Venez divin Messie !
Combien d’Antillais ont entonné ce cantique ces derniers jours ? Combien de voix, combien de coeurs l’ont chanté ? Des milliers, peut-être des centaines de milliers ! Vous me direz que, dans la chaleur des Chanté Nwel, peu d’entre eux ont vraiment « prié » ces paroles. Peu de chanteurs ont utilisé ces mots pour adresser à Dieu une supplique sincère. Vous me ferez même remarquer qu’en plusieurs occasions, ces cantiques ne sont utilisés que pour exciter les sens, pour détourner la dimension religieuse, pour se moquer par des ritournelles aux allusions tendancieuses et peut-être même, pour blasphémer… Étrange capacité humaine à gâcher ce qu’il y a de plus beau !
C’est vrai. Et ce ne sont pas seulement les cantiques, nos beaux cantiques si traditionnels, qui sont ainsi souillés par la culture des hommes et par l’esprit des temps. C’est aussi la fête de Noël elle-même, transformée en fête de la consommation et de la grande bouffe (merci père Noël !).
Si on va plus loin, il faudrait citer la longue liste des splendeurs et des dons divins que les hommes ont réussi à gâcher : la vie, désormais entre les mains des apprentis sorciers qui veulent la contrôler de sa conception jusqu’à sa fin ; les grands amours enterrés par de petites amourettes éphémères ; la féminité se fourvoyant dans la vulgarité ; la masculinité qui oscille entre violence et faiblesse narcissique ; la sexualité réduite à n’être plus qu’un outil de plaisir égoïste ; l’honneur victime du coup d’État de l’opportunisme ; la société des hommes-frères pourrie dans la société de consommation ; la nature polluée par l’exploitation intensive… Même la religion est contaminée par cette lèpre inexorable que les hommes transmettent à tout ce qu’ils touchent : la foi flirte avec superstition, orgueil et violence ; la générosité des fidèles corrompue en moyen d’acheter des faveurs ; l’Espérance qui se confond dans le porte-monnaie ou la capacité d’obtenir un crédit ; la vocation, empoisonnée par des déviances ; la communion, pervertie en outil d’exclusion…
Tout cela est vrai et la liste serait encore longue. Chacun d’entre nous, chaque famille, chaque groupe, chaque peuple - en examinant sa propre vie, ses propres relations, son comportement, ses pensées, ses paroles, ses actes ou ses silences passés et présents - verra, s’il est sincère, comment il a cette étrange capacité à pervertir la beauté, la vérité et la bonté qu’il a reçues en héritage…
Mais attention, le monde d’avant n’était pas mieux ! Il y aura toujours ce combat du mal contre le bien. Il y aura toujours des ombres qui chercheront à voiler la lumière, en toute vie et en tout groupe humain ! D’ailleurs, lorsque le Fils de Dieu, ce petit Dieu d’amour, naquit à Noël dans la Palestine, l’ambiance n’était pas plus pieuse que celle de nos Chanté Nwel ! On peut même dire que Jésus, en bon médecin, préfère venir visiter des chanteurs à moitié boulés qui l’invoquent inconsciemment en mélangeant les pieuses paroles des cantiques à une culture vulgaire, que de venir récompenser de sa présence quelques pieuses âmes satisfaites rassemblées en coterie pour dire le Rosaire dans une chapelle fermée ! Jésus vient sauver, pas récompenser !
Dieu merci, Il vient pour nous tous, pour tous les hommes « surtout ceux qui ont le plus besoin de sa sainte Miséricorde » ! C’est pour cela que la décadence de ce monde, dans l’Église ou même dans nos vies, peut nous choquer, nous attrister, mais non pas nous surprendre ou nous déstabiliser. Car c’est le peuple qui marche dans les ténèbres qui verra se lever une grande lumière (Is 9,2). Alors : Venez, divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver ! Vous êtes notre vie ! Venez, venez, venez !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Venez divin Messie !
Combien d’Antillais ont entonné ce cantique ces derniers jours ? Combien de voix, combien de coeurs l’ont chanté ? Des milliers, peut-être des centaines de milliers ! Vous me direz que, dans la chaleur des Chanté Nwel, peu d’entre eux ont vraiment « prié » ces paroles. Peu de chanteurs ont utilisé ces mots pour adresser à Dieu une supplique sincère. Vous me ferez même remarquer qu’en plusieurs occasions, ces cantiques ne sont utilisés que pour exciter les sens, pour détourner la dimension religieuse, pour se moquer par des ritournelles aux allusions tendancieuses et peut-être même, pour blasphémer… Étrange capacité humaine à gâcher ce qu’il y a de plus beau !
C’est vrai. Et ce ne sont pas seulement les cantiques, nos beaux cantiques si traditionnels, qui sont ainsi souillés par la culture des hommes et par l’esprit des temps. C’est aussi la fête de Noël elle-même, transformée en fête de la consommation et de la grande bouffe (merci père Noël !).
Si on va plus loin, il faudrait citer la longue liste des splendeurs et des dons divins que les hommes ont réussi à gâcher : la vie, désormais entre les mains des apprentis sorciers qui veulent la contrôler de sa conception jusqu’à sa fin ; les grands amours enterrés par de petites amourettes éphémères ; la féminité se fourvoyant dans la vulgarité ; la masculinité qui oscille entre violence et faiblesse narcissique ; la sexualité réduite à n’être plus qu’un outil de plaisir égoïste ; l’honneur victime du coup d’État de l’opportunisme ; la société des hommes-frères pourrie dans la société de consommation ; la nature polluée par l’exploitation intensive… Même la religion est contaminée par cette lèpre inexorable que les hommes transmettent à tout ce qu’ils touchent : la foi flirte avec superstition, orgueil et violence ; la générosité des fidèles corrompue en moyen d’acheter des faveurs ; l’Espérance qui se confond dans le porte-monnaie ou la capacité d’obtenir un crédit ; la vocation, empoisonnée par des déviances ; la communion, pervertie en outil d’exclusion…
Tout cela est vrai et la liste serait encore longue. Chacun d’entre nous, chaque famille, chaque groupe, chaque peuple - en examinant sa propre vie, ses propres relations, son comportement, ses pensées, ses paroles, ses actes ou ses silences passés et présents - verra, s’il est sincère, comment il a cette étrange capacité à pervertir la beauté, la vérité et la bonté qu’il a reçues en héritage…
Mais attention, le monde d’avant n’était pas mieux ! Il y aura toujours ce combat du mal contre le bien. Il y aura toujours des ombres qui chercheront à voiler la lumière, en toute vie et en tout groupe humain ! D’ailleurs, lorsque le Fils de Dieu, ce petit Dieu d’amour, naquit à Noël dans la Palestine, l’ambiance n’était pas plus pieuse que celle de nos Chanté Nwel ! On peut même dire que Jésus, en bon médecin, préfère venir visiter des chanteurs à moitié boulés qui l’invoquent inconsciemment en mélangeant les pieuses paroles des cantiques à une culture vulgaire, que de venir récompenser de sa présence quelques pieuses âmes satisfaites rassemblées en coterie pour dire le Rosaire dans une chapelle fermée ! Jésus vient sauver, pas récompenser !
Dieu merci, Il vient pour nous tous, pour tous les hommes « surtout ceux qui ont le plus besoin de sa sainte Miséricorde » ! C’est pour cela que la décadence de ce monde, dans l’Église ou même dans nos vies, peut nous choquer, nous attrister, mais non pas nous surprendre ou nous déstabiliser. Car c’est le peuple qui marche dans les ténèbres qui verra se lever une grande lumière (Is 9,2). Alors : Venez, divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver ! Vous êtes notre vie ! Venez, venez, venez !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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