Une prière qui tombe à pic !


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samedi 4 juin 2016
Diocèse de Martinique

La fête du Sacré-Cœur nous invite à répéter une petite prière qui reprend une phrase où Jésus nous parle de Lui (Mt 11,29) : Jésus, doux et humble de cœur, rends mon cœur semblable au tien !

Cette prière tombe à pic ! Elle convient parfaitement à ce moment très particulier que nous vivons collectivement… Et je suis persuadé que si chacun de nous regarde en vérité au fond de son cœur et au fond de sa vie, il verra que cette prière exprime exactement ce dont il a besoin à présent !

En effet, nous voilà au milieu du grand Jubilé. On peut déjà se retourner pour observer le chemin parcouru. Depuis six mois, nous avons senti monter un grand et profond désir de la Miséricorde de Dieu. Les grands rendez-vous ont connu une affluence record et surtout les jubilés, les veillées, les rendez-vous de prière ont été vécus dans une ferveur exceptionnelle ; le pèlerinage de la Vierge de Miséricorde est accompagné de miracles et de réconciliations ; les confessions se multiplient. En vérité le peuple de Dieu avait soif de la Miséricorde de son Seigneur ! Pas de doute : c’est bien l’Esprit Saint qui a inspiré au Pape François de proclamer cette année de bienfaits.

Le plus merveilleux, bien entendu, c’est la réponse du Seigneur à nos appels ! Nous voyons une vague de Miséricorde se répandre sur nos vies. Beaucoup ont été touchés. Bien des cœurs endurcis, bien des vies enchaînées ont enfin reçu le message d’amour et compris le signe de la Croix, tout l’Evangile, celui que l’Eglise doit transmettre jusqu’aux extrémités de la terre : Jésus t’aime !

Mais ce n’est pas fini. Il nous reste trois étapes, et le temps presse :

Tout d’abord il nous faut continuer à œuvrer pour que le plus grand nombre de frères et de sœurs se jettent dans les bras du Christ Miséricordieux. Car grand est le nombre de jeunes, de moins jeunes, de décideurs économiques et politiques, de familles, de migrants et de personnes de tous horizons qui n’ont pas encore été conviés et qui n’ont pas encore répondu à l’invitation divine. Les rendez-vous diocésains, paroissiaux, familiaux à venir du grand jubilé sont importants. Le démon serait bien malin s’il parvenait à nous installer tranquillement satisfaits du travail accompli en disant : « C’était bien… hein !? ».

Ensuite, il faudra, maintenant lavés et pardonnés de nos fautes, guéris de nos blessures et libérés de nos chaînes, poser des actes concrets pour réconcilier ce qui est divisé autour de nous. Car une chose est d’être pardonné, autre chose est de pardonner et de demander pardon. Or voilà précisément l’un des handicaps les plus douloureux de l’âme antillaise : notre difficulté à « pardonner les offenses comme Dieu nous a pardonné ». Des couples, des membres d’une même famille, des collègues, des voisins restent des années, des vies entières et même au-delà de la mort, dans des rancunes tenaces qui font le malheur de tous et la joie du diable. Nous avons inventé le non-pardon comme la meilleure punition de l’autre… et de nous-mêmes. Mais n’est-ce pas pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés ?

Enfin, nous ne devons pas oublier le but de ce grand Jubilé, le but aussi de toute note vie, le projet de Dieu pour nous. Il ne s’agit pas seulement d’être pardonnés et de nous réconcilier avec ceux qui nous ont fait du mal ou que nous avons blessés, il s’agit avant tout de devenir « miséricordieux comme le Père ». Et c’est là que notre petite prière prend tout son sens. En imitant Jésus « doux et humble », en lui demandant la grâce d’être « comme Lui », nous obtiendrons une victoire définitive sur Satan. Ce n’est pas notre satisfaction ou notre bien-être, même spirituel, qui sera notre récompense, mais la Vie Eternelle !

C’est pourquoi je demande, pendant ce mois de juin, que tous et chacun, en groupe et en famille, sur la route et à la maison, répètent souvent cette prière, la méditent chaque matin pendant plusieurs minutes et la laissent rejaillir tout au long des jours dès que l’esprit se recueille un peu : Jésus doux et humble de cœur, rends mon cœur semblable au tien !

Ça en vaut la peine !

+ David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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