Au Vatican, le colloque international sur les abus a montré que ni les pasteurs, ni les laïcs n’étaient préparés à voir parmi nous de telles horreurs (qui aurait pu s’y attendre !?). L’Eglise, quoique beaucoup moins touchée que d’autres, est toutefois la première institution internationale à prendre publiquement des mesures courageuses pour accompagner les victimes et lutter contre ces crimes. Le « procès Barbarin » a prouvé que le cardinal n’a jamais couvert aucun crime (commis 20 ans avant son arrivée !) et a révélé les difficultés de l’Eglise à réagir quand elle est attaquée médiatiquement. Il y a eu aussi les témoignages d’abus de religieuses dans un reportage de M6 et le livre « Sodoma » sur le milieu gay à Rome…
Nous voilà doublement victimes et de la trahison de nos pairs et d’un odieux soupçon collectif : des prêtres se font injurier dans la rue, des familles craignent de mettre leurs enfants au catéchisme, les catholiques font profil bas, les religions fondamentalistes se réjouissent, les ennemis de la foi bombent le torse et s’apprêtent à balayer les décombres bimillénaires de « l’Eglise du Pape »… Le suicide de deux jeunes prêtres français a montré l’ignominie de l’hystérie actuelle : affolé à l’idée de couvrir potentiellement un criminel, tout le monde nous met en accusation, « contre eux, leurs ennemis murmurent et même l’ami, qui avait leur confiance et partageait leur pain, les frappe du talon » (Ps. 40, 8.10). Désormais, « nous qui avons tout quitté pour suivre Jésus » (Mc 10,28) pouvons tout perdre, notre ministère et jusqu’à notre réputation, à la moindre suspicion et à la moindre accusation, fondée ou pas, prouvée ou pas !
Malgré la souffrance de ce scandale (nous craignons tant pour la foi des plus faibles !), ne faut-il pas accueillir mystiquement ces révélations purifiantes ? « Avant l’avènement du Christ, dit le Catéchisme, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants » (CEC 675). « Elle n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers une ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Eglise selon un progrès ascendant, mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal » (CEC 677). Nous ne sommes pas un parti politique ou une entreprise ! Et même si nos « communicants » s’avèrent inaptes à gérer les crises médiatiques nationales, à répondre aux polémiques des journalistes ou à parler au peuple-des-écrans, le travail de guérison est, de tout temps, la première préoccupation des prêtres de ce peuple formé à 100% de pauvres pécheurs ! Signe pour tous les hommes que le salut est une grâce pour les malades.
Ce carême sera un bon et vrai carême. Quand on chantera : « revenez à moi de tout votre cœur… car je suis un Dieu de tendresse » (Jl 2,12), des larmes de joie vont couler devant la tendresse du Seigneur…. Alors je penserai à vous, mes chers prêtres, en train de tenir le candélabre des confessions. « Ce qu’il y a de faible et de méprisé aux yeux du monde, voilà ce que Dieu a choisi » (1 Co 1, 27-28) pour être les agents de la pureté de tous ! Déjà, mon cœur se porte sur le moment de la messe chrismale où, devant moi, vous renouvellerez vos promesses sacerdotales. Alors, la résurrection adviendra. Résurrection des âmes, de la confiance en l’Eglise, de notre amour pour le monde, de notre joie et de notre fierté d’être catholiques… et prêtres.
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Au Vatican, le colloque international sur les abus a montré que ni les pasteurs, ni les laïcs n’étaient préparés à voir parmi nous de telles horreurs (qui aurait pu s’y attendre !?). L’Eglise, quoique beaucoup moins touchée que d’autres, est toutefois la première institution internationale à prendre publiquement des mesures courageuses pour accompagner les victimes et lutter contre ces crimes. Le « procès Barbarin » a prouvé que le cardinal n’a jamais couvert aucun crime (commis 20 ans avant son arrivée !) et a révélé les difficultés de l’Eglise à réagir quand elle est attaquée médiatiquement. Il y a eu aussi les témoignages d’abus de religieuses dans un reportage de M6 et le livre « Sodoma » sur le milieu gay à Rome…
Nous voilà doublement victimes et de la trahison de nos pairs et d’un odieux soupçon collectif : des prêtres se font injurier dans la rue, des familles craignent de mettre leurs enfants au catéchisme, les catholiques font profil bas, les religions fondamentalistes se réjouissent, les ennemis de la foi bombent le torse et s’apprêtent à balayer les décombres bimillénaires de « l’Eglise du Pape »… Le suicide de deux jeunes prêtres français a montré l’ignominie de l’hystérie actuelle : affolé à l’idée de couvrir potentiellement un criminel, tout le monde nous met en accusation, « contre eux, leurs ennemis murmurent et même l’ami, qui avait leur confiance et partageait leur pain, les frappe du talon » (Ps. 40, 8.10). Désormais, « nous qui avons tout quitté pour suivre Jésus » (Mc 10,28) pouvons tout perdre, notre ministère et jusqu’à notre réputation, à la moindre suspicion et à la moindre accusation, fondée ou pas, prouvée ou pas !
Malgré la souffrance de ce scandale (nous craignons tant pour la foi des plus faibles !), ne faut-il pas accueillir mystiquement ces révélations purifiantes ? « Avant l’avènement du Christ, dit le Catéchisme, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants » (CEC 675). « Elle n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers une ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Eglise selon un progrès ascendant, mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal » (CEC 677). Nous ne sommes pas un parti politique ou une entreprise ! Et même si nos « communicants » s’avèrent inaptes à gérer les crises médiatiques nationales, à répondre aux polémiques des journalistes ou à parler au peuple-des-écrans, le travail de guérison est, de tout temps, la première préoccupation des prêtres de ce peuple formé à 100% de pauvres pécheurs ! Signe pour tous les hommes que le salut est une grâce pour les malades.
Ce carême sera un bon et vrai carême. Quand on chantera : « revenez à moi de tout votre cœur… car je suis un Dieu de tendresse » (Jl 2,12), des larmes de joie vont couler devant la tendresse du Seigneur…. Alors je penserai à vous, mes chers prêtres, en train de tenir le candélabre des confessions. « Ce qu’il y a de faible et de méprisé aux yeux du monde, voilà ce que Dieu a choisi » (1 Co 1, 27-28) pour être les agents de la pureté de tous ! Déjà, mon cœur se porte sur le moment de la messe chrismale où, devant moi, vous renouvellerez vos promesses sacerdotales. Alors, la résurrection adviendra. Résurrection des âmes, de la confiance en l’Eglise, de notre amour pour le monde, de notre joie et de notre fierté d’être catholiques… et prêtres.
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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