La communion des saints dans les religions chrétiennes


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lundi 3 novembre 2025
Diocèse de Martinique

« Je crois à la communion des saints » affirmons-nous dans le Credo récité par la plupart
des confessions chrétiennes : la communion des saints est donc à première vue une vérité
partagée

Cependant, son interprétation varie selon les traditions. Toutes reconnaissent qu’elle exprime l’union des croyants dans le Christ, mais diffèrent sur l’étendue de cette communion : s’arrête-t-elle à la vie terrestre ou s’étend-elle au-delà de la mort ?

Pour les catholiques, la communion des saints relie tous les membres de l’Église : les fidèles vivants, les âmes du purgatoire et les saints du Ciel. Cette solidarité spirituelle permet une véritable « circulation des grâces » : les vivants peuvent prier pour les défunts, et les saints intercèdent pour ceux qui sont encore sur terre. La vénération des saints et de la Vierge Marie traduit cette conviction que toute l’Église, visible et invisible, forme un seul corps dans le Christ.

 Les orthodoxes partagent une vision proche, mais plus mystique. Ils affirment la communion entre les vivants et les défunts sans parler de purgatoire : après la mort, l’âme continue de croître vers la lumière divine. Les saints et la Mère de Dieu sont honorés comme vivants dans le Christ ; leur intercession s’exprime surtout dans la liturgie et à travers les icônes, signes visibles de la présence du Royaume.

Les traditions issues de la Réforme, en revanche, recentrent la communion sur la foi partagée par les croyants. Pour les luthériens, elle désigne la communauté des fidèles unis par l’Évangile, non une relation avec les morts. Les saints sont des exemples, non des médiateurs ; les prières pour les défunts ou adressées aux saints sont rejetées. Les réformés vont dans le même sens : seule la grâce de Dieu unit les croyants, et seul le Christ intercède pour eux. La communion des saints devient alors une réalité spirituelle présente, vécue dans la communauté terrestre visible.

Pour les évangéliques, la communion des saints se limite à la fraternité des croyants vivants. Unis par la foi et l’Esprit Saint, ils forment une communauté centrée sur la prière, la Parole et le partage fraternel. Toute intercession des saints ou prière pour les morts est écartée : le Christ seul est médiateur.

Les anglicans, à la croisée du catholicisme et de la Réforme, adoptent une position intermédiaire. La communion des saints comprend les vivants et les défunts, mais la vénération des saints reste facultative. Certains anglicans, proches de Rome, maintiennent les prières pour les morts ; d’autres, plus protestants, s’en tiennent à une lecture purement spirituelle.

Ainsi, toutes les religions chrétiennes affirment la même vérité fondamentale : les croyants sont unis en Christ. Mais les catholiques et orthodoxes voient cette communion comme un lien entre la terre et le ciel, tandis que les protestants et les évangéliques la limitent à la communauté présente. Les anglicans, enfin, oscillent entre ces deux approches.

La communion des saints demeure donc à la fois un signe d’unité et une expression de la diversité des visions chrétiennes de l’Église et du salut. Elle invite aujourd’hui à redécouvrir, au-delà des oppositions, la profondeur du lien spirituel qui unit tous les croyants dans le Christ ressuscité. 

Michel Déglise, Chargé de cours en Philosophie

à l'Institut Gaston Jean-Michel

Article extrait du N°708 d'Eglise en Martinique

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