extrêmement douloureux
C’est la crise ! La Martinique vit une nouvelle fois un moment extrêmement douloureux. Les militants d’une nouvelle association ont dénoncé la vie chère qui pressure nombre d’hommes et de femmes de ce peuple. La cause est juste, évidente, objective. Tout le monde en souffre, depuis des années. C’est la énième fois, la énième crise. Voilà que le monde politique et économique se rassemble autour d’une table pour trouver des solutions, ouf ! … Pendant ce temps, les médias frétillent, les conversations s’échauffent, les réseaux explosent et la rue s’embrase… au sens propre. La violence n’attend pas. D’abord sourde, menaçante, elle finit par se déchaîner. Magasins, grandes surfaces, entreprises, bâtiments publics sont attaqués, pillés, incendiés par des bandes. Les forces de l’ordre sont sur les dents. Tout le monde est inquiet. Les bonnes gens se calfeutrent. Le pays se fige. Les travailleurs et les entrepreneurs sont terrorisés. Certains pleurent, ils ont tout perdu. Les divisions sociales sont exacerbées. On prie, on manifeste, tous reconnaissent la justesse de l’objectif, pour une fois tous d’accord : il est temps que les plus modestes aient les moyens de… consommer un peu plus. Au nom de l’intérêt général, à la table ronde, les divers responsables ont promis d’y mettre du leur pour trouver des solutions.
Mais quel type de solutions attendonsnous !? Un réconfort passager ou un remède de fond ? Se contente-t-on de donner un bonbon à la menthe à une personne qui souffre d’un cancer ? Si l’intérêt général, dans la main des autorités, réside dans la baisse des prix, le Bien Commun, celui que tous nous devons ensemble mettre en oeuvre, quel est-il ? Les prix baisseront, nous l’espérons, mais le sentiment de ne pas nous en sortir par nous-mêmes va-t-il demeurer ? La colère et la blessure de notre âme seront-elles encore brûlantes ? Avancerons-nous enfin main dans la main vers un avenir sans ressentiment, ni méfiance, ni mépris ? Aurons-nous encore le sentiment de ne pas être respectés ni guéris ? Nos jeunes pourront-ils être formés pour exercer leurs talents, trouver des débouchés et s’épanouir chez eux ? Continuerons-nous à consommer en majorité des produits importés ? Serons-nous toujours seuls dans nos voitures ? Nous enfermerons-nous tous les soirs devant nos écrans sans fraterniser avec nos voisins ? Notre vie sociale sera-telle toujours aussi gangrenée par le chacun pour soi ? Les plus modestes se sentiront-ils toujours aussi exclus de la vie sociale et culturelle ?
La question des prix est dans les mains du monde politique et économique. Elle est importante et urgente. Par contre, la question du bonheur de vivre en Martinique dépend de nous tous : Familles, Eglise, écoles, clubs sportifs, fonctionnaires, administrations, politiques, professionnels, employés, ouvriers, artisans, cadres, patrons, travailleurs sociaux... grands et petits, hommes et femmes, jeunes et vieux !... Avec la Grâce.
Mes Zanmi, si on nous propose deux voies, deux solutions au choix : Première solution : Les milliards. L’Etat déverse sur l’île de quoi donner à chaque habitant un chèque de 30.000 euros. Deuxième solution : le Miracle. Par sa Grâce, le Seigneur accorde la guérison de toutes nos blessures et de toutes nos divisions. Il fait de nous un peuple solidaire. Dans les familles, les quartiers, les entreprises, les administrations etc., les Martiniquais de toute origine coopèrent pour s’entraider et développer le pays. Que choisiriez-vous ? J’ai posé la question à plusieurs publics. Les réponses ont varié. Mais une d’entre elles m’a marqué : alors que ses camarades optaient pour le chèque, un jeune m’a dit choisir le Miracle. Pourquoi ? « Parce que, dit-il, si nous sommes solidaires, dans quelques années on aura bien plus que 30.000 euros chacun » !... Bel pasaj’ ! La vraie question vient de Jésus : Martinique, « veux-tu guérir ? » (Jn 5,6)
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
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