Ou Wè’y ou pa Wè’y


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mardi 16 décembre 2025
Diocèse de Martinique

« Venez divin Messie nous rendre espoir et nous sauver !!!! » Et si nous interrogions
l’authenticité de notre désir d’être sauvés et de retrouver l’espoir ?

Un de mes amis me racontait dernièrement cette histoire drôle…

Dans une chambre d’hôpital trois malades sont alités : un Américain, un Chinois et un Français… Ils ont été opérés, doivent quitter l’hôpital le lendemain et rentrer chez eux pour quelques semaines afin de retrouver la santé avant de reprendre leurs activités. Tous les trois sont chrétiens. Ils décident de prier avant la nuit. Soudain Jésus apparait. Il s’approche de l’Américain et lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». L’Américain lui répond : « Seigneur, s’il te plait, fais que ma convalescence se termine au plus vite j’ai besoin de reprendre mon business, j’ai des employés qui comptent sur moi et des fournisseurs à rembourser » … Jésus le prend par la main et hop ! Le voilà debout ! L’Américain, tout heureux, s’écrie : « Yes HE can make ME great again » et s’en va ! Le Seigneur s’approche ensuite du Chinois et lui demande aussi : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » le Chinois lui répond : « Jésus, fais que je retrouve la forme au plus vite, il faut que j’aille travailler ! Je dois retrouver toute ma famille : nous construisons des ponts et bâtissons des villes pour nos enfants. » Aussitôt, Jésus le prend par la main et le relève. Le Chinois saute de joie, lui fait un cadeau et s’en va. Alors Jésus s’approche déjà du français… Mais celui-ci pousse un hurlement en se recroquevillant dans son lit : « Ne t’approche pas de moi ! Ne me touche pas ! .... Je suis en congé maladie ! »…

Cette mauvaise blague ne m’a pas empêché de prier pour tous ceux et celles qui bénéficient en toute justice d’un congé pour raison de santé et de remercier le Seigneur pour le pays qui nous accorde ces avantages sociaux que nos voisins n’ont pas. Mais je me suis interrogé sur notre réel désir de guérison spirituelle. Sincèrement et profondément a quel degré, avec quelle ferveur désirons-nous retrouver l’espoir et être sauvés !? N’oublions pas qu’il y a parfois des avantages à être « au lit »… Maman nous amène du bouillon tout chaud tout cuit. « Ou ka mandé malad’ si’y lé bouyon !? » dit le proverbe.

Depuis le jour où nous chantons, louons, prions… depuis le jour où nous sommes en convalescence des misères, des pauvretés, des blessures combien de temps cela va-t-il durer ? Les conflits de nos familles, les violences de nos rues, l’aigreur de nos propos vont-ils encore durer longtemps !? Si Jésus vient… (A force de dire « Venez, Divin Messie, venez, venez, VENEZ » yonn sé jou-a i kay vini !) Allons-nous lui demander de nous guérir ou de rester encore un peu en congé maladie de nos blessures collectives, individuelles ou familiales ?

En d’autres termes (parce que je crois que Jésus vient quand on l’appelle… et je ne pense pas être le seul en Martinique à le croire !) puisque Jésus vient, pourquoi ne retrouvons-nous pas l’espoir et n’agissons-nous pas comme des gens qui sont sauvés. Combien de Noël faudra-t-il pour que notre peuple se réconcilie avec lui-même ? avec son histoire ? entre ses différentes composantes ?

À moins que… Il y ait une autre version de la blague : le dernier malade aurait dit à Jésus « Jésus, guéris-moi, mais surtout ne le dis à personne ! ». À moins, donc, que nous soyons déjà guéris, que Jésus soit déjà venu dans nos familles, nos quartiers, nos cités, pour nous visiter, se révéler à nous et nous donner la PAIX. Dans ce caslà, peut-être que nous faisons juste semblant de ne pas savoir être unis, ne pas savoir comment pardonner, comment gérer un conflit et être en vérité… nous faisons « wòl » genre « ou Wè’y ou pas Wè’y » … Bref… peuple de Dieu, qui attends-tu à Noël ? Est-ce bien le Prince de la Paix !?

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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