Quel prénom avez-vous choisi pour vos enfants ?


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jeudi 9 novembre 2017
Diocèse de Martinique

C’est une question sérieuse ! Il y a quelques années, un catholique martiniquais était décédé accidentellement en France métropolitaine. Il portait un prénom musulman. Quand le drame est arrivé, le prêtre du village n’a pas pensé qu’un chrétien pouvait porter une tel nom et n’a pas voulu contrarier une famille qu’il croyait musulmane. Il a organisé une prière avec des paroissiens pour le défunt, mais n’a pas contacté la famille de peur de les froisser. La famille, de son côté, disait : « on n’a pas vu le prêtre ! ». Quand j’ai appelé celui-ci, il fut tout étonné. J’ai dû lui expliquer, honteux, qu’aux Antilles, nous choisissons parfois les prénoms de nos enfants en fonction des séries TV ou des personnages des émissions de télé-réalité, sans vraiment réfléchir au nom que nous leur donnons.

De tout temps et dans toutes les civilisations, on sait que conférer un prénom à quelqu’un est d’une grande importance. Le prénom est ce qui rend unique. Et même si, chez nous, on a pris la mauvaise habitude d’appeler les gens comme à l’école ou dans l’administration par le nom de famille, c’est le prénom et le prénom seul qui dit qui je suis aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu.

Dans la Bible, le prénom exprime le plan de Dieu sur un être choisi. Dieu change le prénom de ceux qu’Il appelle (Abram devient Abraham, Saraï devient Sara, Jacob devient Israël, Simon devient Pierre, Saul devient Paul et, en Apocalypse (2,17), il est dit : "au vainqueur, ... je donnerai (…) un nom nouveau… ».

D’autres ont un prénom qui, dès l’origine, révèle le plan de Dieu pour eux… Moïse, Joseph, Josué, David, Jean (le Baptiste), Marie... En effet, il nous est révélé que Dieu appelle chacun par son nom (Is 43,1 ; Jn 10,3). Le nom de tout homme est sacré. Le nom est l’icône de la personne. Il exige le respect, en signe de la dignité de celui qui le porte. Le nom reçu est un nom d’éternité. Ainsi, dans le Royaume, le caractère mystérieux et unique de chaque personne marquée du nom de Dieu resplendira en pleine lumière (Catéchisme n° 2158-2159).

Mais dans la vie de tous les jours, est-ce si important ? Oui, parce que le prénom est la première parole que l’on prononce sur quelqu’un. Il est donc soit une bénédiction, soit une malédiction. La façon dont est appelé quelqu’un, exprime qui il est et qui il représente pour celui qui le nomme. Que signifie ton prénom ? d’où vient-il ?

Bien sûr, l’âme humaine reste libre et ce n’est pas un vocable qui peut vraiment déterminer ce que chacun est ou va devenir. Mais, dans la mesure où il définit le lien avec les autres, et ce, dès l’origine de notre existence, le prénom n’est pas neutre. Il veut dire quelque chose (mais quoi ?) ou pas. Il met en lien avec d’autres, avec une culture (mais laquelle ?). Porter le prénom de son grand-père ou de sa grand-mère de bonne mémoire, porter le prénom d’un étranger ou de personne, ou porter le prénom d’une personne célèbre ou d’un saint est (ou pas !) un signe d’amour ou de mépris.

Ainsi, donner n’importe quel prénom, avec n’importe quelle orthographe, à un enfant, sans réfléchir et sans prier, peut être une forme de malédiction qui peut l’accompagner toute sa vie et forger sa relation aux autres d’une façon ou d’une autre. On sait comment un surnom méchant peut faire du mal. Mais qu’en est-il du prénom donné par ceux qui accueillent un être à sa naissance ? Il pose question : Si ce prénom est juste un caprice, une mode qui n’a aucun sens en soi, celui qui porte ce prénom peut se demander s’il a de l’importance dans la vie ? Si ce prénom est celui d’une vedette de cinéma, doit-il ressembler à ce personnage aux yeux de ses parents ? Si c’est un prénom venant d’une autre religion, comment va-t-il prendre le chemin de sa foi chrétienne ? Et enfin, si, même sans le savoir, les parents ont choisi un prénom qui est une invocation à un esprit ou une divinité quelconque, comment grandira son âme ?

C’est pourquoi l’Eglise demande aux parents, parrains et au curé de « veiller à ce que ne soit pas donné aux baptisés de prénoms étrangers au sens chrétien" (Canon n° 855). Enfin, s’il est trop tard et que votre prénom ou celui de votre enfant vous trouble, on peut toujours y ajouter un prénom chrétien (comme celui de Marie ou de Jean) : cela sanctifie tous les prénoms !!!

+ Fr David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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