N’ayez pas peur : non abbiate paura


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jeudi 25 septembre 2025
Diocèse de Martinique

À part Internet et les réseaux qui nous mettent sans cesse tout cela devant les yeux avec une impudeur obscène, le monde n’a pas tellement changé et saint Jean-Paul II a toujours raison, plus que jamais raison : « N’ayez pas peur ! »

C’est une phrase célèbre prononcée par Jean-Paul II dans l’homélie de la messe d’intronisation de son pontificat, le 22 octobre 1978, il y a presque 47 ans… C’était aussi une phrase prophétique. Une de ces phrases qui illuminent l’Histoire des hommes aussi bien que leur coeur. En tout cas pour tous ceux qui veulent se laisser toucher et qui ne sont pas étouffés par l’édredon fallacieux de ceux qui prêchent la panique pour mieux vendre leurs divertissements.

 Le monde d’alors n’était pas plus sécurisé que le nôtre. Les grandes puissances étaient, comme toujours, menaçantes, prêtes à appuyer sur le bouton nucléaire. Les attentats et les violences faisaient l’actualité. Les drogues diverses empoisonnaient la jeunesse et des trafiquants de tout poil s’enrichissaient à milliards. Les pays riches et développés pillaient déjà les ressources naturelles et la jeunesse des pays pauvres. Les pauvres étaient très pauvres, de plus en plus pauvres, et les riches étaient très riches, de plus en plus riches. Et les pouvoirs politiques paraissaient déjà impuissants à résoudre les grands défis géopolitiques et écologiques de l’époque, étaient complètement sourds aux vrais problèmes des populations et aux cris des malheureux. Les médias produisaient déjà un brouillard assez épais pour laisser planer l’inquiétude tout en faisant écran aux vérités dérangeantes. Les progrès de la science, comme toujours, étaient détournés au profit des besoins les plus égoïstes des profiteurs. On inventait alors nos actuels moyens légaux de se débarrasser légalement de ceux qui gênaient la jouissance permanente des hommes : enfants à naître, pauvres grabataires, ou porteurs de handicaps…

À part Internet et les réseaux qui nous mettent sans cesse tout cela devant les yeux avec une impudeur obscène, le monde n’a pas tellement changé et saint Jean- Paul II a toujours raison, plus que jamais raison : « N’ayez pas peur ! »

La peur est, avec le plaisir, le moyen le plus puissant du démon pour nous induire au mal. Celui qui se laisse envahir par la peur commence par fuir et par s’isoler dans les jouissances égoïstes et sans partage (ce qui, bien sûr, fait marcher le commerce). Après avoir adopté un mode de vie où il ne fréquente plus personne, il se laisse terroriser, de crainte de perdre ses biens et son pactole, et cherche à tout prix à se protéger. Une fois qu’il a fermé à double tour la porte de sa maison et celle de son coeur, voilà construits des murs, des tours, des digues, des clôtures et des systèmes de sécurité. Toujours inquiet que la convoitise et la méchanceté des autres parviennent à vaincre ses protections, il finit par s’armer de toutes les façons possibles. Imbibé de méfiance, il va même jusqu’à s’éloigner de ses proches et s’isole irrémédiablement. Mais comme la peur ne le lâchera toujours pas, il sombrera dans la violence en portant atteinte, physiquement ou verbalement, à ceux qui pourraient l’attaquer. Enfin, faisant l’expérience qu’il y aura toujours un plus puissant que lui, il finira bien triste et angoissé. Inutile de dire que si la mort même ne le libère pas d’une souffrance qui risque bien de le poursuivre dans l’Au-delà. C’est en tout cas le plan du diable.

L’autre chemin est celui de la Confiance, de l’Espérance, de l’Abandon à la Providence divine et à l’Amour fraternel. C’est un chemin escarpé mais il ne fait pas peur. Il passe aussi par la communauté et ses limites. Illuminé par la Parole de Dieu et par le témoignage des saints, il conduit à l’engagement dans la famille des enfants de Dieu. Même en traversant les plus terribles épreuves et les ravins de la mort, on ne craint aucun mal car la houlette du Tout-Puissant nous délivre de la Peur. Son amour est si puissant, si rassurant, que la générosité, le dépouillement jusqu’au don de sa propre vie, le martyre, est une joie et un honneur. La victoire sur la peur est une victoire définitive. L’union éternelle à Celui qui a dit : « N’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33).

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

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