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Jadis bannie par nos aïeux, manzelle s’invite désormais tout’koté (à moins que ce soit nous qui l’invitions) : dans les émissions de TV d’abord, sur la place publique entre les responsables, puis à l’école, entre élèves, avec les adultes et entre eux, dans les couples et les familles, entre inconnus, entre amoureux et entre ennemis, au travail, dans la rue et même dans l’Église ; elle est là chez elle. Elle gère désormais les rapports sociaux, elle parle, commande et règne dans notre peuple… et le détruit de l’intérieur !
L’outrance, c’est la démesure, l’êguezagérassion. Avec son copain « le toupet », elle pollue nos relations. On ne comprend plus les propos modérés, les tenues discrètes ou les bonnes manières. Que ce soit le manger, le boire, la discussion, le conflit, l’habillement, les distractions, la publicité, la politique, la communication, l’art et même l’amour, on fait tout dans la surenchère et la provocation, jusqu’à la saturation, la vulgarité et jusqu’à l’écœurement. Tcha !
La culture de l’outrance se décline quotidiennement. Plus on est violent et vulgaire, plus grand sera le petit succès. Sur les réseaux sociaux comme sur les grands médias, chacun pousse son « coup-de-gueule », courageusement séré derrière un pseudonyme. Désormais, on invective nommément son prochain devant la terre entière, sans craindre d’être reconnu. « Si nou tépé wouè moun tala, chantait Dédé Saint-Prix, pèsonn pa téké jouré ! » Honte aux baptisés qui participent à ce genre de choses.
L’outrance était soi-disant la culture exclusive des festivités burlesques du Carnaval. Soupape antistress, régulateur social et grand défoulement collectif d’avant-carême, durant lequel les excès étaient censés être tolérés afin de mieux maîtriser ensuite, pendant l’année, les affects, les envies, les violences, les moqueries, les colères, les jalousies, les impudicités, les pulsions et les frustrations. Mais puisque les vidés s’étendent désormais depuis les chanté Nwel, jusqu’à « allo-ouinn » en passant par les soirées des vacances, les mouvements sociaux et les rendez-vous culturels comme le touw-dé-yols… (pa minm palé de « mercurybich » !), les jours gras ont-ils un sens ? ! Toujours et partout, on proscrit la vertu, justifie l’excès, légitime la fanfaronnade dans des bacchanales orgiaques et obscènes du tout-est-permis !… L’outrance, comme drogue collective : ce n’est pas bon signe !
A l’exemple de Jésus qui donna 600 litres de bon vin à des gens qui avaient déjà trop bu, les chrétiens peuvent aussi pratiquer la démesure. Mais dans un seul domaine : l’Amour de Dieu et du prochain ! « La mesure de l’Amour, c’est d’aimer sans mesure » disait saint Augustin qui s’y connaissait en excès avant sa conversion. L’amour sans limite devient pardon, sacrifice, gestes de solidarité, actes de charité, don et humilité, justice et paix, tendresse et fidélité jusqu’à la mort, …jusqu’à la croix ! Ici, l’outrance ne détruit pas l’humanité, mais la sublime.
Pour tout le reste, L’Église n’oublie pas l’expérience de Qohelet : « J’ai décidé en moi-même de livrer mon corps à la boisson, de m’attacher à la folie pour voir. J’ai fait grand. Je n’ai rien refusé à mes yeux de ce qu’ils désiraient, je n’ai privé mon cœur d’aucune jouissance. Alors je réfléchis à tout cela et je vis : Eh bien, tout est vanité et poursuite de vent ! » (Ecclésiaste 2, 3-11).
Les anciens savaient, eux, que « tout n’est pas profitable » et que le bonheur des humains nécessite une réelle maîtrise de leurs désirs, sous peine de mort et d’autodestruction individuelle et collective ! Face à l’outrance, une vertu permet de doser notre relation au monde et aux choses : la tempérance. Chemin de liberté vers la vraie joie que nous recherchons activement en carême. Elle nous sauvera !
Alors, Matnik, un seul conseil pour aujourd’hui : Kalmé Kô’w !
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
L’outrance, c’est la démesure, l’êguezagérassion. Avec son copain « le toupet », elle pollue nos relations. On ne comprend plus les propos modérés, les tenues discrètes ou les bonnes manières. Que ce soit le manger, le boire, la discussion, le conflit, l’habillement, les distractions, la publicité, la politique, la communication, l’art et même l’amour, on fait tout dans la surenchère et la provocation, jusqu’à la saturation, la vulgarité et jusqu’à l’écœurement. Tcha !
La culture de l’outrance se décline quotidiennement. Plus on est violent et vulgaire, plus grand sera le petit succès. Sur les réseaux sociaux comme sur les grands médias, chacun pousse son « coup-de-gueule », courageusement séré derrière un pseudonyme. Désormais, on invective nommément son prochain devant la terre entière, sans craindre d’être reconnu. « Si nou tépé wouè moun tala, chantait Dédé Saint-Prix, pèsonn pa téké jouré ! » Honte aux baptisés qui participent à ce genre de choses.
L’outrance était soi-disant la culture exclusive des festivités burlesques du Carnaval. Soupape antistress, régulateur social et grand défoulement collectif d’avant-carême, durant lequel les excès étaient censés être tolérés afin de mieux maîtriser ensuite, pendant l’année, les affects, les envies, les violences, les moqueries, les colères, les jalousies, les impudicités, les pulsions et les frustrations. Mais puisque les vidés s’étendent désormais depuis les chanté Nwel, jusqu’à « allo-ouinn » en passant par les soirées des vacances, les mouvements sociaux et les rendez-vous culturels comme le touw-dé-yols… (pa minm palé de « mercurybich » !), les jours gras ont-ils un sens ? ! Toujours et partout, on proscrit la vertu, justifie l’excès, légitime la fanfaronnade dans des bacchanales orgiaques et obscènes du tout-est-permis !… L’outrance, comme drogue collective : ce n’est pas bon signe !
A l’exemple de Jésus qui donna 600 litres de bon vin à des gens qui avaient déjà trop bu, les chrétiens peuvent aussi pratiquer la démesure. Mais dans un seul domaine : l’Amour de Dieu et du prochain ! « La mesure de l’Amour, c’est d’aimer sans mesure » disait saint Augustin qui s’y connaissait en excès avant sa conversion. L’amour sans limite devient pardon, sacrifice, gestes de solidarité, actes de charité, don et humilité, justice et paix, tendresse et fidélité jusqu’à la mort, …jusqu’à la croix ! Ici, l’outrance ne détruit pas l’humanité, mais la sublime.
Pour tout le reste, L’Église n’oublie pas l’expérience de Qohelet : « J’ai décidé en moi-même de livrer mon corps à la boisson, de m’attacher à la folie pour voir. J’ai fait grand. Je n’ai rien refusé à mes yeux de ce qu’ils désiraient, je n’ai privé mon cœur d’aucune jouissance. Alors je réfléchis à tout cela et je vis : Eh bien, tout est vanité et poursuite de vent ! » (Ecclésiaste 2, 3-11).
Les anciens savaient, eux, que « tout n’est pas profitable » et que le bonheur des humains nécessite une réelle maîtrise de leurs désirs, sous peine de mort et d’autodestruction individuelle et collective ! Face à l’outrance, une vertu permet de doser notre relation au monde et aux choses : la tempérance. Chemin de liberté vers la vraie joie que nous recherchons activement en carême. Elle nous sauvera !
Alors, Matnik, un seul conseil pour aujourd’hui : Kalmé Kô’w !
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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