Les « ti » chemins de croix ?


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vendredi 17 mars 2023
Diocèse de Martinique

Pendant le Carême, nous aimons bien faire nos « ti » chemins de croix… Quelle est la signification profonde de cette façon séculaire de vivre la Parole de Dieu et de mettre nos pas dans les pas de Jésus ? Comme toutes les dévotions d’ordre sacramental, un chemin de croix permet à ceux qui le pratiquent d’un coeur sincère, d’expérimenter ce que le Christ a vécu en son âme lorsqu’Il a donné sa vie à son Père en sacrifice pour les pécheurs. Ce n’est pas anodin !

Au chapitre 2 de la première lettre de saint Pierre, l’apôtre place très haut la barre de la vie chrétienne. Il nous rappelle le prix que le Seigneur a payé pour notre salut : « c’est par ses blessures, que nous sommes guéris » (1P 2,24). Le centre du message de l’apôtre est la Croix du Christ comme aiguillon de notre conversion. « C’est pour vous que le Christ a souffert ; il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces » (1P 2,21). Le chemin de croix est la trace à suivre. La vie du chrétien consiste donc, pour lui, à souffrir en imitant le Seigneur.

Pierre avait déjà mis en avant la croix lorsqu’il avait parlé aux hommes de toutes langues, peuples et nations à la Pentecôte, dans la toute première prédication de l’Histoire de l’Église : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié ! » (Ac 2, 36). Il accusait ses auditeurs d’avoir crucifié Jésus et ceux-ci en eurent le coeur touché. Il faut dire que Pierre parlait d’expérience ! N’est-il pas celui-là même qui avait lâchement renié puis abandonné Jésus au moment de sa passion ; celui qui n’avait pas été là pour Le voir crucifier ? C’est le coeur contrit qu’il s’était jeté à l’eau lorsqu’il L’avait reconnu sur le bord du lac de Galilée ; les larmes aux yeux, il L’avait assuré par trois fois de son amour en répondant à ses questions ; il avait alors reçu la charge du troupeau, avec en prime, la promesse du martyr, lorsque le Berger était retourné s’asseoir à la droite du Père. Enfin l’apôtre vivra conformément à son enseignement : allant, lui aussi, jusqu’au bout de l’amour, il vivra son martyr crucifié la tête en bas parce qu’il ne se sera pas jugé digne de souffrir comme son Seigneur...

Dans son épitre, il insiste donc : la crucifixion de Jésus doit créer en nous une sainte humiliation, une culpabilisation salutaire, la conviction de péché qui suscite la contrition. En se signant, en contemplant un crucifix ou en faisant un chemin de croix, le chrétien confesse, en quelque sorte : « Mon Dieu, j’ai un infini regret de T’avoir offensé parce que Tu es infiniment bon… la preuve, c’est que Tu es mort pour moi sur la croix ! » C’est donc là la gloire, l’honneur et le bonheur du disciple ! Le Christ a souffert pour nous, « Il a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice » (1P 2,24). C’est en prenant conscience de cet évènement incontournable que nous nous convertissons, que nous revenons à Lui de tout notre coeur, que nous retrouvons le chemin de l’Église. Enfin, la conversion initiale ne suffit pas. Le portement de croix marque toute notre existence de l’exemplarité du Christ. La vie chrétienne est un chemin de croix, un chemin d’amour, un chemin de souffrance volontaire à l’imitation de Jésus : « Lui qui n’a pas commis de faute ; Lui dont on n’a pas trouvé de mensonge en la bouche ; Lui qui insulté ne rendit pas l’insulte ; Lui qui maltraité ne fit pas de menace, mais s’abandonna à Celui qui juge avec justice » (1P 2, 22-23).

Tout un programme. Joyeux Carême !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France 

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