Comment couvrir une multitude de péchés ?


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dimanche 16 novembre 2025
Diocèse de Martinique

Aux Antilles, nous pratiquons avec ferveur deux voies pour aller au ciel, deux chemins de sainteté. Le premier c'est la perfection morale. Le second, qui est en quelque sorte le sommet du premier, c'est la piété.

Aux Antilles, nous pratiquons avec ferveur deux voies pour aller au ciel, deux chemins de sainteté. Le premier c'est la perfection morale. Le second, qui est en quelque sorte le sommet du premier, c'est la piété.

La perfection morale, c'est le fait d'avoir choisi et de mettre en oeuvre les « bonnes moeurs ». Un ensemble de règles qui sont notre façon d’être fidèle à Dieu en nous comportant d’une bonne façon. La morale est la science du bonheur. Le savoir vivre en actes, en paroles et en pensées qui conduit l'homme non pas simplement à la jouissance (ce bonheur menteur que procurent les drogues de ce monde : la consommation, le pouvoir, l'argent, etc., ou les plaisirs), mais le bonheur réel d’agir pour que notre humanité soit à l’image de Dieu notamment par le sacrifice, le don de soi, l’amour.

La piété consiste à rendre à Dieu ce qui est à Dieu. C'est un acte de justice envers le bon Dieu qui nous a créés, qui nous a sauvés et qui nous fera entrer dans la vie éternelle. Les actes de piété sont donc des actes par lesquels on offre à Dieu ce qu’il mérite : non pas comme jadis des bestiaux, ni non plus des sacrifices humains, mais nous-mêmes à travers le sacrifice du Christ, des sacrifices spirituels, la prière, l'adoration, la communion, l'eucharistie, le Saint- Sacrifice.

Cependant, nous avons réduit, les bonnes moeurs aux questions de morale sexuelle. « Vivre dans le péché », comme on dit, c'est, dans nos esprits, pratiquer la fornication, le concubinage ou l'adultère, et nous jugeons très sévèrement ce genre de comportement. Pourtant dans la bouche de Jésus, « vivre dans le péché » c’est d’abord juger, médire, calomnier, ne pas pardonner, être cupide, entretenir de l’amertume et de la rancune. Par exemple, nous apprenons à nos enfants à dire « s'il te plaît » et à dire « merci », mais nous-mêmes, nous ne savons pas toujours dire « pardon ». La morale qui conduit au ciel n’est pas celle qui fait preuve de sévérité et de mépris, (« Bénissez… ; bénissez, ne maudissez pas » Rm 13,14), contre nous-mêmes ou contre ceux qui n'arrivent pas à avoir une vie morale droite sexuellement. Ceux-là ne se sentent ni aimés ni accueillis par leurs frères. Jugement et sévérité n'appartiennent qu'à Dieu. Prenons garde d’être « purs comme des anges, mais orgueilleux comme des démons ».

Qui sommes-nous pour juger ? Pour condamner ? pour ne pas accueillir comme un frère, avec joie et humilité ? Pour nous ériger en petits-prêtres ? Nous qui avons été convoqués par un seul et même Père, par un seul et même Dieu, qui a donné sa vie pour nous sur la croix. La première voie royale de la sainteté, c'est celle de l’humilité : l'abandon dans les mains de Dieu. C'est l’attitude du pauvre de coeur et du miséricordieux. Ce chemin commence par la bienveillance, par l'encouragement, par la bénédiction, par le non-jugement, par la nonsévérité. Jésus n'a pas été sévère avec Zachée, la femme adultère, même avec Judas. 

En matière de piété, nous avons restreint la piété à des actes de religion qui sont certes majeurs mais non pas exclusifs. Pour nous le sommet de l'engagement chrétien consiste à être « sur l'autel » pour donner la communion, pour faire la lecture. Nous avons proposé à nos jeunes d'être des servants d'autel. Tout cela est bon, mais cela ne suffit pas ! 

L’autre chemin royal de la sainteté que nous négligeons souvent, c'est le service des pauvres ! La charité ! La Bible le dit « un seul acte de charité couvre une multitude de péchés » (1P 4,8). Lors du jugement le Seigneur ne nous demandera pas d'abord, si nous avons eu une vie sentimentale et sexuelle mouvementée, cabossée ; Il ne nous demandera pas le nombre de chapelets ou de messes que nous avons servies. Mais il nous dira : « J'étais pauvre, m'as-tu aidé ? » « J'avais faim, m'as-tu nourri ? » « J'étais malélevé as-tu accepté de ne pas me juger ? » « J'étais malade, m'as-tu soigné ? » etc. A chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait » (ou pas).

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

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