Pourquoi on appelle les prêtres « mon père »


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mercredi 8 juin 2022
Diocèse de Martinique

(en hommage au P. Jules Doganou et au P. Gabriel Valard décédés récemment, en compliment pour les jeunes prêtres ordonnés cette année)

ésus nous dit de n’appeler personne « père » en ce monde (Mt 23,9). Ce commandement est clair. Il signifie qu’« il n’y a qu’un seul Père, Notre Père des cieux », qu’« il n’y a, en ce monde, aucune véritable paternité » ou encore, que « toute paternité vient de Dieu et vient du Ciel ». Donc si nous suivions à la lettre ce commandement, nous ne devrions pas appeler « pères » nos « papas » de ce monde, ceux qui nous ont engendrés « selon la chair et le sang », ceux qui nous ont élevés… Heureusement les commandements du Seigneur ne sont pas des commandements de la lettre, mais de l’Esprit ! (cf. IICo 3,6)…

  • Parce que Dieu le veut

Les prêtres, par contre, sont les seuls à pouvoir (devoir !) recevoir le titre de père. C’est Dieu qui nous les donne comme pères dans l’Esprit pour nous engendrer par la Parole et par les sacrements. Saint Paul le revendique clairement : « Je vous écris pour vous reprendre comme mes enfants bien-aimés. Car, dans le Christ, vous pourriez avoir dix mille guides, vous n’avez pas plusieurs pères : par l’annonce de l’Évangile, c’est moi qui vous ai donné la vie dans le Christ Jésus. » (1Co 4,14-15). Ces hommes célibataires, comme Paul, et surtout, comme Jésus, ne sont pères de personne en ce monde ! Justement, ils sont pères parce qu’ils engendrent des fils et des filles selon l’Esprit et non pas selon la chair !

  • Parce que l’Église notre Mère fait alliance avec eux

Le prêtre est Père car, par son ordination, il est investi d’une autorité qui ne vient pas de sa personne, de sa notoriété, ni même de ses compétences ou de ses études mais de l’appel du Christ reconnu par l’Église-épouse. « Prêtre » signifie d’ailleurs « ancien », le patriarche qui a la sagesse pour reconnaître, pour relever et pour faire grandir. Non pas celui qui a toutes les compétences (dans une famille, le père n’a pas toutes les compétences !) mais celui que l’Église-épouse accueille comme il est, comme serviteur, pour engendrer, bénir, protéger, guider les enfants que Dieu lui donne. Comme tous les époux, chaque prêtre dit à l’Église-épouse « tu es si belle que tu mérites que je consacre ma vie rien qu’à toi seule, à l’appel de Dieu, pour me mettre à ton service à la suite du Christ qui s’est offert pour toi en sacrifice ». (C’est pour cela que celles et ceux qui convoitent et harcèlent des prêtres commettent des actes sacrilèges dont ils répondront devant Dieu Lui-même.) Son service de l’Église-épouse consiste à subvenir, comme tout bon père aux besoins de sa femme et de sa famille : la sanctifier !

  • Parce que les enfants sont reconnaissants

Le prêtre est « Père » parce que les baptisés reconnaissent en lui celui qui sert l’Église- mère qui les a mis au monde ! Son célibat, ou plutôt, sa consécration totale à l’Église, son témoignage, sa simplicité et son humilité, malgré ses défauts de vieux garçon ou de jeune homme, en fait le père des enfants de l’Église. Ces hommes qui ont consacré totalement leur vie, jusqu’à leur sexualité pour être au service de fils et de filles à la nuque parfois raide, sont aimés du peuple de Dieu, reconnus comme pères par ceux-là qu’ils élèvent quotidiennement par leur ministère. Dans ce monde, les pères reconnaissent leurs enfants, mais les paternités spirituelles suivent le chemin inverse… Ce sont les fils et filles qui, étant reconnaissants, disent « Mon Père » à celui que Dieu leur a donné comme éducateur, pour les engendrer, pardonner leurs fautes et les nourrir de l’Eucharistie.

Ainsi va l’Église depuis sa fondation, par la volonté de Jésus et il n’y a pas d’autre paternité que celle qui vient du ciel.

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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