L'ennemi caché de l'Esprit Saint


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lundi 29 mai 2023
Diocèse de Martinique

Le pire ennemi de l'Esprit Saint n’est pas la division, mais la fausse communion

Le pire ennemi de l'Esprit Saint n’est pas la division, mais la fausse communion ! La division nous fait souffrir, on la combat. La fausse communion nous endort, puis nous étouffe lentement. L'Esprit Saint n’est pas donné à un groupe de personnes rassemblées pour prier, mais à une communauté. De loin, les deux réalités se ressemblent. Si on compare les photos d’un bus de ville et d’un car de pèlerins on verra des hommes et des femmes assis et allant dans une même direction.

Cependant, les pèlerins, partis ensemble, vont tous et chacun vers une seule et même destination, pour apprendre à se connaître et vivre une expérience commune au final. Alors que les passagers du bus de ville montent ou descendent à chaque arrêt. Ils sont là pour des raisons pratiques et opportunistes. Ils ne font que se croiser. Chacun poursuit son propre itinéraire, et, le moment venu quitte le bus pour prendre sa propre direction. Il y a des croyants qui considèrent que les églises sont des lieux où se croisent un instant ceux qui viennent faire leur dévotion privée avant de repartir dans leur propre chemin spirituel, plus ou moins hétérodoxe. Il y a même des catholiques qui viennent à la messe pour suivre l’Eucharistie, écouter parole et sermon et même recevoir l’hostie, mais dans une démarche individuelle, et non communautaire. On communie mais sans communier, c’est-à-dire sans être véritablement en communauté avec des frères et soeurs que l’on ne connaît même pas ! Il y a des groupes de chrétiens qui, sous prétexte d’inculturation ou de tradition, ou tout simplement par habitude, jouent la carte du particularisme et de l’exclusion et en viennent à utiliser la messe pour se séparer des autres et faire en sorte que le sacrement de la « communion » soit réservé à telle ou telle catégorie de baptisés bienpensants, bienfaisants, bien-mariés ou bien-nés…

Humainement, la communion n’est pas facile. Soyons honnêtes : elle est même impossible. De plus, c’est l’Esprit Saint qui façonne l’Église et nous donne réellement l’unité. Mais pour le recevoir et donc atteindre cette union des coeurs rendue impossible par nos blessures et nos limites, il faut au moins un désir. Avant d’atteindre la véritable concorde, don de l’Esprit, il y a une certaine paix qui consiste à choisir de ne pas se séparer du reste de la communauté, à vouloir être uni à ses frères et soeurs, à poser des actes d’unité, à rechercher l’harmonie, à combattre la division, à réconcilier les oppositions, à renverser les barrières de culture, de langues, de milieux sociaux, à investir du temps pour créer des liens humains, à établir des dialogue et à prendre le temps et les moyens pour l’instaurer, à chercher la vérité qui rend libre, à adopter un équilibre de style liturgique qui accueille les différentes sensibilités…

J’ai peur que, pour diverses raisons plus ou moins légitimes, le diable soit parvenu à enténébrer la conscience de beaucoup d’entre nous. Utilisant les oeillères de nos certitudes bien humaines, de nos habitudes, il nous empêche de voir ceux qui restent à la marge ou s’en vont sur la pointe des pieds. Au moyen des blessures de notre histoire, de nos familles ou de nos quartiers, des limites de nos pasteurs et des petites frustrations et humiliations inévitables dans la vie commune, il fait en sorte que beaucoup se sentent isolés, délaissés, jugés, laissés pour compte, sans soutien, voire exclus alors même qu’ils sont dans nos assemblées. Anesthésiés par les apparences, nous ne souffrons même plus de nos divisions. Voilà pourquoi nous faisons si rarement l’expérience de la Pentecôte qui devrait se renouveler chaque Dimanche !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

Le pire ennemi de l'Esprit Saint n’est pas la division, mais la fausse communion ! La division nous fait souffrir, on la combat. La fausse communion nous endort, puis nous étouffe lentement. L'Esprit Saint n’est pas donné à un groupe de personnes rassemblées pour prier, mais à une communauté. De loin, les deux réalités se ressemblent. Si on compare les photos d’un bus de ville et d’un car de pèlerins on verra des hommes et des femmes assis et allant dans une même direction.

Cependant, les pèlerins, partis ensemble, vont tous et chacun vers une seule et même destination, pour apprendre à se connaître et vivre une expérience commune au final. Alors que les passagers du bus de ville montent ou descendent à chaque arrêt. Ils sont là pour des raisons pratiques et opportunistes. Ils ne font que se croiser. Chacun poursuit son propre itinéraire, et, le moment venu quitte le bus pour prendre sa propre direction. Il y a des croyants qui considèrent que les églises sont des lieux où se croisent un instant ceux qui viennent faire leur dévotion privée avant de repartir dans leur propre chemin spirituel, plus ou moins hétérodoxe. Il y a même des catholiques qui viennent à la messe pour suivre l’Eucharistie, écouter parole et sermon et même recevoir l’hostie, mais dans une démarche individuelle, et non communautaire. On communie mais sans communier, c’est-à-dire sans être véritablement en communauté avec des frères et soeurs que l’on ne connaît même pas ! Il y a des groupes de chrétiens qui, sous prétexte d’inculturation ou de tradition, ou tout simplement par habitude, jouent la carte du particularisme et de l’exclusion et en viennent à utiliser la messe pour se séparer des autres et faire en sorte que le sacrement de la « communion » soit réservé à telle ou telle catégorie de baptisés bienpensants, bienfaisants, bien-mariés ou bien-nés…

Humainement, la communion n’est pas facile. Soyons honnêtes : elle est même impossible. De plus, c’est l’Esprit Saint qui façonne l’Église et nous donne réellement l’unité. Mais pour le recevoir et donc atteindre cette union des coeurs rendue impossible par nos blessures et nos limites, il faut au moins un désir. Avant d’atteindre la véritable concorde, don de l’Esprit, il y a une certaine paix qui consiste à choisir de ne pas se séparer du reste de la communauté, à vouloir être uni à ses frères et soeurs, à poser des actes d’unité, à rechercher l’harmonie, à combattre la division, à réconcilier les oppositions, à renverser les barrières de culture, de langues, de milieux sociaux, à investir du temps pour créer des liens humains, à établir des dialogue et à prendre le temps et les moyens pour l’instaurer, à chercher la vérité qui rend libre, à adopter un équilibre de style liturgique qui accueille les différentes sensibilités…

J’ai peur que, pour diverses raisons plus ou moins légitimes, le diable soit parvenu à enténébrer la conscience de beaucoup d’entre nous. Utilisant les oeillères de nos certitudes bien humaines, de nos habitudes, il nous empêche de voir ceux qui restent à la marge ou s’en vont sur la pointe des pieds. Au moyen des blessures de notre histoire, de nos familles ou de nos quartiers, des limites de nos pasteurs et des petites frustrations et humiliations inévitables dans la vie commune, il fait en sorte que beaucoup se sentent isolés, délaissés, jugés, laissés pour compte, sans soutien, voire exclus alors même qu’ils sont dans nos assemblées. Anesthésiés par les apparences, nous ne souffrons même plus de nos divisions. Voilà pourquoi nous faisons si rarement l’expérience de la Pentecôte qui devrait se renouveler chaque Dimanche !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

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