J’avais naïvement cru que les différents malheurs apocalyptiques de cette année 2020 allaient entraîner beaucoup de fidèles à se poser de vraies questions et à revenir à l’Eglise. Je pensais que cela aurait conduit la plupart d’entre nous à faire un retour sur eux-mêmes, à constater l’échec des choix sociétaux passés, à se tourner vers Jésus et à se plonger véritablement dans l’Evangile pour bâtir une société d’écologie intégrale dans une civilisation de l’Amour. (Voir Laudato si).
Il n’en est rien :
La Martinique semble continuer de plus belle dans le chemin large et spacieux qui mène à la perdition : ni les troubles sociaux, ni la croissance des haines ou la violence ostracismique de la jactance politique, ni le dessèchement historique de notre climat, pas plus que l’assombrissement de notre atmosphère pendant des journées entières, même la menace omniprésente de l’épidémie, la puanteur des sargasses ou la pollution à long terme de nos eaux et de nos terres désormais en friche, ni le retour des superstitions et des ésotérismes, ni le découragement des leaders et des jeunes, l’affolement de tant d’âmes, même l’abandon sur le bord du chemin de notre jeunesse masculine, l’exode massif de nos forces vives ou l’effondrement économique annoncé… Rien ne semble parvenir à faire réfléchir cette génération une bonne fois pour toutes. Au contraire, pour sauver sa peau et fuir à tout prix le malheur qui s’annonce et qui rôde, l’orgueil, la cupidité, la frivolité, les débauches, les drogues, les colères, les divisions, les ripailles, les orgies et la sorcellerie apparaissent comme des remèdes faciles aux malheurs du temps.
Qu’attendons-nous encore pour nous convertir ? Serait-il donc trop tard pour retrouver la raison ? Sommes-nous définitivement étouffés sous l’édredon de la société égoïste des biens de consommation inutiles ? Ne voyons-nous pas la trappe dans laquelle nous tombons lorsque, vendant notre âme pour quelques conforts faciles et médiocres, nous abandonnons les valeurs sûres de l’Evangile « bô kay manman » à la mode de chez nous ? Celui de la fidélité, de l’humour, de la solidarité, du travail, de la gratuité, de la joie partagée, du koudmen, de l’accueil, des traditions, des prières et de l’Eglise ?… Sommes-nous encore libres ou à nouveau enchaînés ? La foi est-elle encore là ? A qui allons-nous ?
Bref ! Si c’est la fin du monde, tant mieux ! Bientôt, alors, « on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et grande gloire. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche ! » (Lc 21,27-28).
En tout cas, c’est l’heure de la MISSION. Chaque catholique confirmé du diocèse a donc la lourde responsabilité de s’interroger : Témoignes-tu personnellement de ta foi en Jésus et de ce qu’il a fait pour toi ? En Eglise, que propose ta paroisse à ceux que le monde et son prince cherchent à séduire !?
Réfléchis bien ! L’Eglise a besoin de toi. Rendez-vous en septembre… si Dieu veut !
+ Fr. David Macaire
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France