"Sacrée famille !", par Mgr David Macaire


Informations

mercredi 28 octobre 2015
Diocèse de Martinique

A côté du Mot de l’Evêque de Mgr David Macaire que vous pouvez retrouver ci-contre dans la rubrique "Mot de l’Evêque" dans la colonne de droite de notre site, nous vous proposons de prendre connaissance de la réflexion sur la famille que notre archevêque a publiée sur le site de la Conférence des Evêques de France à l’occasion du Synode des évêques sur la famille (Rome, 4-25 octobre 2015).

« Depuis des millénaires, les abeilles n’ont jamais eu à lutter entre elles pour défendre le modèle de la ruche, les grands requins blancs sont très heureux de vivre solitaires, les loups n’ont jamais remis en cause le fait de vivre en meute, l’organisation sociale des couples de pingouins ou des récifs coralliens font l’admiration des amoureux de la nature. Les hommes, par contre, s’interrogent sans cesse sur leur mode de vie et la cellule de base au sein de laquelle vont être élevés et éduqués leurs petits. La famille semble remise en cause à chaque époque, dans chaque culture, avec plus ou moins de bonheur et parfois des catastrophes. On tente de construire un modèle nouveau, indépendamment de la nature profonde des hommes et des femmes. Pourquoi ?

D’abord, parce que les hommes n’agissent pas par instinct comme les animaux ; il est dans leur nature, faite à l’image et à la ressemblance de Dieu, de comprendre et de bâtir par eux-mêmes, consciemment, ce qui pourtant est déjà inscrit au fond de chacun.

Ensuite, malheureusement, parce que le péché vient perturber notre capacité à être nous-mêmes, comme les pollutions perturbent le monde animal… De même que les pesticides empêchent les saumons de remonter la rivière où ils sont nés, nous n’arrivons plus, à cause des circonstances de la vie, à construire, dans l’amour gratuit, cette union stable d’un homme et d’une femme dans laquelle naissent et sont éduqués les petits hommes, dans laquelle les anciens achèvent leur existence dans la paix. On peut essayer autre chose, mais la famille, au plan naturel, restera l’unique réalité dans laquelle l’homme, quelles que soient les conditions, peut faire l’expérience de la gratuité, du pardon, de la bienveillance, de la non-violence, de la bénédiction. Nous savons bien que la famille est une communauté fragile et lorsqu’elle défaille les conséquences sont graves ! Mais il faut aussi constater que, malgré les faiblesses graves des familles, on n’a pas trouvé mieux pour faire l’expérience de l’Amour ! Qui peut contester que, lorsque la famille est détruite, le tissu social est irrécupérable, quelles que soient les aides publiques et les politiques volontaristes et financières… ? Un psychologue, une institutrice, un éducateur sportif, une assistante sociale ou une indemnité pourront-ils jamais remplacer un époux, une épouse, un père, une mère, un frère, une sœur ?

La famille, ennemi public numéro 1 ?

Enfin, il faut bien aussi reconnaître que des penseurs plus ou moins malveillants ont cherché à détruire la famille et que la traduction politique de leurs idées n’est malheureusement pas sans succès. Par volonté de « libérer » l’homme des contraintes culturelles de la famille (en fait, de la famille « bourgeoise ») ou, plus sournoisement, par volonté de faire tomber le dernier rempart de la liberté face au pouvoir politique, ou de protection face à l’influence de la société de consommation, la famille est devenue l’ennemi public numéro 1. Une institution à abattre en tant que vestige de la culture judéo-chrétienne. On a alors expliqué à des générations entières qu’elles devaient avoir une vie éclatée en plusieurs modèles : les hommes devaient être des abeilles ou des fourmis au travail, des bonobos dans leur sexualité, des meutes de loups avec leurs amis, des autruches dans leur vie spirituelle et surtout des requins blancs dans leur vie affective… Au final de grands solitaires !

Malgré cela, la grande majorité des jeunes que j’interroge personnellement depuis des années avec la même question me répondent que leur famille est « ce qui compte le plus pour eux ». Malgré cela, la famille reste le rêve profond des hommes et des femmes, y compris de ceux qui n’y croient plus et n’ont plus aucun espoir, y compris de ceux qui sont issus de familles détruites et destructrices. On n’a pas fait mieux comme machine-à-bonheur !

C’est pourquoi, en défendant la famille, en promouvant un modèle familial non pas « traditionnel » (car la tradition est liée à la culture or la famille précède la culture) mais naturel, l’Eglise d’abord fait une œuvre politique de salut public. Une bonne analyse politique, qu’on soit de gauche ou de droite, ne peut pas ne pas conclure que la protection et la promotion de la famille sont un enjeu primordial pour la société. Mais en étant pro-famille, les chrétiens sont aussi des prophètes, car la famille est aussi le lieu de la Révélation, là où Dieu choisit de se révéler aux plus petits et aux plus grands. Lieu de l’annonce de la Foi, du renouvellement dans l’espérance et de la vie dans l’amour, la Famille est Sacrée, un mini-Royaume de Dieu et c’est par elle que le monde sera sauvé ! »

Mgr David Macaire, o.p.

Archevêque de Fort-de-France (Martinique)

« Depuis des millénaires, les abeilles n’ont jamais eu à lutter entre elles pour défendre le modèle de la ruche, les grands requins blancs sont très heureux de vivre solitaires, les loups n’ont jamais remis en cause le fait de vivre en meute, l’organisation sociale des couples de pingouins ou des récifs coralliens font l’admiration des amoureux de la nature. Les hommes, par contre, s’interrogent sans cesse sur leur mode de vie et la cellule de base au sein de laquelle vont être élevés et éduqués leurs petits. La famille semble remise en cause à chaque époque, dans chaque culture, avec plus ou moins de bonheur et parfois des catastrophes. On tente de construire un modèle nouveau, indépendamment de la nature profonde des hommes et des femmes. Pourquoi ?

D’abord, parce que les hommes n’agissent pas par instinct comme les animaux ; il est dans leur nature, faite à l’image et à la ressemblance de Dieu, de comprendre et de bâtir par eux-mêmes, consciemment, ce qui pourtant est déjà inscrit au fond de chacun.

Ensuite, malheureusement, parce que le péché vient perturber notre capacité à être nous-mêmes, comme les pollutions perturbent le monde animal… De même que les pesticides empêchent les saumons de remonter la rivière où ils sont nés, nous n’arrivons plus, à cause des circonstances de la vie, à construire, dans l’amour gratuit, cette union stable d’un homme et d’une femme dans laquelle naissent et sont éduqués les petits hommes, dans laquelle les anciens achèvent leur existence dans la paix. On peut essayer autre chose, mais la famille, au plan naturel, restera l’unique réalité dans laquelle l’homme, quelles que soient les conditions, peut faire l’expérience de la gratuité, du pardon, de la bienveillance, de la non-violence, de la bénédiction. Nous savons bien que la famille est une communauté fragile et lorsqu’elle défaille les conséquences sont graves ! Mais il faut aussi constater que, malgré les faiblesses graves des familles, on n’a pas trouvé mieux pour faire l’expérience de l’Amour ! Qui peut contester que, lorsque la famille est détruite, le tissu social est irrécupérable, quelles que soient les aides publiques et les politiques volontaristes et financières… ? Un psychologue, une institutrice, un éducateur sportif, une assistante sociale ou une indemnité pourront-ils jamais remplacer un époux, une épouse, un père, une mère, un frère, une sœur ?

La famille, ennemi public numéro 1 ?

Enfin, il faut bien aussi reconnaître que des penseurs plus ou moins malveillants ont cherché à détruire la famille et que la traduction politique de leurs idées n’est malheureusement pas sans succès. Par volonté de « libérer » l’homme des contraintes culturelles de la famille (en fait, de la famille « bourgeoise ») ou, plus sournoisement, par volonté de faire tomber le dernier rempart de la liberté face au pouvoir politique, ou de protection face à l’influence de la société de consommation, la famille est devenue l’ennemi public numéro 1. Une institution à abattre en tant que vestige de la culture judéo-chrétienne. On a alors expliqué à des générations entières qu’elles devaient avoir une vie éclatée en plusieurs modèles : les hommes devaient être des abeilles ou des fourmis au travail, des bonobos dans leur sexualité, des meutes de loups avec leurs amis, des autruches dans leur vie spirituelle et surtout des requins blancs dans leur vie affective… Au final de grands solitaires !

Malgré cela, la grande majorité des jeunes que j’interroge personnellement depuis des années avec la même question me répondent que leur famille est « ce qui compte le plus pour eux ». Malgré cela, la famille reste le rêve profond des hommes et des femmes, y compris de ceux qui n’y croient plus et n’ont plus aucun espoir, y compris de ceux qui sont issus de familles détruites et destructrices. On n’a pas fait mieux comme machine-à-bonheur !

C’est pourquoi, en défendant la famille, en promouvant un modèle familial non pas « traditionnel » (car la tradition est liée à la culture or la famille précède la culture) mais naturel, l’Eglise d’abord fait une œuvre politique de salut public. Une bonne analyse politique, qu’on soit de gauche ou de droite, ne peut pas ne pas conclure que la protection et la promotion de la famille sont un enjeu primordial pour la société. Mais en étant pro-famille, les chrétiens sont aussi des prophètes, car la famille est aussi le lieu de la Révélation, là où Dieu choisit de se révéler aux plus petits et aux plus grands. Lieu de l’annonce de la Foi, du renouvellement dans l’espérance et de la vie dans l’amour, la Famille est Sacrée, un mini-Royaume de Dieu et c’est par elle que le monde sera sauvé ! »

Mgr David Macaire, o.p.

Archevêque de Fort-de-France (Martinique)

Dans la même catégorie

  • Diocèse de Martinique

    Ba yo fòs, siouplé !

    Nwèl ka rivè1 ! Selon la tradition, nous allons bientôt faire nos courses : cadeaux, décoration, nourriture… Tout sera prêt. Mais pour célébrer [...]

    lundi 2 décembre 2024
    Mots de l'évêque

  • Diocèse de Martinique

    Pauvre Martinique !

    Ne me donnez pas du poisson, apprenez-moi à pêcher ».

    lundi 18 novembre 2024
    Mots de l'évêque

  • Diocèse de Martinique

    L’esprit de mort

    Il existe des légions d’esprits mauvais. Ils détestent Dieu. Ils haïssent les humains. Ils aiment se cacher et répandre la confusion.

    lundi 4 novembre 2024
    Mots de l'évêque