Le Carême, les Catholiques et l’argent


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samedi 14 mars 2020
Diocèse de Martinique

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Lc 20, 25). S’il y a un verset de la Bible que les catholiques appliquent à la lettre, c’est bien celui-ci. Les fidèles des autres religions se montrent extrêmement généreux avec leurs communautés. Nous, nous « rendons » notre argent au monde seul… et nous oublions les besoins réels de notre diocèse… Pourquoi et comment ?

Les quêtes  : Si un observateur regarde les paniers de quête à la fin d’une messe, il y verra de nombreux billets mêlés aux pièces. C’est déjà ça. Mais il passera à côté de deux phénomènes inquiétants : (1) Il y a moins de donateurs (avec la baisse de la population) ; (2) les fidèles sont moins généreux. En réalité, les quêtes parviennent à couvrir les besoins courants de seulement la moitié des paroisses… Mais non à financer les travaux !

Le Denier : Il est le maillon faible de notre modèle économique. C’est un maillon faible financier et surtout spirituel. Le DENIER est un DÛ ! Moralement et spirituellement. Depuis qu’Abel a sacrifié au Seigneur les prémices de son troupeau, et qu’Abraham a consenti à sacrifier son propre fils, tout fidèle – du plus riche au plus pauvre, même les enfants, même les prêtres et l’évêque ! – doit verser au DENIER une partie de son revenu. L’Eglise Catholique laisse à chacun le soin d’apprécier, en conscience, quelle proportion de ses revenus il versera au culte pour remercier Dieu (on sait que, dans d’autres religions, 10% sont exigés). Le DENIER n’est pas une option dans une vie chrétienne. C’est un acte de foi et de justice pour tous.

Les dons-hors-diocèse : C’est peut-être la plus étonnante des pratiques des fidèles de Martinique : donner et dépenser de l’argent pour des projets personnels hors du diocèse. Je me réjouis sincèrement de voir tant de fidèles partir en pèlerinage : tant de bienfaits spirituels, tant de conversions. Mais ne doit-on pas rationaliser ces dépenses et inviter chacun à donner au moins le même montant pour nos églises et nos centres paroissiaux qui se dégradent ? Dans une famille finance-t-on chaque année des voyages lointains lorsque le toit de la maison n’est pas réparé et menace de s’envoler au prochain cyclone ? Idem quant à la générosité des fidèles pour des projets ou des sanctuaires étrangers, alors que 6 de nos paroisses ne peuvent plus utiliser leur église ou leur centre paroissial et que 12 autres nécessitent de grands travaux ?

Les cierges : Il y a chez nous un incroyable gaspillage avec les lumignons. Ajoutons que beaucoup de fidèles achètent les cierges qu’ils offrent à Dieu ailleurs qu’à l’église. Comment un cierge peut-il être une offrande s’il est acheté dans le commerce et non dans l’église !? Il ne sert finalement qu’à salir les murs et à donner plus de travail aux sacristains. Ce genre d’attitude prive la communauté de ses moyens de subsistance.

Les legs : Peu de fidèles lèguent une partie de leurs biens, même infime ou symbolique, à l’Eglise qui les a baptisés, mariés ou enterrés, eux et leurs proches. L’Eglise n’est-elle donc pas notre famille ? Pourquoi la déshériter ?

Frères et sœurs, les dons ne vont pas « dans la poche des prêtres » ! Ceux-ci ont tout donné à Jésus et à l’Eglise et reçoivent bien moins que le SMIC pour vivre… Depuis plusieurs années, le diocèse ne peut totalement financer son immobilier, ses projets pour la jeunesse, ses ambitions missionnaires, sa générosité envers les plus pauvres… Il faut que cela change : j’en appelle à chacun, pratiquant ou non.

En ce temps de carême, je laisse les Catholiques à leurs responsabilités. C’est vous et Dieu. A votre bon cœur Messieurs-Dames… !

+ fr. David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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