Dernièrement, pour préparer le Conseil Diocésain de Pastoral, j’ai relu les grandes orientations d’Ecclesia’M 2020 ainsi que les réponses de notre diocèse au questionnaire du Vatican en préparation du synode romain. J’ai admiré l’oeuvre de l’Esprit-Saint et je m’aperçois, avec le recul et une analyse plus approfondie, à quel point les directions que nous avons empruntées depuis quelques années sont prophétiques.
Ensemble, laïcs, religieux, prêtres et évêque, nous avons pris, au cours de multiples réunions des orientations synodales : Les 5 essentiels comme fondement et signe d’authenticité de toutes nos communautés ; la Pastorale de la sortie sur les parvis et la fin de la pastorale de l’araignée, comme moteur de la conversion missionnaire ; la spiritualité de l’accueil comme principe de la vie des prêtres et des paroisses ; le service d’écoute Padre Pio pour accueillir et porter en Église les souffrances de nos frères ; le catéchisme familial pour accompagner les parents dans leur mission d’éducateurs de la foi ; les projets de la Pastorale des jeunes (la Post-confirmation, le patronage, la Mission Étudiante) ; la structuration des Petites Communautés Ecclésiales comme cellule de base de l’expérience de la vie chrétienne ; la formation de leaders (Duétistes, ministres institués, Grands frères et Grandes soeurs de la Post-confirmation, forum Waouh et l’Université de la vie, conférences de l’OSPEM, ICEA, etc.) ; la fondation d’une web TV pour la diffusion de nos évènements. Sans parler, bien-sûr, des forces déjà existantes dans notre diocèse (Radio Saint-Louis, les groupes spirituels, les communautés nouvelles, les grands rassemblements, le catéchuménat, le dynamisme de nombreuses paroisses, etc.).
MAIS, la définition d’orientations et les fondations ne suffisent pas. Un processus de conversion est amorcé, il faut maintenant le mener dans le temps. Après beaucoup d’écoutes, les prises de décision sont l’affaire de l’évêque, des prêtres et de quelques responsables, mais la mise en oeuvre des décisions et du processus est l’affaire de tous et de chacun dans l’unité…
Or, trois poisons majeurs et internes gangrènent alors le dynamisme suscité par l’Esprit :
• La cécité des agents pastoraux face au déclin violent de la société martiniquaise et de notre Église : nous ne voulons pas voir la chute année après année du nombre d’enfants inscrits au catéchisme. Nous fermons les yeux sur le fait que nous ne proposons rien aux jeunes après la confirmation, ni après le catéchuménat, ni aux jeunes adultes et que nous ne formons pas nos leaders. Nous croyons encore que nos assemblées sont pleines (nettement moins depuis le COVID) mais nous ne voyons pas les bancs vides, l’absence des hommes et des jeunes, et que ce sont les mêmes qui sont partout. Nous ne nous posons pas la question de savoir par quelle porte une personne qui est éloignée de l’Église peut y revenir.
• L’amnésie des organes de décisions : restant au stade de l’analyse, nous revenons sans cesse sur les mêmes constats en répétant des « Il n’y a qu’à », « on devrait » ou « il faut qu’on » qui ont déjà été dits. Inconséquents, nous sommes oublieux des orientations prises. A moins que nous ne soyons tétanisés devant l’action sous prétexte que nous manquons de moyens et de bras pour opérer les changements décrétés.
• Enfin, la résistance au changement est très puissante. Certainement en raison de l’âge et de l’ancienneté de nos agents pastoraux. Le « on a toujours fait comme ça » que le pape François qualifie de « péché d’idolâtrie » et de « fermeture à l’Esprit Saint » est une entrave terrible à l’adaptation de notre Église à sa mission. Et pourtant….
Prenons de bonnes vacances, il y a encore beaucoup de travail !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
Dernièrement, pour préparer le Conseil Diocésain de Pastoral, j’ai relu les grandes orientations d’Ecclesia’M 2020 ainsi que les réponses de notre diocèse au questionnaire du Vatican en préparation du synode romain. J’ai admiré l’oeuvre de l’Esprit-Saint et je m’aperçois, avec le recul et une analyse plus approfondie, à quel point les directions que nous avons empruntées depuis quelques années sont prophétiques.
Ensemble, laïcs, religieux, prêtres et évêque, nous avons pris, au cours de multiples réunions des orientations synodales : Les 5 essentiels comme fondement et signe d’authenticité de toutes nos communautés ; la Pastorale de la sortie sur les parvis et la fin de la pastorale de l’araignée, comme moteur de la conversion missionnaire ; la spiritualité de l’accueil comme principe de la vie des prêtres et des paroisses ; le service d’écoute Padre Pio pour accueillir et porter en Église les souffrances de nos frères ; le catéchisme familial pour accompagner les parents dans leur mission d’éducateurs de la foi ; les projets de la Pastorale des jeunes (la Post-confirmation, le patronage, la Mission Étudiante) ; la structuration des Petites Communautés Ecclésiales comme cellule de base de l’expérience de la vie chrétienne ; la formation de leaders (Duétistes, ministres institués, Grands frères et Grandes soeurs de la Post-confirmation, forum Waouh et l’Université de la vie, conférences de l’OSPEM, ICEA, etc.) ; la fondation d’une web TV pour la diffusion de nos évènements. Sans parler, bien-sûr, des forces déjà existantes dans notre diocèse (Radio Saint-Louis, les groupes spirituels, les communautés nouvelles, les grands rassemblements, le catéchuménat, le dynamisme de nombreuses paroisses, etc.).
MAIS, la définition d’orientations et les fondations ne suffisent pas. Un processus de conversion est amorcé, il faut maintenant le mener dans le temps. Après beaucoup d’écoutes, les prises de décision sont l’affaire de l’évêque, des prêtres et de quelques responsables, mais la mise en oeuvre des décisions et du processus est l’affaire de tous et de chacun dans l’unité…
Or, trois poisons majeurs et internes gangrènent alors le dynamisme suscité par l’Esprit :
• La cécité des agents pastoraux face au déclin violent de la société martiniquaise et de notre Église : nous ne voulons pas voir la chute année après année du nombre d’enfants inscrits au catéchisme. Nous fermons les yeux sur le fait que nous ne proposons rien aux jeunes après la confirmation, ni après le catéchuménat, ni aux jeunes adultes et que nous ne formons pas nos leaders. Nous croyons encore que nos assemblées sont pleines (nettement moins depuis le COVID) mais nous ne voyons pas les bancs vides, l’absence des hommes et des jeunes, et que ce sont les mêmes qui sont partout. Nous ne nous posons pas la question de savoir par quelle porte une personne qui est éloignée de l’Église peut y revenir.
• L’amnésie des organes de décisions : restant au stade de l’analyse, nous revenons sans cesse sur les mêmes constats en répétant des « Il n’y a qu’à », « on devrait » ou « il faut qu’on » qui ont déjà été dits. Inconséquents, nous sommes oublieux des orientations prises. A moins que nous ne soyons tétanisés devant l’action sous prétexte que nous manquons de moyens et de bras pour opérer les changements décrétés.
• Enfin, la résistance au changement est très puissante. Certainement en raison de l’âge et de l’ancienneté de nos agents pastoraux. Le « on a toujours fait comme ça » que le pape François qualifie de « péché d’idolâtrie » et de « fermeture à l’Esprit Saint » est une entrave terrible à l’adaptation de notre Église à sa mission. Et pourtant….
Prenons de bonnes vacances, il y a encore beaucoup de travail !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
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