Supplique aux « pauvres pécheurs » !


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samedi 15 février 2020
Diocèse de Martinique

A vous, mères célibataires, femmes et filles enceintes ou garçons de la rue… ; à vous, divorcés et leurs conjoints ; à vous, couples non-mariés ou personnes seules qui, ruptures après échecs, connaissez des relations épisodiques… ; à vous, non pratiquants ; à vous, hommes ayant des piercings ou de longs cheveux et femmes habillées avec des vêtements trop courts ou des maquillages abondants… ; à vous, adeptes du « carnaval-malélevé », amis de l’occulte et du monde… ; à vous, pères absents et géniteurs fantômes ; à vous, personnes homosexuelles… ; à vous tous qui avez été jugés ou vous êtes vous-mêmes cru indignes ou exclus de la communauté chrétienne, j’ai une bonne nouvelle pour vous… Voici bientôt le Carême !

C’est le temps où aucun chrétien ne peut ni ne doit se sentir « mieux » que les autres. La plus pratiquante des dames patronnesses et le plus « bien-comme-il- faut » des hommes d’Eglise, s’ils sont honnêtes avec eux-mêmes et avec Dieu, ont plus que jamais le devoir de vous regarder comme des frères très chers dans le Seigneur (Philémon 16), des prophètes de la Miséricorde qui seront devant dans le Royaume de Dieu (Mt 21,31).

C’est le moment où chaque croyant entre dans le temple, comme publicain ou comme pharisien (Lc 18,10-14), et ce n’est pas le pharisien spécialiste de la

Bible et des pratiques religieuses qui sera justifié, mais bien le pauvre publicain si conscient de son péché et de sa misère. C’est lui, dans son humiliation, qui attirera la bénédiction de Dieu. Voilà pourquoi, au cours du Carême, toute l’Eglise se tourne vers vous, et, pour se débarrasser de tout orgueil (car c’est l’orgueil, et l’orgueil seul, qui ferme la porte de ciel), vous supplie de nous montrer le chemin : comment garder la confiance lorsqu’on se sent loin de Dieu ? Pourquoi continuer à croire en son amour, à ne vivre que de sa miséricorde, à ne pas douter du salut éternel et à ne pas baisser les bras, lorsqu’on a fait tant de « bêtises », commis tant de fautes et que des vices et des addictions nous enchaînent dans des fers ?

Bonne nouvelle : pendant le Carême, l’Eglise ne se contentera pas de se tourner vers vous, pour admirer votre persévérance comme un modèle, mais elle vous demande pardon.

Pardon pour les jugements, réels ou ressentis, pour lesquels personne en ce bas monde n’a autorité.

Pardon pour tant d’attitudes et de discours péremptoires sous les clochers ou dans les « case-manman », dans lesquels vos proches, parfois, vous ont condamnés, « malparlé », méprisés, humiliés, rejetés… Jésus n’aurait jamais fait ça !

Pardon parce que, sous prétexte de religion et de lois, on ne vous a pas montré que la vraie vie, la réconciliation, vient de l’amour du Christ, et non pas des efforts humains.

Pardon pour cette incapacité à vous dire et à vous montrer que nous sommes tous fils et filles du Père Miséricordieux et que cela ne dépend pas de la rectitude morale, de la façon de s’habiller, des actes commis, mais du désir de suivre Jésus et d’accepter son amour.

Pardon parce que, à cause de tout cela, tant d’entre vous n’avez plus remis les pieds à l’église, que vous ne vous sentez plus à l’aise dans cette communauté qui est la vôtre et qui a besoin de vous…

Pardon parce que, quand bien même vous seriez des « brebis perdues », le premier devoir des pasteurs et des « bons chrétiens » était de partir à votre recherche, de se mettre à votre écoute et de vous mettre sur leurs épaules pour vous ramener tendrement au bercail…

Pardon parce que, si vous êtes des « fils prodigues », vous devriez ressentir notre impatience de votre retour à la maison, notre hâte de courir à votre rencontre pour vous accueillir, tels que vous êtes, sans un reproche, pour faire la fête et vous honorer…

Tel est l’objet de cette supplique. Revenez vite, nous avons besoin de vous !

+ Fr David Macaire,

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■

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