Lettre à la Parturiente


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samedi 1 décembre 2018
Diocèse de Martinique

Chère Marie, belle et jeune fille de Nazareth, Vierge bien-aimée,
Avec toi, toute l’Eglise entre maintenant dans la « petite grossesse » de l’Avent. Nous allons attendre l’Enfant et chanter « Venez Divin Messie ». Avec ardeur, nous annoncerons, au milieu du brouhaha des marchands de tapis, la bienheureuse espérance de sa venue à Noël. Le Peuple qui marche plus que jamais dans les ténèbres, verra encore cette année, s’il le veut bien et s’il ne se trouve point trop aveuglé par les orgies, se lever une grande Lumière. Et cela nous réjouit.

Cependant, cet intervalle liturgique où l’Eglise s’apprête, comme toi, jadis à Bethléem, à enfanter le Sauveur, n’est pas uniquement un signe de la joie de la Naissance. Avant l’aurore, il y a la nuit : l’Avent est donc aussi une petite nuit. Une obscurité empreinte d’une gravité réelle, d’une part de ténèbres, de combat, d’angoisse. La gestation se vit dans l’inquiétude. Malheur à celui qui ne prend garde ! C’est la période de tous les dangers, celle donc d’une veille intense pour ne pas rater le moment qui vient et éviter les écueils comme les menaces.

Il faut le reconnaître, ces temps-ci, le climat de la planète est sombre. Dans cette vulnérabilité qui précède la venue de Celui-qui-vient-pour-sauver-son-peuple, on sent que le danger presse de toute part : politique, économique, social, religieux, culturel, familial, professionnel… Le monde souffre. Il va mal. Les ténèbres partout s’élargissent, même et surtout là où les promesses d’opulence arrivent au terme de leur arrogance. Si la technique, l’argent, la permissivité et tous les artifices humains sont parvenus à leur paroxysme, portés aux nues par une culture de mort, qu’y a-t-il à espérer encore ?

On sent comme un fruit qui arrive à maturité, un moment de l’Histoire où la coupe est prête à déborder… Une nuit plus épaisse et plus longue que les autres s’annonce : « En ces jours-là, il y aura une tribulation telle qu’il n’y en a pas eu de pareille depuis le commencement de la création qu’a créée Dieu jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura jamais plus. Alors, si quelqu’un vous dit : ‘Voici : le Christ est ici ! Voici : il est là !’, n’en croyez rien. Il surgira, en effet, des faux christs et des faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour abuser, s’il était possible, les élus. Pour vous, soyez en garde : je vous ai prévenus de tout (Marc 13, 19-23).

Par centaines, par milliers, les victimes repues de l’épais mensonge de la consommation perdent la tête, pendant que l’Eglise, attaquée, raillée, rejetée, ressemble de plus en plus à ce fragile équipage que tu formais avec Joseph sur la route de l’exode à Bethléem avant d’atterrir dans une étable… Elle aussi, comme toi, est sur le point d’accoucher. Les contractions de l’ultime enfantement se font sentir et les douleurs pénultièmes de la délivrance ont commencé. A ton image l’Eglise, catholique et romaine, perpétuellement enceinte et perpétuellement parturiente, continue sur la terre son pèlerinage historique, pour enfanter le Verbe de Dieu et mettre au monde le Sauveur, « un enfant mâle, qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer » (Ap. 12,5). L’antique dragon ne l’épargnera guère, nous en sommes prévenus !

Marie, Maman, en cet Avent, en ce chemin de guérison que prend ton Eglise de Martinique pour affronter, plus unie et plus forte, la colère qui vient, tu restes notre plus beau secours, notre vie, notre douceur, notre espérance ; vers toi nous crions, enfants d’Eve, du fond de notre exil… Salve Regina !

+ Fr. David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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