fleurs des jardins créoles aux milliers de VHU de nos campagnes ; des « grand’robes » de
nos « grand’mères » allant à la messe aux armes qui circulent sous les manteaux de notre
jeunesse… Que penses-tu de notre culture aujourd’hui ? L’aimes-tu ? Es-tu prêt à te battre
pour la purifier ?
C’est une question de vie ou de mort, et je ne parle pas au figuré ! La culture est un redoutable agent de libération ou d’asservissement des peuples et des coeurs. Sans culture des hommes meurent, avec une culture frelatée, des sociétés s’effondrent ; une culture corrompue engendre le malheur. Le moyen principal de Satan pour perdre les âmes est la corruption de la culture. Inversement, Dieu lui-même s’est toujours penché sur la culture de chaque peuple pour conduire l’humanité au salut et au bonheur !
Cherchant des solutions aux grands problèmes martiniquais, nous nous tournons sans grand espoir vers la politique ou l’économie. Mais ni des politiciens providentiels, ni des milliards de subventions ne nous apporteront le bonheur. On court vers des spiritualités superstitieuses ou ésotériques. D’autres affirment ne faire confiance qu’à la raison, la science et la bonne volonté humanistes. Mais quel échec : nos jeunes continuent à se débaucher, à se harceler, à se pervertir et à s’entretuer… Le bonheur n’est pas au rendez-vous…
Vous me direz : et Dieu ? Et la religion chrétienne ? Ça fait des siècles que la majeure partie de la population la pratique ! Aurait-elle échoué elle aussi ?... On ne peut pas dire ça : la foi catholique, malgré les conditions funestes de son implantation et les limites de son personnel, a semé ici d’authentiques germes de liberté. Seul le Christ, qui a permis à ce peuple de tenir et de traverser ses plus grandes crises, nous donne la force d’affronter nos pires démons ! Mais l’oeuvre du Christ dans la société antillaise est limitée par une bataille qui a été particulièrement négligée, voir ignorée des fidèles et des pasteurs : la bataille de la Culture.
Au mot « culture », vous pensez peutêtre d’abord aux artistes, aux musées, aux expositions et aux livres… Vous n’avez pas tort. Mais, aujourd’hui, les gens vivent sans s’intéresser aux livres et encore moins à l’art, sinon comme un produit de consommation ! Est-ce à dire que la culture ne compte plus et qu’il faut la juger inutile ?
Non ! Car, au-delà des objets « culturels », la culture est la participation et la réponse de la créature humaine à l’oeuvre de son Créateur et Père. Elle est ce qui est commun à un groupe d'individus formant une société, ce qui les soude et les relie fondamentalement. Voilà pourquoi l’Église s’y intéresse en priorité et pourquoi le diable fait tout pour détruire et salir les cultures de ce monde.
Ainsi donc, ce qui est appris, transmis, produit et inventé par un groupe humain, façonné par la géographie, le climat d’une région, la faune et la flore… sa gastronomie, son architecture, son urbanisme, son histoire, ses modes de vie, ses lois, sa philosophie, sa langue, sa littérature, ses sciences et technologies, son art (bien sûr !), ses valeurs, ses traits psychologiques, ses traditions, ses croyances et sa religion… mène soit à la vie, soit à la mort !
L’un des grands plans de l’Ennemi du genre humain est de convaincre les chrétiens de se calfeutrer dans leurs églises et de se réfugier dans leurs prières et leurs cérémonies pendant que la rue, les médias et les réseaux, les programmes scolaires, les enseignements universitaires, les arts et les lois politiques sont subtilement orientés par les lobbies de la Mort… Jadis, l’Église a toujours été à l’oeuvre dans la Culture qu’elle a façonnée en Occident et en Orient. Dommage que ce combat, pourtant rappelé par Vatican II, soit aujourd’hui négligé par tant de fidèles et de pasteurs… Dieu nous en demandera compte, déjà nos enfants en meurent.
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
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