Comme si, en début d’année, le temps se chargeait d’une dimension nouvelle. Il continue à passer inexorablement et, malgré nos gesticulations, nous ne pouvons l’arrêter ni refuser ce que nous apporte le "Chronos". Rappelons-nous que le Chronos était une divinité de la mythologie grecque qui dévorait ses enfants. Dans une autre tradition, il était représenté par un vieillard ayant des ailes noires, portant une faux et un sablier : il annonçait la mort et le vieillissement.
Voilà donc ce qu’apporte le temps. C’est pourquoi, sans l’Espérance chrétienne, le temps futur fait peur ; il est chargé d’inquiétude. Le monde est sans cesse hanté par cette question : Que va-t-il nous arriver ? un cyclone ? un tremblement de terre ? une maladie ? un échec ? un divorce ? une catastrophe ?
Si le temps futur fait peur, on pourrait se tourner vers le passé. Ah, le bon vieux temps, avec ses souvenirs ! Mais ce temps passé n’est pas mieux, il est parfois chargé de nos regrets, de nos blessures, de nos péchés. A cette lourdeur existentielle s’ajoute le poids invisible, mais non insensible, des crimes, petits et grands, commis par nos ancêtres, dont nous portons une mémoire mystérieuse, une trace qui paraît indélébile. Finalement, en nous penchant sur le temps écoulé, sur l’année écoulée, et en faisant la balance entre nos réussites et nos échecs, nous expérimentons notre faiblesse, à quel point nous ne pouvons par nous mêmes, comme dit Jésus, rendre un seul de nos cheveux noir ou blanc.
Le moment du début d’année est donc un moment difficile pour lequel le monde ne nous propose que la fuite en avant. Une fuite dans la distraction et la consommation. Les gens s’évertuent à souhaiter de « joyeuses fêtes », comme s’il n’y avait rien d’autre à souhaiter que de « joyeuses fêtes de fin d’année ». Elles doivent être d’autant plus « joyeuses » que, pour beaucoup d’hommes et de femmes, ces « fêtes » ne célèbrent pas un moment heureux. Elles viennent servir d’antidote à la tristesse, aux remords, aux inquiétudes, aux blessures et aux peurs. « Mangeons et buvons car demain nous mourrons ! »
Pour les disciples du Christ, ces fêtes ne sont pas des fêtes de « fin d’année », mais des célébrations pour accueillir Celui qui est venu, qui vient et qui reviendra dans le temps : le Verbe de Dieu. Nous ne sommes pas naïfs sur les maux passés et les menaces de l’avenir. Mais nous savons, car nous l’avons vu et entendu, nous l’avons touché de nos mains et accueilli parmi nous », que le temps de nos vies a été, est et sera sauvé par la venue du Fils de Dieu. C’est pourquoi, remplis de cette foi, nous disons et nous proclamons au monde les richesses de notre histoire, la purification de ce monde : « N’ayez pas peur et Bonne Année ! »
+ David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Comme si, en début d’année, le temps se chargeait d’une dimension nouvelle. Il continue à passer inexorablement et, malgré nos gesticulations, nous ne pouvons l’arrêter ni refuser ce que nous apporte le "Chronos". Rappelons-nous que le Chronos était une divinité de la mythologie grecque qui dévorait ses enfants. Dans une autre tradition, il était représenté par un vieillard ayant des ailes noires, portant une faux et un sablier : il annonçait la mort et le vieillissement.
Voilà donc ce qu’apporte le temps. C’est pourquoi, sans l’Espérance chrétienne, le temps futur fait peur ; il est chargé d’inquiétude. Le monde est sans cesse hanté par cette question : Que va-t-il nous arriver ? un cyclone ? un tremblement de terre ? une maladie ? un échec ? un divorce ? une catastrophe ?
Si le temps futur fait peur, on pourrait se tourner vers le passé. Ah, le bon vieux temps, avec ses souvenirs ! Mais ce temps passé n’est pas mieux, il est parfois chargé de nos regrets, de nos blessures, de nos péchés. A cette lourdeur existentielle s’ajoute le poids invisible, mais non insensible, des crimes, petits et grands, commis par nos ancêtres, dont nous portons une mémoire mystérieuse, une trace qui paraît indélébile. Finalement, en nous penchant sur le temps écoulé, sur l’année écoulée, et en faisant la balance entre nos réussites et nos échecs, nous expérimentons notre faiblesse, à quel point nous ne pouvons par nous mêmes, comme dit Jésus, rendre un seul de nos cheveux noir ou blanc.
Le moment du début d’année est donc un moment difficile pour lequel le monde ne nous propose que la fuite en avant. Une fuite dans la distraction et la consommation. Les gens s’évertuent à souhaiter de « joyeuses fêtes », comme s’il n’y avait rien d’autre à souhaiter que de « joyeuses fêtes de fin d’année ». Elles doivent être d’autant plus « joyeuses » que, pour beaucoup d’hommes et de femmes, ces « fêtes » ne célèbrent pas un moment heureux. Elles viennent servir d’antidote à la tristesse, aux remords, aux inquiétudes, aux blessures et aux peurs. « Mangeons et buvons car demain nous mourrons ! »
Pour les disciples du Christ, ces fêtes ne sont pas des fêtes de « fin d’année », mais des célébrations pour accueillir Celui qui est venu, qui vient et qui reviendra dans le temps : le Verbe de Dieu. Nous ne sommes pas naïfs sur les maux passés et les menaces de l’avenir. Mais nous savons, car nous l’avons vu et entendu, nous l’avons touché de nos mains et accueilli parmi nous », que le temps de nos vies a été, est et sera sauvé par la venue du Fils de Dieu. C’est pourquoi, remplis de cette foi, nous disons et nous proclamons au monde les richesses de notre histoire, la purification de ce monde : « N’ayez pas peur et Bonne Année ! »
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