La vigne du Seigneur Sabaoth


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samedi 5 novembre 2022
Diocèse de Martinique

Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en retourna la terre, en retira les pierres pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. (Is 5, 1-2). Certains passages de la Bible sont terribles surtout quand on fait le lien avec notre réalité. Pasteur de l’Église en Martinique, je ne peux donc échapper à une remise en question de notre communauté en évoquant cet oracle prophétique !

Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en retourna la terre, en retira les pierres pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. (Is 5, 1-2). Certains passages de la Bible sont terribles surtout quand on fait le lien avec notre réalité. Pasteur de l’Église en Martinique, je ne peux donc échapper à une remise en question de notre communauté en évoquant cet oracle prophétique ! La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël (Is 5,7), mais c’est aussi notre Martinique que le Seigneur a gâté de nombreux atouts, une splendeur aux multiples avantages. Le passé tragique qui déchire encore nos mémoires ne peut nous faire ignorer tout ce que le Seigneur a fait pour sa vigne ! La beauté de nos paysages, les atouts de notre territoire, la fertilité de nos terres et de nos mers ; mais aussi les qualités de notre culture cosmopolite et universelle, les capacités intellectuelles ou artistiques de nos compatriotes,l’héritage de la foi chrétienne, l’augmentation incroyable du niveau de vie de notre population ou les facilités d’éducation, de soins ou de transport dont nous disposons et qui nous placent dans le peloton de tête des peuples les mieux lotis du monde ou de la Caraïbe. Certes, il y a plus « riche », plus développé, plus tousa’w lé… Mais nous sommes largement au-dessus du niveau de vie des hommes de cette planète. Et pourtant, au lieu d’en être fiers et de profiter de ces atouts pour bâtir une Civilisation d’Amour, d’Espérance et de Foi, nous qui ajoutons maison à maison, qui joignons champ à champ, jusqu’à occuper toute la place et habiter, seuls, au milieu du pays ! (Is 5, 7-8) nous assistons, passifs, à l’insidieuse installation d’une panique sociale généralisée. Nous n’allons pas bien. Mon peuple est en exil, faute de n’avoir rien compris, dit le Seigneur ; son élite meurt de faim, ses foules sont dévorées de soif. Voilà pourquoi la Mort dilate sa gorge et ouvre démesurément la gueule : la noblesse et la foule y descendent dans le vacarme de la fête.(Is 5,13-14) De fait, la violence de nos faits divers ne serait qu’anecdotique s’il elle n’était le fruit de la facilité, de l’oisiveté, de la dénatalité, de l’exode, de la récession, de la méfiance et la brutalité dans les rapports sociaux et des discordes familiales (de nombreuses maisons seront ruinées, belles ou grandes, elles seront inhabitées dit Isaïe (Is 5,7-9)… En résumé, les fruits de la chair, chez nous, dominent les fruits de l’Esprit. Mais qu’avons-nous fait au Bon Dieu… ou plutôt qu’est-ce que le Bon Dieu nous a fait pour que nous méprisions autant ses bienfaits ? Soyez donc juges entre moi et ma vigne, dit le prophète, pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? La suite de l’oracle contre Israël semble pleine d’amertume, violente ou, en tout cas, menaçante (Eh bien, je vais vous apprendre ce que je ferai de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; (Is 5, 3-6)). Mais je crois plutôt qu’il s’agit là d’une preuve d’amour et de respect de Dieu pour son peuple ! Dieu continue d’espérer en nous. Il refuse désormais de faire de nous des assistés, gâtés et pleurnichards. Il nous place devant notre responsabilité des fils et des filles pour qu’en frères et soeurs, nous fassions fructifier les talents reçus de Lui. Nous avons de quoi être heureux et dignes, à commencer par l’annonce de l’Évangile du Christ. Annou alé.

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France 

Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en retourna la terre, en retira les pierres pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. (Is 5, 1-2). Certains passages de la Bible sont terribles surtout quand on fait le lien avec notre réalité. Pasteur de l’Église en Martinique, je ne peux donc échapper à une remise en question de notre communauté en évoquant cet oracle prophétique ! La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël (Is 5,7), mais c’est aussi notre Martinique que le Seigneur a gâté de nombreux atouts, une splendeur aux multiples avantages. Le passé tragique qui déchire encore nos mémoires ne peut nous faire ignorer tout ce que le Seigneur a fait pour sa vigne ! La beauté de nos paysages, les atouts de notre territoire, la fertilité de nos terres et de nos mers ; mais aussi les qualités de notre culture cosmopolite et universelle, les capacités intellectuelles ou artistiques de nos compatriotes,l’héritage de la foi chrétienne, l’augmentation incroyable du niveau de vie de notre population ou les facilités d’éducation, de soins ou de transport dont nous disposons et qui nous placent dans le peloton de tête des peuples les mieux lotis du monde ou de la Caraïbe. Certes, il y a plus « riche », plus développé, plus tousa’w lé… Mais nous sommes largement au-dessus du niveau de vie des hommes de cette planète. Et pourtant, au lieu d’en être fiers et de profiter de ces atouts pour bâtir une Civilisation d’Amour, d’Espérance et de Foi, nous qui ajoutons maison à maison, qui joignons champ à champ, jusqu’à occuper toute la place et habiter, seuls, au milieu du pays ! (Is 5, 7-8) nous assistons, passifs, à l’insidieuse installation d’une panique sociale généralisée. Nous n’allons pas bien. Mon peuple est en exil, faute de n’avoir rien compris, dit le Seigneur ; son élite meurt de faim, ses foules sont dévorées de soif. Voilà pourquoi la Mort dilate sa gorge et ouvre démesurément la gueule : la noblesse et la foule y descendent dans le vacarme de la fête.(Is 5,13-14) De fait, la violence de nos faits divers ne serait qu’anecdotique s’il elle n’était le fruit de la facilité, de l’oisiveté, de la dénatalité, de l’exode, de la récession, de la méfiance et la brutalité dans les rapports sociaux et des discordes familiales (de nombreuses maisons seront ruinées, belles ou grandes, elles seront inhabitées dit Isaïe (Is 5,7-9)… En résumé, les fruits de la chair, chez nous, dominent les fruits de l’Esprit. Mais qu’avons-nous fait au Bon Dieu… ou plutôt qu’est-ce que le Bon Dieu nous a fait pour que nous méprisions autant ses bienfaits ? Soyez donc juges entre moi et ma vigne, dit le prophète, pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? La suite de l’oracle contre Israël semble pleine d’amertume, violente ou, en tout cas, menaçante (Eh bien, je vais vous apprendre ce que je ferai de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; (Is 5, 3-6)). Mais je crois plutôt qu’il s’agit là d’une preuve d’amour et de respect de Dieu pour son peuple ! Dieu continue d’espérer en nous. Il refuse désormais de faire de nous des assistés, gâtés et pleurnichards. Il nous place devant notre responsabilité des fils et des filles pour qu’en frères et soeurs, nous fassions fructifier les talents reçus de Lui. Nous avons de quoi être heureux et dignes, à commencer par l’annonce de l’Évangile du Christ. Annou alé.

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France 

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