" Vaincre le monde " : La Civilisation de l’Amour en Martinique - Chapitre 3


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vendredi 7 avril 2017
Diocèse de Martinique

« Ce jour-là, le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur » (Isaïe 11,9)
Les victoires sur ce monde ne se remportent pas en se contentant de « dire » ce qui ne va pas et en dénonçant les uns et les autres. Les prophètes se doivent d’annoncer les mystères du Royaume en un moment donné, dans un lieu précis, pour un peuple déterminé. C’est pourquoi, après les belles assemblées synodales du premier trimestre 2017, je voudrais m’adresser à tous les hommes et les femmes de bonne volonté, aux responsables politiques comme aux simples citoyens, aux adultes comme aux jeunes, aux croyants, et en particulier à chaque catholique, à chaque famille, à chaque mouvement, à chaque PCE.

Au moment où d’autres présentent leur programme politique, il m’appartient de vous présenter notre programme prophétique. Voici donc quelques éléments que devra intégrer la Civilisation de l’Amour en Martinique :

Tout d’abord, un Peuple qui loue le Seigneur, c’est-à-dire :

  • Une Eglise libre et belle, « en sortie », proche et ouverte sur le monde, non pas « dans le vent » mais dans le souffle de l’Esprit. Lieu de refuge des misères, lieu de rencontre avec Dieu et d’annonce radicale de l’Évangile par la Parole et par l’exemple. Un chemin vers la vie éternelle. Sans elle, pas de Civilisation de l’Amour.
  • Un peuple délivré du mal, du péché, de la chair, des influences occultes, superstitieuses et sectaires, des divisions, des peurs et des jalousies…
  • Des communautés chrétiennes familiales pour étudier la Parole, chanter des louanges, prier les uns pour les autres : lieux de vie fraternelle et d’expérience concrète de la solidarité selon Matthieu 25 (pauvres, étrangers, malades, prisonniers, affamés, assoiffés…).

Ensuite, des familles qui redeviennent la base de la vie sociale :

  • La guérison des familles par les pardons et l’accompagnement des personnes, notamment des jeunes.
  • Des couples unis et battants où, grâce à l’éducation affective et sexuelle et au bannissement de la pornographie comme un fléau social, femmes et hommes sont libérés des malédictions ataviques.
  • Des enfants nombreux, ce qui implique l’arrêt des coutumes pro-IVG, des politiques dénatalistes et du mythe destructeur de l’enfant-roi.
  • Une vie simplifiée où l’on réapprend les joies naturelles, en utilisant un minimum d’écrans, sans la pression de la société de consommation mondialisée.
  • Des personnes âgées heureuses et entourées de leur famille ou dans de petites structures au cœur de la vie sociale.

Un peuple réconcilié grâce à :

  • Une relecture apaisée de notre passé par le travail objectif d’historiens et d’artistes pour faire l’unité culturelle dans la diversité. Le « neg marron » doit rester toujours libre, mais il ne peut pas être toujours en fuite et en lutte s’il veut être vraiment libre.
  • Des relations décomplexées entre les différentes origines ethniques par l’attention de tous pour ne pas taire ni attiser les tensions et poser des actes concrets d’unité.
  • Une culture noble et ouverte, fondée sur nos traditions, sur le travail d’intellectuels et de penseurs qui ne laissent pas de place à la vulgarité et n’incitent pas à l’obscénité.

Évidemment, une jeunesse pleine d’espérance :

  • Des jeunes qui apprennent les vraies joies grâce à la mise en place de structures éducatives extra-scolaires (en particulier les mouvements de la jeunesse catholique).
  • Des jeunes actifs et ambitieux qui, grâce à une démondialisation de notre économie, une analyse claire des perspectives professionnelles de l’île et une politique volontariste du monde économique, sont formés pour des carrières locales enthousiasmantes.

L’amour du travail bien fait :

  • La bienveillance sociale, c’est-à-dire la valorisation du monde de l’entreprise (selon l’enseignement de Laudato si) pour que chacun puisse offrir ses compétences, ait sa place et que les plus faibles soient reconnus.
  • La confiance dans le monde du travail, fondée sur le professionnalisme et la valorisation d’une culture du travail plutôt que de l’argent, et surtout la lutte à tout niveau contre la procrastination.

La protection et la valorisation de l’environnement :

  • La disparition totale des déchets par le recyclage et l’éducation de tout le peuple au réflexe de protection.
  • L’embellissement populaire du pays par des manifestations et des initiatives privées, nourries par une vraie culture de la beauté et de la propreté environnementales.
  • Une nourriture et une médecine basées sur nos ressources.
  • Un urbanisme qui aide à la vie sociale, au retour à l’esprit des « voisins » et de la solidarité interne dans les quartiers.
  • Des transports en commun aisés et populaires qui permettent aux moins fortunés de se déplacer sans véhicules privés. Une Martinique qui commence à rêver à « l’après-voitures ».

À bon entendeur, salut !

+ Fr David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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