Attention, je ne parle pas de la masse tiède de cathos-mous qui cheminaient jadis, mais ne pratiquent plus aujourd’hui. Cette catégorie-là ne fait plus ses Pâques, ne se confesse pas, ne lit plus la Bible, formule des reproches dans l’esprit du temps envers l’Eglise… Mais ceux-là sont encore des chrétiens. Plus qu’ils ne le pensent eux-mêmes ! Certes, ils ont pris de la distance, vivent parfois « dans le péché », mais ils se reconnaissent comme catholiques et font partie de la famille. En tout cas, ils ne se retrouvent pas mieux dans les autres cultes, se souviennent avec plus ou moins de mauvaise conscience des obligations morales de leur religion, conservent un certain respect, quoique critique, pour les prêtres et, au final, baignent dans cette culture particulière de Miséricorde que l’Évangile façonne en nous. D’ailleurs, une petite prière leur échappe parfois, ils naviguent à travers l’existence au moyen de reliquats secrets de spiritualité atavique (une vieille Bible écornée, un cantique du bon vieux temps, une prière de bonne maman gravée dans la mémoire, un antique chapelet incassable, une dévotion ou un lieu de pèlerinage auquel ils restent attachés et qui, telle une ancre, les retient toujours de se laisser emporter par les courants morbides de notre monde et les aléas de la vie)…
Les Gentils 1 dont je parle sont d’une autre catégorie : ce sont des païens. Les « radars » des fidèles et des pasteurs catholiques ne les ont pas encore repérés car on les confond souvent avec les cathos-mous. Or, il s’agit de gens qui ignorent vraiment le Dieu de Jésus-Christ et l’enseignement religieux de l’Eglise. Beaucoup sont baptisés-communiés-confirmés… Mais leur mode de vie et de penser est proche du paganisme. Ils ignorent les raisons d’être des fêtes du calendrier, le discours religieux leur paraît abstrait et, en dehors de l’horoscope, leur expérience mystique se joue à mi-chemin entre le tour de prestidigitation et l’émission TV sur les mystères inexpliqués de l’univers… excepté avec un petit Gadé zafè de temps en temps. Les vertus chrétiennes ont été remplacées par une bien-pensance subjective, gonflée aux hormones des émotions et réduite à l’état de bons sentiments égoïstes : sincérité, égalité, fraternité, religiosité, bien-être, et même liberté...
Je me demande à chaque fois comment nos communautés accueillent ces gens devenus si étrangers à ce que nous sommes et représentons et qui n’ont même plus la base minimum pour communiquer avec l’Eglise et entendre son message. Par qui et comment sont-ils reçus dans les églises ou les presbytères ? Comment sont-ils préparés au baptême ou à la première communion de leur enfant ? Quelle chorale accompagne les funérailles de leurs défunts ? Les homélies et les discours font-ils naître en eux la foi ? Quelle image de notre communauté retiennent-ils dans leur cœur et sur leurs vidéos ?
Savons-nous réinventer nos process et nos langages, convertir notre pastorale en mission, et changer nos habitudes pour parler à ces Gentils ? En avons-nous le souci, la conscience, le désir ? Ressentons-nous l’appel pressant de l’Esprit-Saint : « Faites des disciples ! » (Mt 28,19). « Louez Dieu et ayez la faveur de tout le peuple. Pour que chaque jour, le Seigneur adjoigne à la communauté ceux qui seront sauvés » (Ac 2,47).
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
En savoir +
1 Nom que les premiers chrétiens donnaient aux personnes étrangères à leur religion.
Attention, je ne parle pas de la masse tiède de cathos-mous qui cheminaient jadis, mais ne pratiquent plus aujourd’hui. Cette catégorie-là ne fait plus ses Pâques, ne se confesse pas, ne lit plus la Bible, formule des reproches dans l’esprit du temps envers l’Eglise… Mais ceux-là sont encore des chrétiens. Plus qu’ils ne le pensent eux-mêmes ! Certes, ils ont pris de la distance, vivent parfois « dans le péché », mais ils se reconnaissent comme catholiques et font partie de la famille. En tout cas, ils ne se retrouvent pas mieux dans les autres cultes, se souviennent avec plus ou moins de mauvaise conscience des obligations morales de leur religion, conservent un certain respect, quoique critique, pour les prêtres et, au final, baignent dans cette culture particulière de Miséricorde que l’Évangile façonne en nous. D’ailleurs, une petite prière leur échappe parfois, ils naviguent à travers l’existence au moyen de reliquats secrets de spiritualité atavique (une vieille Bible écornée, un cantique du bon vieux temps, une prière de bonne maman gravée dans la mémoire, un antique chapelet incassable, une dévotion ou un lieu de pèlerinage auquel ils restent attachés et qui, telle une ancre, les retient toujours de se laisser emporter par les courants morbides de notre monde et les aléas de la vie)…
Les Gentils 1 dont je parle sont d’une autre catégorie : ce sont des païens. Les « radars » des fidèles et des pasteurs catholiques ne les ont pas encore repérés car on les confond souvent avec les cathos-mous. Or, il s’agit de gens qui ignorent vraiment le Dieu de Jésus-Christ et l’enseignement religieux de l’Eglise. Beaucoup sont baptisés-communiés-confirmés… Mais leur mode de vie et de penser est proche du paganisme. Ils ignorent les raisons d’être des fêtes du calendrier, le discours religieux leur paraît abstrait et, en dehors de l’horoscope, leur expérience mystique se joue à mi-chemin entre le tour de prestidigitation et l’émission TV sur les mystères inexpliqués de l’univers… excepté avec un petit Gadé zafè de temps en temps. Les vertus chrétiennes ont été remplacées par une bien-pensance subjective, gonflée aux hormones des émotions et réduite à l’état de bons sentiments égoïstes : sincérité, égalité, fraternité, religiosité, bien-être, et même liberté...
Je me demande à chaque fois comment nos communautés accueillent ces gens devenus si étrangers à ce que nous sommes et représentons et qui n’ont même plus la base minimum pour communiquer avec l’Eglise et entendre son message. Par qui et comment sont-ils reçus dans les églises ou les presbytères ? Comment sont-ils préparés au baptême ou à la première communion de leur enfant ? Quelle chorale accompagne les funérailles de leurs défunts ? Les homélies et les discours font-ils naître en eux la foi ? Quelle image de notre communauté retiennent-ils dans leur cœur et sur leurs vidéos ?
Savons-nous réinventer nos process et nos langages, convertir notre pastorale en mission, et changer nos habitudes pour parler à ces Gentils ? En avons-nous le souci, la conscience, le désir ? Ressentons-nous l’appel pressant de l’Esprit-Saint : « Faites des disciples ! » (Mt 28,19). « Louez Dieu et ayez la faveur de tout le peuple. Pour que chaque jour, le Seigneur adjoigne à la communauté ceux qui seront sauvés » (Ac 2,47).
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