2025 : année jubilaire pour l’Église universelle et pour l’Église en Martinique après dix ans d’épiscopat. En entrant dans cet anniversaire, je ne souhaite pas que nous regardions en arrière. Ou plutôt, si nous prenons le temps de le faire, ce ne sera pas pour nous reposer sur des lauriers et nous satisfaire de quelques succès pastoraux. Ce ne sera pas non plus pour se lamenter des incompréhensions ou des défections. Ce sera juste pour savoir, « personnellement et en Église1 », « rencontrer triomphes après défaites et recevoir ces deux menteurs d’un même front2 » : le Front de l’Espérance.
Alors que s’approche le Congrès Mission, je croise inopinément une jeune (30 - 40 ans) que j’ai eu la joie d’accompagner quand elle était étudiante (bien avant d’être évêque). C’est aujourd’hui une femme de son temps, catholique pratiquante, professionnelle efficace, que les aléas de la vie sentimentale et la mal-éducation des jeunes hommes de notre pays ont rendu mère célibataire. Après un bonjour joyeux, elle m’annonce : « Tu sais… Tu es en train de me perdre ». Inquiet pour sa santé, je l’interroge : « C’est-à-dire ? ». Elle précise : « Non je vais bien. Je continue à aller à la messe, mais je fais des infidélités à l’Église catholique ». – « Ah ? tu as besoin d’affection ? » – « Non, me dit-elle, j’ai surtout besoin qu’on me réveille ».
Ce dialogue est significatif. Je dirais même « prophétique ». Cette jeune femme est représentative des jeunes adultes de notre Église. Ils ont fait de leur mieux pour devenir les hommes et les femmes, les Martiniquais, les fidèles que l’Église attendait d’eux. Les réussites ne manquent pas, les échecs non plus. Mais le bonheur n’est pas au rendez-vous promis. Quelque chose manque ! Mais leur souffrance n’est pas d’abord liée aux soucis matériels, aux échecs sentimentaux ou aux blessures de notre société. Ce qu’ils attendent en premier c’est le bonheur spirituel ! L’expérience et la vie spirituelle dans une communauté de frères et de soeurs.
Avant de me dire « J’ai besoin qu’on me réveille », cette jeune m’a d’abord dit : « Tu es en train de me perdre ». Cela aussi est significatif. Ce n’était pas une menace, mais un constat triste, un appel au secours. Cela me rappelle l’interpellation d’une autre jeune femme, pendant un repas paroissial : « Monseigneur, je ne trouve pas ma place en Église, je n’ai aucune mission »… Appel tout aussi significatif et bouleversant. N’entendons-nous pas, à travers le désir de ces jeunes adultes, le cri de tant de membres de nos communautés paroissiales et, même, de toute la Martinique ! Elles disent tout haut ce que tant de frères et soeurs hurlent tout bas. Les yeux dans les yeux du pasteur de l’Église Catholique, mais aussi de chaque prêtre, chaque fidèle, chaque responsable : « J’ai besoin qu’on me réveille » ! Je cherche le visage du Seigneur ! Je veux demeurer dans les parvis du Seigneur !
« J’ai besoin d’être accompagné ! J’ai soif de célébrer Jésus avec des frères et soeurs ! J’aspire à être formé ! Je suis disponible pour servir ! J’attends que mon Église m’envoie en Mission !3 » Chers catholiques, cet appel vient confirmer le chemin que je souhaite pour notre Église en cette année :
❶ Le Congrès Mission pour éveiller dans nos communautés des vocations missionnaires, partager nos expériences, renouveler nos pratiques.
❷ Des formations adaptées offertes à un maximum de fidèles, notamment des jeunes adultes tout au long de l’année.
❸ Des sessions d’évangélisation, de guérison et de renouvellement pendant les jours gras.
❹ Un grand rassemblement pentecostal et missionnaire le 8 Juin 2025. Pour célébrer le don de l’Esprit et l’envoi en Mission.
Les Rendez-vous sont pris.
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
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