Un bon potomitan portait un bâtiment. Un toit bien plus modeste recouvrait une maison. Le brave potomitan, fier de sa position, montrait sa robustesse et sa force crânement Toujours indispensable, sans fin incontournable ; considéré par tous comme un irremplaçable. Le toit ne portait rien, il semblait invisible. Les humains ignoraient sa présence son action. Comme passaient les années tout se mit à vieillir. Le pilier moins vaillant se sentait bien chargé. Le toit, lui aussi marqué par l’ancienneté, était de moins en moins capable de servir. Quand le pilier croula, la maison s’effondra, Quand le toit s’affaiblit, l’édifice resta Et on se rendit compte que le toit discrètement avait fait que chacun assume sa fonction. Les parties de l’immeuble se tenaient mutuellement, protégées par le toit au cours de leurs missions !
Dans le temple dont le Christ est « la pierre angulaire », qu’en est-il des prêtres et des responsables pastoraux ? Sont-ils des « potomitan » de la communauté ou des toits protecteurs ? Un « potomitan » porte tout : il est fort ; un toit protège tout : il est large… Un « potomitan » n’a besoin de personne ; il peut tenir tout seul quand tout s’effondre autour. Il ne protège pas, il supporte, voilà tout. Un toit au contraire se confie à l’architecture, à l’harmonie et à la cohérence de l’immeuble qu’il protège et sur lequel il repose. La solidité de l’ensemble est sa joie et sa gloire. Un toit donne sa vie. Pour son immeuble : il prend des coups, du vent, des projectiles, la foudre et la pluie pour sauver l’édifice.
Lorsque nos prêtres et nos responsables d’Église sont considérés comme des « potomitan », l’Église avance plus vite. Il y a un pilote dans l’avion. Il y a des initiatives. Certains fidèles sont alors rassurés de se confier en toute chose à des clercs domestiqués au service de l’Église. Par contre, la moindre difficulté, voire le moindre projet, soulève des critiques, des murmures, des soupçons. Les uns récriminent contre ceux « toujours les mêmes » qui auraient dû faire ceci ou cela et les autres contre ceux « qui ne lèvent pas le petit doigt ». Les responsables fatigués, tout en se plaignant du suivisme de leurs frères, y trouvent une justification de leur hégémonie poteau-mitanesque et une certaine autosatisfaction !
Par contre, lorsque nos prêtres et nos responsables se comportent comme des toits (ou comme des fondations) l’Église va plus loin. Elle repose avant tout sur la cohésion de ses membres qui devient un passage obligé (Jésus n’a-t-Il pas dit : « Aimez-vous les uns les autres. » ?). La communauté dont le pasteur est avant tout un « protecteur » plutôt qu’un « gouverneur » fait grandir à chaque évènement, même les plus négatifs, le besoin de rencontre, de bienveillance, de confiance et de Charité. Chacun ayant la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de l’accomplir, expérimente le fait d’être utile à tous.
Dans une église aux responsables « potomitan », les charismes des chef(fe)s semblent indispensables. Tout tourne autour. Des paroisses sont curé-dépendantes. Des groupes sont addicts à leur leader. Si le chef s’en va, la communauté prend des années à s’en remettre. C’est une fragilité ! Dans une église dont les responsables s’attèlent à ce que chacun ait sa place (active) dans la vie courante, les pasteurs, plus apaisés, apportent sans crainte ni orgueil le meilleur d’eux-mêmes dans une respiration synodale. La communion, signe de la Présence du Christ, s’inscrit dans le long terme. C’est une force !
Fondé sur l’Évangile, le temple du Seigneur s’érige en Pierres Vivantes, c’est-à-dire les fidèles. Le tout est protégé. La mission des pasteurs est un toit, une porte qui leur montre le ciel. Que soient donc entre nous l’amour et l’unité ; dans l’Esprit, la confiance et la fraternité. Marchons d’un même pas au souffle baptismal et participons donc au chemin synodal.
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
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