La fête de Miséricorde divine nous rappelle également dans notre
diocèse l’ordination épiscopale de notre évêque Mgr David Macaire.
Nous l’accompagnons de nos prières pour ses 9 années d’épiscopat. Bonne fête de la Miséricorde divine et Bon temps pascal. Que la Paix du Christ Ressuscité soit avec vous tous !
diocèse l’ordination épiscopale de notre évêque Mgr David Macaire.
Nous l’accompagnons de nos prières pour ses 9 années d’épiscopat. Bonne fête de la Miséricorde divine et Bon temps pascal. Que la Paix du Christ Ressuscité soit avec vous tous !
SOMMAIRE
- EDITORIAL
- MOT DE L'ÉVÊQUE - "Devenez prêtres !"
- ÉGLISE UNIVERSELLE - Pape François - Mercredi 20 mars 2024 Catéchèse • Les vices et les vertus : La prudence
- LITURGIE
- VIE DU DIOCÈSE
- Présentation de la paroisse de Bellevue
- La messe chrismale
- Jubilé des soeurs de Saint Joseph de Cluny Les soeurs de Saint Joseph de Cluny célèbrent 200 ans de présence en Martinique
- Des Burundais au Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (C.H.U.M.)
- Formation de la Pastorale de la santé District Sud
- Miséricorde Divine révélée : message de sainte Faustine et héritage de saint Jean Paul II
- Les Grâces de la Miséricorde divine
- PAGES JEUNES
- DOSSIER "SOYEZ MISÉRICORDIEUX COMME VOTRE PÈRE CÉLESTE"
- ANTJÈ LÉGLIZ-LA - "La fonction de prêtre"
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Eglise
en MARTINIQUE
N° 679
REVUE DIOCÉSAINE
BIMENSUELLE – 2,00 €
7 AVRIL 2024
Hommage au père Filopon
Dossier : Soyez miséricordieux
comme votre Père céleste
La messe chrismale
La M Miséricorde Divine :
« Jésus, j'ai confiance en toi »

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3
Sommaire
«H
uit jours plus tard, les disciples se retrouvaient de nouveau
dans la maison, et Thomas était avec eux. » Jn 20, 26
Dans le récit des apparitions du 2ème dimanche de Pâques, un
détail particulier attire l’attention : l’absence de Thomas lors de la
première apparition. Ce passage de l’évangile est cité souvent pour
illustrer le scepticisme et la foi. Il offre également une réflexion sur
la place des absents dans nos communautés et nos églises, surtout
dans le contexte catholique actuel où nous constatons que les églises
se vident. Des disciples comme Thomas sont absents. L’attitude de
Jésus doit encore servir de modèle aux chrétiens afin qu’ils se soucient
davantage de ceux qui sont absents. « Huit jours plus tard, les disciples
se retrouvaient de nouveau, Thomas était avec eux et Jésus vient
… et il était là au milieu d’eux ». Il invite Thomas à vérifier par
lui-même ses mains et son côté. Jésus ne réprimande pas Thomas ni
pour son incrédulité ni pour son absence. Il ne le rejette pas mais il
s’intéresse à lui particulièrement, lui offrant avec patience les preuves
de sa Résurrection. Il l’aide à faire son cheminement. Cette scène
nous enseigne la miséricorde et la compréhension de Jésus envers les
doutes humains, et souligne également l’importance accordée à celui
qui est absent. La miséricorde de Dieu est toujours plus grande que
nos doutes, nos hésitations et nos absences. Les célébrations pascales
offrent l’opportunité aux chrétiens de tendre la main et de faire le
pas vers ceux et celles qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas être
présents. Que ce soit pour raison de travail, de maladies, de crises de
foi, de circonstances personnelles difficiles, les absents sont des frères
et des sœurs et font toujours partie de la communauté qui se rassemble
pour célébrer le mystère pascal et la bonté de Dieu.
En cette période pascale, nous sommes tous invités à redécouvrir
la profondeur de la miséricorde divine. Le Christ Ressuscité nous
appelle à être des témoins de cette miséricorde dans le monde, à
être patients, à pardonner comme nous sommes pardonnés, à aimer
comme nous sommes aimés. Le pape François, dans sa catéchèse du
20 mars 2024 propose à la suite du Christ Ressuscité une méditation
sur la prudence qui est une vertu nécessaire pour naviguer dans la
complexité du monde. Il nous enseigne que « la personne prudente
cherche à comprendre la complexité de la réalité » et fait preuve de
miséricorde.
La rubrique Dossier de cette parution de l’Eglise en Martinique explore
les différents aspects de la miséricorde divine et son application dans
la vie chrétienne. Il aborde la relation entre miséricorde, pardon,
vérité, et paix, encourageant les fidèles à être miséricordieux comme
le Père céleste et à intégrer la miséricorde dans toutes leurs actions
et relations. La vie diocésaine fut marquée par la messe chrismale
le mercredi saint à la cathédrale saint Louis de Fort de France et les
célébrations pascales sur les paroisses. La messe chrismale a rassemblé
dans la joie et la ferveur des fidèles et les prêtres autour de l’évêque.
Les témoignages de la Pastorale de la santé et ceux de la Miséricorde
viennent enrichir notre foi et notre fraternité surtout en cette période
pascale.
La fête de Miséricorde divine nous rappelle également dans notre
diocèse l’ordination épiscopale de notre évêque Mgr David Macaire.
Nous l’accompagnons de nos prières pour ses 9 années d’épiscopat.
Bonne fête de la Miséricorde divine et Bon temps pascal
Que la Paix du Christ Ressuscité soit avec vous tous !
Père Crépin Hounza ■
EDITORIAL
MOT DE L’EVÊQUE
LITURGIE
VIE DU DIOCÈSE
• La Parole Dominicale
• La fonction de prêtre
• Présentation de la paroisse de Bellevue
• La messe chrismale
• Jubilé des soeurs de Saint Joseph de Cluny
Les soeurs de Saint Joseph de Cluny
célèbrent 200 ans de présence en Martinique
• Des Burundais au Centre Hospitalier
Universitaire de Martinique (C.H.U.M.)
• Formation de la P astorale de la santé
District Sud
• Miséricorde Divine révélée :
message de sainte Faustine et héritage de
saint Jean Paul II
• Les Grâces de la Miséricorde divine
• Devenez prêtres !
• Pape François - Mercredi 20 mars 2024
Catéchèse • Les vices et les vertus :
La prudence
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EGLISE UNIVERSELLE
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AN TJÈ LÉGLIZ-LA 18
Dossier :
SOYEZ MISÉRICORDIEUX
COMME VOTRE PÈRE CÉLESTE
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EDITORIAL 2
AGENDA DE L'EVEQUE 19
DIRECTEUR DE PUBLICATION : Jean-Michel MONCONTHOUR
RÉDACTEUR EN CHEF : père Crépin HOUNZA
MISE EN PAGE – IMPRESSION
Caraïb Ediprint – Bois Quarré – 97232 Lamentin – Tél. 05 96 50 28 28
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Commission paritaire N° 1115L87225
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Archevêché de la Martinique – Rue du R.P. Pinchon
97200 Fort de France - Tél. 05 96 63 70 70
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 3
MOT DE L’ÉVÊQUE
«A
ujourd’hui ne ferme pas
ton cœur et écoute la voix
du Seigneur ! ». D’après
saint Jean-Bosco (1815-1888), grand
éducateur de jeunes, un garçon
chrétien sur trois serait appelé par
Dieu à devenir prêtre. Nous sommes
loin du compte. La question n’est
pas de savoir si « nous manquons
de prêtres », la question est de
savoir s’il n’y a pas des centaines
de jeunes gens aujourd’hui et des
milliers d’hommes hier qui ratent
ou ont « raté leur vocation ». C’est-
à-dire qui n’ont pas entendu l’appel,
ou, pire, qui l’ont entendu mais qui
n’ont pas répondu.
Ne pas répondre à l’appel de Dieu est
un acte grave. On peut y gâcher sa vie.
Des hommes dans ce cas témoignent
que rien ne fait disparaître le regret
et une certaine tristesse de n’avoir
pas eu le courage de suivre l’appel
du Père : ni une tendre épouse, de
charmants enfants et une carrière
réussie, ni une boulimie de travail, de
générosité, d’engagements religieux
ou socio-politiques, ni, n’ont plus, le
déni ou la fuite dans la débauche ou
dans des sociétés philosophiques…
Il reste toujours un petit goût amer.
Souvenons-nous du jeune homme
riche qui, incapable de tout quitter
pour Jésus, s’en va tout triste.
Souvenons-nous du sage grand frère
du fils prodigue qui refuse l’invitation
de son Père et reste seul dans les
ténèbres. Souvenons-nous de l’exil
d’Israël lorsqu’il n’a plus écouté
la voix du Seigneur… Ce n’est ni
une menace ni une punition, mais
une conséquence que beaucoup
oublient : dire « non » ou ignorer
l’appel du Père, prétendre que nous
avons un autre projet de vie, moins
exigeant et plus raisonnable, est une
faute. Ce n’est pas sans conséquence
dans la vie d’un être humain quel
qu’il soit… et en particulier ceux
que Jésus appelle personnellement
à « tout quitter pour le suivre »
(Mc 10,28).
Aujourd’hui, il y a des raisons mul-
tiples pour lesquelles les enfants et
les jeunes hommes appelés passent
à côté du projet de Dieu :
• Les familles catholiques se taisent.
Elles ont fait peu d’enfants et ont
peur de « perdre » un fils ;
• Les communautés catholiques
(clergé et fidèles) ne sont pas
appelantes et ne montrent pas
toujours un visage conforme à
l’Evangile ;
• L’exclusion progressive des gar-
çons du service de l’Eglise et du
service de l’autel, par la présence
prépondérante des « dames », le
retrait des prêtres et des hommes
dans l’accompagnement des
jeunes ;
• La crise des abus qui ternit
l’image du clergé et fait soup-
çonner les candidats au sacer-
doce. L’Accusateur a réussi à nous
faire croire que le célibat cachait
des pratiques coupables ;
• Les attaques du monde (ambition,
sexe, séductions, blessures…)
ultraviolentes contre les jeunes.
Tous ces obstacles ne sont rien face
à la Volonté de Dieu qui t'appelle !
Quelle incroyable splendeur pour
un homme pécheur, un « pauvre
type », d’être appelé à suivre le Christ
pour enseigner, guider et sanctifier
son Peuple ! La peur du célibat et
d’avoir à tout abandonner pour Jésus
n’est pas un obstacle. Au contraire,
elle réclame un grand courage et
rend l’appel au sacerdoce unique,
authentique, « stylé » et surnaturel !
« Si nous n’avions pas de prêtre, nous
n’aurions pas Notre Seigneur : Qui l’a
mis dans le tabernacle ? Qui nourrit
notre âme pour lui donner la force ?
Qui la préparera à paraître devant
Dieu une dernière fois par le sang
de Jésus-Christ ? Et si cette âme vient
à mourir à cause du péché, qui la
ressuscitera, qui lui rendra le calme et
la paix ? Le prêtre, toujours le prêtre.
Après Dieu, le prêtre c’est tout. Le
prêtre ne se comprendra bien que
dans le ciel ». (Saint Curé d'Ars)
Au fait, si tu es un garçon et que tu as
lu cette page jusqu’à la fin, pose-toi
la question ! Deviens prêtre ! Suis
Jésus, sauve le monde et sers l’Eglise :
ainsi commence la fraternité !
+ Fr David Macaire, Archevêque
de Saint-Pierre et Fort-de-France
■
Devenez prêtres !
(Cet article concerne principalement les jeunes hommes célibataires, mais tous doivent le lire
pour comprendre un peu de ce mystère et faire passer le message aux concernés)

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 6794
EGLISE UNIVERSELLE
C
hers frères et sœurs, bonjour !
La catéchèse d'aujourd'hui
est consacrée à la vertu de
la prudence. Avec la justice, la force
d'âme et la tempérance, elle forme ce
que l'on appelle les vertus cardinales,
qui ne sont pas l'apanage des chrétiens,
mais appartiennent au patrimoine de
la sagesse antique, en particulier des
philosophes grecs. C'est pourquoi l'un
des thèmes les plus intéressants du
travail de rencontre et d'inculturation
fut précisément celui des vertus.
[…]
Commençons donc par la prudence.
Ce n’est pas la vertu de la personne
craintive, toujours hésitante quant à
l'action à entreprendre. Non, c'est une
interprétation erronée. Il ne s'agit pas
non plus de la simple prudence. Accorder
la primauté à la prudence signifie que
l'action de l'homme est entre les mains
de son intelligence et de sa liberté. La
personne prudente est créative : elle
raisonne, évalue, cherche à comprendre
la complexité de la réalité et ne se laisse
pas submerger par les émotions, la
paresse, les pressions, les illusions.
Dans un monde dominé par les
apparences, les pensées superficielles
et la banalité du bien et du mal,
l'antique leçon de prudence mérite
d'être retrouvée.
Saint Thomas, dans le sillage d'Aristote,
l'appelait "recta ratio agibilium". C'est la
capacité de gouverner les actions pour
les orienter vers le bien, d'où son surnom
de "cocher des vertus". Prudent est celui
ou celle qui sait choisir : tant qu'elle reste
dans les livres, la vie est toujours facile,
mais au milieu des vents et des vagues
de la vie quotidienne, c'est une autre
affaire, nous sommes souvent incertains
et ne savons pas quelle direction
prendre. Celui qui est prudent ne choisit
pas au hasard : il sait d'abord ce qu'il
veut, puis il réfléchit aux situations, se
fait conseiller et, avec une vision large
et une liberté intérieure, il choisit la
voie à suivre. Certes, cela ne veut pas
dire qu'il ne peut pas faire d'erreurs,
après tout nous restons des êtres
humains, mais au moins il évitera les
dérapages majeurs. Malheureusement,
dans tous les milieux, il y a ceux qui
ont tendance à écarter les problèmes
par des plaisanteries superficielles ou
à toujours susciter la controverse. La
prudence, en revanche, est la qualité
de qui est appelé à gouverner : il sait
qu'administrer est difficile, qu'il y a de
nombreux points de vue et qu'il faut
essayer de les harmoniser, qu'il faut faire
le bien non pas de quelques-uns mais
de tous.
La prudence enseigne aussi que,
comme on dit, " le mieux est l'ennemi
du bien ". Trop de zèle, en effet, dans
certaines situations, peut provoquer du
désastre : peut ruiner une construction
qui aurait nécessité de la méthode ;
peut générer des conflits et des
incompréhensions ; peut même
déclencher des violences.
La personne prudente sait conserver la
mémoire du passé, non pas parce qu'elle
a peur de l'avenir, mais parce qu'elle
sait que la tradition est un patrimoine
de sagesse. La vie est faite d'un
chevauchement constant de choses
anciennes et de choses nouvelles, et il
n'est pas bon de toujours penser que
le monde commence avec nous, que
nous devons aborder les problèmes en
partant de zéro. La personne prudente
est également prévoyante. Une fois que
l'on a décidé du but à atteindre, il faut
se donner tous les moyens d'y parvenir.
De nombreux passages de l'Évangile
nous aident à éduquer la prudence.
Par exemple : est prudent celui qui
bâtit sa maison sur le roc et imprudent
celui qui la bâtit sur le sable (cf. Mt 7,
24-27). Sages sont les jeunes filles qui
portent de l'huile pour leurs lampes
et folles celles qui n'en portent pas
(cf. Mt 25, 1-13). La vie chrétienne est
une combinaison de simplicité et de
discernement. Préparant ses disciples
à la mission, Jésus leur recommande :
"Voici que je vous envoie comme des
brebis au milieu des loups ; soyez
donc prudents comme les serpents et
simples comme les colombes" (Mt 10,16).
Comme pour dire que Dieu ne veut
pas seulement que nous soyons des
saints, il veut que nous soyons des saints
intelligents, parce que sans la prudence,
c’est facile de s'égarer !
Source : https://www.vatican.va/content/francesco/
fr/audiences/2024/documents/20240320-udienza-
generale.html■
PAPE FRANÇOIS - Mercredi 20 mars 2024
Catéchèse • Les vices et les vertus
ELa prudence

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 55
Dimanche 7 avril 2024
laP Parole DDominicale
2
ème
Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde - Année B
P
remier jour de la semaine, par crainte
des autorités juives, les disciples se
sont enfermés dans une maison.
Les portes sont verrouillées mais cela ne
constitue nullement un obstacle pour le
Ressuscité. Il se manifeste à ses anciens
compagnons avec ces mots : « La paix soit
avec vous ! » Il leur montre ses mains et
son côté. Un tel geste pourrait troubler
fortement les disciples en les ramenant à la
dure réalité de la crucifixion de leur maître.
Rien de tel. Ils sont au contraire remplis de
joie. Jésus les salue de nouveau avec la
paix et les envoie en mission. « Comme
le Père m’a envoyé, à mon tour je vous en
envoie », dit-il. La mission de Jésus est
le fondement et le modèle de la mission
des disciples. Jésus s’est souvent présenté
comme l’Envoyé du Père. Maintenant, cette
expression « envoyé » désigne le disciple.
« Il n’y a pas de différence qualitative entre
la mission menée par les disciples et celle
de l’Envoyé du Père ».
Pour une telle œuvre, ils reçoivent le don de
l’Esprit Saint. Le Ressuscité souffle sur eux
en disant « Recevez l’Esprit Saint : ceux à qui
vous remettrez les péchés, ils leur seront
remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils
leur seront retenus. » (Jn 20,22). A partir
de ces remarques, retenons les trois
points de méditation qui suivent :
e Comme dans la scène de
la crucifixion, on retrouve
l’insistance sur le côté ouvert,
le souffle de Jésus et une
mission confiée aux disciples.
En effet :
• En Jean 19,30, le Crucifié remet
l’Esprit, en 20,22 le Ressuscité
souffle sur les siens en leur
disant : « Recevez l'Esprit Saint ».
• En Jean 19,34 un soldat transperce le
côté du Crucifié d’un coup de lance
et en Jean 20, 20.25.27 il est question
de la plaie du côté comme signe de
reconnaissance de Jésus.
• Enfin, le Crucifié donne sa place de fils
au disciple qu’il aimait, et de ce fait, ce
dernier reçoit la mission de veiller sur
celle qui deviendra la mère de tous ses
disciples (Jn 19,26-27). Le Ressuscité
confie aux siens la charge de veiller à
l’unité de la communauté et de gérer
les questions bien délicates qui s’en
suivent : à eux de décider pour qui on
retient les péchés, qui est vraiment
membre de la communauté, qui est
disciple, qui fait partie de la famille
(Jn 20,22-23).
En conclusion, la scène de la résurrection
rappelle étrangement celle de la crucifixion.
La résurrection n’est pas une revanche sur la
mort, mais elle vient comme une célébration
du combat victorieux de l’amour qui
« …est allé jusqu’au bout de la nuit de nos
doutes et de nos interrogations, jusqu’au
fond du silence de Dieu… Il est descendu
dans nos enfers. Désormais nul ne pourra
dire : ‘Là où je suis, il n’est pas venu…’ Il
a fallu que Lui, le Fils bien-aimé, mourût
dans la nuit des grands délaissements,
pour que sa résurrection fût vraiment la
résurrection de tous… Jamais il n’a rendu
Dieu si proche de l’homme. » Les plaies du
Ressuscité sont signes de sa gloire.
e Entre temps, les disciples sont devenus
frères de Jésus (Jn 20,17) et le don de
l’Esprit vient confirmer cette réalité. Ils
naissent de Dieu, la promesse de Jn 1,12-
13 est ainsi tenue. Nouvelle naissance
pour eux et pour ceux qui accueilleront
leur témoignage. Une nouvelle création
est en marche (cf. Jn 20,19-29 et Gn 1).
e Enfin, le cri de Thomas, disciple en
décalage par rapport aux propos de Jésus
(Jn 14,1-5), curieusement absent lors de la
première manifestation du Ressuscité aux
disciples, Thomas l’incrédule, devient celui
qui reconnait et proclame ouvertement la
divinité du Ressuscité. Cette profession
de foi résonne telle la conclusion
d’un long cheminement et d’un
long questionnement au sujet
de l’identité de Jésus-Christ.
Mais puisque Thomas est aussi
notre jumeau, sa profession
de foi reste à l’horizon de nos
doutes, de nos lenteurs, de notre
incrédulité. Merci Thomas.
Père Hugues Lafine,
Curé de Bellevue
■
Acte 4,32-35 • Psaume 117 (118) • 1 Jean 5,1-6 • Jean 20,19-31
LITURGIE
l’Esprit Saint. Le Ressuscité souffle sur eux
en disant « Recevez l’Esprit Saint : ceux à qui
vous remettrez les péchés, ils leur seront
remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils
leur seront retenus. » (Jn 20,22). A partir
de ces remarques, retenons les trois
points de méditation qui suivent :
Comme dans la scène de
En Jean 19,30, le Crucifié remet
l’Esprit, en 20,22 le Ressuscité
souffle sur les siens en leur
disant : « Recevez l'Esprit Saint ». disant : « Recevez l'Esprit Saint ».
première manifestation du Ressuscité aux
disciples, Thomas l’incrédule, devient celui
qui reconnait et proclame ouvertement la
divinité du Ressuscité. Cette profession
de foi résonne telle la conclusion
d’un long cheminement et d’un
long questionnement au sujet
de l’identité de Jésus-Christ.
Mais puisque Thomas est aussi
notre jumeau, sa profession
de foi reste à l’horizon de nos
doutes, de nos lenteurs, de notre
incrédulité. Merci Thomas.

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 6796
La paroisse de Bellevue
Infos pratiques :
paroisse.bellevue@
eglisemartinique.fr
11 Avenue Frantz Fanon
Bellevue
97200 Fort-de-France
Martinique
☎ 05 96 44 65 80
Horaires ouverture
secrétariat
Lundi 8h - 13h
Mardi 8h - 13h / 14h - 17h
Mercredi 8h - 13h / 14h - 17h
Jeudi 9h - 12h (démarches
funérailles et demandes de
messes)
Vendredi 8h - 13h / 14h - 17h
Samedi 8h - 11h
Permanence
des prêtres
Matin sur RDV
Sans rdv mardi 8h - 12h / 16h
- 18h45
L
a paroisse de Bellevue est dédiée au
Cœur Immaculé de Marie qui est célé-
bré le samedi qui suit la solennité du
Cœur Sacré de Jésus. Cette paroisse érigée en 1948
par les spiritains, notamment le Révérend père
Gauthier qui en était le bâtisseur, a été adminis-
trée par la congrégation du Saint-Esprit jusqu’à
juin 2015.
Cet ancrage dans cette spiritualité a donné une
couleur particulière à notre paroisse tournée outre
vers les fondamentaux sacramentaux, mais aussi
vers la formation, l’accompagnement des fidèles
et une certaine ouverture au monde.
Les curés qui se sont succédé depuis juin 2015
à la tête de la paroisse ont apporté, en lien avec
le Conseil pastoral paroissial et l’ensemble de la
communauté, des projets nouveaux contribuant
à construire les spécificités de la paroisse de
Bellevue.
Le père Hugues Lafine, secondé par le vicaire
Philibert Madrandélé, assure la charge curiale
depuis septembre 2022.
Une paroisse priante structurée
autour de mouvements actifs
La vie communautaire de la paroisse est rythmée
par la prière, l’adoration (tous les mardis de 8h à
18h45), des temps de confession et d’écoute. La
prière communautaire s’exprime en Eglise et au
cœur des quartiers composant la paroisse et est
portée par les pastorales (pastorale de la jeunesse,
pastorale des hommes, pastorale des familles,
pastorale de la santé), les cénacles (mariales,
équipes du rosaire, le rosaire permanent, le
scapulaire, la prière des mères), les groupes de
prières (fort de foi, le renouveau charismatique),
les cellules d’écoute (Padre Pio, mouvement
compassion) ; les scouts et guides de France et les
petites communautés ecclésiales (PCE).
Une paroisse rythmée par des temps
forts pour ancrer la foi de ses fidèles
La paroisse de Bellevue s’appuie sur ses cinq PCE
de quartier (Ozanam-Batelière, Saint Georges,
Texaco, Pointe de la Vierge et Clairière) pour mettre
en place une vraie vie communautaire basée sur
les familles, la visite des malades et les quartiers.
L’ambition de la paroisse est d’aller au plus près
des personnes pour ramener dans l’église ceux
qui s’y sont éloignés pour une raison ou une autre.
« Je te fais pêcheur d’hommes » dit Jésus à Simon-
Pierre, appel que nous faisons nôtre au sein de la
paroisse à travers :
• Des temps de prières, d'intercessions auprès des
familles et des temps forts d’évangélisation dans
les quartiers, notamment pendant la période du
Carême pour préparer les cœurs à la montée
pascale.
• Des forums à destination des enfants du
cheminement et de leurs parents pour répondre
à une préoccupation forte de notre archevêque,
remobiliser les parents de 35 à 45 ans et les
amener à découvrir ou redécouvrir les services,
mouvements et groupes de la paroisse, et
enrichir notre communauté.
Une paroisse marquée par la
recherche de l’unité communautaire
La communauté de Bellevue, dès la grande crise
sociétale de février 2009, a compris l’importance
de faire communauté et de créer des réseaux de
solidarité pour venir en aide aux plus démunis,
notamment nos aînés et nos malades. Ce
mouvement s’est concrétisé par :
• La mise en place du marché solidaire permettant
de créer du lien entre le monde artisanal, agricole
et les paroissiens. Pérenniser cette expérience et
en faire une opportunité pour apprendre à vivre
et manger autrement.
• Des initiatives facilitant l’unité qui fonde notre
église, tels que les repas paroissiaux, kermesse,
soirée jeunes. Nous citerons la célébration de
l’agneau pascal le jeudi saint pour incarner le
dernier repas du Christ avant de vivre avec lui et
par lui sa passion, et enfin célébrer dans la joie
sa résurrection, promesse et aboutissement de
notre foi chrétienne.
« C’est à l’amour que vous aurez
les uns pour les autres, qu’ils
reconnaîtront que vous êtes mes
disciples ». Jn 13-35.
Bureau du CPP ■
VIE DU DIOCÈSE
eglisemartinique.fr
11 Avenue Frantz Fanon

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 7
La messe chrismale :
signe d’unité et appel à la confiance
« Confiance, lève-toi ; le Maître t’appelle ! » (Mc 10, 49)
Un appel, précisément à s’avancer avec confiance en ce mercredi 27 mars 2024 pour la
Messe Chrismale célébrée en la Cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France. L'archevêque,
debout à l’entrée de la cathédrale, attendait son presbyterium. Les prêtres assemblés en
district se sont présentés à lui. Monseigneur a aussitôt lavé les mains de chaque prêtre
de son diocèse avec une eau parfumée ; un rite d’accueil, tiré d’un rituel bénédictin.
Monseigneur, par ce signe fort, redit à chacun sa confiance et sa reconnaissance.
U
n rite purificateur qui introduira
à un second appel, celui du
renouvellement des promesses
sacerdotales : vivre toujours plus unis au
Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler,
renoncer à eux-mêmes, être fidèles
aux engagements attachés à la charge
ministérielle, célébrer les sacrements,
annoncer la Parole de Dieu avec
désintéressement et charité.
Au cours de la Messe chrismale ont été
consacrés les saintes huiles et le saint
Chrême qui serviront aux sacrements pour
cette nouvelle année. A cette occasion, les
fidèles sont venus nombreux manifester
leur soutien aux prêtres unis à leur
évêque. Jour de fête donc pour notre Eglise
convoquée en assemblée sainte. La tonalité
était toutefois particulière compte tenu du
drame qui se passe en Haïti et dans les pays
en crise. Monseigneur a appelé à renforcer
notre ferveur, notre piété populaire pour
soutenir le peuple de Dieu en souffrance,
et montrer combien Dieu nous aime, Lui
qui nous appelle sans cesse à son service.
Dans son homélie il a insisté sur la confiance.
Le père Joël Thomas, prêtre originaire d’Haïti,
arrivé en Martinique en février 2023 pour y
recevoir des soins, quelques jours avant de
s’en aller vers le Père, le 27 février de cette
année, s’abandonnait déjà avec confiance
dans les mains du Père : « Seigneur, prends
ma main ! » Un exemple pour tous. Une
parole, un geste, une disposition d’âme,
pour redire la confiance qui doit nous
habiter à chaque instant de notre vie. Celle
du petit enfant qui s’avance, bras ouverts,
vers le Père. « Miséricorde divine, éveillant
la confiance contre tout espoir, j’ai confiance
en Toi ! »
Père Robert-Marie Beaufour ■

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 6798
La communauté du Couvent de Cluny a célébré les 200 ans de l'arrivée en terre martiniquaise
des Filles d'Anne-Marie Javouhey. Du 19 au 23 mars dernier, messes, exposition et animations
étaient au programme du jubilé, l'occasion pour la congrégation de regarder le passé et l'avenir.
S
œur Madeleine, originaire du
Sénégal, a rejoint la communauté
en octobre 2023 : " C'est une
grande joie pour moi d'être en mission
en Martinique, où les Filles d'Anne-
Marie Javouhey ont eu à œuvrer. Elles
ont quitté définitivement papa, maman,
frères et sœurs, pour venir ici en terre
martiniquaise. Elles ont bravé des
dangers pour pouvoir porter Jésus Christ
au monde, et ont pris tout simplement le
charisme de Sœur Anne-Marie Javouhey
qui avait l'habitude de dire : " Allez
doucement, mais ne reculez jamais ! ".
En Martinique, tout le monde connait le
couvent de Cluny grâce aux sœurs qui
ont œuvré avec un grand cœur. Pour
cela nous leur disons un grand merci ! "
Les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny,
envoyées par leur Mère fondatrice, sont
arrivées en Martinique le 27 mars 1824,
avec pour but l'éducation des enfants.
Elles s'installent d'abord à Saint-Pierre
et participent à l'émancipation des
esclaves. Le 8 mai 1902, 32 d'entre elles
périrent lors de l'éruption de la Montagne
Pelée. Cette même année, 1902 sera
marquée par la loi de la laïcisation qui
provoquera la fermeture des 37 écoles
communales tenues par les Sœurs,
du nord au sud de l'île. Les religieuses
trouveront refuge à la rue Lamartine à
Fort-de-France, avant de s'installer dans
les années 1950 à l'actuel couvent, route
de Cluny.
Dernièrement, de nombreux anciens et
actuels élèves des différents établisse-
ments d'enseignement catholique, de
Fort-de-France et de Sainte-Luce, ont
participé à la célébration du jubilé qui
a débuté le 19 mars, par une messe en
l'honneur du saint patron de la congréga-
tion, Saint Joseph. Spectacles de chants
et danses préparés par les enfants, jeux
antan lontan, expositions, messe à la
cathédrale, flash mob sur le Malecon et
concert de clôture étaient au programme
de la semaine.
La journée du vendredi 22 a été
marquée par la messe célébrée par
Mgr David Macaire et la cérémonie de
dénomination d’une grande salle qui
porte désormais le nom de Sœur Anne-
Marie Javouhey. Une autre salle qui sera
baptisée au nom de l'ancienne directrice,
Sœur Bénédicte, a également été bénie.
Le samedi 23, les anciennes élèves étaient
rassemblées pour un temps d'échange
et de convivialité qui a débuté par une
célébration eucharistique à la chapelle
du couvent, en présence de la relique de
la bienheureuse Anne-Marie Javouhey.
Catherine qui a été scolarisée à l'externat
de Cluny se souvient : " J'ai beaucoup
apprécié mes années au couvent, ça
m’a permis de renforcer ma foi. A cette
époque, contrairement à aujourd'hui, la
chapelle explosait à chaque sacrement
de la confirmation, c'était très poignant.
Les sœurs continuent à être là, et
même si elles sont beaucoup moins
nombreuses, elles ont l'air heureuses,
ça fait plaisir ". Et à Sœur Marie-Pierre,
responsable du couvent d'ajouter : "
Le Seigneur est bon. Depuis 200 ans, il
garde cette congrégation encore en vie
en Martinique. Nous espérons qu'il y
aura de la relève ! "
Virginie Monlouis-Privat■
Jubilé des sœurs de Saint Joseph de Cluny
Les soeurs de Saint Joseph de Cluny
ont célébré 200 ans de présence en Martinique
VIE DU DIOCÈSE

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 9
Mon arrivée à l’Eglise Catholique en Martinique.
Dès mon arrivée en Martinique fin octobre 2023, j’ai eu soif de
partager la joie de la prière avec les chrétiens comme j’en avais
l’habitude dans mon pays, le Burundi. Le deuxième dimanche de
mon séjour, j’ai eu la joie de participer à la messe sur la paroisse de St Christophe,
le 3ème dimanche, j’ai découvert la cathédrale St Louis de Fort-de-France et le 4ème
dimanche ce fut un réel plaisir d’être accueilli dans la communauté chrétienne du Centre
Hospitalier Universitaire de Martinique (C.H.U.M.). J’ai été invité par mes compatriotes
Burandais, car dès notre arrivée, eux, avaient déjà participé à la messe au C.H.U.M.
Un accueil comme dans ma propre famille.
L’accueil à la communauté chrétienne de l’hôpital Pierre Zobda-Quitman m’a vraiment
fait revivre ma foi. C’est une petite communauté ecclésiale très accueillante avec des
chrétiens pleins de joie. Nous avons été accueilli comme dans notre famille, et j’ai eu
la joie de rencontrer des personnes que je croisais habituellement dans le
service. Ça m’a réconforté de constater qu’à l’hôpital il y a aussi des
chrétiens qui y travaillent. A la salle de culte de l’hôpital, des moments
de partage après la messe entre les chrétiens de la communauté rappellent
la vie des premières communautés chrétiennes.
Se sentir intégré dans la communauté.
Une proposition nous a été faite avec mes compatriotes de participer à la
liturgie du dimanche le 10/03/2024. C’était un réel plaisir pour nous et Dieu
a montré que nous sommes tous unis car tous nos compatriotes, mêmes ceux
qui vivent loin étaient venus se joindre à nous y compris ceux d'une autre
confession religieuse (Protestante) qui étaient contents de partager la messe
avec nous. C’était la joie d’entendre des Martiniquais louant Dieu dans notre
langue maternelle quand nous chantions ensemble : « Sabwa Sabwa Sabwa
Maria = Ave Ave Ave Maria ». Ça m’a rappelé la joie qui régnait dans les
chrétiens les jours de la pentecôte.
Témoignages sur la vie en Martinique.
Vers la fin de ma formation en chirurgie générale
organisée sur 5 ans dans mon pays, j’ai pu obtenir
l’occasion de venir compléter mes stages de formation
au C.H.U.M. Une occasion pour partager mon expérience avec les autres
équipes médicales des pays à ressources plus avancées que les nôtres.
A mon arrivée, j’ai été bien reçu dans le service, mais au cours des
premiers jours je me heurtais à des surprises, des incompréhensions,
des cas de discorde aux urgences par certains patients qui voulaient me
dénigrer, non par la compétence mais par mon accent et qui constataient
directement que je suis étranger et même parmi les membres des équipes médicales surtout au bloc opératoire. Je me heurtais
à des personnes plus agressives, sans les connaître et je ne pouvais pas me défendre ; les premières semaines j’étais fatigué, je
m’imaginais que je suis venu dans un pays sans amour, je m’épuisais, je n’avais pas de refuge !
C’est après quelques mois, au cours de mes recherches sur internet, comme j’avais soif de rencontrer les chrétiens de l’Eglise
catholique, ma famille, j’ai trouvé le contact de l’aumônier du C.H.U.M. et je l’ai directement contacté par mail, me suis présenté
et lui ait dit que j’avais soif de rencontrer Jésus et ses fidèles à la messe. Le prêtre n’a pas tardé à me répondre ; il m’a reçu à bras
ouverts et m’a donné toutes les indications, lieux et horaires des messes. J’étais content.
Depuis que j’ai commencé à participer à la première messe de l’aumônerie à l’hôpital Pierre Zobda-Quitman, j’ai rencontré
des personnes différentes de celles que j’avais l’habitude de rencontrer, des gens plus accueillants et charitables qui nous ont salués
et l’aumônier m’a fait un accueil paternel et m’a accordé une attention particulière. Dès ce jour, j’ai trouvé une société différente
de celle que j’avais trouvée à l'hôpital, car j’ai commencé à ressentir l’amour fraternel.
Dans nos services et même à l'hôpital, j’ai vu un changement énorme parce qu’il organise des temps de prières pour l’hôpital.
Je peux dire que j’ai appris à aimer la Martinique à partir de l’aumônerie.
Que Dieu bénisse la Martinique et l’Eglise catholique en Martinique! Amen !
Témoignage du
Dr Nzoyisenga
Jérémie
Dr Ndayiragije
Ildephonse
Vers la fin de ma formation en chirurgie générale
organisée sur 5 ans dans mon pays, j’ai pu obtenir
l’occasion de venir compléter mes stages de formation
au C.H.U.M. Une occasion pour partager mon expérience avec les autres
A mon arrivée, j’ai été bien reçu dans le service, mais au cours des
premiers jours je me heurtais à des surprises, des incompréhensions,
des cas de discorde aux urgences par certains patients qui voulaient me
dénigrer, non par la compétence mais par mon accent et qui constataient dénigrer, non par la compétence mais par mon accent et qui constataient
Une proposition nous a été faite avec mes compatriotes de participer à la
liturgie du dimanche le 10/03/2024. C’était un réel plaisir pour nous et Dieu
a montré que nous sommes tous unis car tous nos compatriotes, mêmes ceux
qui vivent loin étaient venus se joindre à nous y compris ceux d'une autre
confession religieuse (Protestante) qui étaient contents de partager la messe
avec nous. C’était la joie d’entendre des Martiniquais louant Dieu dans notre
langue maternelle quand nous chantions ensemble : « Sabwa Sabwa Sabwa
Maria = Ave Ave Ave Maria ». Ça m’a rappelé la joie qui régnait dans les
langue maternelle quand nous chantions ensemble : « Sabwa Sabwa Sabwa
la joie de rencontrer des personnes que je croisais habituellement dans le
séjour, j’ai eu la joie de participer à la messe sur la paroisse de St Christophe,
le 3ème dimanche, j’ai découvert la cathédrale St Louis de Fort-de-France et le 4ème
dimanche ce fut un réel plaisir d’être accueilli dans la communauté chrétienne du Centre
Hospitalier Universitaire de Martinique (C.H.U.M.). J’ai été invité par mes compatriotes
L’accueil à la communauté chrétienne de l’hôpital Pierre Zobda-Quitman m’a vraiment
fait revivre ma foi. C’est une petite communauté ecclésiale très accueillante avec des
chrétiens pleins de joie. Nous avons été accueilli comme dans notre famille, et j’ai eu
Des Burundais au Centre Hospitalier
Universitaire de Martinique (C.H.U.M.)
(Témoignages recueillis par la Pastorale de la santé)

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 67910
La Pastorale de la Santé a organisé le samedi 3 février
2024, à la paroisse Saint Jean-Baptiste de Rivière-Salée,
la formation des membres du Service Evangélique des
Malades (S.E.M.), composé des visiteurs de malades, des
ministres extraordinaires de communion à domicile et de
leurs accompagnants, des 14 communes du district Sud. La
rencontre avait pour objectifs d’améliorer l’administration
du sacrement de l’Eucharistie aux malades et de former les
ministres aux gestes et attitudes à avoir.
Q
u’est-ce que le S.E.M. ? C'est
un service paroissial sous la
responsabilité du curé, relié à
la Pastorale de la Santé. Il est constitué
d’équipes de chrétiens bénévoles qui
visitent toute personne malade, en
situation de handicap, âgée ou isolée
qui le désire, soit à domicile, soit dans
les maisons de retraite ou foyers-
logement qui sont sur le territoire
paroissial. Les visiteurs répondent à
l’appel du Christ : « J’étais malade et
vous m’avez visité. » (Mt 25, 36)
Après la messe présidée par le père
Robert-Marie Beaufour, prêtre délégué
à la Pastorale de santé et aumônier
du CHUM, au cours de laquelle il
a exhorté à vivre les 5 essentiels de
la vie du disciple missionnaire pour
croître spirituellement, le responsable
diocésain de la P astorale, Franck Smith,
a débuté la formation par un rappel des
rôles et missions des différents services
de la Pastorale diocésaine.
La matinée s’est poursuivie par
l’enseignement du père Robert-Marie
sur le thème : « Martinique, oasis
de miséricorde. Comment nos sens
révèlent-ils la miséricorde du Père en
Martinique »
Un rappel a été fait sur le mot de
notre archevêque lors de la fête de
la divine miséricorde le dimanche
après Pâques : « Je reçois, je vis, je
fais miséricorde dans la puissance
du Saint-Esprit. Que chacun se
détache de la blessure de son cœur
pour considérer la blessure de l’autre.
C’est difficile, mais c’est l’unique voie
possible vers la Vraie Vie. » Après cette
introduction, les participants sont partis
en carrefours.
Chaque groupe a réfléchi sur une des
quatre questions suivantes :
➊Miséricorde. Qu’évoque ce mot pour
nous ? Avons-nous une expérience de
miséricorde à partager ? ➋Qu’évoque
l’expression Miséricorde divine » pour
nous et pour le monde d’aujourd’hui ?
➌ Miséricorde pour les frères et les
sœurs. Quelles difficultés rencontrées ?
Quelles joies reçues ?➍Comment
témoigner la miséricorde auprès des
personnes malades et/ou souffrantes ?
Les remontées ont été riches et clôturées
par un chant qui a montré comment nos
cinq sens révèlent la miséricorde du Père :
• Les oreilles : permettent d’écouter la
Parole de Dieu, de faire silence pour
accueillir la parole de l’autre, du malade.
Nous avons une langue et deux oreilles
pour entendre, écouter deux fois plus
que parler…
• Le regard : C’est la lampe du corps. Le
regard du Christ se pose partout. Quel est
mon regard sur la fin de vie ?...
• Le toucher : Jésus touche et se laisse
toucher (attention aux touchers non
chastes). Le toucher se doit d’être
délicatesse…
• L’odeur : notre vie peut transpirer la
bonne odeur du Christ, le parfum de
vie…
• Le goût : de la miséricorde. C’est le lieu
de l’échange. Il faut prendre le temps.
Attention à la langue de vipère qui blesse
l’autre…
Père Robert-Marie a conclu son propos
par cette invitation : Prenons le temps
d’un regard juste, d’une belle écoute,
d’une proximité touchante, du sens des
autres, du goût du partage et alors le
peuple martiniquais sera guéri ; et par cette
prière EPHATA : ouvre-nous, Seigneur, à
ta miséricorde et nous serons ouverts à la
miséricorde de Dieu.
Comité de la Pastorale de la santé■
Formation de la P astorale de la santé
District Sud
VIE DU DIOCÈSE
la formation des membres du Service Evangélique des
Malades (S.E.M.), composé des visiteurs de malades, des
ministres extraordinaires de communion à domicile et de
leurs accompagnants, des 14 communes du district Sud. La
la divine miséricorde le dimanche
après Pâques : « Je reçois, je vis, je
fais miséricorde dans la puissance
du Saint-Esprit. Que chacun se
C’est la lampe du corps. Le

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 11
Miséricorde Divine révélée :
message de sainte Faustine et héritage de saint Jean Paul II
Témoignage pour « l’apostolat de la Miséricorde Divine en Martinique »
T
rès chers frères et sœurs,
Nous avons tous constaté
à quel point notre société
contemporaine est chamboulée. Plus
besoin de détailler les bouleversements
dans le domaine de l’éducation,
professionnel, et même religieux par
rapport au début du 20e siècle. Sachez
qu’il en était de même à l’époque de
sainte Faustine. Après la Première
Guerre mondiale, tant de familles
ont été détruites à cause des décès,
des blessures physiques mais aussi à
cause des souffrances psychologiques.
Beaucoup de relations familiales ont
été détruites. Les relations politiques
internationales étaient très détériorées
dans l’entre deux guerres. Le manque
d’amour, le manque de pardon et le fort
dégoût du prochain annonçaient déjà
le deuxième grand conflit mondial. C’est
pour cette raison que Jésus est apparu
à Sr Faustine. C’est pour nous révéler la
grandeur de sa Miséricorde.
Le 22 février 1931, au monastère de
Plock, Jésus s’est révélé à une simple
Polonaise, Helena Kowalska, encore
appelée Sr Faustine, afin de nous aider
à connaître la profondeur de son amour.
Le Seigneur ne cesse de nous interpeller
et de nous dire : « Je t’aime mon enfant,
reviens à moi. »
Ce tableau qu’il a fait peindre est un
signe d’amour qui nous rappelle que
tant que nous sommes vivants, l’heure
du jugement n’a pas sonné. Nous
devons adorer notre Seigneur, dire notre
chapelet, faire la neuvaine à la Divine
Miséricorde constamment pour le louer,
et lui déclarer notre amour, mais aussi à
nos frères et sœurs.
Dieu a tant aimé le monde, qu’il nous
a donné son fils unique. Il est le Dieu
unique, seul Seigneur qui s’est laissé
mourir sur la croix pour nous sauver de
nos péchés. La Croix de Jésus est l’Arbre
de la Vie. Jésus est le fruit de cet arbre,
l’Agneau de Dieu qui nous est offert.
Dans sa miséricorde, Dieu nous offre ce
fruit dans l’Eucharistie qui donne la Vie
éternelle à celui qui le mange.
Notre Seigneur est rempli de Miséricorde.
Il veut la partager avec nous, afin que
nous soyons à sa ressemblance et
que nous devenions les vrais enfants
de Dieu. Il voit notre détresse et jette
un regard de compassion envers
notre misère. Dieu nous aime et nous
a donné comme commandement de
nous aimer, de pardonner sans cesse,
d’être miséricordieux, à son image. Il
nous laisse à travers sainte Faustine un
commandement d’Amour que nous
devons poursuivre inlassablement.
La fête de la Miséricorde, une semaine
après Pâques, nous rappelle que Dieu
est là chaque jour, qu’il veut nous aider
et nous accompagner à chaque instant
de nos vies. Sur le tableau de Jésus
miséricordieux, nous regardons les
mains et les pieds transpercés du Christ,
les rayons rouge et blanc représentants
le sang et l’eau versés pour nos péchés
et nous répétons inlassablement, « Par
ta douloureuse passion, prends pitié de
nous et du monde entier… Et… Jésus,
j’ai confiance en toi… ». Nous sommes
invités à avoir tous à la maison une copie
de ce tableau, que nous devons vénérer
en priant le chapelet et en commençant
la neuvaine le jour de sa mort.
Frères et sœurs, Jésus nous aime. Par
l’intercession de notre Saint-Père , le pape
Jean-Paul II, qui a instauré cette grande
fête après Pâques, et qui a bénéficié de la
miséricorde de Dieu lors de son attentat
à Rome le 13 mai 1981, demandons
au Seigneur de nous aider à l’adorer,
à aimer notre prochain, à pardonner
et à vivre l’Amour en enfant de Dieu.
Saint Jean-Paul II nous invite à vivre la
Miséricorde Divine quotidiennement,
dans nos relations familiales, amicales et
professionnelles, à donner, à pardonner,
à faire preuve de charité, à aimer. Il nous
demande de suivre la volonté du Christ
et de construire avec nos frères et sœurs
une civilisation d’amour et d’espérance.
Nous rendons grâce à Dieu, pour
la présence dans notre diocèse du
mouvement « Apostolat de la Miséricorde
Divine », composé de 18 groupes. Son
rôle est de se laisser former par Jésus
pour devenir, à l’image de Ste Faustine,
Apôtre de la Miséricorde.
Père Jan Mielewski, curé du François■
professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner, professionnelles, à donner, à pardonner,

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 67912
VIE DU DIOCÈSE
En ce deuxième dimanche de Pâques, nous revivons encore une fois ce mystère central de
notre foi et nous l’approfondissons sous l’angle de la Miséricorde divine. Dieu laisse éclater
sa gloire à Pâques en nous dévoilant ce qu’il est intrinsèquement : il est Miséricorde !
➊ Qu’est-ce que la miséricorde ?
L
a miséricorde, littéralement,
c’est le cœur qui se penche sur
la misère. La miséricorde n’est,
en aucun cas, un laisser-faire devant
l’injustice ou la violence et encore moins
une vague compassion sentimentale
devant la souffrance ou la blessure
d’autrui. Ce n’est pas vivre, disait
Benoît XVI, "comme si le bien et le mal
étaient égaux sous prétexte que Dieu ne
peut être que miséricordieux. Ce serait là
une tromperie"
Pour le Saint-Père, le pape Jean-Paul II,
" La miséricorde est nécessaire pour faire
en sorte que chaque injustice du monde
trouve son terme dans la splendeur de
la vérité "
C’est pourquoi nous ne devons pas
avoir peur du mot miséricorde. "Si,
parfois, l’homme contemporain n’a
pas le courage de prononcer le mot
"miséricorde", ou si, dans sa conscience
dépouillée de tout sens religieux, il n’en
trouve pas l’équivalent, il est d’autant
plus nécessaire que l’Eglise prononce ce
mot, pas seulement en son propre nom,
mais aussi au nom de tous les hommes
de notre temps "
➋ La miséricorde,
retour de l’homme vers Dieu
La Miséricorde divine s’exprime avant
tout à l’égard de l’homme blessé, défiguré
par le péché, trahi et humilié par les
hommes. Elle est ce qui le restaure dans
sa dignité et sa vraie liberté de fils égaré.
La Miséricorde divine, dont l’Ecriture est
remplie, est la fidélité inlassable de Dieu
à son amour pour l’homme, malgré tout
le péché dont celui-ci se rend coupable.
La Croix, comme accomplissement de
la Rédemption de l’homme, est à la fois
la manifestation de l’abîme du mal et
du péché et « une révélation radicale
de la miséricorde... La Croix est comme
un toucher de l’amour éternel sur les
blessures les plus douloureuses de
l’existence terrestre de l’homme ». C’est
pourquoi, la miséricorde resplendit-
elle particulièrement sur le visage du
Christ en sa Passion : « Tu t’es épuisé
mortellement. Ils t’ont mortellement
détruit. Cela s’appelle la Miséricorde.
Et pourtant tu es resté beau. Le plus
beau des enfants de l’homme. Une telle
beauté ne s’est plus jamais reproduite.
Oh, quelle beauté difficile ! Cette beauté
s’appelle Miséricorde. » (Poème de Karol
Wojtyla, jeune prêtre, devant un Christ
aux outrages.)
Nous touchons aujourd’hui ce cœur du
Christ qui nous révèle la M iséricorde
divine infinie qui se déverse sur notre
misère. Il n’y a aucune mièvrerie dans
la miséricorde ; c’est au contraire une
réalité de force et de puissance. Saint
Jean-Paul II avait défini la M iséricorde
divine comme : « La Toute-puissance de
l’Amour divin venant mettre une limite
infranchissable au mal. » En cette période
si difficile dans laquelle nous vivons
actuellement, il nous est bon d’entendre
cette Bonne Nouvelle : LE MAL N’AURA
PAS LE DERNIER MOT.
En œuvrant pour la miséricorde,
l’homme participe à cette limite que
Dieu impose au mal selon la puissante
expression de saint Jean-Paul II : « La
limite imposée au mal, dont l’homme
est l’auteur et la victime, est en définitive
la Divine Miséricorde ». Envoyés au
monde entier, nous sommes confrontés
de plein fouet au mal, aux péchés des
hommes, les nôtres et ceux des autres.
Qui nous libérera des sacs poubelles
qui empuantissent nos cœurs ? Jésus est
comme le grand Éboueur qui peut tout
débarrasser, tout laver. Ce que Jésus a fait
avec audace de son vivant, ce pouvoir de
pardonner les péchés qui n’appartient
Les Grâces de la Miséricorde Divine

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 13
qu’à Dieu seul, la folie de l’amour
divin va aller jusqu’à le transmettre à
des hommes eux-mêmes pécheurs,
pour qu’ils puissent en faire profiter
largement leurs frères. Aujourd’hui, les
successeurs des Apôtres, les évêques, et
leurs collaborateurs, les prêtres, sont les
serviteurs de ce mystère de miséricorde
inouï : le pardon des péchés. Rien ne
peut empêcher la miséricorde divine
de guérir, de soigner, de relever, de
restaurer. C’est vraiment une bonne
nouvelle, un évangile, qui mérite d’être
rappelé chaque dimanche dans la prière
du Credo : JE CROIS A LA RÉMISSION
DES PÉCHÉS ! Jésus est le grand
restaurateur, celui qui fait rattraper le
temps perdu, celui qui a des moyens qui
nous dépassent pour réparer les gâchis.
➌ Les graces que le Seigneur
déverse sur les fidèles
le Dimanche de la M iséricorde
Les grâces que le Seigneur déverse sur
les fidèles le D imanche de la Miséricorde
sont vraiment extraordinaires. « Je désire,
disait Jésus à Sainte Faustine, que la fête
de la miséricorde soit le recours et le
refuge pour toutes les âmes, et surtout
pour les pauvres pécheurs. En ce jour,
les entrailles de ma miséricorde sont
ouvertes, je déverse tout un océan de
grâces sur les âmes qui s’approcheront
de la source de ma miséricorde ; toute
âme qui se confessera et communiera
recevra le pardon complet de ses fautes
et la remise de leur punition ; en ce jour
sont ouvertes toutes les sources divines
par lesquelles s’écoulent les grâces ;
qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher
de Moi, même si ses péchés sont comme
l’écarlate. » (Petit Journal 699).
En examinant ces paroles de Jésus, on
voit que ce qui est essentiel dans la fête
de la Miséricorde c’est la rencontre de
l’homme conscient de son péché avec
le Père plein d’amour. C’est la rencontre
de deux cœurs. Sainte Faustine qui
expérimenta cette union mystique en
1937, en donne le témoignage dans son
Journal : « Le dimanche de Quasimodo,
c’est-à-dire la fête de la Miséricorde.
Le matin, après la sainte Communion,
mon âme est demeurée plongée en la
Divinité ; j’étais unie aux trois Personnes
Divines de telle façon qu’étant unie à
Jésus, je l’étais en même temps au Père
et au Saint-Esprit. Mon âme s’est plongée
dans une joie inconcevable et le Seigneur
me fit connaître tout l’océan et l’abîme de
son insondable miséricorde. Oh ! si les
âmes voulaient comprendre combien
Dieu les aime. Toutes les comparaisons,
même les plus tendres et les plus fortes,
ne sont que de pâles reflets, comparées
à la réalité » (P. J.1073)
Celui qui prend l’initiative de l’amour
et qui sort avec le désir de remplir
pleinement tous les besoins de l’homme
dont le premier est la grâce du pardon :
c’est toujours Dieu lui-même. « Je désire
me donner aux âmes, je désire les âmes,
ma fille. Pendant ma fête, la fête de la
Miséricorde, tu vas parcourir le monde
entier et amener les âmes défaillantes
à la source de ma miséricorde. Je les
guérirai et je les fortifierai » (P. J. 206).
Dieu veut rencontrer chaque homme,
indépendamment de sa condition
spirituelle. Il invite à cette rencontre de
grands saints et de grands pécheurs.
Oui, tous les dimanches, la Miséricorde
divine nous renouvelle le cadeau
fabuleux de cette rencontre, la plus
réelle qui soit avec Jésus ressuscité.
Et pour les plus conscients et les plus
amoureux, c’est possible de le vivre tous
les jours. La miséricorde de Jésus qui n’a
pas peur de venir nous bousculer dans
nos fausses certitudes, nous dit : « Cesse
d’être incrédule, sois croyant ! » vient
nous faire basculer dans la foi en disant :
MON SEIGNEUR ET MON DIEU !
Acceptons de rentrer dans la logique
divine qui nous dépasse. Acceptons de
nous laisser guider par la miséricorde !
N’arrêtons pas de faire miséricorde à
tous ceux qui nous blessent chaque jour
pour que notre Martinique, « belle île
aux fleurs » puisse jouir d’une parfaite
beauté divine qui nous rappelle que
Jésus Miséricordieux est bien présent
dans notre pays.
Jésus Miséricordieux,
j’ai confiance en toi !
Sylviane Rotsen ■

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 67914
DOSSIER
Le premier dimanche après Pâques est consacré depuis l’an 2000, lors de la canonisation
de sainte Faustine par le saint pape Jean-Paul II comme le dimanche de la Divine
Miséricorde. En effet, le Christ, dans ses apparitions à sainte Faustine disait : “La fête
de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement
le premier dimanche après Pâques.” Or de ses entrailles, ont coulé de la Croix, le Sang
et l’Eau. Derniers éléments du don total et entier de Lui-même, signe de la vie et de
l’amitié entièrement données pour notre salut.
C
’est du côté ouvert de Jésus
que sa Miséricorde a dit ses
derniers mots. La Miséricorde
est l’attitude qui caractérise
profondément Dieu. Car Dieu est
Amour, lent à la colère et plein de
pardon. Or tout pardon sourd de
la vérité qui est le dévoilement de
soi suivi de la reconnaissance et de
l’acceptation de soi comme tel pour
la paix véritable. C’est en ce sens
que je voudrais mettre en exergue
la Miséricorde divine à laquelle
nous sommes invités en lien avec le
Pardon qui reste une de nos grandes
difficultés en tant que chrétiens.
Le refus de pardonner entretient la
haine, la rancœur et la rancune avec
une perpétuelle colère destructrice
de soi. Le refus de pardonner est une
décision unilatérale de s’emprisonner
et de tourner inutilement toute sa vie
autour d’un événement malheureux
au cœur de la multitude de bonheurs
que Dieu sème dans nos vies que
nous bloquons malheureusement
par l’entretien d’un fait apprécié
négativement. Pour pardonner ou
demander pardon, il faut accueillir
la vérité de soi et sur soi. Cette vérité
nous conduit à la paix du cœur, don
inouï et quotidien que Dieu nous
propose au cœur de sa Miséricorde.
La miséricorde, entre autres traits
de caractère, s’exprime à travers
le Pardon, la Vérité et la Paix. Trois
visages du Dieu Miséricordieux sur
lesquels je me permets ici d’attirer
notre attention, car l’application de
ces trois points nous porte à ‘’être
Miséricordieux comme notre Père
Céleste est Miséricordieux.”
Soyez miséricordieux
comme votre Père céleste

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 15
Le 08 décembre 2015, le pape François avait
ouvert les portes du Jubilé de la Miséricorde.
Ce qui signifie, en partant du sens
étymologique du mot ‘Miséricorde’, que le
cœur et les entrailles de l’Église s’ouvraient.
En effet, le mot "miséricorde" désigne, en
hébreu, le cœur profond, les "entrailles"
qui frémissent sous le coup de la douleur
et de la peine. La miséricorde trouve donc
son sens en face de la douleur et de la peine
de quelqu’un qu’on aime. Elle apparaît
donc comme l'attachement profond d'un
être pour un autre et particulièrement
de Dieu pour l'homme. Cet attachement
profond provoque la souffrance chez
le Miséricordieux. Ainsi Dieu, devant
nos malheurs, nos souffrances et notre
condition de pécheur, est bouleversé. Et
du coup, il laisse s’ouvrir son cœur et ses
entrailles. Dans un grand mouvement
d'amour pour nous, il nous manifeste sa
tendresse, nous aide concrètement dans
nos vies, nous témoigne sa "Miséricorde",
nous pardonne nos manquements, nos
faiblesses, nous envoie son Fils.
C’est dans le but d’accomplir en l’homme
son dessein d’amour que Dieu envoie
son Fils et manifeste sa bonté qui lui
fait pardonner les fautes des hommes
et renouveler l’homme dans sa dignité
et le combler du bonheur voulu dès
la création. Nous sommes invités à
contempler ce Visage Miséricordieux de
Dieu afin de devenir Visages du Visage
divin pour nos frères et sœurs. Ce Visage
qui se pose sur la misère du pécheur,
le relève et le rétablit dans la grâce de
la filiation par le Pardon. Le pardon,
c'est la remise de dette ou l’accord de
grâce à quelqu’un ou à soi-même. En
découpant ce mot, nous avons ‘Par’,
qui vient du grec ‘para’, qui signifie à
travers, pour ou au-delà. Nous avons
aussi «don». Pardon signifie alors ‘l’au-
delà du don’. Ainsi donc, le pardon est
ce qui dépasse l’homme. Il faut que
l’homme passe lui-même pour pouvoir
pardonner. Il faut donc quelque chose
d’autre, venu d’ailleurs comme la grâce
pour parvenir au pardon. Le pardon
appelle la grâce qui est toujours gratuite.
Il nécessite un pas à faire, une espèce
d'effort qui dépend de celui qui donne
et aussi de celui qui reçoit le pardon.
Le pardon n’est donc pas quelque
chose d'automatique ! Pour y arriver,
on a besoin du désir, de la volonté et
de l’action. Désirer recevoir ou donner
le pardon est la première condition
pour que le pardon puisse trouver sa
circularité essentielle. Il s’agit de se
sentir comme une terre assoiffée qui
attend d’être arrosée par la source du
pardon qu’est la Miséricorde. Mais, du
fait que le pardon n’est pas une réalité
évidente avec exigence d’un pas de plus,
il faut de la volonté pour se résoudre à
entrer en action qui est, soit demander
le pardon ou soit l’accorder. Désirer,
vouloir et agir sont les trois maillons
forts qui favorisent la manifestation de
la miséricorde par le pardon donné et
reçu. Quand nous parlons de maillons,
ceci nous permet de définir autrement
la miséricorde et le pardon.
En effet, le terme miséricorde peut,
sans trop être forcé, donner deux mots :
misère et corde. Ainsi, nous pourrons
nous permettre de définir la
miséricorde comme « les cordes qui
sont lancées à la misère. » L’homme
pécheur est tenu en esclavage. Le
pardon vient comme pour libérer
le pécheur des liens de cette corde
de la misère esclavagiste grâce à la
corde nouvelle que la Miséricorde
lance à cette misère pour libérer.
Il y a donc deux cordes en jeu. La
corde du péché assimilée et vaincue
par la corde de la miséricorde qui
opère par le mystère du Pardon. La
miséricorde, avant d'être alors un
acte, est un état. Le miséricordieux est
celui qui sait voir : « J'ai vu la misère
de mon peuple et je suis descendu
pour le délivrer » (cf. Ex. 3). Le pardon
accordé ou reçu est donc la victoire
de la Miséricorde sur le péché.
Celui qui désire, veut et demande
ou accorde le pardon, c’est celui qui
décide que la Miséricorde de Dieu
soit victorieuse. C’est celui qui désire
se libérer pour avancer au large de la
vie. Or nous connaissons le visage de
cette Miséricorde : c’est Jésus-Christ
que nous sommes invités à imiter.
Ainsi, vivre le pardon, c’est permettre
à Jésus de réaliser encore une fois
la victoire de la Croix. Le ‘’Père,
pardonne-leur, car ils ne savent pas
ce qu’ils font’’ se redit et re-consacre
la geste de salut à chaque sacrement
du pardon. Toutefois, pour parvenir
à la démarche de pardon, il nous faut
reconnaitre, accueillir la vérité que
Jésus dévoile sur nous-mêmes. La
Vérité, comme le Pardon, est l’autre
Visage du Dieu Miséricordieux.
Le pardon est la manifestation de la Miséricorde

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 67916
DOSSIER
La vérité est le vivier de la Miséricorde
La miséricorde est une réalité centrale
et vitale parce que salvatrice pour le
chrétien. Il ne s’agit pas d’un attribut
parmi tant d’autres de Dieu, c’est
tellement davantage. « La miséricorde
est un reflet de la gloire de Dieu en ce
monde et le sommet, l’essence même du
message que Jésus-Christ nous a donné
et que nous devons transmettre à notre
tour ». Or les balises de ce message de
Jésus-Christ se résument en ces trois
mots clés qui définissent Jésus lui-
même : « Je suis le Chemin, la Vérité et
la Vie ». Si nous tenons pour vrai que
le juste milieu est toujours l’équilibre,
la Vérité est donc le point de mire de
Celui qui est le visage de Miséricorde
du Père. On ne saurait donc parler de
Miséricorde sans Vérité. Si pour Thomas
d’Aquin, la vérité est l’adéquation de
l’intellect aux choses, parler de la Vérité
de la Miséricorde, c’est bien parvenir à
cette adéquation de ce que je découvre
de la Miséricorde et le véritable sens
de la Miséricorde. Dire autrement,
c’est parvenir à l’adéquation de mes
vues avec celle de Jésus. C’est aussi
vivre une adéquation entre ma foi en
la Miséricorde et mes actes et paroles.
Ainsi donc, si je crois en la miséricorde
de Dieu, je ne peux la prouver que dans
la vérité qui transparait dans ma vie. Je
ne saurais donc me décider d’aller au
confessionnal pour la célébration du
sacrement de la récollection, sans faire
option de la vérité. Toute confession
nait d’une vérité à soi et à l’autre. De ce
fait, le dialogue de la confession, c’est-
à-dire la célébration de la Miséricorde
se fait non pas à deux, confesseur et
pénitent, mais à trois. Un véritable et
valide sacrement du pardon ne peut
se célébrer qu’entre le pénitent, le
célébrant et la Vérité. Cette triangularité
du sacrement exprime bien le véritable
sens de la Miséricorde qui est d’abord
vérité de relation entre le Père, le Fils
et l’Esprit Saint, vérité de relation entre
le soi du pénitent, le sens du péché et
la puissance de la Miséricorde divine.
En partant, de l’expérience de la
rencontre d’Isaïe, de Paul, et de Pierre
dans les Écritures, il se révèle que
ces trois hommes avant de découvrir
la dimension élévatrice, salvatrice et
glorieuse de la Miséricorde de Dieu,
ont dû faire la vérité avec eux-mêmes
et confesser la vérité de leur état de
pécheur. Isaïe, avant de devenir
prophète de Dieu, avant d’être envoyé,
a reconnu qu’il a des lèvres impures
et qu’il habite un peuple aux lèvres
impures. (Is. 6,1-2a. 3-8). Cette vérité sur
lui-même suscite la Miséricorde de Dieu.
Ces lèvres sont purifiées et il est envoyé
pour aller à son tour purifier le peuple
par la Parole de Dieu. Pour Simon, avant
de devenir Pierre, Pêcheur d’hommes,
il lui a fallu reconnaitre en toute vérité
qu’il est pécheur, indigne du Maître,
(Lc. 5,1-11) afin de découvrir la grâce de
devenir le premier entre tous. De même,
Saul, lors de sa rencontre initiale sur
le chemin de Damas avec le Seigneur,
avant qu’il ne devienne l’Apôtre des
Nations et intrépide Missionnaire de la
Miséricorde, a dû en vérité reconnaître
son aveuglement. (1Cor. 15, 1-11) Il ne
s’est pas voilé la face sur ses erreurs
et ses opinions limitées sur le Dieu
qu’il croyait défendre en persécutant
les chrétiens. Mais il a fait la vérité sur
lui-même et Miséricorde lui fut faite. Il
devient Autre en Dieu, il devient Paul.
La miséricorde sur fond de vérité sur soi
change notre soi passé en soi nouveau.
La vérité est donc l’expérience ultime
de la vie spirituelle. La vérité sur nous-
mêmes est porteuse de la vérité sur
Dieu. Or cette vérité sur Dieu est que
Dieu est Amour, un amour qui se donne
et est toujours prêt à pardonner, un
amour qui transforme notre passé
miséreux en présent glorieux et en futur
chargé d’espérance. Plus on vit dans la
Vérité sur soi, avec les autres et avec
Dieu, plus la Miséricorde de Dieu se
laisse contempler, éclate et infuse nos
plus intimes fibres humaines. Vérité
et Miséricorde sont les deux extrêmes
se tenant l’une et l’autre pour nourrir
la vie spirituelle. Tendre vers la vérité,
accueillir la vérité, faire la vérité sur
soi et sur l’autre, vivre dans la vérité
et de la Vérité, c’est faire option de
susciter pour soi et pour le monde la
Miséricorde de Dieu. Car la première
Vérité chrétienne est que Dieu est
Miséricorde. Le mensonge reste une
fuite de soi et un refus de la vérité de
ses responsabilités. Il porte atteinte à la
vie et à l’identité même de l’Église, Corps
du Christ. Faire option de la vérité, c’est
opter pour l’Évangile, Parole du Père
et aussi opter pour Celui en qui cette
Parole s’est incarnée Jésus-Christ lui-
même « Chemin Vérité et Vie ». Choisir
la Vérité pour le Chrétien, c’est choisir
une personne : le Christ. Il nous libère
en nous faisant Miséricorde : « La vérité
vous rendra libre » (Jn. 8, 32). C’est en ce
choix que nous trouverons la Paix dans
nos vies.

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 17
Être miséricordieux, c’est prendre le chemin de la paix
Comme le dit le pape François dans sa bulle
Misericordia vultus’’ : « Jésus-Christ est le
visage de la miséricorde du Père. »
1
.Ainsi
parler de miséricorde du Père, c’est identifier
le visage du Christ. Ce qui a un visage a un
corps et est une instance à part entière avec
une identité claire et distinguable. Par le
visage, on peut tenter de connaître l’intime
de quelqu’un. S’il a un cœur joyeux, paisible
et bon, cela se lit sur son visage paisible et
joyeux. Le visage d’un homme méchant
reflète son cœur méchant en général. Il
demeure vrai qu’il y a des visages sans
grandes significations de leur état d’âme
intérieur ; mais à y voir à travers leurs actes,
on y découvre l’homme porteur de tel ou
tel visage. Par le visage, on peut établir aussi
la filiation de quelqu’un : ‘’Qu’est-ce qu’il
ressemble à son père ou sa mère…’’ ! Le
visage peut être donc le résumé de notre
identité, de notre origine et même de notre
histoire. Et donc, dire que « Jésus est le visage
de la miséricorde du Père », c’est reconnaî tre
que la miséricorde à un visage. Ce qui signifie
qu’elle n’est pas à confondre avec une autre
entité. Elle est elle-même.
« Qui me voit, voit le Père » (Jn. 14, 9). C’est
en regardant le visage qu’est Jésus que
je vois le Père. C’est ce Visage qui nous
procure la réconciliation et la paix dans sa
Mort sur la Croix et sa Résurrection. Le don
ultime que le Ressuscité fait à ses disciples
à chaque apparition après la résurrection
est la Paix. “Je vous laisse ma Paix, je vous
donne ma Paix.” L’être de la Miséricorde
est l’Amour et l’acte de la Miséricorde est
la Paix. Jésus ne nous laisse pas sa Paix
pour être conservée au placard de nos
cœurs, mais pour la partager et la célébrer à
travers le monde. Ainsi, être miséricordieux
comme le Visage du Père, c’est prendre le
chemin de la paix au quotidien. Accorder
le pardon, faire le pas de la réconciliation
ou s’exercer aux œuvres de miséricorde,
c’est apprendre à être miséricordieux. Dit
autrement, c’est apprendre à ressembler
à Dieu-Le Miséricordieux. En fait, si je veux
avoir le visage miséricordieux de Dieu, si
je veux ressembler à Jésus, le véritable
‘’Vultus’’ de Dieu, il me faut prendre le
chemin de la miséricorde. Or ce chemin
porte la paix dans nos cœurs, dans ceux
des autres et dans le monde. Pour ce faire,
il faut apprendre à sortir du jugement des
autres, qui est un acte plus facile à poser
qu’être miséricordieux en essayant de
donner un peu plus d’espace naturel à la
compréhension, au respect et au pardon
et surtout au positif. Car tout jugement se
cramponne sur du négatif. Or le négatif
engendre le négatif et le positif engendre
du positif. Pour réussir cela, deux stratégies
pourraient être proposées pour parvenir
aux gestes miséricordieux c’est-à-dire à la
ressemblance de Dieu : la connaissance
de soi-même, ce que nous désignons par
‘’Ipsologie’’ (le discours sur soi par soi-
même)
2
et être miséricordieux.
Si je ne me connais pas moi-même, si je ne
me sais pas capable de mauvaises choses,
je ne me reconnaitrais pas pécheur et je
ne pourrais pas entrer dans le repenti
afin de provoquer la transformation de la
justice de Dieu en miséricorde et en pardon.
Autrement dit, la conséquence du repenti
est que nous devenons sujets bénéficiaires
de la miséricorde. Ce qui motive le repenti
véritable, c’est l’amour de soi que nous
appelons la philautie. Celui qui s’aime, a
honte de ses péchés devant Dieu et du coup
se décide de prendre la bonne résolution.
Car le péché nous fait perdre notre dignité
et notre place et nous met en porte-à-faux
avec nous-mêmes. C’est donc mon péché
qui me dégrade et non celui de l’autre. Il
ne s’agit donc pas de rejeter son péché
sur l’autre « C’est la femme que tu m’as
donnée… c’est le serpent… » (Gn. 3) Se
connaître soi-même, c’est reconnaître son
mal pour mieux le soigner ; se connaître soi-
même, c’est prendre le chemin de l’amour
de soi qui se dit à travers le cœur ouvert
et généreux pour soi-même. Or tout cœur
élargi et généreux, c’est le cœur qui s’ouvre
à l’autre. C’est là la deuxième stratégie : être
miséricordieux.
L’expression qui rend en acte la miséricorde
est l’élargissement du cœur. Élargir
quelque chose, c’est bien sortir la chose
de ses limites ordinaires pour lui donner
d’autres dimensions. Naturellement le
cœur est personnel et privé. Ce qui fait
que nous sommes naturellement égoïstes
et orgueilleux. Mais en l’élargissant, je
donne à mon cœur des dimensions qui
lui confèrent plus d’espace d’expression
de soi. Car « un cœur petit et égoïste est
incapable de miséricorde. » (Pape François)
Le cœur qui accepte de sortir de soi pour
voir la misère autour de lui (miseri (misère)–
cor (cœur) – dia (deux) = deux cœurs qui
se lient contre la misère ou le cœur qui se
laisse traverser par la misère) est un cœur
miséricordieux c’est-à-dire un cœur qui
refuse d’être seul et qui entre en relation
avec un cœur chargé de misère. Seul le
cœur de Dieu peut accomplir ce geste. Et
quand donc, je parviens à donner une telle
dimension ou mieux je parviens à recevoir
cette capacité d’élargir mon cœur, je le porte
à la ressemblance du cœur de Dieu qui en
me faisant miséricorde donne à mon cœur
son visage.
C’est en faisant l’expérience du bonheur de
la miséricorde divine que mon cœur s’unit
à celui de Dieu et devient un avec et que
je puis être capable de devenir artisan de
miséricorde. Et si j’ai un cœur uni à Dieu,
c’est-à-dire un cœur miséricordieux, je
ne puis qu’être en paix avec l’Autre et les
autres parce qu’en paix avec moi-même
d’abord. L’urgence de prendre le chemin
de la paix se trouve dans le fait que c’est
une nécessité vitale personnelle. J’ai besoin
personnellement d’être en paix. Plus de
haine, plus de rancœur, plus de rancune,
plus de colère. Le chemin qui mène donc
à la paix est celui de la miséricorde. Je dois
donc me faire miséricorde. Le chrétien ou
tout homme qui aspire à cette valeur d’or de
la paix du cœur et donc de relation sociale,
politique et économique doit s’évertuer
à être miséricordieux. Chrétien, si je dois
annoncer la Miséricorde, il me faut me savoir
Viator (pèlerin) de la paix. Il s’agit d’aller
vers l’autre dans un geste de réconciliation
à travers les œuvres de la miséricorde dont
parle le Pape dans sa bulle.
3
(n° 18). Soyons
miséricordieux et nous gagnerons la paix et
tout sera en paix. Jésus, prince de la Paix,
visage de Miséricorde du Père sera tout
en tous.
Père Grégoire-Sylvestre Gainsi ■
1
François, Misericordia vultus, n°1
2
cf. Grégoire-Sylvestre Gainsi, Charles de Bovelles et
son anthropologie philosophique, L’harmattan, Paris,
2014, p. 207
3
François, Misericordia vultus, N°18

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 67918
?
Question
AN TJÈ
LÉGLIZ-LA
La fonction de prêtre
‘‘
Est-ce que tous les fidèles doivent
obéir aux prêtres ?
I
l faut se rappeler que l’étymologie
du mot « obéir » c’est se mettre à
l’écoute. Il ne s’agit aucunement
d’une soumission aveugle, comme on
pourrait des fois le croire aujourd’hui,
mais d’une attitude filiale. A l’image
de Jésus, qui est venu faire la volonté
de Dieu son Père, comme on l’a
entendu récemment, lors du récit de
la Passion dans l’Evangile de Marc.
Jésus dit « Père, tout est possible
pour toi, éloigne de moi cette coupe,
cependant non pas ce que moi je
veux, mais ce que toi tu veux ». Il
s’agit de totalement faire confiance
dans le projet de Dieu, qui n’est pas
mon projet, mais, celui dans lequel
je suis appelé à grandir en humanité
et en sainteté. Ceci, autant pour les
fidèles que pour les prêtres. Faire
confiance à quelqu’un qui veut mon
bien, qui désire mon bonheur, qui
est là pour me guider. Le prêtre est
le bon pasteur qui me guide sur le
chemin qui conduit vers le Seigneur.
Il convient de lui faire confiance,
car il lui revient de prendre soin des
âmes et faire que les uns et les autres
se rapprochent du Christ.
Devons-nous obéir au prêtre de
manière aveugle ?
Il est important de signaler que
nous nous situons dans une vie de
communauté. Le prêtre guide la
communauté. Il connaît les fidèles.
Il est à leur écoute. A travers tel ou
tel projet chacun émet ses idées,
fait des propositions, et, le prêtre
doit exercer son charisme de
discernement pour déceler ce qui
est le mieux. Cela n’empêche pas
qu’il peut y avoir des confrontations
d’idées car le but n’est pas que
tout le monde soit d’accord avec le
prêtre. Mais des fois, les fidèles ne
sont pas d’accord entre eux-mêmes.
En tant que chef de famille, c’est au
prêtre de donner une direction.
Cette direction doit être mue par
l’amour des fidèles et le désir de
leur bien-être et de leur croissance
spirituelle. C’est fondamental, la
joie d’un prêtre n’est pas quand
on lui obéit mais quand le peuple
avance dans la foi.
Est-il facile de manager la
paroisse ?
Le rôle du prêtre est d’être pasteur à
l’image du Christ. Comme le Christ,
il a une communauté qui ressemble
beaucoup à celle des disciples, des
mentalités et histoires différentes.
Il doit composer avec tout cela. A
l’image des disciples d’Emmaüs,
certains sont lents à croire, d’autres
sont très zélés. Le travail n’est pas
simple, car on est au cœur de la
fonction des ressources humaines.
Il faut aider chacun à trouver sa
place et veiller à ce que soit celle
que Dieu lui destine pour exercer
ses propres charismes. La difficulté
dans l’Eglise est que chacun est
persuadé que ce qu’il veut est bon
pour lui.
N’y a-t-il pas
des personnes
qui essaient
d’être prêtre
à la place du
prêtre ?
Dans la commu-
nauté, il y a ceux qui
sont à l’écoute de l’Esprit saint, qui
vont porter le désir de l’unité, de
la communion. Ils souhaitent que
chacun trouve sa place et exercent
leur charisme, en collaboration
avec le prêtre. Il y a également
ceux qui sont convaincus que
la communauté devrait être
davantage à leur image, en gardant
certains, en mettant d’autres de
côté. Le travail à faire est de rester
ce chef de famille, pour que tous
puissent trouver leur place, en
restant dans l’amour fraternel.
Certains, malheureusement, ne
vivent pas la mission comme un
service mais comme un pouvoir.
Et dans ce cas, ils oublient qui est
leur pasteur, qui est leur frère, qui
est leur sœur.
Est-ce que l’amour suffit pour
manager ?
Il faut aimer de l’Amour du
Christ qui connaît chacun avec
ses défauts et ses qualités. La
règle de vie c’est l’Evangile. Elle
est valable pour le prêtre et pour
l’ensemble des fidèles.
Propos recueillis
par Nicole Chésimar
■
Dans la commu-
nauté, il y a ceux qui
Nous le voyons comme un moralisateur. Il nous rejoint dans nos souffrances, nos préoccupations.
Il est serviteur. Il annonce la Parole du Christ. Mais qu’en est-il du quotidien de la vie du prêtre ?
Père Wilfried Bannais répond à quelques questions.

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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 7 avril 2024 – n° 679 19
Agenda de l’Archevêque
Dimanche 7 avril : In Albis
• La veille au soir : 18h Messe dominicale
anticipée à la paroisse du Sacré-Cœur de
Balata
• 7h30 & 9h30 : Messes à la paroisse de Trinité
• 17h30 :Vêpres solennelles à la cathédrale
Saint-Louis
Lundi 8 avril :
• 10h : Messe d’action de grâce à l’Espérance
Mercredi 10 avril :
• Rencontre des confirmands de la paroisse
de Ducos
• 18h :Catéchèse de l’Évêque à Emmaüs
Jeudi 11 avril :
• Cours de Théologie
(Institut Gaston Jean-Michel - ICEA)
Du 13 au 20 avril :
• Assemblée plénière des Évêques de la Province
de la Caraïbe à Nassau (Bahamas)
Samedi 20 avril :
• 17h : Messe d’action de grâce pour le 67
ème
anniversaire
de profession d’une moniale dominicaine
à la paroisse de Sainte-Luce
Dimanche 21 avril :
• 9h : Messe au Foyer de Charité
• Récollection avec les accompagnateurs du service
catéchuménat
• 13h45 : Messe avec la P astorale Sociétale
(anniversaire du décès de Mgr Jean-Michel)
à la paroisse des Trois-Ilets
• 17h30 :Vêpres solennelles à la cathédrale Saint-
Louis
ASSOCIATION DIOCÉSAINE DE MARTINIQUE
Service legs et donations
Archevêché de Fort-de-France - 5-7, rue du Révérend Père Pinchon
BP 586 - 97207 FORT DE FRANCE CEDEX
Téléphone : 06 96 310 333 - E-mail : michel.pouch@wanadoo.fr
oui, je souhaite recevoir en toute confidentialité votre brochure pour m’informer
sur les possibilités de legs, donations et assurances-vie à l’Association Diocésaine.
oui,je souhaite être contacté pour un rendez-vous au Service des legs et
donations ou à mon domicile.
LÉGUEZ
à l’Église catholique
L’espérance en héritage
DEMANDE D’INFORMATIONS
sans engagement de votre part
Mes coordonnées ❏Mme ❏Melle ❏M.
Nom Prénom
Adresse
Code postal
Ville Téléphone
E-mail
Paroisse
(facultatif)
POUR L’ARCHEVÊCHÉ DE MARTINIQUE
99.5 - 101.3 et105.1 MHz
www.radiosaintlouis.com
Radio Saint-Louis, Rue Georges-Zaïre, ZAC Rivière Roche, 97200 Fort de France
Tél. : 05 96 71 86 04 - Fax : 05 96 71 86 05 - Courriel : radio-saint-louis@orange.fr

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DIMANCHE 21 AVRIL 2024DIMANCHE 21 AVRIL 2024
9H00 - 19H00
ARTISANAT, JEUX
BROCANTE, VÊTEMENTS
PLANTES, FRUITS & LÉGUMES
“VALORISATION DE LA PAROISSE”
ALIMENTATION, BUVETTE
PLATEAU ARTISTIQUE
paroisse de schoelcherparoisse de schoelcherparoisse de schoelcherparoisse de schoelcher
170 ANS
Kay Bondjé gran ouvè ba nou
VINI !VINI !
En s'ouvrant sur le monde autour de nous dans un élan missionnaire
KERMESSE
STANDS
de la
EN PARTENARIAT
AVEC LA VILLE DE SCHOELCHERAVEC LA VILLE DE SCHOELCHER PLACE
DESARAWAKS-FRONTDEMER
BOURGDESCHOELCHER
DIMANCHE 21 AVRIL 2024
9H00 - 19H00
ARTISANAT, JEUX
BROCANTE, VÊTEMENTS
PLANTES, FRUITS & LÉGUMES
“VALORISATION DE LA PAROISSE”
ALIMENTATION, BUVETTE
PLATEAU ARTISTIQUE
paroisse de schoelcher
170 ANS
Kay Bondjé gran ouvè ba nou
VINI !
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