Présentez-vous les uns les autres !


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lundi 3 juin 2024
Diocèse de Martinique

Nous n’allons pas nous mentir : venir à la messe n’est pas facile ! Beaucoup ont un obstacle psychologique à franchir. Il faut se préparer à affronter une foule anonyme d’inconnus, à supporter le regard des « gens » sur votre tenue ou vos enfants, sur ceux qui vous accompagnent ou sur votre solitude, ....

Nous n’allons pas nous mentir : venir à la messe n’est pas facile ! Beaucoup ont un obstacle psychologique à franchir. Il faut se préparer à affronter une foule anonyme d’inconnus, à supporter le regard des « gens » sur votre tenue ou vos enfants, sur ceux qui vous accompagnent ou sur votre solitude, à endurer l’oeil inquisiteur qui observe si vous avez communié (ou pas), à vaincre la crainte des commentaires sur ce que vous avez dit ou votre façon de célébrer, à être inquiet de trouver une place pour votre voiture… Pas évident.

Cet obstacle, que les plus habitués ne ressentent plus, fait beaucoup de dégâts. Les paroissiens qui ne forment pas des fraternités, au moins avec quelques-uns, vivront à la messe l'épreuve psychologique de la solitude.

Faisons un test : connaissez-vous au moins le prénom ou le nom de quelques paroissiens, ne serait-ce qu’un petit nombre !? Quand vous parlez de quelqu’un qui va à la messe, dites-vous « la Dame a fait la lecture » ? Ou « Mme Unetelle a fait la lecture » ? Ou bien encore «Huguette a fait la lecture » ?

À cause d’un passé hégémonique, nous pensons que « tout le monde est catholique ». On est donc censé retrouver les mêmes personnes dans les rues, à la mairie, à la pharmacie, à l’école… Et, bien sûr, à l’Église ! Entre "gens", on a des relations tout juste polies. C'est ça l’Église ? Considérons-nous le « public » de la messe comme des « gens » qu'on ne fréquente pas et qui sont juste des usagers de l’Église ? Ou comme des « frères et soeurs » avec qui on est en confiance dans une famille solidaire ? Nous savons tous que parmi nous il y a des « gens » plus ou moins fraternels et agréables, mais il y a aussi des frères et soeurs formidables, de potentiels amis pour la vie qui ne demandent qu’à vivre l’Évangile en communauté. Nos frères évangéliques ont calculé une moyenne intéressante : si une personne vient dans une assemblée et que, au bout de quelques mois, elle s’y est fait moins de 5 amis, alors cette personne cherchera une autre assemblée où trouver des frères. Mais s’il y a plus de 5 personnes qui l’appellent par son prénom et la reconnaissent, alors elle restera et deviendra membre de cette communauté qui sera sa famille. Cette moyenne vaut pour toutes les religions. Vous voulez que vos enfants continuent d’aller à la messe ? Que votre soeur ou votre fiancée devienne pratiquante ? Vous voulez vous-même être plus fidèle à l’Eucharistie ? Eh bien, faites en sorte que vos proches et vous-même ayez des amis dans la communauté. C’est si simple, et ça marche !

Alors comment faire ? Cela me paraît assez simple. Il faut commencer par se saluer et se présenter les uns aux autres. Après tout, notre Dieu visite ses créatures au Jardin d’Eden, à la brise du soir. Notre Sauveur est l’Emmanuel qui frappe à notre porte pour venir dîner près de nous. Nous avons reçu l’Esprit de la Promesse qui vient jusqu’à l’intime. Nous avons même l’audace d’appeler Dieu « Papa » ! Par contre, nous voilà tout timides quand il s’agit d’échanger nos prénoms, méfiants de passer quelques minutes sur le parvis avec les autres, terrorisés d’avoir à partager des choses importantes avec ceux qui communient au même Corps, incapables de recevoir chez nous des frères et soeurs qui professent la même foi, dans la même Église…

Nous aurions pourtant tant à gagner à investir dans un petit moment à la fin de chaque messe pour aller vers un frère inconnu, simplement se présenter, échanger son prénom, savoir où on habite et, pourquoi pas, se donner rendez-vous le dimanche suivant ou s’inviter à déjeuner… ! Les bonnes paroisses pourraient aussi prévoir un dimanche où chaque fidèle porterait son prénom sur une étiquette avec un temps convivial après la messe. Bref. Présentez-vous les uns les autres. C’est ainsi que commence la fraternité !

+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

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