Rapport de la pauvreté en France 2024 - Zoom Martinique


Informations

lundi 18 novembre 2024
Secours Catholique (Diocèse de Martinique)

En 2023, la Délégation de Martinique est venue en aide à 961 ménages différents (3325 personnes différentes). 27% de la population martiniquaise vit sous le seuil de pauvreté.

Le Secours Catholique a publié le jeudi 14 novembre son rapport sur l’état de la pauvreté en France. Cette analyse de la pauvreté s’appuie sur les données collectées en 2023 par les acteurs de terrain et permet de donner un éclairage sur la situation des personnes les plus précaires en France. Pour son rapport 2024, au-delà des contours d’une pauvreté multiple et complexe, qui caractérise l’exclusion d’aujourd’hui, l’association alerte sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres et la difficulté à accéder à la protection sociale face à la dématérialisation des démarches administratives. Le passage au tout numérique avec ses incompréhensions, blocages, bugs et contentieux s’est traduit par une déshumanisation, un accroissement des inégalités et une augmentation du non-recours aux prestations sociales.

L'Aide alimentaire : première demande exprimée par les familles

En 2023, la Délégation de Martinique est venue en aide à 961 ménages différents (3325 personnes différentes). 10% de ces ménages sont des couples avec enfants, 3% des couples sans enfants, 58% de ménages monoparentaux et 29% de personnes seules. 19% des chefs de famille sont des retraités, 2% des salariés et 79% des demandeurs d’emploi. 95% des ménages reçus vivent au-dessous du seuil de pauvreté dont 74% en situation d’extrême pauvreté. L’aide alimentaire vient en tête de toutes les demandes exprimées. Dans un contexte de dégradation de la situation économique (cherté de la vie, augmentation des prix), la précarité alimentaire s’est considérablement aggravée. La précarité alimentaire traduit une « situation dans laquelle une personne ne dispose pas d’un accès garanti à une alimentation suffisante et de qualité, durable, dans le respect de ses préférences alimentaires et de ses besoins nutritionnels ». La première cause de la précarité alimentaire est l’insuffisance des ressources financières. 27% de la population martiniquaise vit sous le seuil de pauvreté. Les conséquences de la précarité alimentaire sont nombreuses tant sur la santé physique que sur le bienêtre psychologique et l’inclusion sociale. Les enfants et les personnes âgées demeurent des populations particulièrement vulnérables. En effet, les liens sont établis entre les carences alimentaires chez l’enfant et les difficultés d’apprentissage scolaire. Quant aux aînés, la dénutrition gagne du terrain. Cependant, la demande alimentaire n’est que la partie émergée de l’iceberg. Dans les 16 permanences d’accueil, les bénévoles se rendent rapidement compte que les situations sont plus complexes. La réponse à la précarité alimentaire est la porte d’entrée à un accompagnement global prenant en compte toutes les dimensions de la personne. Notre réseau accompagne les familles, selon quatre grands axes : l’accès à une alimentation digne, l’accompagnement à la parentalité, l’accès aux droits, l’accueil fraternel.

Pour permettre un accès digne à l’alimentation, le Secours Catholique a mis en place trois épiceries sociales, un dispositif d’Aide Alimentaire Contractualisée, un dispositif d’Aide Alimentaire d’Urgence et trois jardins solidaires. Pour accompagner la parentalité, fidèle à l’injonction de Mgr Jean Rodhain (« refaites des familles solides, c’est la solution à 100 problèmes »), la délégation propose des groupes de parole, des Vacances en Famille, des activités pour les séniors ainsi qu’un accompagnement des jeunes. Afin de faciliter l’accès aux droits, en complément des accompagnements individualisés, un atelier de lutte contre l’illettrisme et l’illectronisme a été mis en place au Robert, et un Café Connecté a ouvert ses portes aux Terres Sainville. Quant à l’Accueil Fraternel, son objectif est double : accueillir comme un frère et permettre à l’autre de découvrir la source de cette fraternité par l’accompagnement spirituel. Dans le cadre d’activités conviviales, les bénévoles prennent le temps de rencontrer les personnes en valorisant leurs talents et en portant attention à leur dimension spirituelle. Au-delà du pain et d’un toit, tout être humain a besoin d’écoute, de participer, d’aimer et de se sentir aimé, d’être reconnu tel qu’il est avec ses talents propres, son expérience de vie. La confiance reçue de l’autre, de Dieu, est ce qui permet de tenir dans la souffrance. Sans elle, la vie s’effondre. « Si je n’existe pour personne, je suis mort ».

« Rayonner la charité chrétienne » : une mission confiée par l’Église…

Le Secours Catholique Caritas France est une association Loi 1901 à but non lucratif, reconnue d’utilité publique. De par ses statuts, il entend apporter, partout où le besoin s'en fera sentir, à l'exclusion de tout particularisme national ou confessionnel, tout secours ou toute aide directe ou indirecte, morale ou matérielle, quelles que soient les options philosophiques ou religieuses des bénéficiaires. Service d’église au service de l’Église, sa mission est de « rayonner la charité chrétienne ». Le 31 mars 2023, à Lourdes, la Conférence des Évêques de France (CEF) a défini les contours de cette mission : « La Conférence des évêques encourage le Secours Catholique à poursuivre la mise en oeuvre de la doctrine sociale de l’Église... Elle l’invite à continuer sa marche au coeur du mouvement de l’écologie intégrale … Elle l’incite à renforcer son travail de recherche, particulièrement sur la pédagogie de la charité à partir des plus pauvres… Souhaitant que les communautés chrétiennes soient toujours plus attentives aux plus pauvres, elle encourage le SCCF et les paroisses à agir en communion. Elle convie le SCCF à agir en complémentarité avec les mouvements et services d’Église et en partenariat avec les acteurs de la société civile ». …

Car, pour le chrétien, la charité n’est pas une option.

Le mot « charité » semble tomber en désuétude. Il est volontiers remplacé par des vocables du domaine de l’assistance sociale. Il y a beaucoup d’initiatives solidaires dans les paroisses, mais il y a le risque que le souci de la charité soit une chapelle latérale dans l’église, un peu à l’écart, en un lieu où ce qui se passe ne peut pas concerner l’ensemble de l’assemblée, ou qu’il soit sous-traité c’està- dire confié à "professionnels". Or, la charité concerne chaque chrétien. Dans son encyclique Deus caritas est, Benoît XVI rappelle que « La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : annonce de la Parole de Dieu, célébration des sacrements, service de la charité. La charité n’est pas pour l’Église une sorte d’activité d’assistance sociale qu’on pourrait laisser à d’autres, mais elle appartient à sa nature ». Pour le Pape François, « la charité est le coeur de la vie de l’Église ». Le Secours Catholique a besoin de tous et de chacun car il doit faire face à une forte baisse de ses ressources. Pour mener à bien ses actions, la Délégation de Martinique s’appuie sur ses ressources humaines et financières. La crise sanitaire a provoqué une forte baisse des effectifs (moins 40%). Le réseau s’appuie aujourd’hui sur 320 bénévoles accompagnés par 6 salariés. S’agissant des ressources financières, 85% des moyens proviennent des dons et legs des particuliers et 15% des subventions. Depuis 2022, nous assistons à une baisse des dons et des subventions, alors que le coût de la vie a fortement augmenté, ce qui impacte le développement des actions.

Comment aider le Secours Catholique ?

  • Premièrement, en donnant à l’association les moyens financiers nécessaires. Le week-end des 16-17 aura lieu la grande Collecte Nationale du Secours Catholique. Une seconde quête sera organisée dans toutes les paroisses de Martinique, des enveloppes seront remises aux fidèles. Chaque don comptera.
  • Deuxièmement, en faisant connaître les actions du Secours Catholique autour de soi (parents, amis, voisins, collègues), par le bouche-à-oreille, via les réseaux sociaux.
  • Troisièmement, en donnant le temps qu’il est possible de donner au service du frère.

Alfred Nourel ■

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