Entrer dans l’Espérance


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samedi 16 décembre 2017
Diocèse de Martinique

Quand je désespère de la Martinique, des Martiniquais et de moi-même, quand je songe aux méchancetés et aux crimes qui ont baigné notre histoire et qui se poursuivent encore, quand je me laisse broyer par la série noire des évènements lamentables et des statistiques catastrophiques que nous révèlent les journaux, quand je doute que nos jeunes arrivent un jour à inventer une société meilleure que celle que nous leur offrons, quand j’entends certains de nos frères se réclamer de l’Évangile pour détester l’Eglise, quand rien ne semble endiguer les « vidés » de mensonge, de ripailles, de paresse, de petitesse, de violence, d’impureté et de disputes, quand j’apprends que même dans l’Eglise des fidèles sont capables de jugements, de divisions et d’orgueil, quand j’écoute s’invectiver les hommes de la chose publique, quand je me laisse accabler par la longue liste des fléaux qui s’abattent sur notre peuple, quand les confirmés démissionnent et que même mon sel s’affadit… Il y a un passage de l’Écriture Sainte qui me fait systématiquement me redresser et relever la tête : « Nous nous glorifions des tribulations, sachant bien que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance. Et l’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Romains 5, 3-5).
Bagay sérié !

En effet, c’est au cœur des ténèbres que la vertu d’Espérance donne toute sa mesure : de même que le plus noir nuage a toujours sa frange d’or ; de même qu’un Chanté Nwel fraternel paraît plus beau, plus précieux, plus éclatant et bienfaisant dans l’hiver de métropole que dans les mornes du pays ; de même, que lorsqu’on a tout essayé - le zouk, l’argent, les drogues, le sexe et les copains -, et que plus rien n’a de goût ni d’intérêt réel et durable, le seul médicament « nouni » c’est l’Espérance. Comme si les tribulations possèdent le bénéfice ultime de faire naître en nous les conditions de recevoir une force et d’en être comblés, le cœur plein d’Espérance. Là, un immense trésor est promis, un bien que RIEN ne peut nous ravir : une vertu qui ouvre nos yeux aux sources des joies multiples que la Providence divine a répandues sur notre pays et notre peuple et que nous ne voyons plus, aveuglés par le diable.

Dans la nuit, l’Espérance ! Soudain, alors, les jeunes que l’on maudit souvent, se montrent joyeux et beaux et vraiment pleins de vie ; leur résistance au mal me paraît héroïque. Alors la Martinique dévoile ses atouts, sa terre aux mille richesses qui germent au soleil, sa culture solidaire s’affirme à tout jamais victorieuse des ego qui cherchent à l’étouffer. Dans mes yeux réveillés, les familles sont alors d’autant plus courageuses, les esprits centrifuges qui veulent les déchirer sont les révélateurs de leur force intrinsèque ; nos hommes des Antilles deviennent des « malboug » et leur triomphe prochain sur leurs pauvres péchés se meut en évidence ; les prisonniers eux-mêmes révèlent, depuis Ducos, l’agneau timide qui dort sous un masque de loup. Alors, même la rareté des emplois bien placés se change en une chance d’inventer le travail, de laisser les talents d’entreprendre s’exprimer, de nous laisser bâtir nous-mêmes par nous-mêmes.

La Martinique est belle, qui pourrait en douter !? La Martinique est riche, mais qui va l’exploiter ? Ceux qui n’espèrent plus ? Ceux qui ne peuvent plus voir ? N’y aurait-il pour voir la beauté du pays que des yeux d’étrangers ?

Mais qu’arrive Jésus bientôt dans tous les cœurs : vous saisirez la joie, toucherez le bonheur, car vous verrez le peuple entrer dans l’Espérance.

Nwel vini soulagé nou, Nwel vini éclairé nou !

+ Fr David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

En effet, c’est au cœur des ténèbres que la vertu d’Espérance donne toute sa mesure : de même que le plus noir nuage a toujours sa frange d’or ; de même qu’un Chanté Nwel fraternel paraît plus beau, plus précieux, plus éclatant et bienfaisant dans l’hiver de métropole que dans les mornes du pays ; de même, que lorsqu’on a tout essayé - le zouk, l’argent, les drogues, le sexe et les copains -, et que plus rien n’a de goût ni d’intérêt réel et durable, le seul médicament « nouni » c’est l’Espérance. Comme si les tribulations possèdent le bénéfice ultime de faire naître en nous les conditions de recevoir une force et d’en être comblés, le cœur plein d’Espérance. Là, un immense trésor est promis, un bien que RIEN ne peut nous ravir : une vertu qui ouvre nos yeux aux sources des joies multiples que la Providence divine a répandues sur notre pays et notre peuple et que nous ne voyons plus, aveuglés par le diable.

Dans la nuit, l’Espérance ! Soudain, alors, les jeunes que l’on maudit souvent, se montrent joyeux et beaux et vraiment pleins de vie ; leur résistance au mal me paraît héroïque. Alors la Martinique dévoile ses atouts, sa terre aux mille richesses qui germent au soleil, sa culture solidaire s’affirme à tout jamais victorieuse des ego qui cherchent à l’étouffer. Dans mes yeux réveillés, les familles sont alors d’autant plus courageuses, les esprits centrifuges qui veulent les déchirer sont les révélateurs de leur force intrinsèque ; nos hommes des Antilles deviennent des « malboug » et leur triomphe prochain sur leurs pauvres péchés se meut en évidence ; les prisonniers eux-mêmes révèlent, depuis Ducos, l’agneau timide qui dort sous un masque de loup. Alors, même la rareté des emplois bien placés se change en une chance d’inventer le travail, de laisser les talents d’entreprendre s’exprimer, de nous laisser bâtir nous-mêmes par nous-mêmes.

La Martinique est belle, qui pourrait en douter !? La Martinique est riche, mais qui va l’exploiter ? Ceux qui n’espèrent plus ? Ceux qui ne peuvent plus voir ? N’y aurait-il pour voir la beauté du pays que des yeux d’étrangers ?

Mais qu’arrive Jésus bientôt dans tous les cœurs : vous saisirez la joie, toucherez le bonheur, car vous verrez le peuple entrer dans l’Espérance.

Nwel vini soulagé nou, Nwel vini éclairé nou !

+ Fr David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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