Eglise en Martinique a posé trois questions à Mgr Macaire.
Mgr, il est rare de voir un évêque s’engager dans un dialogue avec un prêtre sur l’état de l’Eglise, comment ce projet a-t-il été conçu ?
De façon naturelle ! L’Abbé Venard est un ami et je suis très proche de sa famille. Un de ses frères est dominicain. Nous avons l’habitude de parler à bâton rompu. Un jour il a écrit, sur son blog, un texte qui m’a paru significatif. Cela s’intitulait « lettre à un ami évêque ». Ce texte était représentatif de l’opinion et des interrogations d’un certain nombre de fidèles laïcs et clercs de l’Eglise. J’ai souhaité y répondre. Un ami commun journaliste (Antoine-Marie Izoard de Famille Chrétienne) ayant eu vent de cet échange nous a encouragés à aller plus loin. Un éditeur (Loïc Mérian, des éditions Artège) leur a proposé de venir quelques jours en Martinique pour y travailler. La photo de couverture du livre a été prise au foyer de Charité ! Par la suite nous avons longuement hésité. Notre réflexion était-elle suffisamment mûre ? Ce n’est pas un livre de « leçon » ou de théologie, c’est un vrai et authentique dialogue. Nous nous sommes vraiment écoutés mutuellement, au point de changer d’avis, en tout cas d’évoluer sur certains sujets l’un et l’autre. Parfois nous ne sommes pas d’accord. Mais justement l’idée c’est d’entrer davantage dans le dialogue prêtre évêque et dans le dialogue avec les lecteurs. Nous avons relu et amendé plusieurs fois le texte au cours de la rédaction. En découvrant la méthode synodale de la « Conversation dans l’Esprit » proposée par le Pape François, je me suis dit que nous avons vécu précisément cette méthode, non seulement le P. Venard et moi, mais aussi le journaliste et les éditeurs qui nous ont conseillés à chaque étape. Il fallait que ces « libres propos sur l’Eglise » soient vraiment « libres » mais aussi « justes », « authentiques », sans arrière-pensée ni caricature, attentifs à la communion certes mais sans langue de buis !
Avez-vous choisi les sujets traités ou bien le journaliste a-t-il eu pleine liberté ?
Ni l’un ni l’autre. Le journaliste qui est aussi un ami de longue date et un père de famille catholique engagé nous a accompagnés. Il a relancé notre dialogue comme un témoin privilégié et concerné. C’est un grand professionnel. Il n’a ni imposé des thèmes, ni laissé notre conversation se refermer dans des préoccupations cléricales. Evêque, prêtre, laïc, le trio, à travers nos particularités (l’antillais, le monégasque, le parisien…) a bien fonctionné. Il faut rajouter la touche féminine de l’éditrice dont les retours ont été précieux dans la dernière phase… Au final, même si je ne suis pas très objectif, je suis assez impressionné par la diversité des thèmes du livre, par le côté « dialogue » qui rend la lecture assez légère et par la profondeur de la réflexion sur des sujets délicats et parfois graves. Cela n’a pas été simple, car nous ne voulions ni « donner des leçons », ni froisser tel ou tel membre de l’Eglise tout en ayant des choses à dire. Je ne sais pas si nous y sommes arrivés. Je l’espère.
Avec votre interlocuteur, père Christian Venard, vous êtes des « pèlerins d’Espérance », mais la sécularisation de la société moderne, la chute des vocations, la crise des abus, entre autres sujets abordés dans ce livre, ne menacent-ils pas l’avenir du christianisme ?
Ha ha ! Hé bien il faudra lire le livre pour le savoir... L’abbé Venard et moi sommes des serviteurs de Dieu et des membres du clergé depuis des décennies. Nous savons combien le monde et le mal progresse dans le mauvais sens. Nous sommes aussi assez « vieux » pour avoir « pris des coups » parfois déstabilisants, y compris et surtout à l’intérieur de la communauté. (Il y a aussi de grandes joies !) Mais souffrir pour l’Eglise et même « par » elle ne fait que renforcer le projet de Dieu sur ses serviteurs : marcher à la suite du Christ Jésus. J’ai donc la certitude que le Christ est et sera toujours vainqueur. Les embûches blessent mon humanité, mais elles ne font que renforcer ma foi et mon espérance. D’ailleurs n’est-ce pas ainsi que le pape François intitule son autobiographie : « Espère » ! Alors en nou alé !
Propos recueillis par Michel Déglise ■
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