"Il faut que quelque chose change ici !"


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samedi 26 mars 2016
Diocèse de Martinique

Cette phrase est une phrase historique. Elle a été prononcée le 9 mars 1983, ici-même, aux Antilles, par saint Jean-Paul II. Ce jour-là, le Pape était en Haïti. Il était face au président Duvalier, les yeux dans les yeux du dictateur, le cœur dans le cœur d’un peuple pauvre. Il prophétisa avec autorité : « Il faut que quelque chose change ici ! » Trois ans après, la dictature de plusieurs décennies tombait.

Aujourd’hui, je reprends cette phrase historique dont la puissance a renversé les puissants de leurs trônes.

Il faut que quelque chose change dans l’Eglise !

Eglise de Martinique, tu célèbre la Résurrection. Si tu ne ressuscites pas avec Jésus dans la Lumière de Pâques, que deviendras-tu !? Des choses doivent changer, pour que tu assures vraiment ta vocation prophétique en ce monde. Tu n’es pas une institution liée à un système destiné à mourir à petit feu !

La résurrection de Jésus, en cette année de la Miséricorde, te donne assez de Feu pour embraser ce peuple ; pour préparer le grand mouvement de « retour à l’Eglise » de ceux qui sont sur le parvis et cherchent à y entrer ; pour bonifier l’accueil dans les églises et les presbytères ; pour aller à la rencontre des familles, des plus pauvres, des jeunes adultes, des actifs, des hommes, des migrants (Haïtiens, Sainte-Luciens, métropolitains, touristes) ; pour choyer ceux dont la vie morale n’est pas en règle ou ceux qui sont tourmentés par des esprits mauvais. La vie qui jaillit du tombeau va mettre la Bible au centre de la vie du Peuple de Dieu, faire du catéchisme le moment de la rencontre avec Dieu, illuminer nos liturgies de beauté et de profondeur ou encore créer partout dans nos quartiers des petites communautés ecclésiales ferventes, actives et solidaires !

Oui, ce que disait le saint Pape en Haïti vaut pour nous aujourd’hui : « Il faut que les pauvres de tout genre recommencent à espérer. L’Église a, dans ce domaine, une mission prophétique ».

Il faut que quelque chose change parmi les jeunes !

Jeunesse de Martinique, le Christ est ressuscité : tout est possible ! Quelque chose doit changer : Ne laisse pas passer cette moisson, ce temps de grâce. C’est maintenant le moment de retourner vers la vérité, la pureté, la fidélité et le pardon. Tu es parti loin de Dieu, de l’Eglise, de ta jeunesse, de toi-même. Les adultes n’ont pas toujours su t’encourager et croire en toi. On t’a fait goûter à tout et à rien, peut-être même as-tu fait le mal, et les plaisirs sans fin t’ont conduit à la violence et à la mort. Tu n’y crois plus, tu n’as plus l’espoir que ce pays et son système t’apporteront quoique ce soit. Tu penses qu’on ne fait rien pour toi, que tout est mort (tes études, ta beauté, ton bonheur, ton avenir…).

C’est le moment de stopper le désordre ! Tu le sais très bien. Ce n’est pas l’évêque qui le demande, ni ta grand-mère. C’est toi-même, au fond de ton cœur, qui sait. OUI, tu sais que le Christ est ressuscité pour toi. Veux-tu ressusciter !? Il ne te reste plus qu’à prendre la décision de donner ta vie à Jésus. Je suis certain que tu n’attends que ça. Et moi aussi, car je sais que TOI, aujourd’hui, tu peux sauver ce pays. Regarde le fond de ton cœur, tu y trouveras le trésor que Dieu a déposé là, il n’y a pas si longtemps.

Il faut que quelque chose change ici, en Martinique !

Martinique, c’est la Pâques de l’année de la Miséricorde ! Et tu sais bien qu’il faut que quelque chose change ici : tu as peur et tu doutes, tu t’enfonces et tu désespères. Violence, chômage et vieillissement s’ajoutent aux divisions et aux pollutions. Mais pourquoi donc as-tu été libéré des esclavages ? Pourquoi le Seigneur t’a-t-il fait passer la Mer Rouge par son bras puissant ? Pour te laisser mourir de faim et de soif tout seul dans le désert ? As-tu oublié que sans le Dieu qui libère les esclaves, tu es perdue. Souviens-toi de la foi de tes ancêtres : avec Lui, tu ne t’en iras plus en Egypte ; tu t’en vas en Terre Promise ! Alors, ne lâche pas la main du Seigneur. Retourne vite à la louange, à l’exultation joyeuse qui ont toujours fait ta force : c’est le temps de Pâques, le temps de la Passion et des larmes est terminé. Victoire ! ALLELUIA ! ALLELUIA ! ALLELUIA !

Quelque chose va changer ici !

+ David Macaire

Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France

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