Un pape représente avant tout le mystère de l’Église pour son époque. Il est Successeur de Pierre, Vicaire du Christ sur la terre, Serviteur des serviteurs de Dieu, chef spirituel des millions de catholiques, un des grands hommes de la planète, Pontife suprême, Signe de l’unité du Corps du Christ… Il entre dans l’Histoire non par son oeuvre, mais parce que sa mission toute surnaturelle transcende sa propre personnalité pour en faire le représentant à vie d’une communauté issue non d’un vouloir de chair mais de l’Esprit. Ainsi, ce que l’Histoire retient de la personnalité d’un homme devenu pape dépasse totalement la vie, la culture, le caractère, la science, les actions, les idées de l’individu qui est élu. C’est d’ailleurs pour cela que les papes prennent un nouveau nom lors de leur élection.
Le pape Benoît XVI fait exception : on l’a bien vu à son décès. Dans la mémoire collective, Joseph Ratzinger, le prêtre universitaire et théologien, puis le cardinal gardien de la doctrine de la foi et ami de Jean-Paul II son prédécesseur, puis le pape émérite auprès de François son successeur, sont aussi marquants et exceptionnels que le « pape Benoît XVI ». Ses 9 années de pontificat ne sont pas la seule raison pour laquelle cet homme a marqué de façon unique et exceptionnelle son époque. Joseph Ratzinger est et restera la figure la plus significative de l'Église de son siècle (1926-2023). Au coeur de période mouvementée, il fait le trait d’union (au sens fort du mot « union ») entre les trois (voire les cinq) derniers pontificats. L’Église lui doit de ne pas avoir éclaté face aux assauts des idées folles et aux fumées de Satan. En fait, l’histoire de Paul VI à nos jours, celle de Vatican II, de son herméneutique et de sa mise en oeuvre peut être appelée « le moment Ratzinger » : Il était le dernier évêque vivant à avoir participé au Concile. Il est celui qui a tenu « la petite barque des chrétiens » « ballottée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical ; de l'athéisme au mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite ».
Il est celui qui, au sein même de l’Église a tenu face à la dictature du relativisme doctrinal, au sécularisme, à la théologie marxiste, aux dérives liturgiques, et à la crise de la pédophilie.
Mais il est celui dont l’intelligence et la finesse hors du commun ont permis de rapprocher du Christ les scientifiques, les universitaires, les politiques, les artistes, le monde de la culture, les journalistes et les autres religions (notamment l’Islam). A tous, il a montré que le dialogue, comme le bonheur, était fondé sur la raison (le Logos, le Verbe) et que sans la raison toute pensée est un germe de violence.
Malgré les persécutions, les calomnies, les attaques et les caricatures, sous son pontificat, des centaines de milliers de personnes sont revenues à l’Eglise, des vocations sont nées et tant de jeunes prêtres et religieuses ont désiré la sainteté. Il est celui qui a inventé le concept d’écologie de l’Homme et réconcilié les questions de l’écologie et de la morale... Il y aurait tant à dire !
En 1969, il avait prophétisé que « l’Église perdrait beaucoup de fidèles et de privilèges, devrait quasiment repartir de zéro, se débarrasser d’une étroitesse d’esprit sectaire et d’une affirmation de soi trop pompeuse et deviendrait l’Église des doux. Les hommes angoissés et sans Dieu verraient alors le petit troupeau des croyants comme une réponse secrètement cherchée et un espoir en la vie éternelle. »
Signe suprême de la Providence, le Seigneur, qui affectionne les paradoxes, a choisi un allemand (peuple le plus détesté de l’époque à cause du nazisme) pour rayonner d’intelligence, d’amour et de concorde sur l’Eglise et l’humanité ! Et en plus il été pape, et même le premier pape émérite de l’Histoire de l’Eglise.
Merci Seigneur pour ce moment Ratzinger !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
Un pape représente avant tout le mystère de l’Église pour son époque. Il est Successeur de Pierre, Vicaire du Christ sur la terre, Serviteur des serviteurs de Dieu, chef spirituel des millions de catholiques, un des grands hommes de la planète, Pontife suprême, Signe de l’unité du Corps du Christ… Il entre dans l’Histoire non par son oeuvre, mais parce que sa mission toute surnaturelle transcende sa propre personnalité pour en faire le représentant à vie d’une communauté issue non d’un vouloir de chair mais de l’Esprit. Ainsi, ce que l’Histoire retient de la personnalité d’un homme devenu pape dépasse totalement la vie, la culture, le caractère, la science, les actions, les idées de l’individu qui est élu. C’est d’ailleurs pour cela que les papes prennent un nouveau nom lors de leur élection.
Le pape Benoît XVI fait exception : on l’a bien vu à son décès. Dans la mémoire collective, Joseph Ratzinger, le prêtre universitaire et théologien, puis le cardinal gardien de la doctrine de la foi et ami de Jean-Paul II son prédécesseur, puis le pape émérite auprès de François son successeur, sont aussi marquants et exceptionnels que le « pape Benoît XVI ». Ses 9 années de pontificat ne sont pas la seule raison pour laquelle cet homme a marqué de façon unique et exceptionnelle son époque. Joseph Ratzinger est et restera la figure la plus significative de l'Église de son siècle (1926-2023). Au coeur de période mouvementée, il fait le trait d’union (au sens fort du mot « union ») entre les trois (voire les cinq) derniers pontificats. L’Église lui doit de ne pas avoir éclaté face aux assauts des idées folles et aux fumées de Satan. En fait, l’histoire de Paul VI à nos jours, celle de Vatican II, de son herméneutique et de sa mise en oeuvre peut être appelée « le moment Ratzinger » : Il était le dernier évêque vivant à avoir participé au Concile. Il est celui qui a tenu « la petite barque des chrétiens » « ballottée d'un extrême à l'autre : du marxisme au libertinisme ; du collectivisme à l'individualisme radical ; de l'athéisme au mysticisme religieux ; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite ».
Il est celui qui, au sein même de l’Église a tenu face à la dictature du relativisme doctrinal, au sécularisme, à la théologie marxiste, aux dérives liturgiques, et à la crise de la pédophilie.
Mais il est celui dont l’intelligence et la finesse hors du commun ont permis de rapprocher du Christ les scientifiques, les universitaires, les politiques, les artistes, le monde de la culture, les journalistes et les autres religions (notamment l’Islam). A tous, il a montré que le dialogue, comme le bonheur, était fondé sur la raison (le Logos, le Verbe) et que sans la raison toute pensée est un germe de violence.
Malgré les persécutions, les calomnies, les attaques et les caricatures, sous son pontificat, des centaines de milliers de personnes sont revenues à l’Eglise, des vocations sont nées et tant de jeunes prêtres et religieuses ont désiré la sainteté. Il est celui qui a inventé le concept d’écologie de l’Homme et réconcilié les questions de l’écologie et de la morale... Il y aurait tant à dire !
En 1969, il avait prophétisé que « l’Église perdrait beaucoup de fidèles et de privilèges, devrait quasiment repartir de zéro, se débarrasser d’une étroitesse d’esprit sectaire et d’une affirmation de soi trop pompeuse et deviendrait l’Église des doux. Les hommes angoissés et sans Dieu verraient alors le petit troupeau des croyants comme une réponse secrètement cherchée et un espoir en la vie éternelle. »
Signe suprême de la Providence, le Seigneur, qui affectionne les paradoxes, a choisi un allemand (peuple le plus détesté de l’époque à cause du nazisme) pour rayonner d’intelligence, d’amour et de concorde sur l’Eglise et l’humanité ! Et en plus il été pape, et même le premier pape émérite de l’Histoire de l’Eglise.
Merci Seigneur pour ce moment Ratzinger !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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