Je constate que, depuis des décennies, une grande partie de la population a résolument choisi le sexe et les plaisirs, l’intérêt personnel, le bien-être ou encore le pouvoir comme motivation première de l’existence. Derrière tous ces dieux, l’argent est bien-sûr à la clé de nos choix individuels et collectifs…
Toutefois, nonobstant le cas des plus miséreux, j’avoue que je ne peux, en conscience, souhaiter qu’il y ait en 2019 plus d’argent pour les fils et les filles de notre pays, pas plus que plus de travail, d’éducation, de pouvoir et même de « religion » ! Il n’y a qu’un souhait qui jaillit de mon cœur en cette période des vœux : l’Amour.
En effet, nous aurons beau parler toutes les langues du ciel et de la terre, connaître l’avenir ou posséder toutes les sciences, transporter les montagnes, et livrer notre corps aux flammes… Si nous n’avons pas l’amour, dit la Sainte-Écriture, l’amour qui prend patience, qui rend service, qui ne jalouse pas, qui ne s’irrite pas, qui ne s’enfle pas d’orgueil, qui ne cherche pas son intérêt, qui croit tout, excuse tout, supporte tout, fait confiance en tout, espère tout et endure tout.… Lanmou ki ka tchenbé rèd et pa ka moli : si nous n’avons pas cet amour-là, nous ne serons rien, nous ne serons jamais rien !
Voilà de belles paroles pour un hymne de Martinique !
Mé zanmi, vous voyez bien que nous vivons exactement cette parole dans le pays : sans l’Amour, nous tombons (bien bas !) ; avec l’amour, nous nous relèverons !
Mes vœux pour 2019 : Amour, amour, amour ! Ce sont des vœux exigeants. L’amour dont je parle n’est non seulement pas facile, mais il est mal connu et mal aimé :
« Mal connu », car on le confond avec un sentiment mièvre et idiot qui aveugle celui qui l’éprouve et le conduit à subir passivement toutes les duperies et les méchancetés sans réagir. L’amour, dans notre culture - et c’est une des pires ruses du démon -, est considéré comme une faiblesse honteuse qui attire les profiteurs et les profiteuses. Et pourtant, il est l’apanage des êtres libres qui ne se laissent pas balloter par les violences du monde. Il est le privilège des êtres forts qui, « se sentant haïs, sans haïr à leur tour, savent lutter et se défendre, supporter d’entendre leurs paroles travesties par des gueux pour exciter des sots, entendre mentir sur eux leurs bouches folles, sans mentir eux-mêmes d’un mot » (Rudyard Kipling).
« Mal aimé », parce que cet amour demande sans cesse un dépassement de soi, comme l’effort d’entreprendre l’escalade d’une montagne sur un chemin escarpé. Toutes les autres voies semblent larges et spacieuses, mais elles mènent au malheur, à la division, à la tristesse, à l’isolement, au chômage, à la destruction de l’environnement, à la surconsommation, à l’endettement, aux conflits, au harcèlement … ; bref, la liste est longue, il suffit de regarder le résultat autour de nous.
Cherchons cet Amour si profond : il est caché dans le cœur de chacun d’entre nous, dans nos maisons, comme dans nos rues, dans nos prisons comme dans nos églises. Cet Amour est dans ton cœur et celui de ton prochain. Regarde bien. Dieu n’a oublié personne, même ceux dont tu te méfies, ceux à qui tu en veux ou qui t’en veulent, ceux qui t’ont blessé, ceux en qui tu ne crois plus, ceux avec qui tu es fâché… La nouvelle année sera tellement bonne si, dans la vérité, l’amour était là.
En 2019, plis Lanmou, sé plis Fos !
Bonne Année !
Que Dieu vous bénisse !
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Je constate que, depuis des décennies, une grande partie de la population a résolument choisi le sexe et les plaisirs, l’intérêt personnel, le bien-être ou encore le pouvoir comme motivation première de l’existence. Derrière tous ces dieux, l’argent est bien-sûr à la clé de nos choix individuels et collectifs…
Toutefois, nonobstant le cas des plus miséreux, j’avoue que je ne peux, en conscience, souhaiter qu’il y ait en 2019 plus d’argent pour les fils et les filles de notre pays, pas plus que plus de travail, d’éducation, de pouvoir et même de « religion » ! Il n’y a qu’un souhait qui jaillit de mon cœur en cette période des vœux : l’Amour.
En effet, nous aurons beau parler toutes les langues du ciel et de la terre, connaître l’avenir ou posséder toutes les sciences, transporter les montagnes, et livrer notre corps aux flammes… Si nous n’avons pas l’amour, dit la Sainte-Écriture, l’amour qui prend patience, qui rend service, qui ne jalouse pas, qui ne s’irrite pas, qui ne s’enfle pas d’orgueil, qui ne cherche pas son intérêt, qui croit tout, excuse tout, supporte tout, fait confiance en tout, espère tout et endure tout.… Lanmou ki ka tchenbé rèd et pa ka moli : si nous n’avons pas cet amour-là, nous ne serons rien, nous ne serons jamais rien !
Voilà de belles paroles pour un hymne de Martinique !
Mé zanmi, vous voyez bien que nous vivons exactement cette parole dans le pays : sans l’Amour, nous tombons (bien bas !) ; avec l’amour, nous nous relèverons !
Mes vœux pour 2019 : Amour, amour, amour ! Ce sont des vœux exigeants. L’amour dont je parle n’est non seulement pas facile, mais il est mal connu et mal aimé :
« Mal connu », car on le confond avec un sentiment mièvre et idiot qui aveugle celui qui l’éprouve et le conduit à subir passivement toutes les duperies et les méchancetés sans réagir. L’amour, dans notre culture - et c’est une des pires ruses du démon -, est considéré comme une faiblesse honteuse qui attire les profiteurs et les profiteuses. Et pourtant, il est l’apanage des êtres libres qui ne se laissent pas balloter par les violences du monde. Il est le privilège des êtres forts qui, « se sentant haïs, sans haïr à leur tour, savent lutter et se défendre, supporter d’entendre leurs paroles travesties par des gueux pour exciter des sots, entendre mentir sur eux leurs bouches folles, sans mentir eux-mêmes d’un mot » (Rudyard Kipling).
« Mal aimé », parce que cet amour demande sans cesse un dépassement de soi, comme l’effort d’entreprendre l’escalade d’une montagne sur un chemin escarpé. Toutes les autres voies semblent larges et spacieuses, mais elles mènent au malheur, à la division, à la tristesse, à l’isolement, au chômage, à la destruction de l’environnement, à la surconsommation, à l’endettement, aux conflits, au harcèlement … ; bref, la liste est longue, il suffit de regarder le résultat autour de nous.
Cherchons cet Amour si profond : il est caché dans le cœur de chacun d’entre nous, dans nos maisons, comme dans nos rues, dans nos prisons comme dans nos églises. Cet Amour est dans ton cœur et celui de ton prochain. Regarde bien. Dieu n’a oublié personne, même ceux dont tu te méfies, ceux à qui tu en veux ou qui t’en veulent, ceux qui t’ont blessé, ceux en qui tu ne crois plus, ceux avec qui tu es fâché… La nouvelle année sera tellement bonne si, dans la vérité, l’amour était là.
En 2019, plis Lanmou, sé plis Fos !
Bonne Année !
Que Dieu vous bénisse !
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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