Cette situation est-elle une fatalité, voire une malédiction irréversible ? Peut-être pas, si l’on considère enfin ce qu’est un homme, ou plutôt comment on devient un homme. De même qu’avant d’avoir leur voix grave, ils doivent assumer le timbre fluet de petit garçon, les jeunes gens n’acquièrent la pleine maturité d’adulte qu’en affrontant la faiblesse de l’ado livré aux passions de la jeunesse (2 Tim 2,22) : ils grandissent par des conversions successives.
Tous les hommes de la Bible nous montrent ce chemin qui passe de la bassesse à la sainteté, de la faute au pardon. Jésus, modèle de ceux qui sont appelés à « constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge » (Ep 4,13), a suivi ce chemin par sa Passion volontaire : avant d’être exalté et fait Seigneur par son Père, Il a voulu prendre la condition des hommes et s’humilier jusqu’à la mort de la croix (Ph 2,8). « Tout fils qu’il était, il a dû apprendre par ses souffrances l’obéissance » (Hb 5,8). Il s’est donc principalement montré Lui-même en Homme Humilié et Crucifié (ni en Enfant de la Crèche, ni en Adolescent au Temple, ni en Baptisé du Jourdain, ni en Prédicateur ou en Thaumaturge, ni en Transfiguré, ni même en Ressuscité)… C’est dans sa Passion qu’on dit : « Voici l’Homme » (Jn 19,5) et que le centurion s’écrit : « Vraiment cet Homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15,39). Le fameux « Ecce Homo » (Mi Nonm lan !) désigne donc Jésus enchaîné, flagellé, couronné d’épines, ridiculisé par un manteau de pourpre.
Sans chercher à excuser la litanie des turpitudes masculines locales, disons que le passage par la case « bêtise et wont » ou plutôt la case « expérimentation humiliante du péché » est nécessaire à la maturation des jeunes hommes.
Mais voilà, en Martinique, le paradigme féminin est si puissant qu’on attend des garçons une perfection à croissance linéaire comme les filles. Leurs indispensables passages à vide sont mal compris et, surtout, très mal gérés. Notre système éducatif avec sa mixité permanente et sa féminisation exclusive (mères, professeures, catéchistes) donne rarement l’occasion aux jeunes hommes de déconner entre eux… sauf au sport et dans la rue (!). Privés d’une parole d’autorité masculine qui les relève et qui leur dise : « Ti bolonm, tu as été idiot, mais je suis passé par là moi aussi ; aie confiance, tu peux te relever », se sentant dominés par le modèle féminin et méprisés en raison de leurs écarts (sans parler des péchés de leurs pères dont ils portent inconsciemment l’héritage néfaste), les jeunes gens, découragés, s’enferment dans les vices et ne se relèvent plus…
… Sauf si on leur fait enfin confiance.
Je sais que les femmes ont bien des raisons pour ne pas le faire. Mais la Vierge Marie n’a-t-elle pas espéré contre toute espérance pendant la Passion de son Fils, lorsque Pilate disait : « Mi Nonm lan ! » !? N’est-ce pas parce que Jésus a des plaies et que son côté est transpercé que Marie-Madeleine se jette à ses pieds, que Thomas le reconnaît comme son Dieu-Sauveur et que se répandent sur nous les grâces de sa Miséricorde !?
En posant un juste regard de confiance, notre société ne doit-elle pas apprendre à donner une chance à ces garçons blessés par leurs fautes et leur enseigner comment se relever ? Nous verrons peut-être jaillir enfin une nouvelle génération de pères, d’époux et de fils qui auront appris, grâce à leur faiblesse, à être forts.
« Mi sé nonm lan ! ».
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Cette situation est-elle une fatalité, voire une malédiction irréversible ? Peut-être pas, si l’on considère enfin ce qu’est un homme, ou plutôt comment on devient un homme. De même qu’avant d’avoir leur voix grave, ils doivent assumer le timbre fluet de petit garçon, les jeunes gens n’acquièrent la pleine maturité d’adulte qu’en affrontant la faiblesse de l’ado livré aux passions de la jeunesse (2 Tim 2,22) : ils grandissent par des conversions successives.
Tous les hommes de la Bible nous montrent ce chemin qui passe de la bassesse à la sainteté, de la faute au pardon. Jésus, modèle de ceux qui sont appelés à « constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge » (Ep 4,13), a suivi ce chemin par sa Passion volontaire : avant d’être exalté et fait Seigneur par son Père, Il a voulu prendre la condition des hommes et s’humilier jusqu’à la mort de la croix (Ph 2,8). « Tout fils qu’il était, il a dû apprendre par ses souffrances l’obéissance » (Hb 5,8). Il s’est donc principalement montré Lui-même en Homme Humilié et Crucifié (ni en Enfant de la Crèche, ni en Adolescent au Temple, ni en Baptisé du Jourdain, ni en Prédicateur ou en Thaumaturge, ni en Transfiguré, ni même en Ressuscité)… C’est dans sa Passion qu’on dit : « Voici l’Homme » (Jn 19,5) et que le centurion s’écrit : « Vraiment cet Homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15,39). Le fameux « Ecce Homo » (Mi Nonm lan !) désigne donc Jésus enchaîné, flagellé, couronné d’épines, ridiculisé par un manteau de pourpre.
Sans chercher à excuser la litanie des turpitudes masculines locales, disons que le passage par la case « bêtise et wont » ou plutôt la case « expérimentation humiliante du péché » est nécessaire à la maturation des jeunes hommes.
Mais voilà, en Martinique, le paradigme féminin est si puissant qu’on attend des garçons une perfection à croissance linéaire comme les filles. Leurs indispensables passages à vide sont mal compris et, surtout, très mal gérés. Notre système éducatif avec sa mixité permanente et sa féminisation exclusive (mères, professeures, catéchistes) donne rarement l’occasion aux jeunes hommes de déconner entre eux… sauf au sport et dans la rue (!). Privés d’une parole d’autorité masculine qui les relève et qui leur dise : « Ti bolonm, tu as été idiot, mais je suis passé par là moi aussi ; aie confiance, tu peux te relever », se sentant dominés par le modèle féminin et méprisés en raison de leurs écarts (sans parler des péchés de leurs pères dont ils portent inconsciemment l’héritage néfaste), les jeunes gens, découragés, s’enferment dans les vices et ne se relèvent plus…
… Sauf si on leur fait enfin confiance.
Je sais que les femmes ont bien des raisons pour ne pas le faire. Mais la Vierge Marie n’a-t-elle pas espéré contre toute espérance pendant la Passion de son Fils, lorsque Pilate disait : « Mi Nonm lan ! » !? N’est-ce pas parce que Jésus a des plaies et que son côté est transpercé que Marie-Madeleine se jette à ses pieds, que Thomas le reconnaît comme son Dieu-Sauveur et que se répandent sur nous les grâces de sa Miséricorde !?
En posant un juste regard de confiance, notre société ne doit-elle pas apprendre à donner une chance à ces garçons blessés par leurs fautes et leur enseigner comment se relever ? Nous verrons peut-être jaillir enfin une nouvelle génération de pères, d’époux et de fils qui auront appris, grâce à leur faiblesse, à être forts.
« Mi sé nonm lan ! ».
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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