La pauvreté désigne, dans une société donnée, le fait d’être dans une situation de manque économique, c'est-à-dire de manque matériel et concrètement ne pas avoir suffisamment d’argent pour répondre, ne serait-ce qu’à ses besoins de base : se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner…
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. » Ces deux notions étant définies, quel lien possible entre pauvreté et santé mentale ? Les personnes touchées par la précarité sontelles plus malades ? Celles atteintes dans leur santé mentale risquent-elles de sombrer dans la précarité ? Des études réalisées au Canada et aux Etats- Unis démontrent clairement une corrélation entre les deux. En effet, elles révèlent qu’il existe une plus grande prévalence des désordres mentaux et des problèmes de santé mentale dans les classes sociales les plus dépourvues économiquement. On retrouve de deux à trois fois plus de troubles psychopathologiques (névrose, psychose, désordres de la personnalité…) chez les plus pauvres. Elles révèlent également que la proportion de personnes présentant un niveau de bienêtre élevé augmente avec le revenu familial. Ceux qui ne travaillent pas et qui ne sont pas aux études présentent plus de problèmes psychologiques et sont susceptibles d’être porteurs d’idées suicidaires ou à faire des tentatives de suicide. La Martinique n’échappe pas à cette règle. En effet, le taux de pauvreté en Martinique est supérieur à la moyenne nationale. Pour information, selon des études récentes, les familles monoparentales et les personnes à faibles revenus seraient davantage impactées par la précarité. La pauvreté entraîne donc une inégalité de traitement de la souffrance par faute de moyens dans le public. Et ceux qui ont les moyens financiers ont cependant la possibilité de profiter des soins dans le privé.
Or, la Déclaration universelle des droits de l’homme souligne : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bienêtre et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que les services sociaux nécessaires. » La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale souligne : « Le lien entre santé mentale et précarité comporte deux dimensions. D’une part, le trouble mental ou les troubles de la personnalité participant à la précarisation des personnes altérant leurs aptitudes sociales, économiques, relationnelles. Inversement, la situation d’exclusion et de précarité entraîne souvent l’apparition de troubles mentaux et de prévalence de la souffrance psychique. » (Précarité et santé mentale : repères et bonnes pratiques. FNARS. Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, 2010). Nous constatons également que la précarité entraîne une situation d’errance qui affecte la santé mentale (en 2015, la DJSCS aurait recensé entre 300 et 500 personnes en situation d’errance sur le territoire martiniquais). La crise économique et sociale associée à la toxicomanie et à l’alcoolisme sont des facteurs qui aggravent la situation. Frédérique Carole, infirmière en psychiatrie de liaison, souligne dans son mémoire de Master 2 : « La maladie mentale vient, au cours d’un épisode de vie, impacter les ressources, le logement créant des pertes qui aboutissent à un isolement pouvant conduire à une désocialisation. Le processus de désocialisation devient encore plus stigmatisant pour les personnes vulnérables. Car la société se retrouve à les classer... (les dépressifs, les paranoïaques, les schizophrènes...) … Ces impacts engendrent des conséquences au niveau de l’alliance thérapeutique, avec des conséquences sociales ainsi que sur le plan personnel. L’isolement que vivent ces personnes les amène à s'auto-exclure, allant jusqu’à quitter leur logement, voire à être expulsés » (Vulnérabilité sociale, accès aux droits et aux soins pour les personnes souffrant de troubles mentaux en Martinique, 2020, P.15).
Selon Mme Carole, il y aurait une véritable difficulté d’accès aux droits et aux soins pour les publics en précarité présentant des troubles mentaux en raison du manque de moyens dans les établissements publics, de la désocialisation, du déni de la pathologie et de l’impuissance des familles face à leur membre en souffrance psychique. En conclusion, malgré l’offre de soins qui néanmoins est insuffisante, les personnes atteintes de la pauvreté rencontrent des difficultés à se faire soigner et souffrent d’une inégalité de traitement face à la souffrance psychique. Celles qui ont les moyens financiers peuvent accéder plus facilement aux soins offerts par le privé (clinique, cabinets libéraux). Les Établissements publics n’ont pas toujours les moyens de répondre de manière adaptée, personnalisée et rapide. Nous notons également que la précarité peut également engendrer une souffrance psychique (stress, anxiété, angoisse, dépression...). Une véritable réflexion est à mener pour réduire cette inégalité afin que tout citoyen ait accès, non seulement à une vie décente, mais également aux soins au même titre que tous. Le chrétien, à la suite du Christ, a son mot à dire à ce sujet car nous sommes tous frères.
Tony Allaguy-Salachy Psychologue clinicien, diacre permanent ■
La pauvreté désigne, dans une société donnée, le fait d’être dans une situation de manque économique, c'est-à-dire de manque matériel et concrètement ne pas avoir suffisamment d’argent pour répondre, ne serait-ce qu’à ses besoins de base : se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner…
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. » Ces deux notions étant définies, quel lien possible entre pauvreté et santé mentale ? Les personnes touchées par la précarité sontelles plus malades ? Celles atteintes dans leur santé mentale risquent-elles de sombrer dans la précarité ? Des études réalisées au Canada et aux Etats- Unis démontrent clairement une corrélation entre les deux. En effet, elles révèlent qu’il existe une plus grande prévalence des désordres mentaux et des problèmes de santé mentale dans les classes sociales les plus dépourvues économiquement. On retrouve de deux à trois fois plus de troubles psychopathologiques (névrose, psychose, désordres de la personnalité…) chez les plus pauvres. Elles révèlent également que la proportion de personnes présentant un niveau de bienêtre élevé augmente avec le revenu familial. Ceux qui ne travaillent pas et qui ne sont pas aux études présentent plus de problèmes psychologiques et sont susceptibles d’être porteurs d’idées suicidaires ou à faire des tentatives de suicide. La Martinique n’échappe pas à cette règle. En effet, le taux de pauvreté en Martinique est supérieur à la moyenne nationale. Pour information, selon des études récentes, les familles monoparentales et les personnes à faibles revenus seraient davantage impactées par la précarité. La pauvreté entraîne donc une inégalité de traitement de la souffrance par faute de moyens dans le public. Et ceux qui ont les moyens financiers ont cependant la possibilité de profiter des soins dans le privé.
Or, la Déclaration universelle des droits de l’homme souligne : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bienêtre et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que les services sociaux nécessaires. » La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale souligne : « Le lien entre santé mentale et précarité comporte deux dimensions. D’une part, le trouble mental ou les troubles de la personnalité participant à la précarisation des personnes altérant leurs aptitudes sociales, économiques, relationnelles. Inversement, la situation d’exclusion et de précarité entraîne souvent l’apparition de troubles mentaux et de prévalence de la souffrance psychique. » (Précarité et santé mentale : repères et bonnes pratiques. FNARS. Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, 2010). Nous constatons également que la précarité entraîne une situation d’errance qui affecte la santé mentale (en 2015, la DJSCS aurait recensé entre 300 et 500 personnes en situation d’errance sur le territoire martiniquais). La crise économique et sociale associée à la toxicomanie et à l’alcoolisme sont des facteurs qui aggravent la situation. Frédérique Carole, infirmière en psychiatrie de liaison, souligne dans son mémoire de Master 2 : « La maladie mentale vient, au cours d’un épisode de vie, impacter les ressources, le logement créant des pertes qui aboutissent à un isolement pouvant conduire à une désocialisation. Le processus de désocialisation devient encore plus stigmatisant pour les personnes vulnérables. Car la société se retrouve à les classer... (les dépressifs, les paranoïaques, les schizophrènes...) … Ces impacts engendrent des conséquences au niveau de l’alliance thérapeutique, avec des conséquences sociales ainsi que sur le plan personnel. L’isolement que vivent ces personnes les amène à s'auto-exclure, allant jusqu’à quitter leur logement, voire à être expulsés » (Vulnérabilité sociale, accès aux droits et aux soins pour les personnes souffrant de troubles mentaux en Martinique, 2020, P.15).
Selon Mme Carole, il y aurait une véritable difficulté d’accès aux droits et aux soins pour les publics en précarité présentant des troubles mentaux en raison du manque de moyens dans les établissements publics, de la désocialisation, du déni de la pathologie et de l’impuissance des familles face à leur membre en souffrance psychique. En conclusion, malgré l’offre de soins qui néanmoins est insuffisante, les personnes atteintes de la pauvreté rencontrent des difficultés à se faire soigner et souffrent d’une inégalité de traitement face à la souffrance psychique. Celles qui ont les moyens financiers peuvent accéder plus facilement aux soins offerts par le privé (clinique, cabinets libéraux). Les Établissements publics n’ont pas toujours les moyens de répondre de manière adaptée, personnalisée et rapide. Nous notons également que la précarité peut également engendrer une souffrance psychique (stress, anxiété, angoisse, dépression...). Une véritable réflexion est à mener pour réduire cette inégalité afin que tout citoyen ait accès, non seulement à une vie décente, mais également aux soins au même titre que tous. Le chrétien, à la suite du Christ, a son mot à dire à ce sujet car nous sommes tous frères.
Tony Allaguy-Salachy Psychologue clinicien, diacre permanent ■
Dans la même catégorie
-
F S C J (Diocèse de Martinique)
Récollection de la Famille du Sacré Cœur de Jésus de la Martinique
La Famille du Sacré-Cœur de Jésus de la Martinique tenait sa récollection annuelle le samedi 24 août 2024 au foyer de charité de Trinité.
lundi 30 septembre 2024
Evènement/Activité -
Patronage (Diocèse de Martinique)
3ème édition de Pélé Békann
Du 22 au 25 juillet 2024, le magnifique cadre de Sainte-Marie s'est transformé en une terre de rencontre et de découvertes pour notre jeunesse à [...]
lundi 30 septembre 2024
Evènement/Activité -
Diocèse de Martinique
Le Pèlerinage de Notre-Dame de la Délivrande
« Protégeons la vie de la conception à la mort naturelle » tel était le thème de la neuvaine et du pèlerinage diocésaine de cette année. Il est [...]
lundi 30 septembre 2024
Evènement/Activité