En d’autres termes, sans même en avoir conscience, nos parents avaient un projet éducatif commun. D’une maison à l’autre, d’une famille à l’autre, d’un milieu à un autre, on retrouvait peu ou prou les mêmes principes de vie commune de la société, sur les rapports entre les gens, sur le respect des biens et des personnes, sur le respect de soi-même (de « son corps »), sur une certaine pudeur, etc. Il y avait un objectif et une manière de l’atteindre. Le projet, d’ailleurs, n’était pas porté uniquement par les parents. Tous les adultes s’accordaient globalement sur les mêmes principes et les mêmes façons de faire, à l’école bien-sûr, dans la rue, dans les clubs sportifs, dans le monde politique et, évidemment, à l’Eglise !
Certes, cette culture commune du passé n’était pas parfaite et véhiculait, parfois explicitement, des éléments critiquables, comme des pressions ou des hiérarchies sociales, du sexisme, de l’ostracisme, du racisme, de la promiscuité, de la violence, des discriminations, l’ignorance de la question écologique ou encore des superstitions… Il ne convient pas de la canoniser. Mais enfin, elle avait le mérite de faire de nous un peuple, une famille, en transmettant un héritage commun de génération en génération… Après tout, charge à chaque époque de purifier toujours d’avantage la culture reçue de ses aïeuls !
Mais nous avons failli : la génération de l’après-guerre et des années 60 a choisi (ou plutôt, on a choisi pour elle depuis Paris !) de faire valdinguer l’éducation communautaire qu’elle avait reçue pour un mode de vie individualiste et consumériste. Les conséquences en sont désastreuses : nous ne sommes plus un peuple uni par l’éducation, notre façon de vivre et nos grands principes dans les rapports sociaux ; nous ne sommes pas nous-mêmes et nous imitons les autres. Inféodés et colonisés plus que jamais. Vendus et achetés. Sauf que cette fois-ci, c’est notre âme qui est vendue, ce sont nos enfants (si peu nombreux et désormais « éduqués » par leurs écrans) qui se laissent acheter par d’autres mondes et fuient le nôtre. Adieu Foulards, adieu Madras !
L’Eglise tente de résister. L’Eglise doit résister. Elle n’a pas le choix. Notre Eglise Catholique en Martinique a reçu du Seigneur la mission exigeante, contre-révolutionnaire et prophétique d’unification de ce peuple fragmenté, de réconciliation de la famille divisée, d’éducation face au laisser-aller, du recueillement des âmes éclatées, du partage face à l’égoïsme, de la simplicité face à des vies compliquées, de la confiance contre la panique sociale, de la bonhommie malgré les rapports sociaux violents, des rencontres réelles au lieu des relations virtuelles, etc. ! C’est désormais la « mission impossible » mais exaltante des parents, des familles, des éducateurs, de notre Eglise et de toute « notre génération choisie » d’offrir à la jeunesse martiniquaise une éducation cohérente basée sur la formation, la fraternité, le service, l’Evangile et la prière.
La manifestation prophétique et historique de cette reconquête de nous-mêmes a été cette première Pentecôte des Familles du 9 juin dernier. Dans ce stade rempli, on a vu la communion, la concorde, le recueillement, la fraternité, la simplicité, la foi, la bonté et la puissance d’un peuple réuni, non par des écrans, mais debout et main dans la main, par le Saint-Esprit de Dieu. Et pourtant, toutes les familles catholiques, en particulier toutes celles dont les enfants sont au catéchisme, n’étaient pas présentes. Cela signifie que la mission ne fait que commencer ! Je vous le redis, nous ne nous arrêterons pas là !
+ fr David Macaire,
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
En d’autres termes, sans même en avoir conscience, nos parents avaient un projet éducatif commun. D’une maison à l’autre, d’une famille à l’autre, d’un milieu à un autre, on retrouvait peu ou prou les mêmes principes de vie commune de la société, sur les rapports entre les gens, sur le respect des biens et des personnes, sur le respect de soi-même (de « son corps »), sur une certaine pudeur, etc. Il y avait un objectif et une manière de l’atteindre. Le projet, d’ailleurs, n’était pas porté uniquement par les parents. Tous les adultes s’accordaient globalement sur les mêmes principes et les mêmes façons de faire, à l’école bien-sûr, dans la rue, dans les clubs sportifs, dans le monde politique et, évidemment, à l’Eglise !
Certes, cette culture commune du passé n’était pas parfaite et véhiculait, parfois explicitement, des éléments critiquables, comme des pressions ou des hiérarchies sociales, du sexisme, de l’ostracisme, du racisme, de la promiscuité, de la violence, des discriminations, l’ignorance de la question écologique ou encore des superstitions… Il ne convient pas de la canoniser. Mais enfin, elle avait le mérite de faire de nous un peuple, une famille, en transmettant un héritage commun de génération en génération… Après tout, charge à chaque époque de purifier toujours d’avantage la culture reçue de ses aïeuls !
Mais nous avons failli : la génération de l’après-guerre et des années 60 a choisi (ou plutôt, on a choisi pour elle depuis Paris !) de faire valdinguer l’éducation communautaire qu’elle avait reçue pour un mode de vie individualiste et consumériste. Les conséquences en sont désastreuses : nous ne sommes plus un peuple uni par l’éducation, notre façon de vivre et nos grands principes dans les rapports sociaux ; nous ne sommes pas nous-mêmes et nous imitons les autres. Inféodés et colonisés plus que jamais. Vendus et achetés. Sauf que cette fois-ci, c’est notre âme qui est vendue, ce sont nos enfants (si peu nombreux et désormais « éduqués » par leurs écrans) qui se laissent acheter par d’autres mondes et fuient le nôtre. Adieu Foulards, adieu Madras !
L’Eglise tente de résister. L’Eglise doit résister. Elle n’a pas le choix. Notre Eglise Catholique en Martinique a reçu du Seigneur la mission exigeante, contre-révolutionnaire et prophétique d’unification de ce peuple fragmenté, de réconciliation de la famille divisée, d’éducation face au laisser-aller, du recueillement des âmes éclatées, du partage face à l’égoïsme, de la simplicité face à des vies compliquées, de la confiance contre la panique sociale, de la bonhommie malgré les rapports sociaux violents, des rencontres réelles au lieu des relations virtuelles, etc. ! C’est désormais la « mission impossible » mais exaltante des parents, des familles, des éducateurs, de notre Eglise et de toute « notre génération choisie » d’offrir à la jeunesse martiniquaise une éducation cohérente basée sur la formation, la fraternité, le service, l’Evangile et la prière.
La manifestation prophétique et historique de cette reconquête de nous-mêmes a été cette première Pentecôte des Familles du 9 juin dernier. Dans ce stade rempli, on a vu la communion, la concorde, le recueillement, la fraternité, la simplicité, la foi, la bonté et la puissance d’un peuple réuni, non par des écrans, mais debout et main dans la main, par le Saint-Esprit de Dieu. Et pourtant, toutes les familles catholiques, en particulier toutes celles dont les enfants sont au catéchisme, n’étaient pas présentes. Cela signifie que la mission ne fait que commencer ! Je vous le redis, nous ne nous arrêterons pas là !
+ fr David Macaire,
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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