Retour sur les JMJ de Lisbonne

60 pèlerins ont embarqué le 30 juillet 2023 dans deux vols pour Paris-Orly ; nous avons récupéré les deux derniers jeunes avant les vols pour Lisbonne le lendemain. La délégation était répartie en Frat et était menée par le père Gaëtan Présent, délégué de l’évêque pour la Pastorale des jeunes, et Stéphanie Jean-Lambert, responsable laïque de la Pastorale des jeunes.

8 autres responsables avaient la charge des petits-groupes qui ont été constitués dès février pour permettre d’apprendre à se connaître avant le départ. Ils avaient chacun un adjoint pour une bonne coordination. 4 autres prêtres étaient du voyage, à savoir le père Pascal Dégras, le père Jean Boteennfail Cazeau, le père Robert-Marie Beaufour et le père Samuel Placide. Un 63ème membre de la délégation, Samy notre mascotte tortue, a été un véritable reporter qui a permis aux personnes restées en Martinique de suivre nos aventures.

Arrivés à Lisbonne dans l’après-midi du lundi 31 Août, nous avons découvert notre paroisse d’accueil à Monte Abrao, puis le lieu d’hébergement, une école partagée avec un groupe de Guyanais et d’autres groupes francophones.

• Mardi 1er aout : Après une longue randonnée, nous avons pu participer au « Temps des français » avec un seul mot d’ordre « Lève-toi ! ». Au programme : des exhortations par des invités comme Olivier Giroud (que nous n’avons pas pu voir car nous marchions encore !!), un temps d’adoration, de la louange, puis nous avons été invités à nous lever si nous nous sentions appelés à l’un des trois engagements non exclusifs proposés : se lever pour travailler à l’unité de l’Église, se lever pour servir les pauvres et les petits, se lever pour annoncer le nom de Jésus dans le monde. Dans l’après-midi, la messe d’ouverture présidée par l’archevêque de Lisbonne a été riche en émotions pour beaucoup.

• Mercredi 2 août : Après une catéchèse sur l’écologie intégrale dans le cadre des matinées Rise-Up, nous avons assisté à la messe, puis avons passé l’après-midi à la Cité de la Joie, espace qui réunissait l’Exposition vocationnelle, la Chapelle et le Parc du Pardon. Chacun a pu y constituer son programme, à son rythme et selon ses envies. Pour certains, les diverses expériences ont suscité des remises en question.
• Jeudi 3 août : L’arrivée du pape François a créé une énorme affluence et a été l’occasion d’entendre son premier message : « Vous n’êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement ces jours-ci, mais depuis le début de votre vie. Il nous a tous appelés dès le début de notre vie. Il vous a appelés par votre nom. (…) Dans l’Église, il y a de la place pour tout le monde. Dans l’Église, personne n’est superflu. Il y a de la place pour tous, comme nous sommes, chacun d’entre nous. »
• Vendredi 4 août : Si nous avons suivi le chemin de croix en streaming, nous avons préparé la logistique de la veillée.
• Samedi 5 août : Nous avons, comme tous les pèlerins, rejoint à pied le lieu de la veillée sous un soleil de plomb. Les flots de personnes de toutes origines qui convergeaient dans la bonne humeur vers le lieu de la veillée étaient déjà impressionnants, mais arrivés sur l’immense Camp de la grâce, l’ampleur de foule a été encore plus saisissante. La joie et l’ambiance festive étaient au rendez-vous. Dans la soirée, la veillée avec le pape a tenu également ses promesses avec à la place d’un feu d’artifice, un ballet de drones avec un message qui s’est inscrit dans le ciel en plusieurs langues : « Lève-toi ! ». Le pape a délivré un message plein de sagesse : « Nous avons tous des personnes qui ont été des rayons de lumière : parents et grands-parents, prêtres et religieuses, catéchistes, animateurs, enseignants... Ils sont les racines de notre joie ». « Celui qui reste tombé est déjà "parti à la retraite", il s'est fermé, il s'est fermé à l’espérance, il s'est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu'un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avezvous remarqué lorsque quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’il fait ? Il la regarde de haut. Le seul moment, où il est permis de regarder une personne de haut, c'est pour l'aider à se relever ». Une fervente adoration, entre silence saisissant de près de 2 millions de personnes et accompagnement musical, a conclu une soirée placée sous le signe de la gratitude. Nous avons passé ensuite la nuit à la belle étoile avant la messe d’envoi des JMJ le lendemain dimanche 6 ; lors de son homélie, le Saint-Père nous a exhortés. « N’ayez pas peur ! » est le message qu’il fallait retenir. Il nous a donné deux rendez-vous : le 1er à Rome en 2025 pour le jubilé des jeunes, et le 2e en Corée du Sud en 2027 pour les prochaines JMJ.
• Lundi 7 août : Direction le sanctuaire du « Cristo Rei » pour une visite saisissante avec une vue imprenable ; le soir, nous avons participé à l’Eucharistie concélébrée par les prêtres de la délégation dans l’église Saint Antoine de Lisbonne construite sur la maison où est né Saint Antoine de Padoue. Nous avons eu la chance de visiter la crypte et de vénérer sa relique.
• Mardi 8 août : Direction Fatima ! mais sur la route, nous avons fait quelques escales sur la côte, dégusté quelques spécialités dont « baccalau a bras » (plat à base de morue), et visité le Monastère Santa Maria da Vitoria. Arrivés le soir à Fatima, nous avons pu participer à la messe dans la basilique du sanctuaire, moment fort car nous avons tous été impressionnés par le lieu ; là encore, ce sont les prêtres de la délégation qui ont concélébré
• Mercredi 9 août : Chemin de croix sur les traces des pastoureaux dont certains ont pu visiter la maison, puis visite du musée du sanctuaire, avant la messe dans la Chapelle des apparitions. A peine le temps du dîner, nous voilà repartis pour le chapelet aux flambeaux… instant empreint de solennité, de recueillement et de fidèles présents qui disent en même temps que nous le chapelet dans leur langue, mais avec la même ferveur. Au cours de la procession qui a suivi, nous avons eu la grâce que quatre jeunes de notre délégation soient choisis pour porter la statue de la Vierge ; cela a été également pour nous un moment de joie.
• Le jeudi 10 août : a marqué le début du retour, car nous sommes repartis vers Paris et le lendemain, départ pour la Martinique avec un peu de nostalgie, mais surtout la tête et le coeur pleins de belles émotions et de souvenirs impérissables de moments, de lieux, mais aussi des belles rencontres. Ce voyage, certes spirituel, a été une véritable aventure humaine, une découverte de l’autre, de soi, de ses limites ; cela a été une belle expérience de la providence, de l’abandon et de la grâce. Les aurevoirs se sont prolongés à l’aéroport, avec l’envie déjà affichée de participer au jubilé et aux prochaines JMJ ; le groupe a pu se retrouver le 3 septembre avec joie, lors de la messe de rentrée de la Pastorale des jeunes, qui a été l’occasion de rendre grâce avec les membres de toutes les routes présentes. Nous sommes fiers d’avoir pu représenter la Martinique avec l’ensemble des routes, et avons le désir d’être des racines de joie pour l’ensemble des jeunes du diocèse.

Témoignages

• Père Robert-Marie Beaufour, accompagnateur des jeunes

"Partir avec tous ces jeunes c’est une aventure hors normes, comment avezvous vécu cette préparation ? Partir. J’aime ce mot. Cela suppose de laisser quelque chose, nos habitudes, nos sécurités, sortir de notre zone de confort pour élargir notre tente... la tente de la rencontre. Comme Marie, se lever et partir en hâte sous la mouvance de l'Esprit Saint. C’est un appel intérieur. Je n’ai pas eu l’appel à vivre les JMJ pour rencontrer le pape ou accompagner les jeunes. À vrai dire, cet appel est venu quand j’ai su que père Gaëtan allait accompagner les jeunes. J’ai entendu cette voix intérieure : "Soutiens ton frère prêtre !". Alors je me suis engagé personnellement dans l’aventure. Chaque prêtre avait une fraternité de jeunes sous sa responsabilité avec l’amitié et le secours d’un saint patron. Avec la frat "saint Antoine de Padoue", nous avons vécu des temps spirituels, notamment la Couronne Angélique à l’église Saint-Michel du François, mais également des temps de fraternité avec une randonnée à la Baie du trésor. Il était important pour moi de vérifier les aptitudes physiques du groupe. • Avez vous vécu des difficultés durant ces JMJ ? La préparation en fraternité nous a permis d’arriver au Portugal avec une dynamique positive, l’enthousiasme, l'écoute de l’autre, la solidarité. Nous avions chaque jour des temps de prière, de débriefing en frat pour remettre notre pèlerinage entre les mains du Bon Dieu et lui demander sa grâce. Nous avons connu bien des difficultés : maladies, manque de sommeil, canicule… toutes surmontées avec la grâce de Dieu et l’encouragement fraternel. • Quel est le moment fort que vous avez partagé avec les autres prêtres Français ? À l’occasion du premier rassemblement « le temps des Français », les évêques ont demandé aux jeunes de prier pour les prêtres et les évêques. La bénédiction des jeunes était comme une effusion de l’Esprit Saint. Les jeunes aiment les prêtres et attendent beaucoup d’eux. C’est beau ! • Quelle phrase retenez-vous et souhaitez-vous partager avec les autres ? "Sur quoi pleures-tu ?" C’est une question qui est revenue à plusieurs occasions. Le père Gibon, lors de la messe d'envoi à Bellevue, nous avait prévenu que nous aurions à verser des larmes de découragement, de tristesse, mais aussi de joie. Ce fut le cas. Nous avons fait l’expérience de passer des larmes de lamentation et de découragement dans l’épreuve jusqu’aux pieds de la croix (passage nécessaire pour ressusciter avec le Christ), aux larmes de joie, de guérison, de restauration dans la puissance de l’Esprit Saint. Ces JMJ ont été l’occasion d’un "décapage" nécessaire pour aider les jeunes à sortir de leur zone de confort pour devenir de vrais disciples missionnaires, non pas des "tjoupèpè", mais une "génération choisie" pour montrer l’excellence de la foi en Christ."

• Eléonore, 16 ans, étudiante, bénévole à « Océan Infini de la Miséricorde

"On dit que les JMJ sont une grande expérience de fraternité, la manifestation de notre espérance d'une Eglise unie. Et je crois que la fraternité, c'est vraiment ce que je retiens des JMJ 2023. Mais avant, nos arrêts à Lourdes, puis Fatima, m'ont rappelé l'importance de tout confier à Maman Marie pour aller à Jésus. Ce qui m'a touchée et qui, je crois, me transforme encore, ce sont les secrets de la Vierge révélés aux trois petits bergers, qui nous ouvrent à une vraie espérance et nous poussent à la conversion. Le Rosaire m'a aussi permis de vivre pleinement chaque étape de ce grand pèlerinage. Ensuite, les JMJ nous ont montré que nos différences n'étaient pas un obstacle à la communion au sein de l'Église, bien au contraire ! Et voir plus d'un million de jeunes venus des quatre coins du monde pour célébrer le même Jésus, c'était juste incroyable. J'ai pu mettre une image sur ce que signifie une Église "Une, sainte, catholique et apostolique". C'est une grâce immense d'avoir vu ces millions de jeunes -et de moins jeunes- aux histoires uniques, qui partagent une même foi et forment avec moi le Corps du Christ ; un Corps uni à ceux qui souffrent, ceux qui n'ont pas la liberté de culte, ceux qui sont humiliés, rejetés. C'est sans oublier les messages du pape qui m'ont véritablement touchée. En fait, ses paroles nous rejoignaient, chacun, d'une manière simple et profonde. En définitive, les Journées Mondiales de la Jeunesse ont été grandioses ! Je remercie vraiment les organisateurs, ceux qui m'ont poussée à y aller, et surtout merci à notre Dieu ! Merci au Saint-Esprit d'avoir été à l'oeuvre durant ces quelques jours, d'avoir préparé nos coeurs et de continuer à nous enrichir de toutes les grâces reçues aux JMJ. Maintenant, direction Séoul 2027, si Dieu le veut !"

• Thomas Bernard, 21 ans, paroisse de Schoelcher, engagé dans la Mission Etudiante Catholique (MEC)

" Lève toi, comme signe d'engagement envers le Seigneur quoiqu'il arrive. ” Durant Les JMJ, j'ai eu des moments particulièrement forts. Le jour de la veillée avec le pape, nous sommes partis tôt le matin, extrêmement chargés ; nous avions beaucoup marché et il faisait extrêmement chaud. C'était pour moi la journée la plus dure, mais aussi, en quelque part, la journée la plus forte, car physiquement j'étais très touché (blessure, fatigue extrême, bras tendus), moralement je ne voyais pas le bout du tunnel, donc j'ai trouvé cette marche interminable, émotionnellement j'ai pris énormément sur moi pour ne pas craquer, ne pas m'énerver car nous étions tous dans la même situation. Spirituellement, il fallait, malgré toutes mes difficultés, prendre du recul pour me raccrocher au Seigneur pour qu'il me soutienne, me fortifie. Chose qu'il a extrêmement bien faite. Je lui ai rendu grâce pour cela, car en arrivant sur le lieu de la veillée, je me suis dit ; " je l'ai fait ! " et cette fierté que j'ai encore aujourd'hui me galvanise. Je dois aussi citer la veillée avec le pape qui fut un moment particulièrement fort, car j'étais parmi ces deux millions de chrétiens à vivre cette nuit unique. La chorale était angélique ; elle m'a transporté et m'a fait verser des larmes, moi qui pleure cinq fois l'année. Durant cette nuit, des drones lumineux ont affiché des mots motivants, le slogan "lève-toi" comme signe d'engagement envers le Seigneur, est une invitation à toujours se relever quoi qu'il arrive, comme disait le pape. Enfin, l'homélie du pape était très prenante, mais surtout très juste, je ne l'oublierai pas. J'ai reçu énormément de grâces... Notamment, apprendre à lâcher prise, chose que j'avais énormément de mal à faire avant. J'ai reçu de l'amour à profusion, mais aussi de la lumière que j'ai pu partager autour de moi. Cela a consolidé ma foi. J'ai senti que j'étais rempli de l'amour du Christ encore plus durant mes JMJ. Mon comportement a aussi été impacté car j'ai été plus miséricordieux et plus patient avec mon prochain. Toutes ces choses qui sont essentielles dans la vie d'un chrétien selon moi et qui sont importantes font désormais partie de mon quotidien. Mon message pour les futurs JMJistes en Corée en 2027, ce serait de bien se préparer physiquement, psychologiquement, émotionnellement, mais surtout spirituellement. Si la préparation spirituelle est bonne, c'est l'essentiel et c'est indispensable pour être prêts à accueillir toutes les grâces, tous les appels du Seigneur, mais aussi toutes les difficultés, car selon moi, les JMJ nous poussent à sortir de nos zones de confort physique, psychologique, émotionnelle et c'est en restant concentrés sur les raisons de votre départ, en restant concentrés sur le moment fort spirituel que vous voulez vivre, en restant concentrés tout simplement sur le Seigneur en toutes circonstances que vous pourrez vivre pleinement les JMJ. C'était mon voyage le plus dur et le plus intense, mais c'est le meilleur car j'en suis sorti grandi, transformé, touché et encore plus proche du Seigneur. Je souhaite vraiment à tout chrétien de vivre au moins une fois les JMJ dans sa vie. Soyez bénis par la grâce de Dieu, que le Seigneur vous garde et, qui sait, rendez-vous peut-être en Corée en 2027."

Propos recueillis par Maeva Emmanuelle Céleste

60 pèlerins ont embarqué le 30 juillet 2023 dans deux vols pour Paris-Orly ; nous avons récupéré les deux derniers jeunes avant les vols pour Lisbonne le lendemain. La délégation était répartie en Frat et était menée par le père Gaëtan Présent, délégué de l’évêque pour la Pastorale des jeunes, et Stéphanie Jean-Lambert, responsable laïque de la Pastorale des jeunes.

8 autres responsables avaient la charge des petits-groupes qui ont été constitués dès février pour permettre d’apprendre à se connaître avant le départ. Ils avaient chacun un adjoint pour une bonne coordination. 4 autres prêtres étaient du voyage, à savoir le père Pascal Dégras, le père Jean Boteennfail Cazeau, le père Robert-Marie Beaufour et le père Samuel Placide. Un 63ème membre de la délégation, Samy notre mascotte tortue, a été un véritable reporter qui a permis aux personnes restées en Martinique de suivre nos aventures.

Arrivés à Lisbonne dans l’après-midi du lundi 31 Août, nous avons découvert notre paroisse d’accueil à Monte Abrao, puis le lieu d’hébergement, une école partagée avec un groupe de Guyanais et d’autres groupes francophones.

• Mardi 1er aout : Après une longue randonnée, nous avons pu participer au « Temps des français » avec un seul mot d’ordre « Lève-toi ! ». Au programme : des exhortations par des invités comme Olivier Giroud (que nous n’avons pas pu voir car nous marchions encore !!), un temps d’adoration, de la louange, puis nous avons été invités à nous lever si nous nous sentions appelés à l’un des trois engagements non exclusifs proposés : se lever pour travailler à l’unité de l’Église, se lever pour servir les pauvres et les petits, se lever pour annoncer le nom de Jésus dans le monde. Dans l’après-midi, la messe d’ouverture présidée par l’archevêque de Lisbonne a été riche en émotions pour beaucoup.

• Mercredi 2 août : Après une catéchèse sur l’écologie intégrale dans le cadre des matinées Rise-Up, nous avons assisté à la messe, puis avons passé l’après-midi à la Cité de la Joie, espace qui réunissait l’Exposition vocationnelle, la Chapelle et le Parc du Pardon. Chacun a pu y constituer son programme, à son rythme et selon ses envies. Pour certains, les diverses expériences ont suscité des remises en question.
• Jeudi 3 août : L’arrivée du pape François a créé une énorme affluence et a été l’occasion d’entendre son premier message : « Vous n’êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement ces jours-ci, mais depuis le début de votre vie. Il nous a tous appelés dès le début de notre vie. Il vous a appelés par votre nom. (…) Dans l’Église, il y a de la place pour tout le monde. Dans l’Église, personne n’est superflu. Il y a de la place pour tous, comme nous sommes, chacun d’entre nous. »
• Vendredi 4 août : Si nous avons suivi le chemin de croix en streaming, nous avons préparé la logistique de la veillée.
• Samedi 5 août : Nous avons, comme tous les pèlerins, rejoint à pied le lieu de la veillée sous un soleil de plomb. Les flots de personnes de toutes origines qui convergeaient dans la bonne humeur vers le lieu de la veillée étaient déjà impressionnants, mais arrivés sur l’immense Camp de la grâce, l’ampleur de foule a été encore plus saisissante. La joie et l’ambiance festive étaient au rendez-vous. Dans la soirée, la veillée avec le pape a tenu également ses promesses avec à la place d’un feu d’artifice, un ballet de drones avec un message qui s’est inscrit dans le ciel en plusieurs langues : « Lève-toi ! ». Le pape a délivré un message plein de sagesse : « Nous avons tous des personnes qui ont été des rayons de lumière : parents et grands-parents, prêtres et religieuses, catéchistes, animateurs, enseignants... Ils sont les racines de notre joie ». « Celui qui reste tombé est déjà "parti à la retraite", il s'est fermé, il s'est fermé à l’espérance, il s'est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu'un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avezvous remarqué lorsque quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’il fait ? Il la regarde de haut. Le seul moment, où il est permis de regarder une personne de haut, c'est pour l'aider à se relever ». Une fervente adoration, entre silence saisissant de près de 2 millions de personnes et accompagnement musical, a conclu une soirée placée sous le signe de la gratitude. Nous avons passé ensuite la nuit à la belle étoile avant la messe d’envoi des JMJ le lendemain dimanche 6 ; lors de son homélie, le Saint-Père nous a exhortés. « N’ayez pas peur ! » est le message qu’il fallait retenir. Il nous a donné deux rendez-vous : le 1er à Rome en 2025 pour le jubilé des jeunes, et le 2e en Corée du Sud en 2027 pour les prochaines JMJ.
• Lundi 7 août : Direction le sanctuaire du « Cristo Rei » pour une visite saisissante avec une vue imprenable ; le soir, nous avons participé à l’Eucharistie concélébrée par les prêtres de la délégation dans l’église Saint Antoine de Lisbonne construite sur la maison où est né Saint Antoine de Padoue. Nous avons eu la chance de visiter la crypte et de vénérer sa relique.
• Mardi 8 août : Direction Fatima ! mais sur la route, nous avons fait quelques escales sur la côte, dégusté quelques spécialités dont « baccalau a bras » (plat à base de morue), et visité le Monastère Santa Maria da Vitoria. Arrivés le soir à Fatima, nous avons pu participer à la messe dans la basilique du sanctuaire, moment fort car nous avons tous été impressionnés par le lieu ; là encore, ce sont les prêtres de la délégation qui ont concélébré
• Mercredi 9 août : Chemin de croix sur les traces des pastoureaux dont certains ont pu visiter la maison, puis visite du musée du sanctuaire, avant la messe dans la Chapelle des apparitions. A peine le temps du dîner, nous voilà repartis pour le chapelet aux flambeaux… instant empreint de solennité, de recueillement et de fidèles présents qui disent en même temps que nous le chapelet dans leur langue, mais avec la même ferveur. Au cours de la procession qui a suivi, nous avons eu la grâce que quatre jeunes de notre délégation soient choisis pour porter la statue de la Vierge ; cela a été également pour nous un moment de joie.
• Le jeudi 10 août : a marqué le début du retour, car nous sommes repartis vers Paris et le lendemain, départ pour la Martinique avec un peu de nostalgie, mais surtout la tête et le coeur pleins de belles émotions et de souvenirs impérissables de moments, de lieux, mais aussi des belles rencontres. Ce voyage, certes spirituel, a été une véritable aventure humaine, une découverte de l’autre, de soi, de ses limites ; cela a été une belle expérience de la providence, de l’abandon et de la grâce. Les aurevoirs se sont prolongés à l’aéroport, avec l’envie déjà affichée de participer au jubilé et aux prochaines JMJ ; le groupe a pu se retrouver le 3 septembre avec joie, lors de la messe de rentrée de la Pastorale des jeunes, qui a été l’occasion de rendre grâce avec les membres de toutes les routes présentes. Nous sommes fiers d’avoir pu représenter la Martinique avec l’ensemble des routes, et avons le désir d’être des racines de joie pour l’ensemble des jeunes du diocèse.

Témoignages

• Père Robert-Marie Beaufour, accompagnateur des jeunes

"Partir avec tous ces jeunes c’est une aventure hors normes, comment avezvous vécu cette préparation ? Partir. J’aime ce mot. Cela suppose de laisser quelque chose, nos habitudes, nos sécurités, sortir de notre zone de confort pour élargir notre tente... la tente de la rencontre. Comme Marie, se lever et partir en hâte sous la mouvance de l'Esprit Saint. C’est un appel intérieur. Je n’ai pas eu l’appel à vivre les JMJ pour rencontrer le pape ou accompagner les jeunes. À vrai dire, cet appel est venu quand j’ai su que père Gaëtan allait accompagner les jeunes. J’ai entendu cette voix intérieure : "Soutiens ton frère prêtre !". Alors je me suis engagé personnellement dans l’aventure. Chaque prêtre avait une fraternité de jeunes sous sa responsabilité avec l’amitié et le secours d’un saint patron. Avec la frat "saint Antoine de Padoue", nous avons vécu des temps spirituels, notamment la Couronne Angélique à l’église Saint-Michel du François, mais également des temps de fraternité avec une randonnée à la Baie du trésor. Il était important pour moi de vérifier les aptitudes physiques du groupe. • Avez vous vécu des difficultés durant ces JMJ ? La préparation en fraternité nous a permis d’arriver au Portugal avec une dynamique positive, l’enthousiasme, l'écoute de l’autre, la solidarité. Nous avions chaque jour des temps de prière, de débriefing en frat pour remettre notre pèlerinage entre les mains du Bon Dieu et lui demander sa grâce. Nous avons connu bien des difficultés : maladies, manque de sommeil, canicule… toutes surmontées avec la grâce de Dieu et l’encouragement fraternel. • Quel est le moment fort que vous avez partagé avec les autres prêtres Français ? À l’occasion du premier rassemblement « le temps des Français », les évêques ont demandé aux jeunes de prier pour les prêtres et les évêques. La bénédiction des jeunes était comme une effusion de l’Esprit Saint. Les jeunes aiment les prêtres et attendent beaucoup d’eux. C’est beau ! • Quelle phrase retenez-vous et souhaitez-vous partager avec les autres ? "Sur quoi pleures-tu ?" C’est une question qui est revenue à plusieurs occasions. Le père Gibon, lors de la messe d'envoi à Bellevue, nous avait prévenu que nous aurions à verser des larmes de découragement, de tristesse, mais aussi de joie. Ce fut le cas. Nous avons fait l’expérience de passer des larmes de lamentation et de découragement dans l’épreuve jusqu’aux pieds de la croix (passage nécessaire pour ressusciter avec le Christ), aux larmes de joie, de guérison, de restauration dans la puissance de l’Esprit Saint. Ces JMJ ont été l’occasion d’un "décapage" nécessaire pour aider les jeunes à sortir de leur zone de confort pour devenir de vrais disciples missionnaires, non pas des "tjoupèpè", mais une "génération choisie" pour montrer l’excellence de la foi en Christ."

• Eléonore, 16 ans, étudiante, bénévole à « Océan Infini de la Miséricorde

"On dit que les JMJ sont une grande expérience de fraternité, la manifestation de notre espérance d'une Eglise unie. Et je crois que la fraternité, c'est vraiment ce que je retiens des JMJ 2023. Mais avant, nos arrêts à Lourdes, puis Fatima, m'ont rappelé l'importance de tout confier à Maman Marie pour aller à Jésus. Ce qui m'a touchée et qui, je crois, me transforme encore, ce sont les secrets de la Vierge révélés aux trois petits bergers, qui nous ouvrent à une vraie espérance et nous poussent à la conversion. Le Rosaire m'a aussi permis de vivre pleinement chaque étape de ce grand pèlerinage. Ensuite, les JMJ nous ont montré que nos différences n'étaient pas un obstacle à la communion au sein de l'Église, bien au contraire ! Et voir plus d'un million de jeunes venus des quatre coins du monde pour célébrer le même Jésus, c'était juste incroyable. J'ai pu mettre une image sur ce que signifie une Église "Une, sainte, catholique et apostolique". C'est une grâce immense d'avoir vu ces millions de jeunes -et de moins jeunes- aux histoires uniques, qui partagent une même foi et forment avec moi le Corps du Christ ; un Corps uni à ceux qui souffrent, ceux qui n'ont pas la liberté de culte, ceux qui sont humiliés, rejetés. C'est sans oublier les messages du pape qui m'ont véritablement touchée. En fait, ses paroles nous rejoignaient, chacun, d'une manière simple et profonde. En définitive, les Journées Mondiales de la Jeunesse ont été grandioses ! Je remercie vraiment les organisateurs, ceux qui m'ont poussée à y aller, et surtout merci à notre Dieu ! Merci au Saint-Esprit d'avoir été à l'oeuvre durant ces quelques jours, d'avoir préparé nos coeurs et de continuer à nous enrichir de toutes les grâces reçues aux JMJ. Maintenant, direction Séoul 2027, si Dieu le veut !"

• Thomas Bernard, 21 ans, paroisse de Schoelcher, engagé dans la Mission Etudiante Catholique (MEC)

" Lève toi, comme signe d'engagement envers le Seigneur quoiqu'il arrive. ” Durant Les JMJ, j'ai eu des moments particulièrement forts. Le jour de la veillée avec le pape, nous sommes partis tôt le matin, extrêmement chargés ; nous avions beaucoup marché et il faisait extrêmement chaud. C'était pour moi la journée la plus dure, mais aussi, en quelque part, la journée la plus forte, car physiquement j'étais très touché (blessure, fatigue extrême, bras tendus), moralement je ne voyais pas le bout du tunnel, donc j'ai trouvé cette marche interminable, émotionnellement j'ai pris énormément sur moi pour ne pas craquer, ne pas m'énerver car nous étions tous dans la même situation. Spirituellement, il fallait, malgré toutes mes difficultés, prendre du recul pour me raccrocher au Seigneur pour qu'il me soutienne, me fortifie. Chose qu'il a extrêmement bien faite. Je lui ai rendu grâce pour cela, car en arrivant sur le lieu de la veillée, je me suis dit ; " je l'ai fait ! " et cette fierté que j'ai encore aujourd'hui me galvanise. Je dois aussi citer la veillée avec le pape qui fut un moment particulièrement fort, car j'étais parmi ces deux millions de chrétiens à vivre cette nuit unique. La chorale était angélique ; elle m'a transporté et m'a fait verser des larmes, moi qui pleure cinq fois l'année. Durant cette nuit, des drones lumineux ont affiché des mots motivants, le slogan "lève-toi" comme signe d'engagement envers le Seigneur, est une invitation à toujours se relever quoi qu'il arrive, comme disait le pape. Enfin, l'homélie du pape était très prenante, mais surtout très juste, je ne l'oublierai pas. J'ai reçu énormément de grâces... Notamment, apprendre à lâcher prise, chose que j'avais énormément de mal à faire avant. J'ai reçu de l'amour à profusion, mais aussi de la lumière que j'ai pu partager autour de moi. Cela a consolidé ma foi. J'ai senti que j'étais rempli de l'amour du Christ encore plus durant mes JMJ. Mon comportement a aussi été impacté car j'ai été plus miséricordieux et plus patient avec mon prochain. Toutes ces choses qui sont essentielles dans la vie d'un chrétien selon moi et qui sont importantes font désormais partie de mon quotidien. Mon message pour les futurs JMJistes en Corée en 2027, ce serait de bien se préparer physiquement, psychologiquement, émotionnellement, mais surtout spirituellement. Si la préparation spirituelle est bonne, c'est l'essentiel et c'est indispensable pour être prêts à accueillir toutes les grâces, tous les appels du Seigneur, mais aussi toutes les difficultés, car selon moi, les JMJ nous poussent à sortir de nos zones de confort physique, psychologique, émotionnelle et c'est en restant concentrés sur les raisons de votre départ, en restant concentrés sur le moment fort spirituel que vous voulez vivre, en restant concentrés tout simplement sur le Seigneur en toutes circonstances que vous pourrez vivre pleinement les JMJ. C'était mon voyage le plus dur et le plus intense, mais c'est le meilleur car j'en suis sorti grandi, transformé, touché et encore plus proche du Seigneur. Je souhaite vraiment à tout chrétien de vivre au moins une fois les JMJ dans sa vie. Soyez bénis par la grâce de Dieu, que le Seigneur vous garde et, qui sait, rendez-vous peut-être en Corée en 2027."

Propos recueillis par Maeva Emmanuelle Céleste