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Nombre de cancans parcellent la vie des communautés de notre pays ! Certes, on entend force critiques de la part des fidèles et des pasteurs des autres Églises chrétiennes, mais, parfois ils en disent moins que nous en disons nous-mêmes sur nos propres frères ! Dans les familles, les conflits déchirent les couples et les fratries ; dans une même paroisse, des groupes ne s’accordent pas, mais au sein d’un même groupe, il arrive que des membres se jalousent les uns les autres ; les clochers se font concurrence, mais, souvent, sous un même clocher les responsables ne savent pas s’entendre ; les familles spirituelles ne communiquent pas toujours, tandis qu’au sein d’une même spiritualité des leaders peuvent se critiquer avec acidité…
Tous les fidèles en souffrent et, au-delà, tout le peuple. On pourrait se tourner vers les chrétiens et leur dire : « sa zot ka fè nou la ? ». Si on ne trouve pas toujours l’accueil chaleureux, l’amitié, le soutien, la ferveur dans l’Eglise, et si certaines associations philosophiques, culturelles, spirituelles ou sportives semblent (en apparence en tout cas) donner un meilleur exemple de fraternité, beaucoup, notamment les jeunes et les personnes les plus fragiles, sont tentés de s’éloigner du Christ en se retirant de nos communautés sur la pointe des pieds. L’évêque et les prêtres sont chaque jour les paratonnerres des cancans de personnes qui ne font aucun effort pour s’aimer les uns les autres. « Devant moi, dispute et discorde se déchaînent » (Ha 1,3), disait le prophète.
Il faudra que cela cesse ! Si les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes à notre ennemi le diviseur, cela ne sert à rien de consolider les murs avec nos « Jéricho » de prière, de passer des nuits comme sentinelles ou comme guerriers, de demander à Padre Pio de chasser le mal ou d’invoquer l’Esprit-Saint sur les familles !
Les portes des divisions restent ouvertes, notamment parce que, comme nous ne savons pas gérer un conflit sans faire la guerre, nous en avons peur ! Nous pensons que le conflit nous fragilise ! On ne veut pas passer pour un(e) « dézodè(ze) ». Alors nous préférons maintenir de fausses paix, des paix de surface qui sont tout sauf « la paix du Christ ». Combien de fois ai-je entendu des gens dire : « tchip !... je n’ai rien contre untel… », alors que tout le monde sait qu’un conflit larvé nourrit de petites phrases et de non-dits existent entre ces deux-là ? Combien de fois on se plaint de quelqu’un alors qu’on pourrait et devrait appliquer la règle de Jésus : « Si ton frère a commis un péché, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (Mt 18,15) ?
Une paix factice est mensongère, hypocrite et diabolique, à la place, il vaut mieux un bon cancan. Voici la recette du bon cancan :
1. Vaincre sa peur par une confession sincère pour chasser l’esprit « sépamafôt » qui pousse à se justifier, à se défausser sur les autres et à montrer qu’on n’a jamais aucun tort.
2. Choisir un cadre intime, paisible et propice, prévenir l’autre à l’avance : « il faut que nous parlions »…
3. S’habiller d’Amour et d’Humilité pour ne jamais chercher à prendre le dessus et faire la leçon, et être prêt à entendre sa propre correction.
4. Maîtriser son affectivité (« kalmé kôw ! »), demeurer objectif et arrêter d’interpréter toujours dans le mauvais sens les actes des autres !
5. Nourrir une grande confiance et beaucoup de bienveillance en l’autre et en Dieu : cela veut dire prier, si possible, ensemble…
Dégustez sans modération !
+ fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Tous les fidèles en souffrent et, au-delà, tout le peuple. On pourrait se tourner vers les chrétiens et leur dire : « sa zot ka fè nou la ? ». Si on ne trouve pas toujours l’accueil chaleureux, l’amitié, le soutien, la ferveur dans l’Eglise, et si certaines associations philosophiques, culturelles, spirituelles ou sportives semblent (en apparence en tout cas) donner un meilleur exemple de fraternité, beaucoup, notamment les jeunes et les personnes les plus fragiles, sont tentés de s’éloigner du Christ en se retirant de nos communautés sur la pointe des pieds. L’évêque et les prêtres sont chaque jour les paratonnerres des cancans de personnes qui ne font aucun effort pour s’aimer les uns les autres. « Devant moi, dispute et discorde se déchaînent » (Ha 1,3), disait le prophète.
Il faudra que cela cesse ! Si les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes à notre ennemi le diviseur, cela ne sert à rien de consolider les murs avec nos « Jéricho » de prière, de passer des nuits comme sentinelles ou comme guerriers, de demander à Padre Pio de chasser le mal ou d’invoquer l’Esprit-Saint sur les familles !
Les portes des divisions restent ouvertes, notamment parce que, comme nous ne savons pas gérer un conflit sans faire la guerre, nous en avons peur ! Nous pensons que le conflit nous fragilise ! On ne veut pas passer pour un(e) « dézodè(ze) ». Alors nous préférons maintenir de fausses paix, des paix de surface qui sont tout sauf « la paix du Christ ». Combien de fois ai-je entendu des gens dire : « tchip !... je n’ai rien contre untel… », alors que tout le monde sait qu’un conflit larvé nourrit de petites phrases et de non-dits existent entre ces deux-là ? Combien de fois on se plaint de quelqu’un alors qu’on pourrait et devrait appliquer la règle de Jésus : « Si ton frère a commis un péché, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (Mt 18,15) ?
Une paix factice est mensongère, hypocrite et diabolique, à la place, il vaut mieux un bon cancan. Voici la recette du bon cancan :
1. Vaincre sa peur par une confession sincère pour chasser l’esprit « sépamafôt » qui pousse à se justifier, à se défausser sur les autres et à montrer qu’on n’a jamais aucun tort.
2. Choisir un cadre intime, paisible et propice, prévenir l’autre à l’avance : « il faut que nous parlions »…
3. S’habiller d’Amour et d’Humilité pour ne jamais chercher à prendre le dessus et faire la leçon, et être prêt à entendre sa propre correction.
4. Maîtriser son affectivité (« kalmé kôw ! »), demeurer objectif et arrêter d’interpréter toujours dans le mauvais sens les actes des autres !
5. Nourrir une grande confiance et beaucoup de bienveillance en l’autre et en Dieu : cela veut dire prier, si possible, ensemble…
Dégustez sans modération !
+ fr. David Macaire
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