Telle famille, telle société et tel enfant

Depuis des années, les Médias nous gavent des faits graves et lourds à encaisser et à entendre d’assassinat d’enfant par enfant. Des enfants qui tuent, qui violentent. Ce qui est supposé innocent est devenu coupable. Des enfants qui frappent leurs parents. La joie de la famille est devenue, le souci de la famille.

N’est-il pas étonnant que la famille, qui toujours et partout a été célébrée comme le sanctuaire de la vie, soit devenue de nos jours un lieu où rôde la mort ? N’est-ce-pas un signe éloquent de la crise de l’espérance dont nous parle le Pape dans sa Bulle pour le Jubilé de l’an 2025 ? Cette crise que traverse notre société marquée par la « culture de la mort » ? La menace qui pèse sur la vie de l’enfant, fruit et incarnation de l’amour, n’est-elle pas la preuve irréfutable que notre société a perdu le sens du mystère de la personne humaine ? Lorsqu’un groupe humain revendique conjointement le « droit » à l’enfant et le « droit » de l’éliminer, il reconnaît ouvertement qu’il ne considère plus cet enfant comme une fin en soi, mais simplement comme un moyen au service de la satisfaction des désirs des parents. L’enfant n’est plus véritablement l’espoir de la Famille et de la société.

Il est urgent en cette fin d’année 2024 que les hommes et les femmes de notre temps reprennent conscience de la grandeur de la vocation de l’homme et de la femme, appelés à devenir les proches collaborateurs de Dieu dans l’acte de procréation de leurs enfants. Par sa seule présence, l’enfant est signe de la fécondité de l’Alliance ; de l’alliance matrimoniale entre l’homme et la femme, mais aussi de l’Alliance nuptiale entre Dieu et l’humanité. Il est le fruit de l’amour unique venu de Dieu, de l’époux pour son épouse et de l’épouse pour son époux. Or Dieu étant Amour véritable qui unit l’homme et la femme, l’enfant est sa présence au milieu de la famille. Ainsi, l’Enfant-Dieu fait chair que nous venons de fêter, Fils de Marie et de Joseph, son Père adoptif, est le fruit de l’Amour de Dieu pour l’humanité. Son incarnation sanctifie la réalité de la famille, la comblant de la grâce divine et révélant pleinement sa vocation et sa mission.

Quelle est cette vocation et cette mission de la famille ? La famille est le premier lieu où se vit l’amour, où il manifeste sa mystérieuse fécondité, où il se transmet et s’apprend. La famille est le lieu où l'homme découvre que son histoire est une histoire d'amour car Dieu l'a créé à son image et que malgré les défigurations que le péché lui a fait subir, cette image demeure toujours vivante au fond de chacun. La famille est le lieu où se découvre la dignité de l'homme : être établi dans une relation d'amour avec Dieu et être fait pour aimer. La vie témoigne de cet être de l'homme fait pour l'amour. « Dieu a consacré la famille comme voie première et ordinaire dans sa rencontre avec l’humanité. » (Benoit XVI) La famille apporte une autre expérience exceptionnelle : celle d’être fondée sur la grâce de Dieu. Car c’est dans la grâce du sacrement du mariage que se déploie fondamentalement la fécondité de la famille, sa capacité à développer une relation d’amour, sans cesse en travail de conversion et de réconciliation. Il est ici capital de nous rappeler que l’Évangile de l'amour et de la vie, appelé à se déployer en chaque famille, est aussi l'Évangile de la miséricorde.

Quelle est la place de la Miséricorde, du Pardon et de la Tolérance ou mieux du respect dans nos familles ? En ce début de la nouvelle Année 2025, Année Jubilaire dont les portes sont ouvertes à la Veillée de Noël à Saint Pierre à Rome et dans notre archidiocèse le 29 Décembre, en la Fête de la Sainte Famille, je souhaite que notre société engendre et retrouve des familles dignes de leur communauté où l’Enfant est conduit et se laisse conduire au sommet de la joie sociale, religieuse et morale ; des enfants dignes de leur famille et qui sont des citoyens dignes de notre Île.

Bonne fin d’année 2024 et/ou Joyeuse et fructueuse année 2025 à tous et à toutes.

Père Grégoire-Sylvestre Gainsi

Article du N°692 d'Eglise en Martinique ■