Dieu a choisi un moyen bien précis pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux captifs, pour relever notre pays, pourtant baptisé dans la foi catholique, mais qui passe à côté de son destin par manque d'amour et de réconciliation ! Depuis 2000 ans, Jésus donne part au salut en suscitant un Peuple de prêtres, peuple de rois, une assemblée de saints ! C’est nous, l’Église. Nous avons reçu en héritage l’intégralité des moyens du salut. Ce peuple se fonde sur un contrat de confiance entre ses membres : je confie mon chemin de sainteté à mes frères et je me sens responsable de leur salut éternel.
Là, se joue la foi dans l’Église : Qu’est-ce que je souhaite pour mon prochain ? Quelles sont, selon moi, ses intentions quand il me parle, m'encourage, me fait une correction, me rend un service, me fait un cadeau, exerce son ministère ou son autorité ?… Dans mes interactions communautaires, est-ce que je me sens en sécurité fraternelle avec les fidèles, les responsables, les prêtres, les évêques ? Ou est-ce que je me tiens à distance, ne devant rien à quiconque et n’attendant rien de personne… chak bèt-a-fé ka kléré pou nam-li !?
Dieu Notre Père ne peut se contenter de ce que ses enfants l'aiment, Il veut aussi qu'ils s’aiment entre eux et travaillent au salut les uns des autres. Il attend de chaque fidèle qu’il soit un mendiant d’amour : non pas une personne imbue et parfaite (ce qui engendre mépris, médisances et déceptions) mais un pauvre qui veut suivre Jésus, vivre dans l'Esprit et faire confiance à ses frères pour l’aider à devenir saint ! Être saint, ce n'est pas suivre une petite morale qui n'embête personne, mais avoir le désir permanent de suivre Dieu dans l’Église malgré ses faiblesses. C’est pourquoi, s’évitant de fréquenter ceux qui nous tirent vers le bas, il vaut mieux vivre avec des pécheurs qui nous aident à devenir saints qu'avec de « bonnes personnes » qui nous flattent, nous croient déjà parfaits, passent leur chemin ou se dispensent de s’intéresser à notre salut.
Pouvons-nous en vérité garantir aux nouveaux convertis, aux couples en situation irrégulière (on dit plutôt « en cheminement »), à nos jeunes plus ou moins cathos, aux pratiquants occasionnels, aux visiteurs d’un instant, mais aussi aux grenouilles de bénitier les plus assidues, à chaque prêtre, à chaque séminariste… que s'ils répondent à l’appel de donner leur vie à la suite du Christ dans notre communauté, ils seront accueillis avec bienveillance et accompagnés avec amour dans un chemin de sainteté. Par la grâce, savons-nous nous aimer dans une confiance réciproque malgré les limites de notre humanité pécheresse !?
OUI ! Dieu merci, malgré les inévitables désillusions, nos prêtres, à la messe chrismale, renouvellent le don d’eux-mêmes pour ce peuple que Dieu leur a confié. Chaque année, ils se confient à l’évêque et aux fidèles pour être conduits à la sainteté, et non pas portés au pinacle, calomniés ou induits en tentation ! Ils redonnent leur vie à cette communauté qui se confie à leur ministère pour devenir le peuple saint que Dieu s’est acquis au prix de son sang.
OUI ! Dieu merci, le peuple, à son tour, fait confiance au clergé. Tant de fidèles mettent leur vie entre les mains de leurs pasteurs et leurconfient la mise en oeuvre du projet de Dieu et l’ambition divine de la sainteté.
Notre contrat confiance entre évêques, prêtres et baptisés est donc réel et incontournable. Il honore la Sainte Trinité et fait de nous un royaume de prêtres. Cette alliance mutuelle, même si l’ennemi la déteste, cherche à l’éroder, à l’ébranler par le péché et tant d’évènements douloureux, est garantie par le sacrifice du Fils et le don de l’Esprit. N’ayons donc pas peur que notre prochain devienne saint ! Ainsi commence la Communion des saints !
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
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