrétariat
Horaires d'ouverture
du secrétariat:
• Mardi et mercredi : de 8h à 11h
• Vendredi : de 14h30 à 16h30
• Samedi : de 8h30 à 11h30
Contact
Paroisse du Vauclin : Place Saint Jean-
Baptiste, 97280 Le Vauclin, Martinique
Tél : 05 96 74 54 90
Mail : paroisse.vauclin@eglisemartinique.fr
VIE DU DIOCÈSE
(futur évêque, dont la famille est originaire de
la paroisse), curé de la cathédrale de Fort-
La paroisse
Saint Jean-Baptiste du Vauclin
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 7
LE TEMPS DE L’AVENT
n’est pas reconductible
tacitement
E
t ymologiquement, le mot "Avent"
vient du Latin « adventus » qui signifie
arrivée, avènement. Ici, il est question
de l’avènement de Jésus-Christ « qui est
venu, qui vient, et qui viendra ». Dès lors,
on ne saurait parler d’une trilogie classique,
mais plutôt d’un mouvement spirituel qui
joue simultanément les trois accords de la
venue du Christ. C’est le même Christ qui
est né de la Vierge qui se donne à nous
dans chaque Eucharistie et qui viendra juger
le monde. L’une des implications est que
désormais, chaque Avent doit être nouveau,
avec des nouveautés qui nous poussent
bien au-delà des reconductions tacites au niveau de notre vie de foi. Entrer dans une
reconduction tacite spirituelle, c’est comme
si nous faisons une abstraction volontaire
des grâces que le Seigneur donne, ou nous
les utilisons de façon folle en oubliant la
rationalité du présent. J’ai voulu, pour
corriger cela, que la dernière Exhortation
Apostolique « Laudate Deum » du pape
François contribue à nos méditations de
l’Avent en lien avec la Parole de Dieu du
Dimanche. Le questionnaire proposé se
base sur les textes du dimanche. La 4
ème
semaine de l'Avent n'est pas prise en compte
puisque le 4 ème dimanche de l'Avent sera
célébré le 24 décembre dans la matinée.
Nous commençons
notre année liturgique
par le temps de l’Avent
qui n’a pas pour uni\Pque
finalité de nous pr\Péparer
aux festivités de Noël
mais aussi nous aider
à prendre conscience
des « avènements » de
Dieu dans notre nature
humaine.
1ère semaine de l’Avent :
Le retour glorieux de Jésus
« Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui
attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ ».
(1Co 1,7)
« Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand
viendra le moment ». (Mc 13, 33)
« Certains diagnostics apocalyptiques semblent souvent
peu rationnels ou insuffisamment fondés. Cela ne doit
pas nous faire ignorer que la possibilit? de parvenir ? un
point critique est réelle. Des changements mineurs peuvent
provoquer des changements plus grands, imprévus et peut-
?tre d?j? irr?versibles, en raison de facteurs d?inertie. Cela
pourrait finir par déclencher une cascade d’évènements
qui se précipiteraient comme un effet boule de neige. Dans
une telle éventualité, nous serons toujours en retard, car
aucune intervention ne pourra arrêter le processus déjà
commencé ». ( Laudate Deum n° 17).
« L’intelligence artificielle et les dernières innovations
technologiques partent de l’idée d’un être humain
sans aucune limite, dont les capacités et les possibilités
pourraient être entendues à l’infini grâce à la technologie.
Le paradigme technocratique s’alimente ainsi lui-même de
façon monstrueuse ». ( Laudate Deum N° 21).
➊ Pensons-nous quelquefois à nos limites ? Est-ce que la confiance
dans l’évolution technologique ne nous pousse-t-elle pas à avoir
trop confiance en la science ?
➋ Est-ce les changements climatiques observés dans notre île
nous font penser à la fragilité de l’être humain ? Je peux écrire les
activités qui me donnent l’opportunité de vivre une dimension
eschatologique de l’homme.
➌ Veiller, implique une vigilance. Quelles sont les zones de ma foi
où il y a beaucoup de négligence ? Est-ce que je peux les écrire
pour demander la miséricorde de l’Enfant-Dieu ?
➍ Est-ce que pendant cet Avent, je peux opérer une conversion
écologique en prenant soin de la création et en évitant le
gaspillage ? Que puis-je faire concrètement en ce sens ?
QUESTIONNAIRE DE L’AVENT
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 8
« Consolez, consolez mon peuple, dit
votre Dieu, parlez au cœur de Jérusalem.
Proclamez que son service est accompli,
que son crime est expié, qu’elle a reçu
de la main du Seigneur le double pour
toutes ses fautes ». (Is 40, 1-2)
« Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur, rendez
droits ses sentiers ». (Mc 1,3)
« Nous savons que la foi authentique donne non
seulement des forces au cœur humain, mais qu’elle
transforme toute la vie, transfigure les objectifs
personnels, éclaire la relation avec les autres et les liens
avec toute la création ».( Laudate Deum n° 61).
« Dieu nous a unis à toutes ses créatures. Pourtant, le
paradigme technocratique nous isole de ce qui nous
entoure et nous trompe en nous faisant oublier que
le monde entier est une zone de contact ». ( Laudate
Deum n° 66).
« L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par
l’onction. Il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux humbles, guérir ceux
qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur
libération ». (Is 61, 1-2)
« Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance :
c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus ». (1Th 5, 16)
« La décadence éthique du pouvoir réel est déguisée par le marketing et les fausses
informations, qui sont des mécanismes utiles aux mains de ceux qui disposent de plus
de ressources afin d’influencer l’opinion publique. Grâce à ces mécanismes, lorsqu’il
est prévu de lancer un projet à fort impact environnemental et aux effets polluants
importants, on illusionne les habitants de la région en leur parlant du progrès local
qui pourra être généré, ou des opportunités économiques en matière d’emploi et de
promotion humaine que cela signifiera pour leurs enfants ». ( Laudate Deum n° 29).
2e semaine de l’Avent :
Préparez les chemins
du Seigneur
3e semaine de l’Avent :
Réjouissez-vous,
car le Seigneur approche
Père Gilles Aizo, Vicaire épiscopal ■
➊ Faire un petit bilan de la première semaine de l’Avent.
Les actes concrets posés ont-ils provoqué en moi une
motivation pour me préparer à bien célébrer Noël ?
➋ En pensant à la solidarité humaine, qu’est-ce que
je peux faire à une petite échelle pour combattre
l’isolement entre les humains ?
➌ Est-ce que je peux convertir mon cœur et mes pratiques ?
➍ Quel acte concret puis-je poser pour consoler un
membre de ma famille, de ma PCE… ?
➊ Faire le bilan des deux premières
semaines. La conversion doit
provoquer une joie. Quels sont mes
motifs de joie à l’approche de Noël ?
➋ Que puis-je faire face à ceux qui
veulent nous procurer une fausse
joie par les biens matériels en
m’invitant à consommer davantage ?
➌ Est-ce que je crois que le Dieu qui
a pris chair en Jésus-Christ après
la longue préparation du peuple
d’Israël est fidèle et veut me donner
sa joie ?
➍ Quel acte concret puis-je poser pour
consoler un membre de ma famille,
de ma PCE… ?
semaine de l’Avent :
QUESTIONNAIRE DE L’AVENT
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 9
La joie de servir Dieu et ses frères a été au cœur de la messe dominicale du dimanche
22 octobre dernier à l’église de Tartane, avec la rentrée des différents mouvements de
la paroisse Saint François de Sales et l’installation officielle de père Albert Ogougbé, le
nouveau curé des paroisses de la Trinité et de Tartane.
L
ors de la procession d’entrée,
les fidèles de la localité et
les visiteurs ont eu la joie
de découvrir la présence de notre
pasteur diocésain, Mgr David Macaire.
Cette heureuse surprise, née d’une
opportunité dans le calendrier de notre
archevêque, a généré dans l’assemblée
une ambiance de fête nourrie par les
chants superbement entonnés par la
chorale Cécilia de Trinité et la bonne
forme du moment du père Pierre-
Alex Zonzon, prêtre résident et aîné
qui, faisant fi de ses soucis de santé,
a mené avec maestria le déroulé de la
cérémonie.
Après l’accueil et les salutations, le père
Zonzon a procédé à l’appel des différents
groupes au service de la communauté de
Tartane, en insistant sur leur dévouement
et leur utilité. Il a ensuite présenté le père
Ogougbé qui a fait un exposé de son
parcours sacerdotal.
L’étape de l’installation du nouveau curé
menée par Mgr Macaire a été un moment
de forte émotion où l’on a pu voir le
père Albert, par un geste traduisant
l’humilité, marquer son obéissance à
son Supérieur.
C’est d’une seule voix et dans un même
élan que les membres des mouvements
de la paroisse se sont engagés à l’assister
dans son service : « Nous, membres de
la paroisse Saint François de Sales de
Tartane, tenons à vous assurer que c’est
dans un esprit d’unité, de vérité et de
soutien que nous travaillerons à vos
côtés pour la durée de votre mission ».
Ces mots sont entrés en résonance avec
ceux de l’homélie de Mgr David qui
invitaient justement à ne pas transformer
l’Eglise en une Eglise de pharisiens.
L’archevêque nous a exhortés, en effet,
à choisir l’Amour pour Roi et à pratiquer
la charité avec une foi active.
Cette belle rencontre s’est terminée
autour d’un pot fraternel.
Une paroissienne ■
Paroisse de Tartane
du 26 novembre 2023 – n° 670
L’archevêque nous a exhortés, en effet,
Rentrée des mouvements
et installation officielle du nouveau curé
Page 10
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 10
Le père Joseph Germain
Calaber s’est endormi
dans l’espérance de la
résurrection, dans la
nuit du jeudi 9 novembre
2023, à l'âge de 84 ans.
Né le 19 janvier 1939,
le père Calaber a été
ordonné prêtre le 27 juin
1965 à Coutances dans la
Manche en Normandie, ce
qui lui faisait donc 58 ans
de sacerdoce.
I
l est le 6 ème d’une fratrie de 12 enfants,
composée de 7 filles et 5 garçons. De
cette belle fratrie, certains ont rejoint
déjà la Maison du Père, précédant en cela
notre frère Joseph, notamment Judith qui
faisait partie de la Congrégation des Sœurs
Dominicaines Missionnaires de Notre-
Dame de la Délivrande. Aujourd’hui, il ne
reste plus que Marie, Hortense, Clémence,
Fernand, Charles et Gertrude.
Le père Calaber parlait peu, mais il avait été
le copain de classe du père Manès Filopon
et ils racontaient tous deux, qu’enfants,
ils shootait dans un ballon de fruit-à-
pain pendant les récréations. Plusieurs
centaines d’habitants des 12 paroisses où il
a officié ont un jour ou l’autre rencontré le
père Calaber pour un baptême, un mariage,
une profession de foi, un accompagnement
spirituel ou l’organisation d’obsèques.
C’était un homme discret, affable, mais
de santé fragile. Il portait pourtant bien
son nom comme il aimait à le dire :
« Joseph », celui qui ne parle jamais ! Il
aimait la solitude, mais pas l’isolement ;
c’était quelqu’un de très solidaire, sur
qui on pouvait compter, rayonnant de
simplicité et de discrétion. Son parcours
sacerdotal l’a conduit à être vicaire des
paroisses des Terres-Sainville, Sainte-
Marie et François. Curé des paroisses de
Marin, Saint-Christophe, Trinité/Tartane,
Lorrain/Marigot. Puis prêtre habitué, à la
retraite à 75 ans, sur les paroisses de
Morne-des-Esses/Sainte-Marie.
Je lui ai personnellement succédé à la
charge curiale au Lorrain où il a exercé
pendant 10 ans. Il a accompagné les pères
Benjamin François-Haugrin et Jean-Max
Renard, notamment au jubilé de l’an 2000
et lors de leurs ordinations.
En 2003, il a orchestré le déménagement
de l’église Saint-Hyacinthe du Lorrain qui
restera fermée jusqu’en 2012 pour travaux,
les cérémonies religieuses se déroulant
dans l’ancien cinéma devenu depuis
Maison de la culture. Il est à l’origine de
la création du groupe de prière Notre-
Dame de la Porte, demandant aux uns et
aux autres de se former ; et avec le père
Benjamin, incitant les jeunes à créer le
groupe de jeunes « La Colombe ». Il était
au service, auprès de ses sœurs et frères,
la plus grande partie de sa vie dans
l’amour, la simplicité et la discrétion, et
« maintenant, ô Maître souverain, tu peux
laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon
ta parole ».
La communauté diocésaine porte dans la
prière la mémoire du père Joseph Germain
Calaber. Elle rend grâce à Dieu pour sa vie
donnée au service de ses frères et le confie
à la miséricorde de Dieu.
Père Pierre Henderson, Curé du Vauclin ■
A Dieu,
père Joseph Germain Calaber
VIE DU DIOCÈSE
de sacerdoce.
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 11
Mot de condoléances de Mgr Macaire
Une cérémonie de funérailles empreinte de solennité
La messe de funérailles du père
Joseph Calaber a eu lieu le mardi
14 novembre 2023, à 10h, à l’église
de Saint-Christophe. La cérémonie
était présidée par le Vicaire général,
père Fortuné Gibon, entouré de
nombreux prêtres et diacres.
Les fidèles venus de différentes
paroisses étaient présents pour
cette messe pleine de solennité.
L
es Mots de condoléances
de Mgr David Macaire,
Archevêque (actuellement
hors du département) et de
Mgr Michel Méranville, évêque
émérite (empêché), ont été lus à
l’assemblée. Tous deux ont salué
la discrétion et l’humilité du défunt.
Dans son homélie, le père
Benjamin François-Haugrin a
souligné le sens de l’écoute du père
Calaber, et les bons conseils qu’il prodiguait. Il était un modèle dans
l’apprentissage du discernement :
Lorsqu’il faut décider vite, c’est à
ce moment-là qu’il faut prendre son
temps, disait-il. Bon pasteur, son
désir était de servir le Seigneur, de
guider dans le vrai. Le monde de
l’apparence ne l’impressionnait
guère. Il aimait la simplicité et savait
accueillir.
A Dieu, père Calaber. Repose en
paix dans la maison du Seigneur. ■
C
hers frères et sœurs,
À la famille et aux proches du père
Joseph Calaber, en particulier
aux prêtres de Martinique, je voudrais
adresser aujourd'hui mes condoléances.
Avec Joseph, nous perdons une figure
discrète de notre Presbyterium. Un prêtre
à l'ancienne, droit, façonné tout entier par
l'Église et le ministère presbytéral. Non pas
une vedette, mais un humble serviteur à la
vigne du Seigneur. Un sage certainement.
Je pense que Jésus l'accueillera avec joie
auprès de lui...
Quand un prêtre s'en va, il y a à la fois une
tristesse de perdre une figure, un ami, un
frère, mais aussi un sentiment d'action de
grâce pour le ministère accompli, pour le
passage de Dieu dans une vie d'homme, pour l'œuvre de Dieu à travers l'agir d'un
frère qui lui a consacré son existence. Dieu
est fidèle.
C'est donc cette action de grâce que
je voudrais souligner aujourd'hui.
Chacun de nous, prêtres de Jésus-
Christ, aimerions que la mort nous
surprenne fidèles à notre sacerdoce,
aux engagements pris au jour de notre
ordination, demeurant fermes, par la
grâce, malgré nos faiblesses, auprès du
Seigneur... Lui près de nous et nous près
de Lui.
Rendons grâce pour ceux qui, au long de
la vie du père Calaber, ont bénéficié des
sacrements célébrés, de la Parole prêchée,
des conseils apportés, du témoignage
donné par l'homme de Dieu qu'il a été.
Uni à vous par la prière, je célébrerai
une messe de suffrage au moment des
funérailles de notre frère. Dans l’action
de grâce (c'est-à-dire l'eucharistie), ma
prière se joindra à vous. Je penserai
en particulier aux jeunes prêtres et aux
anciens prêtres à qui j'adresse encore une
fois ma bénédiction et mes remerciements
pour leur vie donnée au peuple de Dieu.
Que la mort et le départ de Joseph nous
rappellent que nous avons aussi des
racines au Ciel. Prions pour les vocations.
C'est pour nous une force, une source
d'espérer !
Que Joseph repose en Paix et que nous le
pleurions dans l'Espérance.
+ Fr David Macaire, Archevêque
de Saint-Pierre et Fort-de-France
■
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 12
Le samedi 4 novembre, les servants d’autel de la Martinique se sont réunis à Sainte-
Marie, de 8h à 16h. Environ 500 jeunes ont donc convergé vers le nord de la Martinique.
Cette journée constituait une belle occasion de se rencontrer et de partager entre
missionnaires du service d’autel.
L
e dernier rassemblement de
ce type remonte à plusieurs
années. Il était alors essentiel de
mettre en place une nouvelle rencontre.
Déroulement de la journée
Après le temps de l’accueil, nous
nous sommes rendus à l’église afin
de vivre l’Eucharistie. Pères Samuel
Placide et Gilles Aizo terminaient la
longue procession qui s’était formée.
Différentes activités ont ensuite été
proposées : • Un film intitulé « le grand miracle »
pour les moins de 13 ans,
• Une chasse au trésor autour de la
liturgie, la Bible,
• Un jeu de cartes sur les différents
objets liturgiques, habits et les
différents livres de la Bible,
• Un baccalauréat liturgique,
• Un match de foot,
• Une course d’obstacles.
Après le repas tiré du sac, l’après-
midi a été consacré au jeu du Rosaire.
Ce dernier consistait à trouver des
questions (qui avaient été auparavant
cachées dans la nature) et d’y répondre.
La journée s’est clôturée autour du
partage du goûter.
Les animations proposées avaient pour
but de créer du lien et des échanges
entre les différents participants. Les
jeunes ont été en général réceptifs,
curieux de découvrir et d’apprendre
tout en s’amusant.
Le service
Le S ervice d’autel est une belle
expérience à vivre. Il constitue une
communauté qui s’entraide. Il ne faut
pas que les servants se sentent seuls,
car nous sommes tous ensemble
dans le service.
Ce service ne se limite pas juste au
dimanche. Il va bien plus loin. Car la
liturgie est vaste, il faut approfondir,
chercher à apprendre, à maîtriser.
Un servant d’autel sert pendant la
messe. Il est à l’autel. Il prend part à
la liturgie. D’ailleurs, il est présent en
amont des différentes célébrations.
Il vérifie si les objets sont bien à leur
place. Il aide le sacristain. Il est amené
à préparer la crédence. Il participe
et veille au bon déroulement de la
cérémonie.
Ce comportement humble et discret
ne doit pas être uniquement le
dimanche, mais tous les jours, dans
nos différents lieux de vie, et activités.
Il y a à peu près 700 jeunes au service sur
l’ensemble du diocèse. Malheureusement,
le service n’est pas uniforme au sein de
toutes les paroisses. Le missel romain doit
demeurer la référence et la base.
La tenue vestimentaire du servant
doit être digne. Ses vêtements doivent
être corrects, à l’image du service qu’il
accomplit et qu’il représente. Il est
également servant avant et après la
messe. Certains jeunes sont attirés,
mais n’osent pas pousser la porte. Le
service est fun. Chaque jeune devrait s’y
essayer afin de vivre sa foi d’une autre
façon, partager avec d’autres jeunes
chaque week-end. C’est une autre façon
de découvrir le Christ et de vivre « la
rencontre ».
Il est compliqué quelquefois de s’engager
par rapport aux comportements des
autres. Les jeunes doivent se prendre
en main, être acteurs, responsables, et
donc prendre en charge, par exemple,
le groupe de servants de leur paroisse.
Ils doivent transmettre leurs savoirs et
former à leur tour les autres générations
de servants.
Alexandra Célestine
Responsable diocésaine des servants d’autel ■
Journée de
récollection
des servants
d’autel de
la Martinique
VIE DU DIOCÈSE
Journée de
récollection
Journée de
récollection
Journée de
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 13
La journée de récollection était
bien. Je n’avais jamais participé
à cela. J’ai bien aimé le film «un grand
miracle » qui a été projeté. La messe était
particulière avec ces nombreux servants venant
de toute la Martinique. J’ai été impressionnée
par leur nombre.
Cette journée a été forte en émotion. La
récollection a été une nouvelle expérience
pour moi. En six années de service, c’est
la première fois que j’ai eu l’occasion de
prendre part à ce type de rencontre avec
l’ensemble des servants de Martinique.
La messe a été le moment le plus
important pour moi. Voir autant de
jeunes rassemblés au nom de Dieu m'a
surpris et rempli de joie. Ce fut très
beau et presque incroyable. J’ai trouvé que la journée était
super. Les servants étaient investis,
je dirais même enthousiasmés dans
le sens où ils ont pris part volontiers
aux activités proposées. Il y avait
une super bonne entente, c’était
très convivial. J’ai même pu faire
connaissance avec d’autres ser-
vants et discuter. Ce qui montre
bien le côté chaleureux parce que
je ne suis pas très sociable.
Un seul mot pour résumer : convi-
vialité.
J’ai beaucoup aimé le match de
foot qui était en relation avec la liturgie. Le travail
d’équipe a été mis en évidence. Ce fut un très bon
temps avec tous ces jeunes servants. Nous avons pu
nous amuser, rencontrer de nouvelles personnes et
tout simplement profiter. Cette journée est passée
bien trop vite.
Inès, 9 ans
Brice, 19 ans
Anne-Sophie, 18 ans
foot qui était en relation avec la liturgie. Le travail
Mael, 16 ans
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 14
Page Jeunes
Agnès,17 ans, grande sœur
(Post-confirmation) , paroisse de Ducos
Lors de cette journée diocésaine des 14-18 ans
au Morne-Rouge, l‛émotion était à son maximum.
Rencontrer d‛autres jeunes, les interviewer,
visiter chaque activité. Voir tous ces nouveaux
envoyés sortir de leur zone de confort pour la
plupart, s‛exprimer, chanter, danser, devenir
grand frère ou grande sœur. Cette journée
était tout simplement incroyable. Étant grande
sœur de la Post-Confi rmation de Ducos, voir de
nouveaux grands frères et de nouvelles grandes
sœurs était tout simplement extraordinaire.
Ajoutant à tout cela la chorale qui a sublimé
cette messe, je ne saurais décrire ce que j‛ai
ressenti. Ce n‛était pas seulement une simple
journée banale, non bien au contraire, c‛était
un moment de partage exceptionnel, un moment
festif et ludique ; l‛échange inter-paroisse a su
consolider les liens forts qui nous unissent tous
ensemble, mais aussi à accroître notre foi.
Mallory, âgée de 16 ans de la paroisse du François,
nous explique qu‛elle a souhaité participer à cette journée
diocésaine pour découvrir les rencontres organisées par la Post-
Confi rmation. Elle a choisi l‛atelier « Art thérapie ». Cet atelier
a été une expérience enrichissante et unique pour elle car elle
a pu s‛exprimer librement à travers des dessins et des travaux
pratiques de manière à exprimer sa foi sans être jugée.
Allan, 17 ans, paroisse de Sainte-Marie
Le Rassemblement diocésain des jeunes de 14 à 18 ans a été une
expérience chrétienne exceptionnelle et inoubliable. C'était une
journée remplie de foi, de charité et d'inspiration. Cette rencontre
m'a permis de rencontrer des jeunes venus de différentes
paroisses et de partager en moment entre frères chrétiens. La
louange a créé une atmosphère spirituelle qui a immédiatement
mis tout le monde à l'aise. Nous avons eu le choix entre plusieurs
ateliers qui étaient tous, de mon point de vue de reporter, riche
en divertissement permettant un échange entre jeunes. Le point
culminant de la journée a été la messe célébrée par notre évêque
David Macaire. La cérémonie a été empreinte de solennité et de
profondeur, et nous a rappelé l'importance de notre foi catholique.
C'était un moment puissant de communion avec Dieu et de
renforcement de notre engagement envers notre religion.
Le Rassemblement
diocésain des 14-18 s'est
tenu le premier week-end des
vacances de Toussaint. Tous les
jeunes de cette tranche d'âge étaient
invités à ce temps qui avait comme
thème "Jésus nous aime, dites-le fort". Au programme : des activités ludiques et sportives, des espaces d'échanges et de débats, mais aussi de la louange et une messe présidée par Monseigneur Mac\Paire.
28 octobre 2023
Rassemblement dioc\8ésain des 14-18 ans\8
sur la paroisse du M\8orne-Rouge
pratiques de manière à exprimer sa foi sans être jugée.
Samuel, âgé de 20 ans
et co-organisateur de
l’atelier basket,
nous explique que c‛était un
très grand plaisir pour lui de
participer à cette journée
et surtout d‛enseigner la
pratique du basket aux
jeunes qu‛il qualifi e de « très
dynamiques ».
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 15
DOSSIER L’AUTORITÉ DU CHRIST
Dans un monde qui ne s’accommode plus de la verticalité dans les relations interhumaines
et interpersonnelles, un monde réduit le plus souvent à être le théâtre d’évènements
dramatiques symbolisant et exacerbant le refus de l’autorité quelle qu’elle soit, comment
témoigner de la pertinence de la Royauté du Christ, Roi de l’Univers ? Paradoxalement, dans
ce qui semble une désolation de notre humanité et de notre monde, on voit poindre, tel un
point lumineux tenace dans une obscurité abyssale, un désir de surcroît de vie. Beaucoup
de nos contemporains caressent l’idée de voir cette vie féconder jusque dans ses zones les
plus éteintes l’âme de notre humanité.
C
e dossier consacré à l’autorité du
Christ, Roi de l’Univers, s’articule
comme suit :
➊ Contexte historique et sens de la
solennité du Christ, Roi de l’Univers ;
➋ Comprendre la royauté du Christ ;
➌ Baptisé, prêtre, prophète et roi : mission
dans le monde et au cœur de toutes les
périphéries existentielles et sociales ;
➍ Gouverner : sous quelle autorité ?
❶
Contexte historique et sens de
la solennité du Christ, Roi de
l’Univers
La solennité du Christ, Roi de l’Univers, est
une célébration relativement récente. Elle
a été instituée en 1925 par le pape Pie XI
qui fit face au monde moderne prônant
des idées progressistes. La fête du Christ-
Roi se voulait à l’origine une affirmation
forte de la foi chrétienne alors que le
monde était travaillé par le modernisme.
En effet, le moment favorable n’était-il
pas venu pour proclamer la royauté du
Christ à qui toutes les nations devaient
obéissance ? Pour le pape Pie XI, cela
ne souffrait l’ombre d’aucun doute. En
outre, devant les idéologies progressistes,
l’Église a vu en cette fête un moyen
d’armer ses enfants et d’affermir leur foi.
Célébrée à l’origine le dernier dimanche
d’octobre, la fête du Christ-Roi connaîtra
un repositionnement dans le calendrier
liturgique. Ce déplacement appellera un
changement de sens : on passera alors,
à la faveur de la réforme du calendrier
liturgique de 1969, de la fête du Christ-Roi
à la fête du Christ, Roi de l’Univers. Cette
fête revisitée est célébrée dorénavant le
dernier dimanche de l’année liturgique.
Le sens nouveau donné à cette fête
équivaut à la mise en relief de l’idée selon
laquelle dans le Christ toute la création
est récapitulée (cf. Colossiens 1, 15-20).
Si la fête du Christ, Roi de l’Univers,
achève une année de célébrations
liturgiques, il n’en demeure pas moins
qu’elle renvoie au véritable achèvement
du temps appelé « les temps qui sont les
derniers », inaugurés par la Résurrection
du Christ. Du reste, qu’en est-il de cette
royauté ?
❷
Comprendre la royauté du Christ
La royauté du Christ est difficilement
saisissable si elle n’est pas interprétée
à la lumière des Écritures Saintes. Le
mot « Christ » est la traduction du mot
« messie ». Celui-ci désigne l’« oint », le roi.
Attribué aux rois qui se sont succédé sur le
trône d’Israël, le tire de « roi » est devenu le
nom propre de Jésus de Nazareth.
Dans le Premier Testament, le véritable
Roi d’Israël, c’est Dieu Lui-même. Il devait
régner sur son peuple directement grâce
à la Loi. Les choses changeront quand
Israël, jalousant les peuples environnants,
exigea un roi (cf. 1 Samuel 8, 1-9). Plusieurs
prophètes estimèrent que l’expérience
de la royauté fut désastreuse (cf. Osée
3, 4-5 ; Jérémie 21-22). Cette royauté prit
fin en 587 avant Jésus-Christ. Pourtant,
paradoxalement, au déclin de la royauté
décevante naquit l’espérance du
Royaume de Dieu avec une dimension
Dans un monde qui ne s’accommode plus de la verticalité dans les relations interhumaines
C h r is t , R o i d e l’U n iv e r s
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 16
L’AUTORITÉ DU CHRIST DOSSIER
eschatologique, c’est-à-dire dans les
derniers temps.
Au seuil du second Testament, on note
l’attente ardente du Règne final de Dieu
dans le peuple juif tout entier. Toutefois,
une ambivalence caractérisera ce Règne :
si son objectif religieux est conservé,
l’on ne manquera pas d’accentuer son
caractère politique. Dans cette optique, le
Roi-Messie à venir sera celui qui libérera
Israël de l’oppression étrangère romaine.
Il est indéniable que le message du
Second Testament est essentiellement
religieux. La centralité du Royaume de
Dieu, et partant de la royauté messianique,
peut être aisément constatée. Jésus est
bel et bien l’artisan historique du règne
définitif de Dieu comme l’atteste une série
de textes néotestamentaires répondant
à la question de savoir si Jésus est roi
(Matthieu 21, 5 ; Luc 19, 38 ; 22, 29-30 ; Jean
1, 49 ; 12, 13). Jésus assume une royauté
dépouillée de toute connotation politique.
Son service accomplit le salut de Dieu par
sa Passion, sa Mort et sa Résurrection.
Enfin, la parousie est décrite comme
manifestation éclatante du Règne du Christ
ressuscité (2 Timothée 4, 1 ; Apocalypse 11,
15) (cf. Vocabulaire de Théologie Biblique,
colonne 1140).
De la proclamation du Royaume de
Dieu et de son accueil, on s’achemine
progressivement vers la formation d’un
peuple dont Jésus est le « Chef », au
sens noble de la « Tête ». En effet, « le
Royaume brille aux yeux des hommes
dans la parole, les œuvres et la présence
du Christ. » ( Lumen Gentium n°5). Le
Catéchisme de l’Église Catholique
souligne clairement l’évolution du
groupe de ceux qui entendaient les
prédications de Jésus vers l’Église : « Par
tous ses actes, le Christ a préparé et bâti
son Eglise » (CEC n°765).
On devient membre de cette Église,
peuple de Dieu dont le Christ est la
Tête, non par naissance physique, mais
une naissance d’une autre nature, celle
spirituelle : nouvelle naissance, naissance
d’en haut, naissance de l’eau et de l’Esprit
(cf. Jean 3, 3-5). Cette naissance spirituelle
est le baptême qui suppose et exige la foi
en Christ, « […] Celui que le Père a oint
de l’Esprit Saint et qu’il a constitué Prêtre,
Prophète et Roi » (CEC n°783). Ainsi, le
baptême constitue la personne qui le
reçoit participante de la Royauté, et donc
de l’autorité du Christ.
❸
Baptisé, prêtre, prophète et
roi : mission dans le monde et
au cœur de toutes les périphéries
existentielles et sociales
Le peuple de Dieu tout entier participe aux
trois fonctions du Christ, à savoir : Prêtre,
Prophète et Roi. Sa mission et son service
à l’humanité découlent de son union au
Christ. Il en va de même de tout baptisé qui
reçoit sa mission du Christ par la médiation
de l’Église (cf. CEC n°783).
Ainsi, la mission de tout baptisé est le
lieu d’exercice de sa fonction royale.
Or, le Christ exerce fondamentalement
sa Royauté en attirant à Lui tous les
humains par sa mort et sa Résurrection
(cf. Matthieu 20, 28 ; Jean 12, 32). Par
conséquent, « Pour le chrétien, régner,
c’est Le (Christ) servir (cf. Lumen Gentium
n°36), particulièrement dans les pauvres
et les souffrants, dans lesquels l’Église
reconnaît l’image de son Fondateur pauvre
et souffrant. Le peuple de Dieu réalise sa
dignité royale en vivant conformément à
cette vocation de servir avec le Christ »
(CEC n°786).
Mission du baptisé dans le monde, mais
lequel ? Notre monde connaît « un moment
historique qui ne favorise pas l’attention
aux pauvres ». Notre écosystème mondial
fait partie de ces pauvres qui souffrent
assurément de l’indifférence affichée
par un nombre important de terriens.
Indifférence stratégique ? Indifférence
par calcul ? Indifférence motivée de
nos contemporains insatiables âpres
au gain ? Les atermoiements devant
une orientation commune au service
de la sauvegarde et de l’intégrité de la création, œuvre de Dieu, semblent
militer malheureusement en faveur
de ce désintérêt pour la planète bleue
qui gémit et crie souffrance. Toutefois,
l’humanité lutte sans cesse pour ne pas
sombrer dans un état d’apathie par trop
paralysante. Les efforts conjugués pour la
paix dans le monde à travers la résolution
des conflits, la réduction, à défaut de
leur éradication, des injustices en tous
genres, et bien d’autres engagements
de par le monde, prouvent à suffisance
que ce dernier a encore une âme que le
baptisé peut rejoindre pour le bien de
tous. Dans tous les cas, le baptisé devra
non pas déléguer, mais s’impliquer
personnellement. C’est sa vocation
(cf. Message du pape François pour la
VIIe Journée Mondiale des pauvres
n°4). Devant tant de défis sociétaux,
écologiques et environnementaux pour
ne citer que ceux-là, « déléguer » risque
de s’apparenter à « démission », entendu
comme refus de recevoir la mission ou
tentation d’abandonner la mission.
Dans le monde d’aujourd’hui, des pans
entiers de la société mondiale, des
régions entières du globe terrestre, des
personnes réelles, et non virtuelles, ayant
des problématiques existentielles tout
aussi réelles sont un cri lancé et amplifié
vers l’Église, entre autres partenaires
sociétaux. Et ce cri appelle la mission aux
multiples visages de tous les baptisés.
La créativité sous la conduite de l’Esprit
Saint est de rigueur. En effet, l’Église,
œuvre de Dieu, est aussi une œuvre
des hommes. Articuler la réception de
l’Église de Dieu comme peuple né de
Lui et Lui appartenant ne dispense en
rien de sa nécessaire construction dans
l’environnement d’aujourd’hui. L’Évangile
du Christ, sujet de la mission des baptisés
est à vivre dans le monde de leur temps.
La mission du baptisé, prêtre, prophète
et roi est une réponse concrète, adaptée,
pertinente qui exige sortie de soi, de
ses sécurités, de son confort, de ses
immobilismes, de ses égoïsmes, de ses
préjugés, de sa tendance à moraliser, de
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 26 novembre 2023 – n° 670 17
ses étroitesses. C’est la ligne pastorale
du pape François et pour laquelle les
conversions sont attendues aussi bien au
niveau individuel (chaque baptisé) qu’au
niveau communautaire (Église) : « sortir
de son propre confort et avoir le courage
de rejoindre toutes les périphéries qui
ont besoin de la lumière de l’Évangile »
(Exhortation Apostolique Evangeli
Gaudium du Pape François n°20).
Le baptisé dans sa mission agit dans le
cadre du Royaume du Christ : « La session
à la droite du Père signifie l’inauguration
du règne du Messie, accomplissement de
la vision du prophète Daniel concernant
le Fils de l’homme : A Lui fut conféré
empire, honneur et royaume, et tous les
peuples, nations et langues Le servirent.
Son empire est un empire à jamais, qui
ne passera point et son royaume ne sera
point détruit » (Daniel 7, 14). A partir de
ce moment, les apôtres sont devenus les
témoins du « Règne qui n’aura pas de fin »
(cf. Symbole de Nicée-Constantinople/
CEC n°664).
Que recouvre alors pour le baptisé-apôtre
la réalité de gouverner ?
❹
Gouverner : sous quelle autorité ?
Nous sommes « sociétaires » d’un
monde qui intente un certain procès
contre l’Église, et par ricochet, contre les
baptisés. Un procès induit, semble-t-il, à
partir de l’image tronquée de Dieu qu’ont
beaucoup de nos contemporains. Il y a
une sorte de raccourci mental qui est au
service de la désinformation acceptée
au mépris de la révélation du vrai Visage
de Dieu en Jésus-Christ. Ainsi, nombreux
sont nos frères et sœurs en humanité qui
voient Dieu comme un père sévère, un
père lointain, un juge qui nous surveille
pour voir si on ne fait pas de bêtises, un
juge inspirant la crainte, etc. Dès lors, agir
sous l’autorité de ce Dieu peut faire courir
au baptisé le risque de se voir rejeter par
celles et ceux auprès de qui il propose
son témoignage de foi. A l’usage, tout
porte à croire que l’image de Dieu tantôt
surveillant, tantôt juge, sévère ou lointain
semble résister aux bains nettoyants de
nos meilleures approches, catéchèses,
homélies, etc.
Par ailleurs, cette image dévalorisante
de Dieu semble faire bon ménage avec
une laïcité mutilante croissante dans la
mesure où elle suggère à notre société
d’adopter une « unidimensionnalité »
matérialiste par trop appauvrissante de
ses propres enfants et méconnaissante
d’une réalité complexe dans laquelle le
spirituel a tout à fait sa place.
Il sied de considérer que le fait de partir
du Christ, Roi de l’Univers, soit la condition
sine qua non pour que son autorité que
nous relayons ne se transforme pas en
autoritarisme. Saint Paul en consacre
toute une exhortation en invitant les
baptisés de la communauté de Philippes
à avoir les mêmes sentiments dans le
Christ Jésus. Gouverner devient le lieu
où se manifeste le Cœur de Jésus, Roi
tendre, compatissant, miséricordieux
(cf. Philippiens 2, 1-11). Dans cette ligne,
l’autorité est un don. Elle « est reçue à
la mesure de notre participation à la
vie qui est en Dieu même, à notre suite
du Christ, dans un esprit d’amour des
frères en humanité » (Action Catholique
Ouvrière – ACO, Supplément à Repères
ACO n°32, p. 27).
Gouverner sous l’autorité du Christ et
en communion avec d’autres baptisés
est une véritable école de management.
Un exemple concret nous est donné par
les Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens
de France (EDF) qui promeuvent les
piliers de la pensée sociale de l’Église,
dont la subsidiarité : « Manager en
responsabilisant et autonomisant les
personnes dans un esprit de bienveillance.
[…] La confiance s’instaure et permet
de traverser les périodes difficiles en
construisant des solutions plutôt que
des conflits » (cf. Magazine Carrefours
d’Alsace, Mai 2023 n°1111, p. 22).
Dans une société marquée par la crise
de l’autorité, le besoin de transparence,
le refus de ce qui vient d’en ‘’haut’’,
la méfiance face aux institutions,
gouverner sous l’autorité du Christ, Roi
de l’Univers, revient à préconiser que
les principes affirmés, réaffirmés, les
solutions définitives doivent laisser la
place à « Nous ne savons pas, mais nous
allons réfléchir ensemble. A partir de
nos différences partagées, inventons
l’avenir » (ACO n°32, p. 34).
Il y a lieu de ne pas perdre de vue
que nous sommes tous en chemin en
tant qu’Église avec un passif à gérer.
La verticalité de nos structures, épine
dorsale d’un fonctionnement sur le
principe du centralisme démocratique.
Dans un tel environnement ecclésial et
social, déployer l’autorité du Christ, Roi
de l’Univers, ne va pas sans causer un
certain déchirement. Une telle disposition
intérieure est générée par la tendance
naturelle qui infère des relations de
haut en bas tout en suscitant l’aspiration
exponentielle aux relations horizontales
et à la mise en réseau. L’Église a tout à
gagner en inférant la nécessité d’un
dialogue en réciprocité où chacun donne
et reçoit sur la base d’une égalité en
dignité de filles et fils de Dieu, mais aussi
de droits et de devoirs.
En somme, servir est en substance le
sens du Règne du Christ, Roi de l’Univers.
Telle est aussi la mission de tout baptisé
prêtre, prophète et roi dans un monde en
perpétuelle quête de sens.
« Il (Jésus) est venu sans duplicité, pour
proclamer par sa vie que son Royaume
est différent des royaumes du monde,
que Dieu ne règne pas pour accroître son
pouvoir et écraser les autres ; il ne règne
pas avec les armées et par la force. Son
Royaume est le Royaume de l’amour : ‘Je
suis Roi’, mais de ce Royaume d’amour ; ‘Je
suis Roi’, du Royaume de ceux qui donnent
leur vie pour le salut des autres. » (Extrait
de l’homélie du pape François, Basilique
Saint-Pierre, Solennité du Christ, Roi de
l’univers. Dimanche 21 novembre 2021).
P. Nicaise Wilfrid Ossebi, Spiritain, en mission
sur les paroisses de Josseaud et de Régale
■
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? Question
AN TJÈ
LÉGLIZ-LA
L’Avent
‘‘
Quel sens donner à l’Avent ?
L’avent est le moment favorable que
l’Eglise nous propose pour nous
préparer à accueillir l’Emmanuel,
Dieu avec nous, le Roi, le soleil levant,
comme on le dit dans les écritures. C’est
un moment durant lequel nous prenons
un certain temps pour préparer notre
cœur, notre personne afin de pouvoir
accueillir dans la joie la naissance de
Dieu qui se fait homme et qui vient
nous visiter. Quand il vient, il vient avec
tout, il est tout, et il vient en nous. Nous
l’accueillons comme une personne qui
nous est chère, qui est importante. Nous
nous préparons donc à un moment
important : accueillir Dieu en nous.
Pourquoi l’Avent dure-t-il quatre
semaines ? pourquoi pas plus ?
Cela dure quatre semaines parce que la
liturgie donne une signification à chaque
temps. Durant la première semaine,
nous sommes invités à veiller, à rester
vigilants. Déjà il y a deux semaines,
le Christ nous invitait à rester éveillés
avec la parabole des dix vierges : 5
prévoyantes et 5 insouciantes. On doit
prendre conscience de l’Emmanuel qui
est là. Veiller et attendre celui qui vient.
Durant la deuxième semaine, il nous est
donné d’écouter les prophètes qui ont
annoncé, tels, Isaïe, Baruch. Préparer
les chemins du Seigneur, c’est d’abord
balayer en nous et être plus accueillants
dans nos maisons et dans nos cœurs.
Cela commence par nous, par notre
personne et ensuite la famille, la société
et le monde. Chacun doit en profiter. La troisième semaine c’est la semaine
de la joie. Le Seigneur est proche.
Quand on a préparé le chemin, quand on
a veillé, on entre dans cette joie. Notre
cœur est déjà préparé et du coup nous
entrons progressivement dans cette joie,
à l’approche de la naissance.
La quatrième semaine est la naissance
du Christ. Nous entrons dans cet
avènement : accueillir l’Eglise qui naît
en nous, dans notre cœur.
Ces quatre semaines ont du sens pour
entrer dans la lumière véritable qui est
là. L’Evangile de Jean 1 au verset 9
nous le rappelle.
Comment cela se matérialise-t-il au
sein des paroisses ?
Il y a des signes dans les paroisses, la
couronne de l’A vent est posée. Des
bougies sont progressivement allumées.
Cette flamme grandit et nous sort
de l’obscurité. Cette obscurité dans
laquelle les difficultés de la vie nous
plongent.
Ne faudrait-il pas, dans ce monde
en pleine mutation, proposer une
autre manière de vivre l’Avent ?
Depuis longtemps, l’Eglise a une
tradition. Il est vrai qu’il y a un
contraste avec un monde où il y a
internet, des éléments qui empêchent
d’entrer dans cette méditation, dans
cette réflexion, dans cette attente. A
l’époque des prophètes, ce n’était pas
facile également. C’était la période
de l’exil, de l’occupation. Pourtant, ils
attendaient le Messie.
Le monde a évolué. Tout va vite. On
n’a plus le temps de se poser. Mais, il
est essentiel de toujours proposer ce
chemin.
Néanmoins, chaque église, chaque
paroisse peut proposer quelque chose
de particulier afin d’aider chacun à
prier et vivre efficacement cette période.
Chacun doit se laisser pénétrer par la
lumière.
Sommes-nous encore réceptifs ?
Chaque personne se laisse toucher. Le
Christ fait son travail. Il est à l’œuvre.
Il y a du sens de proposer toujours de
vivre l’Avent. Il faut être conscient que
le découragement c’est le malin, c’est
le démon. Restons conscients que le
Christ est vivant et qu’il agit en chacun
de nous. Vivons le temps de l’attente.
Il va naître. Et Il est la lumière qui agit
dans le monde.
Propos recueillis par Nicole Chésimar ■
Nous nous apprêtons à vivre le temps de l’Avent. Le père Jean Doulkom nous
éclaire sur cette période qui nous m\Pène à la naissance de notre Sauveur.
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Agenda de l’Archevêque
Du 27 novembre au 3 décembre :
• Prédication de retraite à l’abbaye Sainte-Anne de
Kergonan
Dimanche 3 décembre :
• 16h30 : Rencontre diocésaine avec les chorales
à la cathédrale Saint-Louis
• 17h30 : Vêpres solennelles à la cathédrale
Saint-Louis
Mardi 5 décembre :
• Assemblée des modérateurs
Mercredi 6 décembre :
• Bénédiction du CROSS Antilles Guyane
• Rencontre avec les confirmands des paroisses
de Redoute, Tartane et Trinité à l’archevêché
• 18h30 : Catéchèse de l’Évêque à Emmaüs
Vendredi 8 décembre :
• 9h : Messe du Séminaire Collège à l'église
de De Briant
Du 9 au 10 décembre :
Visite pastorale à la paroisse de Lorrain
Samedi 9 décembre :
• 18h30 : Messe dominicale anticipée
à l’église de Lorrain
Dimanche 10 décembre :
• 7h : Messe à l’église de Lorrain
• 9h30 : Messe à la chapelle "Miséricorde Divine"
de Morne-Capot au Lorrain
• 16h : Rencontre diocésaine avec les ministres
extraordinaires de la proclamation de la Parole de Dieu
à la cathédrale Saint-Louis
• 17h30 :
Vêpres solennelles à la cathédrale Saint-Louis
L’Espérance est une institution incontournable
de l’éducation des jeunes de la Martinique.
Forts de notre ensemble scolaire Saint Jean-
Paul II (école élémentaire, collège, Lycée
professionnel) affilié à l’Enseignement
Catholique, de notre Maison d’Accueil à
Caractère Social (MECS) et de nos dispositifs
de Formation et d’Insertion pour les jeunes
professionnels (EFI), nous accompagnons
les jeunes dans toutes les dimensions de
leur personne à la lumière de nos valeurs
chrétiennes.
Venez nous rejoindre pour rentrer, avec nous
et de manière festive, dans la période de Noël.
Le Concert de l’Avent de l’Espérance est
une occasion spéciale pour partager et faire
connaître les activités et les 4 missions de nos
établissements : Accueillir-Éduquer- Insérer
et Former
Nous avons besoin de la mobilisation de tous
pour que cette journée soit une réussite totale.
Nous vous attendons le dimanche 3
décembre 2023 à 16h à la chapelle du
Cœur de Sainte-Thérèse (ouverture des
portes à 15h30) sur le site de l’Espérance
dans un écrin de verdure au cœur de Fort-
de-France.
Invitation au concert de
l’Avent de l’Espérance
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S eigneur, en ce début de l’Avent ,
viens réveiller notre cœur alourdi, secouer notre torpeur spiritue\
lle. Donne-nous d’écouter à nouveau les murmures de ton Esprit qui en nous prie, veille, espère.
Seigneur, ravive notre attente, la vigilance active de notre foi afin de nous engager partout où la vie est bafouée,
l’amour piétiné, l’espérance menacée, l’homme mé\
prisé.
Seigneur, en ce temps de l’Avent, fais de nous des veilleurs
qui préparent et hâtent l’avènement et le triomphe ultime de\
ton Royaume, celui du règne de l’Amour.
(Source : https://www.eglisejura.com)
Seigneur, fais de nous des veilleurs !