Le « permis de tuer » est donné à un agent secret afin d’éliminer sans procès ceux qu’il considère, selon son propre discernement, comme des méchants et des ennemis mettant en danger sa nation… Violence extrême et auto-justifiée à laquelle le cinéma nous a habitué : le méchant doit mourir à la fin !
Pourquoi ce titre ? Nous constatons que nous avons une étrange capacité (je parle ici des chrétiens, parfois de très bons chrétiens, voire même des chrétiens « officiels ») à nous autodispenser du commandement de la charité pour « flinguer » en toute bonne conscience d’autres personnes, souvent nos propres frères ! Reconnaissons-le humblement, il nous arrive tous, non sans une petite jouissance hypocrite (peut-être diabolique ?), de prodiguer sans vergogne toute sorte de coups (de langues), d’allusions, de calomnies, des fake-news et d’injures. Comme si une digue avait cédé, sans craindre Dieu et avec la bonne conscience d’un « défenseur de la vraie foi », nous nous dispensons d’aimer et nous nous permettons de haïr. Inversement, je ressens aussi la grande souffrance, parfois le découragement, de beaucoup de chrétiens (leaders ou pas) qui prennent tant de coups au sein même de la communauté.
Mais dans quels cas des disciples de Jésus, agents de l’Église, peuvent-ils s’arroger le « permis de tuer » ? Serait-ce pour se protéger des ennemis ? Dans cette catégorie, il faut inclure ceux qui nous attaquent, bien-sûr, mais aussi des frères d’autres confessions, des gens d’une autre culture, des ennemis personnels, ceux qu’on ne supporte pas, qui n’ont pas les mêmes idées politiques ou pastorales… (Ça fait beaucoup de monde !)
Serait-ce pour corriger les personnes « de mauvaise vie », ou supposées telles ? (Surtout s’il s’agit d’une mauvaise vie sexuelle, soulignée par des tenues inappropriées) (Pas de pitié pour les débauchés !)
Serait-ce pour marquer une désapprobation envers les fidèles, pasteurs, familles ou communautés frappés par un scandale parce qu’un des membres a chuté ou que des paroles ou des comportements peccamineux viennent à être connus ? (Bien fait pour eux !)
Serait-ce par déception envers un responsable de l’Eglise qui bouscule des habitudes, voire lorsqu’il (ou elle) se trompe ou ne fait pas les choses « comme il faut », ou plutôt comme il faudrait ? En particulier, le pape et les évêques, s’ils contrarient nos aspirations, ou soulèvent des incompréhensions ? (Bref, dès qu’on n’est pas d’accord)
En résumé, qui peut juger que quelqu’un ou un groupe de personnes constituant (ou pas !) un danger pour la foi, la morale, la religion perd son droit à ne pas être condamné, à être respecté, à être pardonné, à être aimé par les disciples de Jésus ?
Nous savons bien que cette dispense d’amour N’EXISTE PAS dans l’Évangile : Il n’y a JAMAIS de permission de ne plus aimer son prochain comme soimême, comme le Christ nous a aimés ; AUCUN permis de se dispenser de l’enseignement des Évangiles sur la bienveillance (grave !) ; NUL droit de rajouter des conditions au commandement de l’amour (très grave !) ; ZÉRO autorisation de s’extraire de la logique des béatitudes (mortel !) !...
Deux textes bibliques pour conclure ce mot :
"Donnez une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous". (Lc 6,38)
"Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas".
Et voici le commandement : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère." (1Jn4, 20-21)
Á bon entendeur… salut !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
Pourquoi ce titre ? Nous constatons que nous avons une étrange capacité (je parle ici des chrétiens, parfois de très bons chrétiens, voire même des chrétiens « officiels ») à nous autodispenser du commandement de la charité pour « flinguer » en toute bonne conscience d’autres personnes, souvent nos propres frères ! Reconnaissons-le humblement, il nous arrive tous, non sans une petite jouissance hypocrite (peut-être diabolique ?), de prodiguer sans vergogne toute sorte de coups (de langues), d’allusions, de calomnies, des fake-news et d’injures. Comme si une digue avait cédé, sans craindre Dieu et avec la bonne conscience d’un « défenseur de la vraie foi », nous nous dispensons d’aimer et nous nous permettons de haïr. Inversement, je ressens aussi la grande souffrance, parfois le découragement, de beaucoup de chrétiens (leaders ou pas) qui prennent tant de coups au sein même de la communauté.
Mais dans quels cas des disciples de Jésus, agents de l’Église, peuvent-ils s’arroger le « permis de tuer » ? Serait-ce pour se protéger des ennemis ? Dans cette catégorie, il faut inclure ceux qui nous attaquent, bien-sûr, mais aussi des frères d’autres confessions, des gens d’une autre culture, des ennemis personnels, ceux qu’on ne supporte pas, qui n’ont pas les mêmes idées politiques ou pastorales… (Ça fait beaucoup de monde !)
Serait-ce pour corriger les personnes « de mauvaise vie », ou supposées telles ? (Surtout s’il s’agit d’une mauvaise vie sexuelle, soulignée par des tenues inappropriées) (Pas de pitié pour les débauchés !)
Serait-ce pour marquer une désapprobation envers les fidèles, pasteurs, familles ou communautés frappés par un scandale parce qu’un des membres a chuté ou que des paroles ou des comportements peccamineux viennent à être connus ? (Bien fait pour eux !)
Serait-ce par déception envers un responsable de l’Eglise qui bouscule des habitudes, voire lorsqu’il (ou elle) se trompe ou ne fait pas les choses « comme il faut », ou plutôt comme il faudrait ? En particulier, le pape et les évêques, s’ils contrarient nos aspirations, ou soulèvent des incompréhensions ? (Bref, dès qu’on n’est pas d’accord)
En résumé, qui peut juger que quelqu’un ou un groupe de personnes constituant (ou pas !) un danger pour la foi, la morale, la religion perd son droit à ne pas être condamné, à être respecté, à être pardonné, à être aimé par les disciples de Jésus ?
Nous savons bien que cette dispense d’amour N’EXISTE PAS dans l’Évangile : Il n’y a JAMAIS de permission de ne plus aimer son prochain comme soimême, comme le Christ nous a aimés ; AUCUN permis de se dispenser de l’enseignement des Évangiles sur la bienveillance (grave !) ; NUL droit de rajouter des conditions au commandement de l’amour (très grave !) ; ZÉRO autorisation de s’extraire de la logique des béatitudes (mortel !) !...
Deux textes bibliques pour conclure ce mot :
"Donnez une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous". (Lc 6,38)
"Nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas".
Et voici le commandement : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère." (1Jn4, 20-21)
Á bon entendeur… salut !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
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