L’omelette aux lardons


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samedi 20 avril 2019
Diocèse de Martinique

Voilà une devinette que nous a posée un jour le père Nicolas Buttet : « Pour faire une omelette aux lardons, il faut une poule et un cochon. Mais quelle est la différence entre les deux par rapport à l’omelette ? ... ».

Réfléchissez bien, la question est importante en ce jour de Pâques. La réponse éclairera le véritable effet de la résurrection dans la vie de chacun et de notre communauté.

Tout d’abord souvenez-vous, qu’en une semaine, avec Jésus, nous sommes passés du succès des Rameaux à la honte du procès, puis, après l’abomination de la Croix, de la désolation du tombeau à la gloire de la Résurrection. En quoi cette histoire nous regarde-t-elle ? Sommes-nous comme cette foule de spectateurs qui, après avoir crié "Hosanna", a hurlé "Crucifie-le" ? Sommes-nous de ceux qui, influencés par l’opinion publique, ont préféré Barabbas à Jésus, le criminel à l’innocent ? De ceux qui ont craché sur celui que les autorités et la rumeur accusaient de crime !? Sommes-nous de ceux qui, obnubilés par leur confort et leur bien-être, se sont livrés au monde, aux modes et au démon ?

Ou bien sommes-nous de ceux qui ont pris part, jusqu’au bout, malgré les angoisses, les chutes, les faiblesses et les doutes, à la Passion jusqu’au matin de Pâques, pour entendre et comprendre la Nouvelle de la Résurrection ? Oh ! ceux-là ne sont pas les plus forts : certains ont fui, d’autres se sont cachés, mais tous ont pris le risque, au final, de perdre leur vie pour Jésus. Ils l’ont aimé parce qu’Il les a aimés le premier et appelés "mes amis".

Revenons à la poule et au cochon !

La poule ne donne que des œufs : elle est simplement concernée par l’omelette. Le cochon, lui, donne son lard, c’est-à-dire sa chair : il donne sa vie pour l’omelette aux lardons. Lui, il est impliqué.

Eh bien ! Je proclame que le temps des catholiques simplement concernés par leur Eglise est bientôt terminé. Quelque chose de grand est en train de se passer en Martinique. Bientôt, je le crois, j’en vois les prémices, le monde entier verra en nous un peuple ressuscité de ses tombeaux, de son passé honteux, de sa crise actuelle, de ses dissensions haineuses, de ses adultères, de ses avortements, de ses sorcelleries, de ses violences, bref de son long, trop long chemin de croix. Mais cela ne se fera pas avec des gens qui ont vendu leur âme au confort et au bien-être. Cela ne touchera pas ceux qui, se sentant simplement concernés, sur le bord du chemin, passeront comme les foules du "Hosanna" au "Crucifie-le". Le carême n’aura pas de fin pour ces gens-là !

Il n’y aura d’Alléluia que pour ceux qui, impliqués de tout cœur, au risque de leur vie, à la suite du Christ, par Lui, avec Lui et en Lui, seront prêts à mourir avec Lui. Ceux qui auront la joie en partage seront ceux qui se seront laissés crucifier pour le monde, pour ressusciter avec le Christ, ceux qui seront un témoignage vivant de Jésus-Christ mort et vivant à jamais.

La résurrection, mes enfants, elle est pour tous… tous ceux qui sont prêts à se jeter dedans corps et âme. Tous ceux qui sont prêts à parcourir tout le chemin de la Croix, depuis les Rameaux jusqu’à Pâques, en passant par le Vendredi Saint. Il n’y a pas de résurrection à la carte, sur le mode « silon van, latché poul panché ». Il n’y a pas de vie chrétienne à la carte dans laquelle on prend ce qui nous intéresse et on laisse de côté ce qui ne nous convient pas. Comme disait le Pape François aux jeunes le jour des Rameaux : « Il n’y a pas de négociations devant la croix, pas de compromis » ! Qui oserait regarder le Ressuscité en face, Lui qui a donné sa vie, son sang pour nous, et lui dire : « Je vais t’aimer de temps en temps, quand je pourrai, quand cela va m’intéresser et pas trop me déranger » !?

Devant le mystère de Pâques, c’est tout ou rien.

+ fr. David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

Réfléchissez bien, la question est importante en ce jour de Pâques. La réponse éclairera le véritable effet de la résurrection dans la vie de chacun et de notre communauté.

Tout d’abord souvenez-vous, qu’en une semaine, avec Jésus, nous sommes passés du succès des Rameaux à la honte du procès, puis, après l’abomination de la Croix, de la désolation du tombeau à la gloire de la Résurrection. En quoi cette histoire nous regarde-t-elle ? Sommes-nous comme cette foule de spectateurs qui, après avoir crié "Hosanna", a hurlé "Crucifie-le" ? Sommes-nous de ceux qui, influencés par l’opinion publique, ont préféré Barabbas à Jésus, le criminel à l’innocent ? De ceux qui ont craché sur celui que les autorités et la rumeur accusaient de crime !? Sommes-nous de ceux qui, obnubilés par leur confort et leur bien-être, se sont livrés au monde, aux modes et au démon ?

Ou bien sommes-nous de ceux qui ont pris part, jusqu’au bout, malgré les angoisses, les chutes, les faiblesses et les doutes, à la Passion jusqu’au matin de Pâques, pour entendre et comprendre la Nouvelle de la Résurrection ? Oh ! ceux-là ne sont pas les plus forts : certains ont fui, d’autres se sont cachés, mais tous ont pris le risque, au final, de perdre leur vie pour Jésus. Ils l’ont aimé parce qu’Il les a aimés le premier et appelés "mes amis".

Revenons à la poule et au cochon !

La poule ne donne que des œufs : elle est simplement concernée par l’omelette. Le cochon, lui, donne son lard, c’est-à-dire sa chair : il donne sa vie pour l’omelette aux lardons. Lui, il est impliqué.

Eh bien ! Je proclame que le temps des catholiques simplement concernés par leur Eglise est bientôt terminé. Quelque chose de grand est en train de se passer en Martinique. Bientôt, je le crois, j’en vois les prémices, le monde entier verra en nous un peuple ressuscité de ses tombeaux, de son passé honteux, de sa crise actuelle, de ses dissensions haineuses, de ses adultères, de ses avortements, de ses sorcelleries, de ses violences, bref de son long, trop long chemin de croix. Mais cela ne se fera pas avec des gens qui ont vendu leur âme au confort et au bien-être. Cela ne touchera pas ceux qui, se sentant simplement concernés, sur le bord du chemin, passeront comme les foules du "Hosanna" au "Crucifie-le". Le carême n’aura pas de fin pour ces gens-là !

Il n’y aura d’Alléluia que pour ceux qui, impliqués de tout cœur, au risque de leur vie, à la suite du Christ, par Lui, avec Lui et en Lui, seront prêts à mourir avec Lui. Ceux qui auront la joie en partage seront ceux qui se seront laissés crucifier pour le monde, pour ressusciter avec le Christ, ceux qui seront un témoignage vivant de Jésus-Christ mort et vivant à jamais.

La résurrection, mes enfants, elle est pour tous… tous ceux qui sont prêts à se jeter dedans corps et âme. Tous ceux qui sont prêts à parcourir tout le chemin de la Croix, depuis les Rameaux jusqu’à Pâques, en passant par le Vendredi Saint. Il n’y a pas de résurrection à la carte, sur le mode « silon van, latché poul panché ». Il n’y a pas de vie chrétienne à la carte dans laquelle on prend ce qui nous intéresse et on laisse de côté ce qui ne nous convient pas. Comme disait le Pape François aux jeunes le jour des Rameaux : « Il n’y a pas de négociations devant la croix, pas de compromis » ! Qui oserait regarder le Ressuscité en face, Lui qui a donné sa vie, son sang pour nous, et lui dire : « Je vais t’aimer de temps en temps, quand je pourrai, quand cela va m’intéresser et pas trop me déranger » !?

Devant le mystère de Pâques, c’est tout ou rien.

+ fr. David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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