Ouvrez les portes


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lundi 2 octobre 2023
Diocèse de Martinique

Frères et soeurs, n’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! (Jean-Paul II) - Depuis un moment, tout le monde le dit, les autorités civiles le réclament, l’archevêque le répète, les papes le demandent, la mission l’exige : Ouvrez les portes des églises !

Cependant, les autorités ont beau parler, il y a toujours des contingences pratiques et sécuritaires qui susciteront l’inquiétude des frères et soeurs vieillissants chargés des clés de nos églises. Ainsi dans notre diocèse, seul un très petit nombre d’églises restent ouvertes. Toutes les raisons sont évoquées : Cela va de la sacristine qui garde sa petite fille au curé qui « ne-voit-pas-l’intérêt », en passant par la mauvaise habitude du « on-a-toujours-fait-comme-ça », le réflex « douanier » d’un secrétariat qui veut tout contrôler, l’absence de gardiennage face aux incivilités ou la paresse à trouver des solutions pérennes au problème… En dehors des messes, les portes sont closes !

Pourtant d’autres diocèses, comme à Paris, ont trouvé des solutions et permettent à tout un chacun de venir prier dans les églises à toute heure du jour. C’est pourquoi je me demande si ce manque de motivation à ouvrir la maison de Dieu ne s’explique pas par une certaine conception de l’Eglise (avec un grand « E » = la communauté des croyants) ?? Un choix entre une Eglise en repli et une Eglise en sortie !

De fait, en amont des risques de vol ou de dégradation, n’y a-t-il pas tout simplement le fait que beaucoup de fidèles et de pasteurs n’ont tout simplement pas envie de laisser les églises ouvertes !? Un bâtiment clos est comme une maison de famille, un espace réservé aux membres de la famille. Certains d’entre nous auraientils du mal à accepter que leur église paroissiale soit accessible en dehors de la messe ? L’accès au Bon Dieu présent dans le tabernacle et plus largement à toutes les grâces de salut dont dispose la communauté (les sacrements, l’annonce de la Parole, les oeuvres d’art, le silence, les compositions florales, les lieux de dévotion, et même le ministère, voir la personne du prêtre !!) … Tout cela est considéré par certains bons vieux paroissiens comme un domaine réservé, la récompense des bons chrétiens. C’est chez eux, c’est à eux ! Les autres n’ont qu’à venir à la messe et faire comme eux s’ils veulent avoir accès au sacré !

Alors, c’est logique, les portes closes manifestent une ecclésiologie du repli. D’un autre côté, il y a le cri des fidèles du parvis : ceux qui n’entrent pas, qui ne se sentent ni accueillis, ni attendus par la communauté. Ils ne sont pas assez à l’heure, n’ont pas assez de temps, leurs enfants ne sont pas assez bien élevés, ils ne sont pas assez mariés, à moins qu’ils l’aient été trop souvent, bref… l’église, ils veulent bien y venir, mais pour l’instant ils ne sont pas à l’aise avec les assemblées cathos... La réforme liturgique a au moins permis, lorsqu’on célèbre la messe « face au peuple », que (tandis que les fidèles tournent le dos à la rue) le prêtre voit le monde… et les gens qui n’entrent pas. Cela est terrible pour Lui : il célèbre ce qu’il y a de plus beau, grand et nécessaire en ce monde, mais le monde passe à côté. Une église ouverte manifeste une communauté accueillante prête à sortir de son vieillissement confortable pour recevoir de nouveaux frères.

Quand on prend les moyens de laisser un accès public et permanent à nos sanctuaires, (ce n’est pas le cas des autres religions dont les salles de prière sont de simples outils communautaires pratiques et non des lieux consacrés où Dieu est présent) nous manifestons une famille qui ne réserve pas le salut à des initiés, mais qui dit à tout un chacun « tu es mon frère ». « Viens et vois » (Jn 1, 39). C’est l’Eglise en sortie. Ainsi commence la fraternité !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

Cependant, les autorités ont beau parler, il y a toujours des contingences pratiques et sécuritaires qui susciteront l’inquiétude des frères et soeurs vieillissants chargés des clés de nos églises. Ainsi dans notre diocèse, seul un très petit nombre d’églises restent ouvertes. Toutes les raisons sont évoquées : Cela va de la sacristine qui garde sa petite fille au curé qui « ne-voit-pas-l’intérêt », en passant par la mauvaise habitude du « on-a-toujours-fait-comme-ça », le réflex « douanier » d’un secrétariat qui veut tout contrôler, l’absence de gardiennage face aux incivilités ou la paresse à trouver des solutions pérennes au problème… En dehors des messes, les portes sont closes !

Pourtant d’autres diocèses, comme à Paris, ont trouvé des solutions et permettent à tout un chacun de venir prier dans les églises à toute heure du jour. C’est pourquoi je me demande si ce manque de motivation à ouvrir la maison de Dieu ne s’explique pas par une certaine conception de l’Eglise (avec un grand « E » = la communauté des croyants) ?? Un choix entre une Eglise en repli et une Eglise en sortie !

De fait, en amont des risques de vol ou de dégradation, n’y a-t-il pas tout simplement le fait que beaucoup de fidèles et de pasteurs n’ont tout simplement pas envie de laisser les églises ouvertes !? Un bâtiment clos est comme une maison de famille, un espace réservé aux membres de la famille. Certains d’entre nous auraientils du mal à accepter que leur église paroissiale soit accessible en dehors de la messe ? L’accès au Bon Dieu présent dans le tabernacle et plus largement à toutes les grâces de salut dont dispose la communauté (les sacrements, l’annonce de la Parole, les oeuvres d’art, le silence, les compositions florales, les lieux de dévotion, et même le ministère, voir la personne du prêtre !!) … Tout cela est considéré par certains bons vieux paroissiens comme un domaine réservé, la récompense des bons chrétiens. C’est chez eux, c’est à eux ! Les autres n’ont qu’à venir à la messe et faire comme eux s’ils veulent avoir accès au sacré !

Alors, c’est logique, les portes closes manifestent une ecclésiologie du repli. D’un autre côté, il y a le cri des fidèles du parvis : ceux qui n’entrent pas, qui ne se sentent ni accueillis, ni attendus par la communauté. Ils ne sont pas assez à l’heure, n’ont pas assez de temps, leurs enfants ne sont pas assez bien élevés, ils ne sont pas assez mariés, à moins qu’ils l’aient été trop souvent, bref… l’église, ils veulent bien y venir, mais pour l’instant ils ne sont pas à l’aise avec les assemblées cathos... La réforme liturgique a au moins permis, lorsqu’on célèbre la messe « face au peuple », que (tandis que les fidèles tournent le dos à la rue) le prêtre voit le monde… et les gens qui n’entrent pas. Cela est terrible pour Lui : il célèbre ce qu’il y a de plus beau, grand et nécessaire en ce monde, mais le monde passe à côté. Une église ouverte manifeste une communauté accueillante prête à sortir de son vieillissement confortable pour recevoir de nouveaux frères.

Quand on prend les moyens de laisser un accès public et permanent à nos sanctuaires, (ce n’est pas le cas des autres religions dont les salles de prière sont de simples outils communautaires pratiques et non des lieux consacrés où Dieu est présent) nous manifestons une famille qui ne réserve pas le salut à des initiés, mais qui dit à tout un chacun « tu es mon frère ». « Viens et vois » (Jn 1, 39). C’est l’Eglise en sortie. Ainsi commence la fraternité !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

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