La Journée mondiale de la mission que nous célébrons chaque année à la même période au mois d’octobre nous donne l’occasion de prier, d’agir et de réfléchir sur la mission à l’intérieur et à l’extérieur de notre cadre de vie afin de sortir de notre particularité pour aller à la rencontre de toute l’Église universelle.
SOMMAIRE
- EDITORIAL
- MOT DE L'ÉVÊQUE - " Les milliards ou le Miracle Ou « Veux-tu guérir ? "
- ÉGLISE UNIVERSELLE - Message du Pape François pour la 98e Journée Mondiale des Missions 2024
- LITURGIE
- VIE DU DIOCESE
- Retour sur Congrès Mission Témoignages
- Quelle est la place du Créole dans l’évangélisation ?
- À Thérèse de Lisieux docteur de l’Église et patronne des missions
- Témoignage du père Arnaud Goma sur sa mission en Martinique
- Les Soeurs Missionnaires du Saint-Esprit en Martinique
- PAGES JEUNES
- DOSSIER "LA MISSION DE L’EGLISE AUJOURD’HUI"
- AN TJÈ LÉGLIZ-LA "Le Créole dans la liturgie"
-
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Eglise
en MARTINIQUE
N° 687
REVUE DIOCÉSAINE
BIMENSUELLE – 2,00 €
20 OCTOBRE 2024
Hommage au père Filopon
Quelle est la place du créole dans l’évangélisation ?
La M Mission
Dossier : La mission de l’Église aujourd’hui
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3
Sommaire
L
a Journée mondiale de la mission que nous célébrons chaque
année à la même période au mois d’octobre nous donne
l’occasion de prier, d’agir et de réfléchir sur la mission à
l’intérieur et à l’extérieur de notre cadre de vie afin de sortir de notre
particularité pour aller à la rencontre de toute l’Église universelle.
Cette année, pour la célébration de la Semaine missionnaire, le
pape François a retenu comme thème la parabole des Noces : « Allez
et invitez tout le monde à la noce ». Le roi invite tout le monde
à la fête, symbolisant ainsi Dieu qui invite tous sans exception au
banquet. Le pape souligne la mission de l’Eglise et de tous les baptisés
de continuer à inviter les gens à cette communion, malgré les refus
et les indifférences. Il encourage les missionnaires. En développant
la dimension eschatologique et universelle du banquet de Dieu, le
pape François met en lumière sa vision pour une Eglise plus ouverte
et missionnaire au sein de laquelle tous les baptisés vivent dans le
témoignage de l’Evangile et dans l’accueil du message de salut à
tous les coins du monde.
Le dossier esquisse une réflexion intitulée : « la mission ecclésiale
d’aujourd’hui et de demain ». Dans un monde en perpétuelle
évolution, l'Église catholique continue de répondre à son appel
fondamental : annoncer l’Évangile, sanctifier les âmes, servir la
charité et former des disciples. Cette réflexion trace de nouveaux
sillons pour une pastorale qui intègre les enfants dans le grand
mouvement de l’enfance missionnaire qui aide les parents,
les animateurs, les accompagnateurs à éveiller la conscience
missionnaire chez les enfants. A travers l’œuvre pontificale de la
sainte Enfance, les enfants sont appelés à devenir des missionnaires
qui découvrent la beauté de la foi et la communiquent aux autres
enfants et parfois à leurs parents.
Notre diocèse a accueilli la Bonne Nouvelle grâce à des
missionnaires. Remercions le Seigneur pour ces missionnaires
d’hier et d’aujourd’hui. Les sœurs missionnaires du Saint Esprit et
le Père Arnaud Goma témoignent de leur expérience missionnaire
dans le diocèse.
Dans ce numéro, nous revenons également sur les fruits du
premier Congrès Mission qui a eu lieu en septembre 2024.
Nous rendons grâce à Dieu pour cet évènement magnifique et
exceptionnel avec le témoignage de quelques participants. Le
congrès Mission inaugure une nouvelle ère pour la transmission de
la Bonne Nouvelle.
L'importance du créole dans cette transmission du message de
l’Évangile est au cœur des réflexions de notre Église en Martinique
surtout en ce mois d’octobre : « oktob, mwa lang kréyol ». L’article
consacré à cette question dans ce numéro souligne que, depuis le
Concile Vatican II, l’Église a affirmé la nécessité d’inculturer la foi,
c’est-à-dire d’intégrer les cultures locales, dont les langues, dans
l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Que la Vierge Marie, Notre Dame du Rosaire, Etoile de
l’évangélisation et sainte Thérèse de l’Enfant Jésus intercèdent pour
nous afin que nous soyons des missionnaires selon le Cœur de Jésus.
Bon Dimanche à tous les missionnaires !
Père Crépin Hounza ■
« Allez … Invitez… »
EDITORIAL
MOT DE L’EVÊQUE
LITURGIE
VIE DU DIOCÈSE
• La Parole Dominicale
• La mission d’aujourd’hui :
L’Église dans le monde moderne
• La mission de demain :
vocation missionnaire et les enfants
• Le Créole dans la liturgie
• Retour sur Congrès Mission
Témoignages
• Quelle est la place du Créole
dans l’évangélisation ?
• Thérèse de Lisieux docteur de l’Église
et patronne des missions
• Témoignage du père Arnaud Goma
sur sa mission en Martinique
• Les Soeurs Missionnaires
du Saint-Esprit en Martinique
• Les milliards ou le Miracle
Ou « Veux-tu guérir ? »
• Message du Pape François pour la XCVIII
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Journée Mondiale des Missions 2024
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• Message du Pape François pour la XCVIII• Message du Pape François pour la XCVIII
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EGLISE UNIVERSELLE
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AN TJÈ LÉGLIZ-LA 18
Dossier : LA MISSION DE L’EGLISE
AUJOURD’HUI
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EDITORIAL 2
AGENDA DE L'EVEQUE 19
DIRECTEUR DE PUBLICATION : Jean-Michel MONCONTHOUR
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 3
C
’est la crise ! La Martinique vit
une nouvelle fois un moment
extrêmement douloureux. Les
militants d’une nouvelle association
ont dénoncé la vie chère qui pressure
nombre d’hommes et de femmes de
ce peuple. La cause est juste, évidente,
objective. Tout le monde en souffre,
depuis des années. C’est la énième
fois, la énième crise. Voilà que le monde
politique et économique se rassemble
autour d’une table pour trouver des
solutions, ouf ! … Pendant ce temps,
les médias frétillent, les conversations
s’échauffent, les réseaux explosent et
la rue s’embrase… au sens propre. La
violence n’attend pas. D’abord sourde,
menaçante, elle finit par se déchaîner.
Magasins, grandes surfaces, entreprises,
bâtiments publics sont attaqués, pillés,
incendiés par des bandes. Les forces
de l’ordre sont sur les dents. Tout le
monde est inquiet. Les bonnes gens
se calfeutrent. Le pays se fige. Les
travailleurs et les entrepreneurs sont
terrorisés. Certains pleurent, ils ont
tout perdu. Les divisions sociales sont
exacerbées.
On prie, on manifeste, tous reconnaissent
la justesse de l’objectif, pour une fois
tous d’accord : il est temps que les
plus modestes aient les moyens de…
consommer un peu plus. Au nom
de l’intérêt général, à la table ronde,
les divers responsables ont promis
d’y mettre du leur pour trouver des
solutions.
Mais quel type de solutions attendons-
nous !? Un réconfort passager ou un
remède de fond ? Se contente-t-on de
donner un bonbon à la menthe à une
personne qui souffre d’un cancer ?
Si l’intérêt général, dans la main des
autorités, réside dans la baisse des prix,
le Bien Commun, celui que tous nous
devons ensemble mettre en œuvre, quel
est-il ?
Les prix baisseront, nous l’espérons,
mais le sentiment de ne pas nous
en sortir par nous-mêmes va-t-il
demeurer ? La colère et la blessure
de notre âme seront-elles encore
brûlantes ? Avancerons-nous enfin
main dans la main vers un avenir sans
ressentiment, ni méfiance, ni mépris ?
Aurons-nous encore le sentiment de ne
pas être respectés ni guéris ? Nos jeunes
pourront-ils être formés pour exercer
leurs talents, trouver des débouchés
et s’épanouir chez eux ? Continuerons-
nous à consommer en majorité des
produits importés ? Serons-nous
toujours seuls dans nos voitures ?
Nous enfermerons-nous tous les soirs
devant nos écrans sans fraterniser avec
nos voisins ? Notre vie sociale sera-t-
elle toujours aussi gangrenée par le
chacun pour soi ? Les plus modestes
se sentiront-ils toujours aussi exclus de
la vie sociale et culturelle ?
La question des prix est dans les mains
du monde politique et économique.
Elle est importante et urgente. Par
contre, la question du bonheur de
vivre en Martinique dépend de nous
tous : Familles, Eglise, écoles, clubs
sportifs, fonctionnaires, administrations,
politiques, professionnels, employés,
ouvriers, artisans, cadres, patrons,
travailleurs sociaux... grands et petits,
hommes et femmes, jeunes et vieux !...
Avec la Grâce.
Mes Zanmi, si on nous propose deux
voies, deux solutions au choix :
Première solution : Les milliards. L’Etat
déverse sur l’île de quoi donner à chaque
habitant un chèque de 30.000 euros.
Deuxième solution : le Miracle. Par sa
Grâce, le Seigneur accorde la guérison
de toutes nos blessures et de toutes nos
divisions. Il fait de nous un peuple soli-
daire. Dans les familles, les quartiers, les
entreprises, les administrations etc., les
Martiniquais de toute origine coopèrent
pour s’entraider et développer le pays.
Que choisiriez-vous ?
J’ai posé la question à plusieurs publics.
Les réponses ont varié. Mais une
d’entre elles m’a marqué : alors
que ses camarades optaient pour le
chèque, un jeune m’a dit choisir le
Miracle. Pourquoi ? « Parce que, dit-il, si
nous sommes solidaires, dans quelques
années on aura bien plus que 30.000
euros chacun » !... Bel pasaj’ !
La vraie question vient de Jésus :
Martinique, « veux-tu guérir ? » (Jn 5,6)
+ Fr David Macaire, Archevêque
de Saint-Pierre et Fort-de-France
■
Les milliards ou le Miracle
Ou
« Veux-tu guérir ? »
MOT DE L’ÉVÊQUE
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 6874
EGLISE UNIVERSELLE
C
hers frères et sœurs !
Pour la Journée Mondiale des
Missions de cette année, j’ai choisi
comme thème la parabole évangélique
des noces (cf. Mt 22, 1-14). Après que
les invités ont refusé l’invitation, le roi,
protagoniste du récit, dit à ses serviteurs :
« Allez donc aux croisées des chemins :
tous ceux que vous trouverez, invitez-
les à la noce » (v. 9). En réfléchissant
sur ce mot clé, dans le contexte de la
parabole et de la vie de Jésus, nous
pouvons mettre en évidence certains
aspects importants de l’évangélisation.
Ils sont particulièrement actuels pour
nous, disciples-missionnaires du Christ,
dans cette phase finale du parcours
synodal qui, conformément à la devise
“Communion, participation, mission”,
devra relancer l’Église dans son
engagement prioritaire : l’annonce de
l’Évangile dans le monde contemporain.
1.
“Allez et invitez”. La mission
comme le fait d’aller et d’inviter
inlassablement à la fête du Seigneur
Au début du commandement du roi à
ses serviteurs, il y a les deux verbes qui
expriment le cœur de la mission : “allez”
et “appelez” dans le sens d’“invitez”.
Concernant le premier verbe, il faut
rappeler que les serviteurs avaient déjà
été envoyés auparavant pour transmettre
le message du roi aux invités (cf. vv. 3-4).
Cela nous fait comprendre que la mission
est une sortie inlassable vers toute
l’humanité pour l’inviter à la rencontre
et à la communion avec Dieu. [...]
Revenant au commandement du roi
aux serviteurs de la parabole, aller va
de pair avec appeler ou, plus
précisément, inviter : « Venez à la noce ».
(Mt 22, 4). Cela laisse percevoir un autre
aspect de la mission confiée par Dieu,
non moins important. Comme on peut
l’imaginer, ces serviteurs-messagers
transmettaient l’invitation du souverain
avec urgence mais aussi avec grand
respect et gentillesse. La mission de
porter l’Évangile à toute créature doit
nécessairement prendre le style même
de Celui qui est annoncé. Les disciples-
missionnaires proclament au monde
« la beauté de l’amour salvifique de
Dieu manifesté en Jésus Christ mort et
ressuscité », avec joie, magnanimité et
bienveillance, fruits de l’Esprit Saint
en eux (cf. Ga 5, 22) ; sans obligation,
contrainte, prosélytisme; toujours avec
la proximité, la compassion et la tendresse
qui reflètent la manière d’être et d’agir
de Dieu.
2.
Au banquet. La perspective
eschatologique et eucharistique
de la mission du Christ et de l’Église
Dans la parabole, le roi demande aux
serviteurs de porter l’invitation au
banquet pour les noces de son fils.
Ce banquet représente le banquet
eschatologique. Il est une image du
salut définitif dans le Royaume de Dieu,
réalisé dès maintenant par la venue de
Jésus, le Messie, le Fils de Dieu qui nous
a donné la vie en abondance (cf. Jn 10,
10). Celle-ci est symbolisée par la table
dressée avec « des viandes succulentes
et des vins décantés », lorsque Dieu
« fera disparaître la mort pour toujours »
(cf. Is 25, 6-8). [...]
Dans cette perspective, en cette année
consacrée à la prière pour la préparation
du Jubilé de 2025, je voudrais inviter
chacun à intensifier, aussi et surtout, la
participation à la Messe et la prière pour
la mission évangélisatrice de l’Église. [...]
3.
“Tous”. La mission universelle des
disciples du Christ et l’Église tout
entière synodale-missionnaire
La troisième et dernière réflexion
concerne les destinataires de l’invitation
du roi : « Tous ». Comme je l’ai souligné,
« ce “tous” est au cœur de la mission.
N’exclure personne. Tous. Chacune de
nos missions naît du Cœur du Christ
pour attirer tout le monde à lui » [...]
N’oublions donc jamais, dans nos
activités missionnaires, que nous sommes
envoyés pour annoncer l’Évangile à
tous, « non pas comme quelqu’un qui
impose un nouveau devoir, mais bien
comme quelqu’un qui partage une joie,
qui indique un bel horizon, qui offre un
banquet désirable »
[...]
Tournons enfin notre regard vers Marie
qui a obtenu le premier miracle de Jésus,
précisément lors de noces, à Cana en
Galilée (cf. Jn 2, 1-12). [...] Avec la joie et
l’attention de notre Mère, avec la force
de la tendresse et de l’affection, allons
porter à tous l’invitation du Roi Sauveur.
Sainte Marie, Étoile de l’évangélisation,
priez pour nous !
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 25 janvier 2024, fête
de la Conversion de Saint Paul.
François ■
MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA
XCVIII
e
Journée Mondiale
des Missions 2024
Allez et invitez tout le monde à la noce (cf. Mt 22,9)
20 octobre 2024
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 55
Dimanche 20 octobre 2024
laP Parole DDominicale
29
ème
Dimanche du Temps Ordinaire - Année B
Prière
Nous te remercions, Seigneur, pour tous
tes bienfaits. Merci pour ta présence parmi
nous, pour ton amour infini et pour les dons
que tu nous fais chaque jour. Que notre vie
soit un chant de louange à ta gloire. Amen.
Chers frères et sœurs,
Qui d’entre nous n’a pas rêvé d’un monde
où règneraient l’amour et la paix ? Un
monde où chacun se sentirait valorisé,
aimé et respecté. C’est précisément ce à
quoi nous invite l’Évangile de ce jour. Les
lectures nous plongent au cœur de ces deux
vertus fondamentales : l’amour et l’humilité.
Points de réflexion
Le Serviteur souffrant et le grand prêtre
Dans la première lecture, Isaïe nous
présente le Serviteur souffrant, image
préfigurative du Christ. Ce serviteur,
loin de se complaire dans sa souffrance,
l’offre en sacrifice pour le salut de tous. Il
incarne l’amour désintéressé porté à son
paroxysme. N’est-ce pas là une invitation
à sortir de nous-mêmes et à nous mettre
au service des autres ?
La deuxième lecture nous révèle l’identité
de ce Serviteur : Jésus-Christ, notre grand
prêtre. Il a traversé les cieux pour nous ouvrir
les portes du Royaume. En s’incarnant et en
mourant sur la croix, il a payé le prix de notre
rédemption. Grâce à lui, nous pouvons nous
approcher de Dieu avec confiance.
L’appel à l’humilité
Dans l’Évangile de Marc, nous assistons
à une scène saisissante : Jacques et
Jean demandent à Jésus les premières
places dans son Royaume. Leur requête
révèle notre nature humaine, marquée
par l’orgueil et l’ambition. Jésus, dans sa
sagesse infinie, leur propose un tout autre
chemin : celui de l’humilité. Il leur dit : « Celui
qui veut être le premier sera le dernier de
tous et le serviteur de tous. »
Ces paroles peuvent nous déconcerter.
Comment concilier la recherche de la
grandeur avec l’appel à l’humilité ? Jésus
nous montre que la véritable grandeur
ne réside pas dans les honneurs ni dans
le pouvoir, mais dans le service. En nous
abaissant, nous nous élevons aux yeux
de Dieu.
L’amour qui pardonne tout
L’amour et l’humilité sont étroitement
liés. L’amour véritable se manifeste
notamment par le pardon. Jésus nous
enseigne à pardonner « jusqu’à soixante-
dix fois sept fois ». Le pardon n’est pas une
faiblesse, mais une force qui nous libère des
chaînes du ressentiment. En pardonnant,
nous imitons Christ et nous contribuons à
bâtir un monde plus juste et plus fraternel.
L'humilité, quant à elle, est souvent mal
comprise. Elle n'est pas synonyme de
faiblesse ou de soumission, mais plutôt
d'une juste appréciation de notre place
dans le monde. C'est reconnaître nos limites,
nos erreurs et nos besoins. L'humilité nous
permet de nous ouvrir aux autres, de les
écouter et de les servir.
Les lectures de ce jour nous invitent à une
profonde réflexion sur notre vie chrétienne.
L’amour et l’humilité ne sont pas des
idéaux abstraits, mais des réalités à vivre
au quotidien. En nous laissant transformer
par l’Esprit Saint, nous pouvons devenir
des témoins de l’amour de Dieu dans un
monde souvent marqué par l’égoïsme et
la violence.
Je dialogue avec Jésus :
Jésus, mon Seigneur et mon ami, je me
tourne vers toi avec toute ma confiance. Je
sais que tu comprends mes faiblesses et mes
peurs. Comme tu as écouté les demandes
de tes disciples, écoute-moi à mon tour.
Aide-moi à surmonter les épreuves que je
traverse. Je m'abandonne à ta volonté, sûr
de ton amour infini. Amen.
Quelle résolution prendre
aujourd‘hui ?
Inspirons-nous de Sainte Thérèse de
l'Enfant Jésus et embrassons la "petite voie".
Plutôt que de viser de grandes prouesses
spirituelles, concentrons-nous sur de
petites actions quotidiennes. Un sourire
offert à un inconnu, une parole gentille
envers un proche, quelques minutes de
silence pour se recentrer... Chaque geste,
aussi simple soit-il, est une fleur offerte à
Dieu. En imitant Thérèse, faisons de notre
vie un bouquet d'amour, composé de
mille petites attentions.
Père Christian Catayée
Curé de la paroisse Sainte Face de De Briant ■
Isaïe 53,10-11 • Psaume 32 (33) • Hébreux 4,14-16 • Marc 10,42-45
LITURGIE
L‘amour et l’humilité, clés du Royaume
prêtre. Il a traversé les cieux pour nous ouvrir
les portes du Royaume. En s’incarnant et en
mourant sur la croix, il a payé le prix de notre
rédemption. Grâce à lui, nous pouvons nous
révèle notre nature humaine, marquée
spirituelles, concentrons-nous sur de
petites actions quotidiennes. Un sourire
offert à un inconnu, une parole gentille
envers un proche, quelques minutes de
silence pour se recentrer... Chaque geste,
aussi simple soit-il, est une fleur offerte à
Dieu. En imitant Thérèse, faisons de notre
vie un bouquet d'amour, composé de
mille petites attentions.
Curé de la paroisse Sainte Face de De Briant
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 6876
Réussite, c’est le mot à retenir pour cette première édition
du Congrès Mission en Martinique. Provenant des cinq
districts de Martinique, en bus ou par ses propres moyens,
vous étiez plus de 3 000 participants à converger pour cette
édition inédite du Congrès Mission Ultra-Local organisé en
Martinique les 27,28 et 29 septembre 2024.
A
l’unisson pour le Seigneur, que ce soit au Stade Louis Achille ou au Pensionnat
Saint Joseph de Cluny, vous avez fait le choix de la Mission et de l’Engagement
pour Dieu. Tout au long de ces trois jours, vous avez pu vivre intensément les
différents temps proposés : messe d’ouverture, concert spirituel, ateliers et tables
rondes, enseignements et témoignages, louange et sketch, chapelet et évangélisation
de rue. Tout le comité de pilotage remercie profondément les communautés Notre-
Dame de la Lumière et Aïn Karem d’avoir fait le déplacement et le soutien apporté
pour que cette première édition touche les cœurs et crée une véritable prise de
conscience et conversion.
Maintenant que nous avons vu la splendeur de ce Congrès Mission, il ne faudrait
absolument pas s’y arrêter. Il doit y avoir une suite, une continuité au Congrès
Mission dans nos paroisses, dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos cités et
bien d ‘autres. Comme l’a annoncé Mgr David Macaire dans son envoi en mission :
“Que faut-il que je change dans ma vie après ce que j’ai vécu au Congrès Mission ?
Qu’avez-vous reçu dans votre cœur ?”
Il est donc temps frères et sœurs de se mettre debout et de passer à l’action. Car
ce qui manque à notre catholicisme, malgré tous les enseignements, les grandes
rencontres, c’est l’intégration profonde de la mission dans notre fonctionnement,
dans notre être en tant que chrétien.
Le Congrès Mission ne fait que commencer !
■
Magnifique ! Exceptionnel !
La Gloire de Dieu s’est manifestée !
VIE DU DIOCÈSE
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 7
Nous avons beaucoup apprécié les petits moments accordés quand il n’y avait pas de ventes. Nous
avons pu ainsi suivre la messe d’ouverture, les témoignages. Nous connaissions déjà l’équipe qui met-
tait en place cet événement, ce n’était pas notre première collaboration, nous n’étions pas surprises.
Nous aurions aimé mieux profiter de ces instants de qualité et d’enrichissement spirituel mais la
vente prenait le dessus. Justement, en tant que gérantes d’entreprise, ce fut pour nous un gros défi en
termes de lâcher prise car nous avons fermé notre entreprise durant les trois jours pour assurer notre
prestation au Congrès Mission Martinique et surtout sans aucune visibilité sur les ventes. Nous étions
vraiment dans l’inconnu. Toutefois, nous en ressortons fortifiées et satisfaites de toute l’organisation.
L’équipe de Reflet Magik
est heureuse et fière d’avoir
pu capturer ces beaux
moments de Foi du pre-
mier Congrès Mission en
Martinique. Que ces souve-
nirs soient remplis de lumière
et de bénédictions.
C’est formidable, pour la première fois, d’avoir
toute cette population chrétienne ou en marche,
tous ces frères et soeurs qui se réunissent autour
de Jésus, pour moi c’est une très belle expé-
rience fraternelle. Je suis venu principalement
par curiosité et ensuite pour partager ma foi
et mon espérance avec tous les présents. Je ne
suis pas déçu, je suis plutôt conquise. Mon rêve
de missionnaire c’est que
la
paix revienne parce
qu’actuellement c’est
très agité. Que
tous, nous nous
tournions vrai-
ment vers Celui
qui a tout créé
et que nous vivions
comme le Seigneur
nous le demande.
Pour moi c’est
un temps fort
qui a réussi
à rassembler
toutes les caté-
gories d’âges. Ce
n’était pas pour un
public visé mais ouvert
à tous. Dans l’Eglise, on ne
fait pas
suffisamment d’événements qui fédèrent tout le
monde et avec ce type d’événement, il faudrait
que cela continue. Ce sont des moments de joie
avec des frères et sœurs et on fait des rencontres
incroyables. En arrivant, le cœur n’y était pas
trop mais je savais que j’en allais être délivrée
et j’y ai trouvé une paix avec les enseignements et
les témoignages. Je sais que je ne suis pas seule.
Je me suis sentie supportée dans cet événement et
je ne me suis pas trompée en venant.
7,8 & 9
novembre
2025 à Bercy
pour l’année
jubilaire du
Congrès
Mission avec
pour thème
“Pèlerins
d’espérance”.
> Marie-Claude et Marie-Laure, gérantes du Delim’s
> Valéry, congressiste
> Emmanuelle
>Sandrine Emal, bénévole et référente buvette
Ils l’ont vécu … Ils vous le partagent !
‘‘‘‘‘‘‘‘
‘‘‘‘‘‘‘‘‘‘
Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu… (Rm8, 28) voilà le verset qui me vient à cœur
pour ce Congrès Mission Martinique 2024. Dans un premier temps, je ne m’attendais pas à gérer la buvette
car je suis plus à l’aise dans le domaine de l’accueil ou la logistique ; mais Dieu en a décidé autrement.
L’ampleur de la tâche était rude mais j’avais à mes côtés une équipe vaillante, dynamique, bienveillante
et engagée et surtout animée par l’amour des âmes. Nous avons vécu un moment fraternel époustouflant et
exceptionnel. Nous avions entre nous bénévoles, une certaine harmonie, symbiose et surtout une grande rigueur
lors des rotations devant nous permettre à la fois de participer aux différents ateliers et tables rondes tout
en s’assurant du bon déroulement de la buvette. Je souhaite adresser mes vifs remerciements au diocèse de la
Martinique et particulièrement à Cindy Thimon pour sa confiance, ce moment de parfaite communion, riche spi-
rituellement (nous avons goûté à un petit bout du ciel comme à Medjugorge) : Amour, Paix et Joie se sont manifestés.
Pour finir, que ce feu du Saint-Esprit puisse rester longtemps allumé et que Dieu veille sur chacun de nous. Vivement la prochaine édition !
Nous avons beaucoup apprécié les petits moments accordés quand il n’y avait pas de ventes. Nous Nous avons beaucoup apprécié les petits moments accordés quand il n’y avait pas de ventes. Nous
Testimoniaux
Nous avons beaucoup apprécié les petits moments accordés quand il n’y avait pas de ventes. Nous
avons pu ainsi suivre la messe d’ouverture, les témoignages. Nous connaissions déjà l’équipe qui met-
Nous avons beaucoup apprécié les petits moments accordés quand il n’y avait pas de ventes. Nous
avons pu ainsi suivre la messe d’ouverture, les témoignages. Nous connaissions déjà l’équipe qui met-
Nous avons beaucoup apprécié les petits moments accordés quand il n’y avait pas de ventes. Nous
tait en place cet événement, ce n’était pas notre première collaboration, nous n’étions pas surprises.
avons pu ainsi suivre la messe d’ouverture, les témoignages. Nous connaissions déjà l’équipe qui met-
tait en place cet événement, ce n’était pas notre première collaboration, nous n’étions pas surprises.
avons pu ainsi suivre la messe d’ouverture, les témoignages. Nous connaissions déjà l’équipe qui met-
Nous aurions aimé mieux profiter de ces instants de qualité et d’enrichissement spirituel mais la
tait en place cet événement, ce n’était pas notre première collaboration, nous n’étions pas surprises.
Nous aurions aimé mieux profiter de ces instants de qualité et d’enrichissement spirituel mais la
tait en place cet événement, ce n’était pas notre première collaboration, nous n’étions pas surprises.
vente prenait le dessus. Justement, en tant que gérantes d’entreprise, ce fut pour nous un gros défi en
Nous aurions aimé mieux profiter de ces instants de qualité et d’enrichissement spirituel mais la
vente prenait le dessus. Justement, en tant que gérantes d’entreprise, ce fut pour nous un gros défi en
Nous aurions aimé mieux profiter de ces instants de qualité et d’enrichissement spirituel mais la
termes de lâcher prise car nous avons fermé notre entreprise durant les trois jours pour assurer notre
vente prenait le dessus. Justement, en tant que gérantes d’entreprise, ce fut pour nous un gros défi en
termes de lâcher prise car nous avons fermé notre entreprise durant les trois jours pour assurer notre
vente prenait le dessus. Justement, en tant que gérantes d’entreprise, ce fut pour nous un gros défi en
prestation au Congrès Mission Martinique et surtout sans aucune visibilité sur les ventes. Nous étions
termes de lâcher prise car nous avons fermé notre entreprise durant les trois jours pour assurer notre
prestation au Congrès Mission Martinique et surtout sans aucune visibilité sur les ventes. Nous étions
termes de lâcher prise car nous avons fermé notre entreprise durant les trois jours pour assurer notre
vraiment dans l’inconnu. Toutefois, nous en ressortons fortifiées et satisfaites de toute l’organisation.
prestation au Congrès Mission Martinique et surtout sans aucune visibilité sur les ventes. Nous étions
vraiment dans l’inconnu. Toutefois, nous en ressortons fortifiées et satisfaites de toute l’organisation.
prestation au Congrès Mission Martinique et surtout sans aucune visibilité sur les ventes. Nous étions
> Marie-Claude et Marie-Laure,
gories d’âges. Ce
n’était pas pour un
gories d’âges. Ce
n’était pas pour un
gories d’âges. Ce
public visé mais ouvert
à tous. Dans l’Eglise, on ne
public visé mais ouvert
à tous. Dans l’Eglise, on ne
public visé mais ouvert
fait pas de missionnaire c’est que
la
paix revienne parce
qu’actuellement c’est
paix revienne parce
qu’actuellement c’est
paix revienne parce
comme le Seigneur
L’équipe de Reflet Magik
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Mercià tous nos partenaires et prestataires
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 6878
Quelle est la place du créole dans l’évangélisation ?
Pour l’évangélisation la barrière de la langue est toujours un obstacle qu’il faut vaincre si l’on veut
faire une véritable rencontre avec celui que l’on veut évangéliser. En 1965, le concile Vatican II a
réalisé un tournant dans la mission, en confirmant officiellement la nécessité de l’inculturation.
C
ette nouvelle orientation avait
pour objectif de faciliter l’accueil
de l’évangile dans les différentes
cultures du monde. Le Concile Vatican
II est un concile où l’Eglise revient à
la Parole de Dieu et fait mémoire de
l’évènement de la Pentecôte. Il est le
moment où l’Esprit-Saint a été donné
à l’Eglise pour que la bonne nouvelle
parvienne à toutes les nations. En effet ce
jour-là : « Tous furent remplis de l’Esprit-
Saint et ils se mirent à parler en d’autres
langues selon que l’Esprit leur donnait de
s’exprimer » (Ac 2, 4).
Mgr Maurice Marie-Sainte à l’époque
Archevêque en Martinique a voulu
saisir cette chance qui se présentait
pour l’inculturation. Comment utiliser la
langue et la culture créole pour mettre
en lumière les expressions de la foi en
Martinique ? Aujourd’hui cela reste un
défi à relever malgré quelques timides
avancées. Intégrer la langue créole au côté
de la langue française et du latin comme
moyens et manière de vivre l’évangile et
l’annoncer sans pour autant dénaturer
le message de la Bonne Nouvelle et le
contenu de la foi catholique. Voici cette
mission qui attend les acteurs de la
pastorale. A moins que nous n’ayons
une autre interprétation de l’évènement
de la Pentecôte et du concile Vatican II.
L’Eglise a voulu revenir à ce qu’ont vécu
les premiers disciples de Jésus lorsque
lorsqu'ils ont reçu l'effusion de l’E sprit
pour la mission de l’annonce du royaume.
En acceptant le travail de l'Esprit à travers
l'inculturation, c'est toute la société
martiniquaise qui se sent reconnue et
valorisée dans sa singularité. Si l’Eglise
réussit à redonner sa place à la langue et
à la culture créole dans sa liturgie au-delà
de la communauté chrétienne, ce sera un
bien pour tout le pays.
Prier en créole est-ce manquer de respect
à Dieu ?
La langue et la culture créole dans nos
pratiques religieuses ce n’est ni du
folklore, ni du marronage liturgique et
surtout pas le prétexte de la création d’une
église parallèle, ni un culte des ancêtres.
La langue créole est selon moi l’élément
le plus fédérateur de cette communauté
martiniquaise. Prier en créole ce n’est
nullement manquer de respect à Dieu.
Prier à partir de son patrimoine, c’est pour
cette communauté témoigner à Dieu de
la reconnaissance pour tout ce qu’il a
fait personnellement et collectivement
pour elle, dans son l’histoire avec sa
tragédie. Prier en créole c'est dire à
Dieu merci pour avoir fait de nous ses
enfants. Prier en créole, c’est s’engager
en reconnaissance des grâces que Dieu
nous a faites, à réaliser tout le bien qu’il
attend de nous. Dans notre culture créole
nous avons établi un dialogue avec Dieu.
Il nous parle à travers cette culture et cette
langue qu’il nous a données dans une
histoire tragique et en même temps belle.
Comment faire pour que la culture créole
accueille l’Évangile ?...
L'heure est venue que la communauté
martiniquaise se réhabilite à ses propres
yeux trouve un peu de sa guérison à
travers sa culture et son langage créole.
La réparation d’une communauté
humiliée par le mépris de l’histoire
qui pour relever la tête s’est coupée
d’une partie d’elle-même à savoir sa
langue qui fait son génie est un acte de
foi en Jésus-Christ pour qui tout reste
possible. Le bilinguisme français-créole
qui est une marque de notre société
martiniquaise, lorsqu’il est accepté,
apprend à bien marcher avec les deux
jambes. On travaille mieux avec ses deux
mains, comme pour bien respirer, on
utilise ses deux poumons. Apprendre
à bien s’exprimer en créole comme
en français tant à l’écrire ne peut que
nous enrichir tous, que nous soyons
martiniquais autochtones ou d’adoption.
Dans un premier temps si l’école a
un rôle important dans l’éducation y
compris avec les écoles catholiques,
tout commence dans et par la famille,
tout se fait avec elle. En effet elle est
la première PCE (petite communauté
ecclésiale) ou l’on se forme aux valeurs
humaines, citoyennes et chrétiennes.
Il revient aux parents de dire à l’Eglise
ce qu’ils attendent pour leurs enfants
de l’annonce de l’évangile en créole et
ensuite des propositions pourront leur
être faites.
Dans un second temps il serait bon de
proposer aux agents pastoraux laïcs et
prêtres, religieux, religieuses en tant
que missionnaires de faire le point sur
cette question de la place de la langue
créole dans la mission d’évangélisation
en Martinique. Chacun serait invité à se
VIE DU DIOCÈSE
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 9
Quelle est la place du créole dans l’évangélisation ?
demander : Quelle place je donne au
créole dans l’annonce du royaume de
Dieu ? Je parle du créole non seulement
en tant que langue mais aussi en tant
que culture, c'est-à-dire l’anthropologie,
l’histoire, la géographie, les croyances, les
mœurs, des codes sociaux, les relations
entre personnes, les non-dits et les
interdits qui permettent en Martinique
aux personnes d’entrer en relation. Cela
nécessiterait sans doute des formations
adaptées en fonction des charismes
et des missions ou simplement des
partages de retour d’expérience pour
découvrir les bonnes pratiques sur le
terrain. On le sait l’annonce de l’évangile
est une relation à trois (Trinitaire). Il y a
le missionnaire qui annonce l’évangile
– celui ou ceux qui écoutent l’annonce
- et Dieu en la personne de Jésus-
Christ qui est annoncé. Celui qui vit
dans cette île avant même de connaitre
de la Martinique son histoire, a un
premier contact avec le pays profond
en entendant les sons et les expressions
de langue créole. Ce qui est déjà un
premier apprentissage de la culture
même lorsqu’on vient d’ailleurs.
La mission se déroule toujours dans
un lieu, un contexte et une période
donnée. Il n'ya pas de mission en
général ni de mission hors sol : celle-ci
est toujours connectée à une réalité
humaine particulière. Chez tous les
peuples l’accueil de la Bonne Nouvelle
bouscule et purifie la culture pour
qu’elle devienne un moyen fiable pour
la transmission de la foi authentique de
l’Eglise. Les destinataires de l’annonce
de l’évangile doivent être invités à
puiser dans leur propre culture les
ressources que Dieu y a déposées,
ces « pierres d’attentes » déjà là qui
attendent qu’on les fasse sortir de terre.
Les quatre principes de la mission
peuvent s’appliquer à l’inculturation
et mis en œuvre de la manière suivante :
Premièrement continuer ce qui a été
fait avec les chants en créole pour les
chorales. Cette œuvre d’inculturation
a commencé depuis 1964 avec le
Père Louis Elie à la direction de la
chorale du François et d’autres prêtres
martiniquais. Deuxièmement consolider
l’existant, avec des formations
théologiques, bibliques et liturgiques
dispensées par des agents pastoraux
laïcs, prêtres, religieux religieuses qui
veulent promouvoir dans l’église en
Martinique l’art créole chrétien. En effet
les chants créoles ou les traductions en
créole doivent rester fidèles au sens
du message Biblique et de la liturgie
de l’Eglise. Troisièmement innover en
puisant dans d’autres aspects de la
culture, comme le fait Bèlè Légliz autour
du tambour et avec l’une des musiques
traditionnelles de la Martinique à savoir
le Bèlè. Il est nécessaire d’évangéliser la
culture en Martinique et cela dans toutes
ces facettes. C’est la condition pour
qu’en toute liberté les fidèles expriment
leur foi sans qu’elle ne soit anesthésiée
par la peur d’être accusé de manquer
de respect à Dieu. Quatrièmement il
serait bon d’élargir la démarche pour
rejoindre les non-chrétiens et non-
croyants avec qui nous vivons dans
cette même société martiniquaise. Sans
pour autant avoir la foi ils peuvent être
sensibles à l’expression culturelle créole
dans notre foi qui peut les rejoindre dans
sa dimension culturelle et fraternelle.
Père Benjamin François-Haugrin,
Curé de Bellevue et Schoelcher
■
Page 10
« Je marche pour un missionnaire ». « Je veux passer mon ciel à
faire du bien sur la terre jusqu’à la fin du monde ».
I
l est parfois plus facile d’imaginer la
mission loin en Afrique, en Asie qu’à côté
de chez soi où on est appelé à la vivre
chaque jour. Nous oublions souvent que par le
cœur, la pensée et la prière qui abolissent toute
barrière, toute frontière, nous pouvons nous
investir pleinement dans la mission universelle
de l’Église.
En ce sens, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de
la sainte Face est un exemple. Elle a réalisé dans sa
courte vie le programme d’une vie complètement
tournée vers la mission. Sans quitter le Carmel de
Lisieux, elle est devenue « Patronne des missions
». Épuisée par la maladie, offrant ses souffrances à
Dieu, elle disait : « Je marche pour un missionnaire
». Sa mission, c’est d’accompagner par la prière les
missionnaires du monde entier. Sa mission, c’est
de témoigner de sa rencontre avec Christ là où elle
est. Sa mission, c’est d’aider par ses souffrances,
ses limites, les missionnaires à porter un regard
d’amour sur le monde qui en a tant besoin. Voilà
pourquoi, elle a été déclarée « Patronne des
missions et docteur de l’Église ».
Vie missionnaire, voie de la sainteté. Thérèse
Martin, devenue au Carmel de Lisieux
Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte
Face, a montré, par sa vie missionnaire,
que la sainteté était accessible à tous en
suivant la voie de la volonté de Dieu. Par
sa vie, elle nous montre que la sainteté n’est
pas simplement dans les grandes actions,
mais dans les actes du quotidien même les
plus insignifiants, à condition de les accomplir
avec et pour l'amour de Dieu.
La voie de Thérèse pour arriver à la gloire de
Dieu, à la sainteté, c’est celle de la simplicité, de
l’humilité. Thérèse nous propose de rechercher la
sainteté dans ce qu’elle appelle la « petite voie ».
La « petite voie » consiste, pour elle, à reconnaître
sa petitesse, son néant, et à s'appuyer alors avec
confiance sur Dieu et sur Dieu seul. Thérèse a
toujours ce grand désir « devenir sainte ». Elle
dit : « Je sens toujours la même confiance
audacieuse de devenir une grande sainte,
car je ne compte pas sur mes mérites, n'en
ayant aucun, mais j'espère en Celui qui est la
Vertu, la Sainteté Même, c'est Lui seul qui, se
contentant de mes faibles efforts, m'élèvera
jusqu'à Lui et, me couvrant de ses mérites
infinis, me fera sainte ».
La « petite voie » de Thérèse, la voie de la
simplicité, de l’humilité naît du désir de la
sainteté, et de l'incapacité qu'il y a, à accomplir,
par ses propres forces, ce désir. Elle passe
par l'acceptation de ses limites. Mais sans se
décourager pour autant. Car elle a compris que
cette faiblesse, cette petitesse, pouvaient attirer la
grâce de Dieu. Elle voit ses défauts, ses manques
de générosité, son incapacité à « monter le rude
escalier de la perfection ». Cette petite voie
de Thérèse « Je veux passer mon ciel à faire du
bien sur la terre jusqu’à la fin du monde » est un
résumé de sa mission. Sa mission, c’est de faire
le bien et d’intercéder pour les missionnaires.
Conclusion. En contemplant le parcours de vie
de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte
Face, patronne des missions et docteur de l’Eglise,
on comprend bien que notre véritable mission là
où on est, c’est l’annonce inépuisable de l’amour
de Jésus pour le monde.
Chers Lecteurs de l’Église en Martinique, oui, la
mission n’attend pas. Heureux, sommes-nous de
répondre, sur les pas de sainte Thérèse, à l’envoi
solennel du Christ qui compte sur chacun pour
apporter une parole qui sauve et prend les traits
de chacun d’entre nous. Comme sainte Thérèse, il
n’y a pas d’âge, ni de lieu pour être missionnaire.
Père Michel Delvarice,
Curé de la paroisse saint Thomas Apôtre, Diamant
■
VIE DU DIOCÈSE
« Je marche pour un missionnaire ». « Je veux passer mon ciel à
Thérèse de Lisieux
docteur de l’Église
et patronne des missions
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 68710
Page 11
P
endant 7 ans, j’ai eu la grâce
d’être missionnaire envoyé
par la Communauté du
Chemin Neuf dans l’archidiocèse
de Saint-Pierre et Fort-de-France.
Ce qui m’a de prime abord touché,
c’est la dimension de l’accueil et
le devoir de mémoire. Mgr David
Macaire avait initié une session
de trois jours pour introduire les
nouveaux missionnaires dans
l’histoire, la sociologie, la culture
et la psychologie du peuple
martiniquais. Nous avons eu une
session de trois jours avec des
intervenants de grande qualité.
Pour moi, la mission est d’abord
inculturation. Avant de donner, on
doit d’abord recevoir gratuitement.
Dès le début je voulais parler le
créole.
La deuxième chose en tant que
missionnaire qui m’a marqué, c’est
les occasions multiples qui s’offrent
à l’Eglise pour annoncer le Christ,
pour être son témoin. Pour ma part
chaque occasion de rencontres fut
capitale pour aller vers tous sans
exception. C’est pourquoi chaque
événement (Carnaval, course des
yoles, chanté Noël, etc.) était un
moment favorable pour une Eglise
en sortie missionnaire. Pour moi, il
est très important que l’Eglise ne se
coupe pas de la société. Sa mission
c’est d’être lumière au milieu du
monde comme à la Pentecôte. Non
un groupe confiné par peur des
autres ou de se souiller. Dieu lui-
même s'est souillé en venant dans
le monde. Par son Fils Jésus, il a
enlevé le péché du monde en se
plongeant dans l’eau de l’iniquité
et des péchés du monde. Le rôle du
missionnaire dans la dynamique
du salut est d’imiter d’abord la vie
du Christ, discerner et reconnaître
le travail de l’Esprit qui est
partout présent et qui remplit tout,
dans l’Eglise comme hors de ses
frontières.
La troisième chose qui a marqué
ma vie missionnaire sur la terre de
Madinina, c’est l’absence d’une
conscience missionnaire chez la
majorité des chrétiens. Or l’Eglise
n’est Eglise que parce qu’elle
témoigne du Christ. Il y a une
difficulté à organiser des temps
missionnaires où les paroissiens
s’engagent. Certes, il y a beaucoup
de sacrements célébrés mais peu de
chrétiens qui porte leur vocation
baptismale pour la mission de
l’Eglise. Notons que ce constat
est encore plus saisissant ailleurs.
Les sociologues et les historiens
s’interrogent sur ce désert
missionnaire dans l’Eglise malgré
des chiffres de nouveaux baptisés
adultes toujours en hausse !
L’historien américain
Alan Kreider dans un
article intitulé « catéchèse,
baptême et mission »,
souligne l’importance du
lien baptême et mission en
s’appuyant sur l’histoire
de l’Eglise naissante
1
.
Selon lui, Il existe une
cassure entre la préparation
catéchétique, la pratique du
baptême et la mission des
baptisés. Voilà pourquoi
j’ai entrepris un master
de théologie à l’université
catholique de Lyon. Il me
fallait bien étudier la question
de la difficulté des baptisés
d’intégrer leur droit et devoir
à s’engager dans la mission de
l’Eglise. Actuellement je suis vicaire
à la paroisse de Bron (69500) tout
en terminant la deuxième année de
Master. Je reste en contact avec les
frères et sœurs de Martinique car
le missionnaire est appelé à quitter
pour d’autres horizons. Mais il
n’abandonne pas ceux qu’il quitte.
Même loin, je continue de garder
l’Eglise en Martinique dans mes
prières et dans mon cœur.
Pour terminer, je remercie le
Seigneur et la paroisse de Coridon
qui m’a affectueusement accueilli
de 2016 à 2023. Que Dieu bénisse la
Martinique pour que des solutions
justes et équitables soient ttrouvées
en vue du bien-être du peuple !
Père Arnaud Goma,
Communauté du Chemin Neuf
■
Mèsi anpil pèp matinitjé !‘‘
P
‘‘
P
‘‘
Témoignage du père Arnaud Goma sur sa mission en Martinique
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 11
cassure entre la préparation
catéchétique, la pratique du
baptême et la mission des
baptisés. Voilà pourquoi
j’ai entrepris un master
de théologie à l’université
catholique de Lyon. Il me
fallait bien étudier la question
de la difficulté des baptisés
d’intégrer leur droit et devoir
à s’engager dans la mission de
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 11
1
Alan Kreider, « Catéchèse, Baptême et Mission, leçons
d’hier pour l’Eglise d’aujourd’hui. » Ed. Excelsis, Juin
2013, 80 p.
Page 12
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 68712
Nous avons célébré le premier Centenaire de naissance de notre Institut de l’Épiphanie
2020 à l’Épiphanie 2021. Une autre date importante que nous nous préparons à vivre, c’est
la Première Profession religieuse et les premiers départs en mission.
L
e 11 novembre 1924, 4 Sœurs
Spiritaines, issues de la Première
Profession religieuse, de la jeune
Congrégation naissante des Sœurs
Missionnaires du Saint-Esprit, arrivaient
au Séminaire Collège de Fort-de-
France, au service de
l’Église de Martinique.
Pour ceux qui ne
nous connaissent
pas ou à peine, nous
nous permettons un
peu d’histoire. Notre
Fondatrice, Eugénie
Caps, une jeune Lorraine,
née à Loudrefing en
Moselle en France,
entourée de quelques
compagnes, a reçu le
25 avril 1915, pendant
son Action de grâce, un Appel fort à
fonder une Congrégation uniquement
missionnaire. Après un long combat et
un long cheminement spirituel, Eugénie
et ses compagnes cherchaient comment
concrétiser leur réponse à cet appel.
Arrive alors Monseigneur Alexandre Le
Roy, Supérieur général de la Congrégation
du Saint-Esprit, rentrant d’une visite au
Cameroun. Il était dans
l’embarras pour trouver
des Religieuses pour les
territoires nouvellement
confiés à la Congrégation
après le Traité de
Versailles. En septembre
1920, Monseigneur Le Roy
vient visiter ses confrères
à Neufgrange.
Il est mis en contact
avec Eugénie Caps et les
choses vont aller très vite.
A l’Epiphanie 1921, Eugénie et deux
compagnes s’installaient à Farschwiller,
en Lorraine, dans une petite maison
et voilà notre Institut commencé. Très
vite, le groupe augmentait, la maison
devenait trop petite. Le 7 mars 1922,
la Communauté quittait Farschwiller
pour Jouy-aux-Arches. En mars 1923,
l’Institut était reconnu de Droit Pontifical,
par Décret de la Sacrée Congrégation
de « Propagande Fide ». Le 5 octobre
1924, 22 novices faisaient Profession,
huit parmi elles étaient envoyées au
Cameroun et quatre à la Martinique. Elles
débutent au Séminaire Collège de Fort-
de-France, où de 1924 à 1966, elles sont
au service des petits séminaristes comme
enseignante, infirmière, supervisant le
travail de lingerie, cuisine, service de
tables.
En 1927, les Spiritaines sont demandées
auprès des Orphelins Apprentis
d’Auteuil, à l’Espérance. Elles sont
occupées à l’enseignement, à la cuisine,
lessive, couture. En 1930, le Maire de
Fort-de-France propose aux Sœurs un
projet de dispensaire dans le voisinage,
à Château-Bœuf.
VIE DU DIOCÈSE
Nous avons célébré le premier Centenaire de naissance de notre Institut de l’Épiphanie
12
duSaint-EspritenMartiniqueSitEitMtii
LesSœursMissionnaires
Soeur Eugénie Caps 1892-1931
Séminaire Collège - Juin 1966
Soeurs Spiritaines au Séminaire Collège
Page 13
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 13
En mars 1934, le Maire convoque les
Sœurs pour un transfert du dispensaire
de Château-Bœuf à Sainte-Thérèse, ce qui
se réalise le 17 avril 1934. La question se
pose d’une Communauté à Sainte-Thérèse.
Les demandes se bousculent, le Maire de
Fort-de-France a un projet d’ouverture
d’un dispensaire à Balata. Le 2 juillet 1934
s’ouvrent le dispensaire et la Communauté
de Balata.
Pendant près de 70 ans, les Spiritaines
travailleront sur la paroisse de Balata,
au service du dispensaire, en pastorale,
se donnant sur la paroisse et dans les
quartiers.
La Communauté de Sainte Thérèse, naît
le 05 janvier 1935, avec une crèche, un
Foyer de jeunes Travailleurs, engagement
en Pastorale paroissiale, diocésaine, dans
l’accompagnement des couples : 47 ans
de présence des Sœurs spiritaines dans
ce quartier.
En août 1966, après le Concile Vatican II, les
Spiritaines réfléchissent sur leur présence
missionnaire aux Antilles. Elles s’orientent
vers le social. Ainsi naît la Communauté
de Briant Godissard. Les Sœurs vivent
au milieu de la population. L’expérience va
révéler que la Cité de Briant ne rassemble
pas les plus pauvres. Les Spiritaines
restent attentives à un nouveau projet : les
travaux de l’Urbanisme font sortir de terre
la Cité Dillon qui accueillera les quartiers
pauvres de la ville que l’on commence
à détruire. En 1968, une Communauté
de Spiritaines s’ouvre à la Cité Dillon.
Les Sœurs habitent un logement parmi
d’autres, sans chapelle, dans un cadre
qui n’est pas celui de la vie religieuse
habituelle traditionnelle. La Communauté
est composée d’une Assistante sociale,
d’une Travailleuse familiale, et d’une Sœur
engagée en pastorale paroissiale. En 1972,
la Communauté de De Briant Godissard
est fermée.
En 1982, les Sœurs Spiritaines passent
la Communauté de Sainte Thérèse aux
Sœurs Dominicaines de Notre Dame de la
Délivrande et s’insèrent sur la paroisse de
Coridon, route de l’Entraide. Une Sœur
est Infirmière au Dispensaire de Sainte
Thérèse, une chargée de la Catéchèse sur le
diocèse et la troisième engagée en pastorale
paroissiale et diocésaine. Plus tard les
Sœurs assureront également l’Aumônerie
au Centre Hospitalier Universitaire Zobda
Quitman, une présence d’accueil et
d’accompagnement à la chapelle du Christ-
Roi à Fort-de-France. Avec la Communauté
de l’Entraide fermée en 2017, les Spiritaines
quittent la Martinique, après 93 ans au
service du diocèse. La Martinique garde
une grande place dans l’histoire de notre
Congrégation. Celles qui y ont œuvré, y
restent très attachées.
Sœur Marie-Ange Privat, Spiritaine■
Sœur Marie-Ange Privat, Spiritaine■
Soeur Spiritaine à l'Ouvroir de Balata - 1934
Soeurs Spiritaines au Foyer de l’Espérance
Les enfants de la Creche a Sa int Thérèse à Fort-de-France
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 13
paroissiale et diocésaine. Plus tard les
Soeur Spiritaine à l'Ouvroir de Balata - 1934
Communauté de l’Entraide avec les Soeurs Spiritaines, familles et amis - 2013
Page 14
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 68714
LA MISSION DE L’EGLISE AUJOURD’HUIDOSSIER
Ê
tre missionnaire, dans la tradition
catholique, c’est répondre à
l’appel de Jésus-Christ d’aller
vers les autres pour annoncer la
Bonne Nouvelle. Le missionnaire est
un envoyé, porteur du message du
salut et de l’amour de Dieu, qui ne se
contente pas de rester dans son propre
cercle mais va à la rencontre du monde.
Ce rôle a été donné dès les premiers
jours de l'Église, lorsque Jésus, après sa
résurrection, a confié à ses disciples : «
Vous allez recevoir une force, celle du
Saint-Esprit qui viendra sur vous ; vous
serez alors mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie, et
jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes
1:8). Ainsi, chaque chrétien est appelé
à devenir témoin du Christ, porté et
envoyé par l'Esprit Saint.Être missionnaire signifie vivre et
partager la foi, à la fois par la parole et par
l'exemple, en étant attentif aux besoins
spirituels et matériels de ceux que l’on
rencontre. Ce n’est pas seulement un
travail d’évangélisation lointaine, mais
aussi une mission quotidienne dans sa
propre communauté. Chaque chrétien,
par son baptême, est envoyé pour porter
la lumière du Christ dans le monde.
Dans ce cadre, l’Église, par sa mission
universelle, est appelée à témoigner de
l’amour de Dieu à travers ses membres,
ses actions et ses enseignements.
Aujourd’hui, dans un monde en pleine
mutation, l’Église est appelée à renouveler
son engagement missionnaire. Le Pape
François, pour le mois missionnaire
d’octobre 2024, nous invite à méditer sur
les paroles de l’Évangile de Matthieu :
« Allez inviter tout le monde à la noce »
(Matthieu 22:9). Ce verset nous rappelle
que la mission n’est pas statique ; elle
nécessite un mouvement vers les autres,
une invitation ouverte à tous, pour
découvrir la joie de l’Évangile. Le Christ
nous appelle à être des témoins vivants
de son amour, non seulement par nos
paroles, mais surtout par nos actes.
Être missionnaire aujourd'hui, c'est
donc accepter de sortir de soi-même
pour aller vers ceux qui ne connaissent
pas encore la lumière du Christ, tout en
demeurant enraciné dans la prière et la
communion avec Dieu. La mission est à la
fois extérieure et intérieure, car avant de
pouvoir toucher les cœurs des autres, le
chrétien doit lui-même être transformé
par l'Esprit Saint.
MISSION ECCLESIALE D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN
I. La mission d’aujourd’hui : L’Église dans le monde moderne
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 15
L'Église catholique, en tant que corps du
Christ sur terre, a reçu quatre grandes
missions qui forment le fondement de
son action dans le monde. Ces missions
découlent directement de l’appel de
Jésus à ses disciples, et chacune d’entre
elles contribue à la réalisation du plan
divin pour l’humanité. Voici ces quatre
missions :
e Annoncer l’Évangile
Annoncer l’Évangile implique non
seulement de prêcher la Parole de Dieu,
mais aussi d’être un témoin vivant de
l’amour du Christ à travers ses actions,
son comportement, et son engagement
dans la société.
Chaque chrétien, par son baptême, est
appelé à être missionnaire là où il se
trouve, que ce soit dans sa famille, son
lieu de travail, ou sa communauté. Cette
mission est quotidienne : elle consiste
à incarner l’Évangile par des gestes de
charité, de compassion, et de justice.
e Sanctifier par les sacrements
La deuxième mission de l'Église est de
sanctifier le peuple de Dieu par les
sacrements. Les sacrements, en particulier
l'Eucharistie, sont les moyens par lesquels
Dieu communique sa grâce aux fidèles.
Ils sont à la fois des signes visibles de
la présence divine et des canaux par
lesquels les chrétiens reçoivent la force
spirituelle nécessaire pour accomplir leur
mission dans le monde.
e Servir la charité
Servir la charité est une autre mission
essentielle de l'Église. Jésus a dit : « Ce
que vous faites au plus petit de mes frères,
c’est à moi que vous le faites » (Matthieu
25:40). Le service de la charité n’est
pas une option pour l’Église, mais une
obligation. Aimer son prochain comme
soi-même est l'un des commandements
les plus importants que Jésus a donné à
ses disciples.
Ce service de charité se manifeste de
multiples manières : par l'aide aux
pauvres, le soutien aux malades, l'accueil
des migrants, la défense des opprimés.
Il consiste aussi à apporter un réconfort
spirituel, écouter ceux qui souffrent, prier
pour les autres.
e Former des disciples
La formation des disciples est la
quatrième mission de l’Église. Jésus a
dit : « Enseignez-leur à observer tout ce
que je vous ai prescrit » (Matthieu 28:20).
La formation des disciples passe par la
catéchèse, l'enseignement théologique,
mais aussi par l'accompagnement
spirituel. Il s'agit d'aider chaque croyant
à approfondir sa relation avec Dieu, à
comprendre les Écritures, et à mettre en
pratique les enseignements du Christ
dans sa vie quotidienne. Ainsi, chaque
membre de l'Église est appelé à être un
exemple vivant de la foi chrétienne.
Dans un monde où la sécularisation
croissante et le pluralisme religieux
rendent l'annonce de l'Évangile plus
complexe, il est légitime de se demander
si l'Église continue de remplir pleinement
sa mission. Cependant, malgré les défis
contemporains, l'Église catholique reste,
par sa nature même, missionnaire. Elle
n'existe pas pour elle-même, mais pour
porter l'Évangile à toutes les nations,
comme l'a commandé Jésus : « Allez dans
le monde entier, proclamez l'Évangile à
toute la création » (Marc 16:15).
Ainsi, même dans un contexte difficile,
l'Église demeure missionnaire en
cherchant à toucher les cœurs de
ceux qui sont autour d'elle. Elle se
doit de relever des défis du monde
moderne telles la sécularisation et la
diversité des croyances et des opinions
antichrétiennes. Car ces défis ne doivent
pas être perçus comme des obstacles
insurmontables. C'est dans les moments
où la foi est contestée que l'Église doit
redoubler de courage et de créativité
pour continuer à proclamer l'Évangile et
à montrer que l'Évangile reste pertinent
dans le monde contemporain et qu'il est
porteur d'un message de paix, d'amour
et de réconciliation.
➊Les quatre missions de l’Église
➋ L’Église d’aujourd’hui est-elle missionnaire ?
pour les autres.
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 68716
XXXX
Du 27 au 29 Septembre 2024, notre
archidiocèse de la Martinique a vécu son
CONGRES MISSION. Et dans le numéro
précédent de l’Eglise En Martinique, il a été
question de la présentation de ce Congrès
avec les directives de l’année qui nous
rappellent l’importance du cinquième
pilier de la vie du Converti : La MISSION.
Le Congrès Mission Martinique ne devrait
pas s’arrêter à l’évènement Congrès mais il
doit nous pousser et faire de nous tous des
missionnaires de Jésus qui nous aime et qui
nous envoie. Donner une suite missionnaire
au Congrès Mission, c’est résolument
transformer l’évènement Congrès Mission en
l’Avènement de Christ qui se révèle. Quand
Jésus a « envoyé les 72 disciples EN AVANT
de Lui », c’est bien pour que le disciple parti
pour sa mission s’éclipse pour révéler Jésus
qui le porte et le met en avant de lui.
Or ce Jésus qui nous envoie pour
que nous le révélions, ne cesse de
nous indiquer la manière dont il faut
l’accueillir : « Celui qui m'accueille à la
manière d’un enfant, entrera dans mon
Royaume. » Ce qui voudrait dire que les
vrais missionnaires que Dieu privilégie
ce sont les enfants. Et si nous convenons
que l’Enfant est l’espoir d’une société,
d’une famille et de l’Eglise, apprendre
déjà à nos enfants qui ont déjà la
disposition naturelle d’être missionnaire
- puisque Jésus l’indique comme modèle
de Missionnaire c’est-à-dire modèle de
révélation de Jésus – c’est garantir un
avenir fécond à notre Eglise.
Notre Mère Eglise a tellement compris
cette mission de faire des enfants
missionnaires qu’elle fait promouvoir
cet élan chez les enfants du monde
à travers la spiritualité de la Sainte
Enfance qui se vit au cœur des Œuvres
Pontificales Missionnaires (OPM). Il
s’agit donc pour nous de parler de cette
Œuvre Pontificale de la Sainte Enfance,
communément appelée L’enfance
missionnaire, afin de faire comprendre
aux Parents, catéchistes, animateurs
que notre Congrès mission se veut
pour avenir une infusion et une effusion
de la spiritualité de la sainte Enfance
missionnaire à nos enfants depuis la
maison en famille, allant à l’école et au
catéchisme en Paroisse. Nos enfants
doivent révéler Jésus dès leur Jeune
âge pour que vive l’Eglise en Martinique.
Quels sont les objectifs et le contenu de
l’enfance missionnaire ?
➌Comment être un disciple missionnaire aujourd'hui ?
II. La mission de demain : vocation missionnaire et les enfants
E La vie de prière : la source de la mission
Un disciple missionnaire commence sa mission dans la prière, car c'est en se
connectant à Dieu que le chrétien reçoit la force de témoigner.
E L’action concrète : témoigner par la vie
Le témoignage de la foi passe avant tout par une vie d'exemples. Comme Saint François
d'Assise le rappelle, c'est par notre manière de vivre que nous prêchons l'Évangile.
E Le service des autres : un acte missionnaire quotidien
Être missionnaire, c’est être au service des autres. Comme Jésus, qui est venu pour
servir, le chrétien est appelé à aimer son prochain en répondant aux besoins des
plus vulnérables pour l’Amour de Dieu.
E La responsabilité de la mission : recevoir et transmettre les dons
de l’Esprit Saint
Chaque chrétien, en recevant les dons de l'Esprit Saint, est appelé à les partager
avec le monde
Père Hippolyte Marie Toglobesse, Curé de Case-Pilote et Bellefontaine ■
qui le porte et le met en avant de lui.
Comment être un disciple missionnaire aujourd'hui ? Comment être un disciple missionnaire aujourd'hui ?
LA MISSION DE L’EGLISE AUJOURD’HUI
➌➌
DOSSIER
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ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 687 17
L’Œuvre Pontificale de la Sainte Enfance
est un service qui aide les parents, les
éducateurs à éveiller progressivement,
chez les enfants de 1 à 15 ans, une
conscience missionnaire universelle. Elle
aide les enfants eux-mêmes à avoir un
sens d’Eglise, à faire communauté et à se
sentir responsables de toute l’Eglise et
de tous les autres enfants. Elle aide aussi
les éducateurs à amener les enfants à
un partage de foi et de moyens matériels
avec les enfants de leurs régions et des
Eglises plus démunies à cet égard. Elle
permet donc d’intéresser les enfants à la
vie et aux besoins des enfants du monde
entier par des informations missionnaires :
informations sur la situation des enfants
malheureux qui meurent par centaines de
milliers chaque semaine ; la situation des
enfants victimes des catastrophes naturelles,
des guerres fratricides, de la malnutrition ou
dangereusement contaminés par le virus
du SIDA, des enfants de la Rue, des enfants
drogués, etc. . Il s’agit donc de sauver les
enfants par le moyen des enfants, de prier
pour les enfants par la prière des enfants.
Ainsi, tous les enfants catholiques en sont
les membres associés et même les acteurs
principaux de l’Enfance missionnaire.
Depuis son origine, l’Œuvre Pontificale de
la Sainte Enfance a contribué à l’éclosion
de multiples vocations missionnaires.
Elle intensifie ses activités en décembre
et en janvier et particulièrement à
l’Epiphanie, Journée Mondiale de l’Enfance
Missionnaire, sinon elles sont de tous les
jours. De nos jours, l’Enfance Missionnaire
est une réalité qui s’exprime à travers
différents mouvements ou structures
d’enfants, selon les diocèses. Elle s’attèle
à aider les accompagnateurs et les parents
à éveiller progressivement une conscience
missionnaire universelle chez les enfants ;
Aider les enfants à développer leur
protagoniste missionnaire ; Encourager les
enfants à partager spécialement leur foi et
leurs moyens matériels ; Promouvoir les
vocations missionnaires ; enfin, s’intégrer
dans la pastorale générale de l’éducation
chrétienne, en lui apportant la projection
missionnaire de l’œuvre. Dans cette
pastorale missionnaire, non seulement,
on est missionnaire, mais on aide afin que
d’autres deviennent missionnaires. Il s’agit
d’« être » des disciples de Jésus, « faire des
disciples » pour Jésus et aider à ce « qu’ils
fassent » encore plus de disciples pour Lui.
Quelles sont les stratégies qui peuvent être
mises en place ?
La première stratégie est l’accueil de tous
les enfants quel que soit leur niveau
social ou de religion. Il s’agit de créer une
fraternité entre tous les enfants et entre
tous les mouvements d’enfants du diocèse.
Ensuite, il importe d’aider les enfants
à s’épanouir dans leur propre groupe,
leur famille, leur école, leur communauté
de catéchisme et leur paroisse. Il s’agit
aussi d’aider les éducateurs des enfants,
les parents et les catéchistes, à prendre
conscience de leur responsabilité
missionnaire à l’égard des enfants.
Enfin, la Sainte Enfance vise aussi à sauver
les enfants malheureux par les enfants
eux-mêmes. Pour ce faire, il faut faire de
l’enfant un messager et un acteur de paix,
de joie et d’amour. En somme, faire de
l’enfant missionnaire un Messager de la
Bonne Nouvelle. Quels sont les moyens
utilisés pour parvenir à ce noble but ?
e L’Animation Missionnaire
Pour éveiller, raviver et soutenir chez les
enfants l’esprit missionnaire universel, il
faut les habituer à la prière, à accueillir
l’information missionnaire, la motivation
missionnaire.
e La Formation Missionnaire
Pour faire en sorte que les enfants vivent
l’« Ecole avec Jésus » et aient ainsi des
critères et une mentalité missionnaire,
comme celle de leur Maître, il urgente de
les former à travers la catéchèse, l’éveil
à l’esprit missionnaire avec la lecture
des fioritti ou des histoires de saints
Missionnaires, leur inculquant ainsi une
spiritualité missionnaire.
e La Communion et l’Organisation
Missionnaires
Pour promouvoir la communion
missionnaire entre les enfants, il faut
leur apprendre à utiliser les ressources
disponibles pour leur service missionnaire
et à intégrer au mieux les services des
enfants et ceux de leurs animateurs dans
la communauté ecclésiale.
e La Coopération missionnaire :
Pour aider chaque enfant à réaliser les
apports missionnaires qui lui reviennent
dans sa communauté locale et en
faveur de l’évangélisation universelle,
et plus spécialement pour les enfants
qui sont dans « la mission ad gentes »,
il faut éveiller le cœur de l’enfant à la
bienveillance et à la générosité.
En somme, il nous faut pour donner suite
au Congrès Mission, tenter de transmettre
la foi aux enfants. Ce qui voudrait dire
les rendre amoureux de Dieu et de
l’Eglise. Ceci est possible quand nous
encourageons et promouvons la piété
naturelle des enfants. Il nous faut tenter
d'apprendre aux enfants à aimer Dieu en
leur faisant écouter et aimer la Parole de
Dieu. Pour réussir à faire de nos enfants
des missionnaires pour un avenir fécond
de l’Eglise en Martinique, il nous revient
d’apprendre à nos enfants l’écoute, la
bienveillance, la générosité. Partant, nous
aurons de dignes vocations sacerdotales.
Notre après Congrès Mission Martinique
2024 se veut productif de vocations
sacerdotales. C’est la promesse divine.
Vive l’Enfant Missionnaire.
Père Grégoire-Sylvestre Gainsi
Curé de Redoute
■
➊Objectif et contenu
➋Les stratégies
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?
Question
AN TJÈ
LÉGLIZ-LA
Le Créole dans la liturgie
‘‘
Depuis le début du siècle, une poignée de chrétiens œuvre à introduire le tambour et le créole
dans l’Église, afin de célébrer leur foi et leur culture à l’unisson.
En décembre 2005, à l’initiative du père Jean-Michel Monconthour et d'un groupe de fidèles de
la paroisse de Josseaud, le mouvement d’évangélisation Bèlè Légliz a été lancé. Bèlè Légliz a
provoqué un petit séisme avec des textes en créole. Casimir Jean-Baptiste dit "K'zo", cofondateur
de Bèlè Légliz répond à quelques questions.
I Comment le créole est-il arrivé
dans notre liturgie ?
L
e créole est arrivé grâce à des
hommes d’Eglise, convaincus
et avant-gardistes. Ils n’ont pas
hésité à s’approprier les directives
du Concile Vatican II et se mettre
au service de la foi du peuple. Ainsi
l’inculturation a été une possibilité pour
que chacun puisse se réconcilier avec
sa culture et également avec l’Eglise...
un combat peu évident à mener.
Il me parait évident que si le français
ait pu se substituer au latin, pour
évangéliser, pourquoi pas le créole ?
saaComment travaillez-vous les
chants et les textes ? Est-ce un
travail conséquent ?
La conception d’un titre « bèlè légliz »
se fait à partir d’un texte de la Bible qui
est traduit en créole en tenant compte
de la poésie de la langue. Ensuite, ce
texte est soumis aux prêtres théologiens
qui le valident, s’il est conforme à
l’évangile en question.
Ensuite, un rythme et une mélodie bèlè
appropriés au sentiment liturgique lui
sont appliqués. Il est fondamental de se
pencher sur cet aspect du travail pour
avoir ce sentiment de prière.
La difficulté peut se situer à ce niveau.
ï Avez-vous un retour des fidèles ?
les prêtres jouent-ils le jeu ?
Au début de cette démarche, beaucoup
de personnes, convaincues, ont trouvé
cette conception extraordinaire.
Mais les puristes de l’Église ont
crié au scandale. Même des lettres
anonymes ont été adressées à l’évêque
de l’époque. Mais à l’écoute de nos
premières expériences, ce dernier nous
a encouragés à aller plus loin dans notre
démarche. Il a même mis un petit mot
sur la pochette du premier CD. De ce
fait, pas mal de prêtres ont adhéré à la
démarche.
En ce moment la stagnation de Bèlè
Légliz est considérable. Le latin s’est
même repositionné dans les églises.
Est-ce une volonté de procéder ainsi ?
eaaL’utilisation du créole s’est-elle
étendue ? Les paroisses jouent-
elles le jeu ?
Depuis un moment je ne suis plus
aussi actif avec Bèlè Légliz, donc je
ne saurais dire s’il y a une évolution
ou pas dans les paroisses.
Mais le créole progresse pas mal, en
milieu scolaire, au sein d’associations et
même politiquement parlant. Beaucoup
de personnes enseignent la langue et
mettent en place des manifestations en
transversalité à la culture martiniquaise.
aaBélè Légliz est considéré comme
un aboutissement, alors qu’il
aurait dû être un point de départ
à d’autres actions…
Peut-être qu’il y a eu une volonté de ne
pas poursuivre le développement de ce
mouvement. Bèlè Légliz, voire le bèlè
en général, est une micro société. Tout
ce que la société vit, la micro société
la vit également à une petite échelle.
Cela a été une grande avancée. Bèlè
Légliz a permis une réconciliation avec
l’Eglise mais aussi une réconciliation
avec la culture. Malheureusement, Pour
beaucoup le créole demeure « bagay vié
nèg », et ils considèrent que par cette
langue et le tambour bèlè, le diable est
entré dans l’Eglise.
5aaComment voyez-vous l’avenir ?
L’avenir du créole dépend de ceux qui
ont la volonté de le faire vivre et de
l’alimenter. Cet outil d’expression,
n’aura de l’importance que s’il est intégré
dans la vie globale du M artiniquais.
Au sein de l’Eglise, il faudrait une large
adhésion des fidèles et des prêtres. Il est
temps que nous nous prenions en main.
Prétendre passer à un autre niveau
laisse supposer que ce qui a existé est
maintenu. Y a-t-il une réelle volonté de
le faire ? La question est posée.
Propos recueillis par Nicole Chésimar ■
de la poésie de la langue. Ensuite, ce
fait, pas mal de prêtres ont adhéré à la
démarche.
En ce moment la stagnation de Bèlè
Légliz est considérable. Le latin s’est
même repositionné dans les églises.
Est-ce une volonté de procéder ainsi ?
eaa
Depuis un moment je ne suis plus
aussi actif avec Bèlè Légliz, donc je
ne saurais dire s’il y a une évolution
ou pas dans les paroisses.
Mais le créole progresse pas mal, en
milieu scolaire, au sein d’associations et
ÉGLISE EN MARTINIQUE du 20 octobre 2024 – n° 68718
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Agenda de l’Archevêque
Dimanche 20 octobre :
• 8h : Messe à la paroisse des Terres-Sainville
• 17h30 :Vêpres à la paroisse
des Terres-Sainville
Mercredi 23 octobre :
• Rencontre avec les confirmands de la
paroisse de François
Jeudi 24 octobre :
• Bilan Congrès Mission avec les ambassadeurs
des districts Centre et Nord Caraïbe
Vendredi 25 octobre :
• Bilan Congrès Mission avec les ambassadeurs
des districts Grand Nord et Nord Atlantique
Samedi 26 octobre :
• Rencontre avec des jeunes 14-18 ans
Du 27 au 31 octobre :
• Prédication de la retraite presbytérale dans le diocèse
de Carcassonne et Narbonne
Du 4 au 10 novembre :
• Assemblée plénière de la Conférence des Évêques
de France à Lourdes
Vendredi 8 novembre :
• Messe d’institutions au séminaire Saint-Cyprien
de Toulouse
Samedi 11 novembre :
• Messe de l’Aumônerie des Antillais & Guyanais
(Église Saint-Sulpice à Paris)
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Prière pour la Martinique
et tous ses habitants

